Écho du Témoignage:Notes sur le livre de l’Apocalypse/Partie 1

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Les pages qui suivent ne prétendent être rien de plus que ce que dit le titre. On ne tente point de faire une exposition générale de ce livre si instructif, et si important ; et ceux qui recherchent d’émouvantes applications aux faits du passé ou de nos jours ne les trouveront point ici. L’auteur a pris note, à mesure qu’il lisait, de ce qui le frappait dans le texte (souvent laissé de côté, pense-t-il, dans l’arrangement d’une théorie générale), et il a publié ce qui a frappé son esprit dans le but d’attirer l’attention sur le livre lui-même. Il a ajouté quelques notes présentant davantage la lumière qui a ainsi jailli du texte ; et soit dans celles-ci, soit dans les premières, comme il écrivait réellement pour l’usage de ses frères chrétiens, il n’a pas craint de communiquer librement ce qui le frappait ainsi, désirant qu’on en jugeât aussi librement, devant le Seigneur, par ce livre et les autres livres de l’Écriture. Dans l’enseignement, il estime qu’il aurait tort d’enseigner quoi que ce soit (bien que toujours faillible) dont il ne pourrait pas affirmer que c’est bien la pensée du Seigneur sans le moindre doute pour lui. Ici, il ne s’est pas strictement tenu dans cette limite, parce qu’il ne se présente pas comme docteur, mais simplement comme quelqu’un qui cherche à en aider d’autres occupés à étudier avec lui. En même temps, toutefois, il n’a rien énoncé, pense-t-il, qui n’ait pas été soigneusement et attentivement considéré ; et lorsqu’il se présentait quelque difficulté à l’un ou l’autre de ses énoncés, il ne l’a jamais laissé subsister sans que la difficulté eût été levée. De cette manière, un grand nombre de propositions très simples se rattachent à beaucoup de recherche par toute l’Écriture, quoique, peut-être, ni la difficulté ni la solution n’apparaissent dans ce qui suit ; mais l’auteur a trouvé dans les recherches occasionnées par tout cela abondance d’instruction et d’intelligence des Écritures. Il croit que l’Apocalypse, dans son ensemble, envisage l’Église comme dans les lieux célestes, soit d’une manière mystique selon Éphésiens 2, soit réellement conformément à 1 Thessaloniciens 4, 17 ; et que, faute d’avoir observé cela, l’étude en a été très obscurcie. Il estime que l’appréciation scripturaire d’Éphésiens 2 en a justifié une application à des événements passés (quoique ceux qui appliquaient ainsi la prophétie, fussent, dans la sagesse de Dieu, à peine conscients du principe sur lequel cela avait lieu) — application qui avait sa force dans une période maintenant presque, quoique non pas tout à fait, passée ; tandis que son application, à la suite de 1 Thessaloniciens 4, 17, a évidemment, quant à sa substance, encore à commencer. Je dis quant à sa substance, parce que lorsqu’on suit le mal dans ses sources et qu’on développe les divers sujets, il se rencontre bon nombre de liens d’union avec des faits et des événements antérieurs ; et cela, non seulement dans les sources plus cachées, mais tandis que la dispensation de jugement est entièrement distincte de la dispensation de patience, l’ivraie qui doit être jugée dans l’une doit souvent être discernée spirituellement dans l’autre. Et c’est pour cela précisément que le livre est donné à l’Église. Le jugement de Dieu en puissance fait la force de l’Église pour la conduite qu’elle a à tenir et le jugement qu’elle a à porter durant la dispensation de patience. Il me semble donc qu’ils ont également tort pratiquement ceux qui ont dédaigneusement rejeté l’une ou l’autre et par là privé l’Église respectivement de chacune d’elles.

Il se peut qu’une difficulté se présente à quelques-uns. On trouvera en lisant ces notes que bien des points, familiers à ceux qui étudient aujourd’hui les paroles prophétiques, sont pris comme accordés ; c’est ainsi, par exemple, que l’idée d’un Antichrist personnel est considérée comme juste. La réponse à une objection pareille, si ces feuilles devaient la rencontrer, est qu’elles ne sont pas écrites pour démontrer des vérités déjà élémentaires à ceux qu’elles pourraient intéresser. L’auteur présente ce qui a occupé son propre esprit à ceux qui tiennent avec lui ces points-là pour admis et cherchent à faire des progrès. Il se peut qu’on trouve des inconséquences. L’auteur a vu son esprit croître en lumière et faire des progrès dans les recherches occasionnées par l’étude de ce livre et il est possible que, sans qu’il l’ait voulu, il se soit glissé quelque idée non mûre, non sanctionnée par la Parole. Toutefois, il n’a connaissance de rien de pareil. Il a gagné, grand progrès ! de se débarrasser de ses propres suppositions ou de celles des autres. Finalement il voudrait dire qu’il y a dans la parole prophétique de grands traits certains et des vérités d’un caractère précis — sauvegardes précieuses dans toute recherche : s’il lui était arrivé dans quelques détails d’errer à leur égard, il espère que toute idée de ce genre sera rejetée sur-le-champ. Il recommande ce qu’il a écrit à la bénédiction de Dieu, à qui l’Église appartient et qui l’aime, ainsi qu’aux pensées et à l’étude des frères dirigés par l’Esprit de Dieu à s’instruire dans ces choses et à les sonder.


Dans l’interprétation de la Parole divine dans le livre de l’Apocalypse, nous ne pouvons pas, je pense, nous limiter au sens restreint que comportent les anciennes prophéties ; l’Église a, en effet, la pensée de Christ, et est supposée non pas recevoir simplement communication de faits particuliers, mais avoir l’intelligence des pensées de Dieu touchant ces faits, ou comme manifestées en eux.

Je lis, par exemple, en Ésaïe : « Car voici, je m’en vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre, et on ne se souviendra plus des choses précédentes, et elles ne reviendront plus au cœur. Mais plutôt vous vous réjouirez et vous vous égayerez à jamais en ce que je vais créer ; car, voici, je vais créer Jérusalem pour n’être que joie, et son peuple pour n’être qu’allégresse ». Or, ce que je trouve ici, c’est cette vaste et précieuse espérance des nouveaux cieux et de la nouvelle terre ramenée à une joie déterminée se rattachant aux relations terrestres et résultant de jouissances et de bénédictions connues bien que nouvelles ; venant, il est vrai, toutes fraîches de la main de Dieu, et, en conséquence, de vraies et divines bénédictions, mais restreintes à une sphère donnée et terrestre et à des faits déterminés.

L’Église pourrait-elle se limiter à cette sphère ? Ou sont-ce là les sentiments, les idées que produit en elle le témoignage concernant de nouveaux cieux et une nouvelle terre ? Évidemment non. La pensée de Dieu — la gloire de Christ — la délivrance de toute la création en travail, de laquelle (dans le merveilleux amour de Dieu et la puissance de cette valeur qui fait que cela est dû à Christ, selon le conseil de grâce et de gloire qui l’unit à Lui) elle est cohéritière avec Christ — la bénédiction d’être semblable à Lui et de Le voir tel qu’Il est, manifestée dans le même amour du Père que celui dont Il est aimé Lui-même afin que le monde le connaisse — la saveur de cet amour qui fait qu’on se réjouit non pas seulement dans la bénédiction qu’il constitue, mais par sa divine nature, dans la bénédiction des autres — et enfin la gloire divine remplissant toutes choses, d’abord d’une façon médiatoriale, et ensuite directement — voilà les pensées, avec la bénédiction du péché banni, de la sainteté rendue parfaite, et du rétablissement de toutes choses, qui occuperaient le cœur de l’Église comme ayant l’Esprit.

Celui donc qui se mettrait à exposer le contenu de l’Apocalypse en se tenant dans les mêmes limites d’interprétation que pour la prophétie de l’Ancien Testament, priverait sur-le-champ l’Église de sa place comme la pleine confidente de Dieu et de l’admirable Conseiller, comme ayant la pensée de Christ, et réduirait la gloire et le conseil à la faiblesse de cet état de choses avec lequel la position de l’Église fait expressément contraste (1 Cor. 2, 9, 10 ; voir tout ce passage). Il se peut certes que nous ne connaissions qu’en partie, et que nous prophétisions en partie, et qu’ainsi nous ayons de temps en temps à apprendre ; mais dans un autre sens nous avons une onction de la part du Saint et nous connaissons toutes choses parce que nous avons l’Esprit de Dieu qui les a formées, qui les a arrangées, et qui nous les révèle. Nous sommes d’un même conseil avec Lui, avons la pensée de Christ et ne sommes pas simplement les objets de ce conseil comme les saints de jadis. Étant enfants, les intérêts de la famille sont nos intérêts aussi bien que ceux de Christ, bien qu’il se puisse que nous ne les saisissions que faiblement dans les détails. Or, l’Apocalypse a particulièrement ce caractère, qu’elle fut laissée pour l’Église (non pas communication entre des apôtres vivants et des hommes vivants, mais laissée pour l’Église) comme ayant l’Esprit et dépendant de l’Esprit, et ainsi, en tant qu’ayant l’Esprit, pour en faire usage dans le temps à venir ; et de cette manière seulement.

Aussi en harmonie avec cela, ne trouve-t-on dans l’adresse du livre rien qui implique quelque relation personnelle, et ne fait-elle que présenter ce qui est le sujet de la connaissance. Les vérités les plus précieuses de la rédemption pourront y être mises en brillante lumière, ce n’est point toutefois une communication du Père, par l’Esprit, à la famille relativement aux choses qui la concernent comme telle. Il n’y est point parlé du Père[1], sauf dans un seul passage comme Père de l’Agneau (non plus que de nous, sauf comme rois et sacrificateurs pour Son Père) ; mais jamais comme en relation avec les enfants comme Ses enfants. Cette différence et les caractères correspondants de l’opération de l’Esprit, je les trouve constamment maintenus dans les Écritures.

En conséquence nous trouvons (avec beaucoup de lumière additionnelle, à la vérité, car la sphère est beaucoup plus vaste, et c’est sur une base beaucoup plus pleine et plus étendue qu’est fondée la conduite divine) que la position et les images de l’Apocalypse sont juives dans leur nature, quoiqu’elles ne le soient pas quant au lieu. L’oubli de ce dernier point en a égaré plusieurs qui ont adopté des vues étroites et n’ont pas été, à mon avis, dirigés en cela par l’Esprit de Dieu.

Ce n’est pas le Père (du moins pas dans ce caractère) que nous avons ici, mais le temple et les circonstances du temple — Celui qui était, qui est, et qui vient. C’est un trône et non une famille ; mais, d’un autre côté, ce n’est nullement le temple sur la terre, mais bien l’Esprit de Dieu agissant là sur le trône, mais dans la perfection de cette sagesse de providence dans laquelle les sept esprits sont devant le trône. L’expression Celui qui était assis sur le trône[2] donne le caractère et constitue le titre principal du Tout-puissant dans l’Apocalypse ; mais ce trône n’est pas à Jérusalem, et n’a rien à faire immédiatement avec elle comme lieu de son établissement.

C’est, dans ce sens, le livre du trône lorsque le Roi a été rejeté sur la terre.

En conformité avec cette idée, ce n’est pas le Fils dans le sein du Père qui nous est présenté, mais une révélation de Jésus Christ que Dieu Lui a donnée ; et Il l’a envoyé signifier par Son ange à Son esclave Jean. Tout ceci a le caractère juif. Ce n’est point le Père, le Fils, et le Saint Esprit rendant témoignage, mais Dieu, Jésus Christ, et le ministère d’anges envers un serviteur : naturellement aucune des autres choses ne cessait d’être vraie ; mais ce n’était pas le caractère développé ici. C’est donc la parole de Dieu, le témoignage de Jésus Christ, et des visions ; en outre il y a une bénédiction pour celui qui lit. Le livre est adressé à l’Église dans la plénitude de son privilège ; mais le sujet présenté, c’est le gouvernement, l’ordre, et le contrôle, et non pas le Fils avec le Père : Dieu voulant instruire Ses esclaves.

Les bénédictions souhaitées aux églises sont en harmonie avec cela : de la part de Celui qui revêt le caractère de l’Ancien des jours qui viendra — qui était, qui est, et qui vient ; et de la part de l’Esprit, non pas comme sur la terre le Consolateur (descendu ici, et dans les fils, regardant en haut), mais dans la plénitude et la suffisance de Ses nombreuses perfections, en la présence du trône, et comme envoyé ensuite en puissance sur la terre (pour y exercer une protection et une puissance en providence), et de la part du Seigneur, non comme le Fils, un avec Son Père (voyez Jean 14, 20), de sorte que nous sommes avec Lui là par l’union de l’Esprit, mais vu comme dans le caractère humain, comme un fidèle témoin, le premier-né d’entre les morts et le Prince des rois de la terre — glorieux en tout cela, mais toutefois humain.

Néanmoins l’Église est présentée ici dans un état de pleine confiance, car elle célèbre cet Être bien-aimé d’une manière telle que ce mot de l’Esprit « nous » se retrouve toujours ; et Le voyant dans la gloire, elle éclate en louange, par l’Esprit dans l’apôtre, car Sa louange ne peut pas ne pas retentir ; car elle est aimée, elle est lavée, et elle régnera en proximité avec son Dieu et Père[3].

Pour le monde et pour les Juifs, Sa venue ne sera que souffrance. Nous trouvons donc ici, dès le début, la place de tous ceux qui sont intéressés en cela. En voici donc la forme : ὁ ὠν και ὁ ην και ὁ ερχομενος[4] — la perfection ou la plénitude de l’Esprit devant le trône : Jésus connu comme fidèle, ressuscité, pour régner — tout cela sur la terre[5]. En attendant, l’Église connaissant sa propre position en tout cela, dit en conséquence, non pas notre, mais Son Père — Son Dieu et Père : car il en est ainsi. Là-dessus suit l’annonce de la portée que la venue de Jésus a pour le monde, complétant ce qu’Il est et était sur la terre, la portion de l’Église au milieu de cela, et celle du monde à Sa venue. Dans le verset 8 nous avons l’annonce, par l’expression « le Seigneur », de Ses titres et de Son caractère ici. De ce nom, ainsi développé, dépendait toute la fermeté du dessein et du gouvernement ; et l’Église avait besoin de connaître cela dans toutes les circonstances qui devaient suivre. Vient ensuite sa place — quant au présent, dans la position de celui qui était l’instrument de cette parole de Dieu et du témoignage de Jésus Christ. La parole est la parole de Dieu, le témoignage est celui de Jésus : en l’écoutant nous mettons « notre sceau que Dieu est véritable », « votre frère et qui participe avec vous à l’affliction, au règne et à la patience de Jésus Christ ». Voilà par la reconnaissance de la qualité de fils, la place de l’Église pendant que le trône est en haut. Mais il ne s’agit pas d’union et de suprématie, mais de royaume et de patience. Toutefois, sous quelque forme que ce soit, la Parole dont elle est le ministre est la parole de Dieu ou le témoignage de Jésus Christ.

En elle-même la seigneurie de Christ n’est pas Son titre le plus élevé. « Dieu L’a fait Seigneur et Christ ». Pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, et un seul Seigneur, Jésus Christ. Mais dans cette parole le messager de Dieu annonce tout l’ensemble de Son ancienne gloire et de Sa gloire future ; car ici, sans aucun doute, le Seigneur correspond à Jéhovah. En outre, ce livre ne nous présente pas le Saint Esprit reçu du Père envoyé ici-bas pour produire un témoignage public au monde. Ce n’est pas non plus un don reçu comme nécessaire pour le maintien de l’Église, et communiqué « en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous », etc. C’est une révélation donnée à Christ, et communiquée lorsque l’Église avait commencé de décliner (au lieu de croître) et avait besoin, dans ses compartiments divers, pour dire le moins, d’être reprise ou encouragée en tant qu’envisagée séparément — comme ces divers chandeliers — le Fils de l’homme intervenant comme souverain Sacrificateur, mais dans le caractère de Juge : une révélation donnée, non pas l’Esprit communiqué, lorsque toutes ces ténèbres et, en principe, l’apostasie, étaient entrées. Chacune de ces choses semble être une chose différente et moins immédiate que la promesse à laquelle il a déjà été fait allusion (Jean 14, 20). « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis dans le Père, et vous en moi, et moi en vous ».

Il y a Christ dans Sa relation de Fils avec le Père, caractère en rapport avec lequel le Saint Esprit habite en nous (Esprit d’adoption et d’union, Consolateur), regarde en haut et nous place devant le Père absolument comme le Fils Lui-même est.

Il y a Christ, la Tête du corps, l’homme exalté (le premier-né entre plusieurs frères), caractère dans lequel Il reçoit la promesse du Père et la communique comme puissance pour le témoignage.

Il y a enfin la seigneurie de Christ sur le monde qui est communiquée dans un sens subordonné à l’Église, à ceux qui règnent avec Lui, sont rois et sacrificateurs pour Son Dieu et Père, en vertu de leurs parts de bénédiction antérieures. C’est ce dernier point qui, après le jugement des églises dans leur état présent, constitue le sujet du livre de l’Apocalypse. Cet état des églises devient par là très important et forme une introduction parfaitement appropriée.

Après l’adresse et les quatre versets qui suivent confirmant l’œuvre de Christ, notre position (c’est-à-dire comme rois et sacrificateurs) et Sa seconde venue, nous trouvons l’annonce que, advienne que pourra, le Seigneur était le commencement et la fin, le Tout-puissant.

Vient ensuite la révélation à Jean, chassé dans le désert, dépositaire des souffrances de l’Église, et ainsi sous les soins de la providence de Dieu, mais, dans l’Esprit, au jour typique du repos glorieux qui reste. Il voit Christ au milieu des sept chandeliers (non pas comme serviteur ayant les reins ceints, mais) dans le saint exercice de l’exécution du jugement comme sacrificateur, revêtu d’ailleurs des symboles de l’Ancien des jours. Ce n’est point Christ en haut. Ce n’est point Christ Tête du corps un[6]. Ce n’est point Christ dans le ciel. Mais s’étant tourné Jean Le voit gouvernant, jugeant, et tenant en Sa main les destinées des diverses églises ; mais, en même temps, revêtu des symboles de l’Ancien des jours, toutefois se révélant pour l’Église au fidèle disciple, comme Celui qui était vivant, qui avait été mort, et qui est vivant aux siècles des siècles[7] ayant puissance sur les portes de Ses ennemis, les clés de la mort et du hadès. Voilà ce que l’apôtre vit : telle était la place de Christ maintenant — position autre que celle de Tête du corps auquel elle communique tout ce qu’il lui faut, bien que cela puisse être aussi. Le voyant devait écrire ces choses, et celles qui sont, et celles qui devaient arriver après celles-ci. En un mot, ce qui nous est présenté là, c’est le Tout-puissant dans la permanence de Sa présence et de Son action, ce qui comprend tout ce qui appartient au Seigneur, et la position actuelle du Fils de l’homme dans les églises, toutefois comme Celui qui était vivant, avait été mort, mais était vivant et avait puissance sur la puissance de la mort. Les églises sont les choses qui sont. Il y a une étroite connexion entre les choses qui sont et celles qui se voyaient ; car, en se tournant pour voir la voix qui lui parlait, Jean voit les chandeliers d’or. C’est ainsi que souvent, comme dans le jugement de « la femme », la partie principale de la discipline est relative à la bête (chap. 18).

Les épîtres aux églises ne font pas proprement partie des choses qui sont ; elles viennent comme en parenthèse et cela intentionnellement : « Écris à l’ange etc. », et « que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Toutefois l’existence des églises elles-mêmes et les étoiles constituent les choses qui sont, et sont de toute importance comme montrant la transition, de l’état dans lequel Christ, selon Éphésiens 4, était la Tête du corps un, le faisant croître par ce que fournissait chaque jointure (condition dans laquelle l’état originel de l’Église était rattaché à sa théorie et à sa perfection mystique et y était présenté — les résultats de quoi seront manifestés au jour où elle sera manifestée comme une seule et même chose avec le corps), à l’état de ruine et d’apostasie dans lequel elle tombait réellement, de manière à être retranchée et vomie de la bouche du Seigneur : comme une dispensation — un état de transition — dans laquelle Il était occupé, non pas à fournir, à combler de dons le corps un, mais à juger des détails dans les corporations diverses en divers lieux, et à juger le mal incompatible avec l’intention morale impliquée dans l’Église, le maintien d’un caractère absolument nécessaire pour que ces églises fussent reconnues comme siennes — réellement comme des églises. Aussi les lettres qui leur sont adressées sont-elles des épîtres morales de l’Esprit avec des promesses et des menaces.

De ce dernier état reconnu, de cette place de transition, dans lequel Christ peut agir judiciairement sur la terre (dans un sens spirituel, toutefois), nous sommes nécessairement enlevés vers le trône, duquel tout dépend, subsistant toujours, mais à présent la seule ressource ; parce que la manifestation de grâce avec laquelle le Seigneur peut habiter sur la terre d’une présence spirituelle avait cessé maintenant. En conséquence, cette partie du livre n’est pas proprement prophétique, mais se rattache aux choses qui sont, et le caractère prophétique qu’elle a ne provient que de la portée morale du témoignage de l’Esprit : aussi revenons-nous au trône, μετα ταυτα[8] ; si Jean devait décrire le gouvernement du monde par suite de l’action du trône, l’Église étant perdue, il faut qu’il trace d’abord le tableau de l’Église en tant qu’assujettie à ce jugement moral. Le tableau du monde ne serait pas complet, si nous n’avions pas, après les épîtres qui réglaient l’Église comme existant parmi les Gentils, non seulement l’exposé pratique de l’apostasie comme nous le trouvons en Jude, 2 Pierre, 2 Timothée, 2 Thessaloniciens, etc., mais le jugement moral de l’Église comme s’éloignant de l’état signalé dans les épîtres — preuve que Christ ne la perd jamais de vue, et que, lorsqu’elle cessait d’être le lieu de la manifestation de Sa présence — Son épître — Il prend Sa place et Son titre dans le trône d’où toutes choses sont gouvernées — « le même hier, aujourd’hui, et éternellement » ; « Celui qui était, qui est, et qui vient » ; « le premier et le dernier », embrassant et gouvernant toutes choses. Les choses qui sont, ce sont donc les sept chandeliers et les sept étoiles — la perfection mystique et l’imperfection de fait ; l’Église ne perdait jamais sa perfection mystique dans la pensée de Dieu, si ce n’est lorsqu’il y a lieu de lui écrire sur la terre — de lui écrire comme exprimée en tant de corps distincts existant alors de fait, et souvent en lui faisant entendre des reproches et des menaces.

Les choses qui sont impliquent donc à la fois ces deux points.

Les choses qui seront ci-après, ou après celles-là, commencent de se dérouler lorsque Celui qui est assis sur le trône commence à agir en providence, qu’il s’agit du monde, de la création, et non lorsque Jésus se trouve à l’égard de l’Église dans la relation ecclésiastique reconnue ou même dans une attitude judiciaire de témoignage. Ce qui ne veut point dire qu’il ne puisse pas y avoir alors des saints, ou qu’ils ne puissent pas être fidèles et rendre un témoignage, mais que le Seigneur ne se tient pas à leur égard dans une relation de ce genre.

Les choses qui sont, et les épîtres aux sept églises ont (en rapport avec cela, à mon avis) un double caractère ; c’est-à-dire, selon que nous y envisageons des faits existant réellement, ou que nous nous plaçons au point de vue de la dispensation : observation qui s’applique aussi parfaitement à l’expression du Seigneur concernant l’économie juive : « Cette génération ne passera pas que toutes ces choses ne soient arrivées » — parole dont la connexion avec ce sujet est plus étroite qu’il ne semble à première vue (car les destinées[9] de l’Église et des Juifs ont bien plus de ressemblance quant à la dispensation que nous ne sommes enclins à le supposer, quoique pour la même raison opposées en principe. La racine nous porte, bien que les branches aient été arrachées afin que nous y fussions entés) et qui reçoit un accroissement de lumière, en même temps qu’elle en jette sur lui, du passage que nous lisons à la fin de l’évangile de Jean : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? ». Cela fut compris comme si Jean en personne ne devait pas mourir. Mais, déclare l’auteur inspiré, le Seigneur n’avait pas dit cela, mais tout simplement : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? ». Le Seigneur avait donc laissé, dans cette expression, quelque chose à découvrir par la sagesse et la spiritualité de l’Église. Il ne dit pas que Jean ne mourrait pas, mais « si je veux », etc.

Maintenant, il me semble que nous avons très nettement en Pierre, Paul, et Jean, les trois représentants, d’abord, de l’église juive comme plantée, son tabernacle tout près d’être mis de côté ; ensuite, de l’église gentile dans son énergie, comme plantée par l’apôtre (c’est-à-dire Paul) et soutenue par son ministère, mais, après son départ, le troupeau non épargné, et des hommes pervers s’élevant, et ainsi, cette église-là finissant aussi — I-Cabod sur tout cela ; enfin, Jean, au contraire, est placé en contraste avec le retranchement du corps juif contemplé par le Seigneur dans la personne de Pierre, et devient le représentant de l’Église dans la prolongation étendue de son existence, comme dépendant de la volonté du Seigneur, ayant perdu, après y avoir forfait, son véritable caractère auquel étaient rattachées pour elle, si elle y eût été fidèle, la bénédiction et la puissance qui soutenaient, comme c’était dû au caractère de Dieu, et désormais dépendant de Son secret conseil. Et, en conséquence, nous trouvons ici Jean qui fut jadis dans le sein de Jésus et reçut la communication de Sa pensée et de Sa connaissance secrète, suivant d’un regard attristé les diverses phases de la ruine de l’Église — de l’Église déjà ruinée, si nous la comparons avec son état quand elle fut plantée, non plus désormais soutenue par les soins et l’énergie apostoliques de Paul, mais assaillie par des loups et des hommes pervers, et en train de tomber, soutenue toutefois par cette parole : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ». Or, j’estime que c’est lors de la destruction de Jérusalem que l’Église entra de fait et extérieurement dans cette condition d’existence d’une durée incertaine en suspens. C’est aussi alors que l’expression « cette génération » reçut son application extérieure : la centralisation locale terrestre de l’Église fut manifestement mise de côté (au fond, cela avait eu lieu réellement dès le temps de la mort d’Étienne, quand le premier martyr quitta le monde pour s’aller en haut, au moins quant à son esprit), et la main du Seigneur ayant mis de côté la terre comme Sa place, tout était laissé là jusqu’à ce qu’Il prît de nouveau personnellement l’affaire en mains — venant une seconde fois en rapport avec un pareil renversement : deux événements dont la convenance et l’adaptation l’un avec l’autre est ce qui constitue la force de Matthieu 24, 1-43. En attendant le trône était réellement établi dans le ciel, preuve évidente que tout avait failli sur la terre, mais que rien ne pouvait faillir dans le dessein et le trône de Dieu. C’est par cela que le livre commence ; et la condition prolongée des églises est introduite, après que le trône est établi, comme par incident avant que se déroulent dans le monde les actes du trône ainsi établi dans la fidélité de Dieu.

Je tiens donc que les choses qui sont, et le fait que ce livre est adressé aux églises, donnent à l’Apocalypse ce double caractère quant à la période. Si nous prenons les choses qui sont comme ce qui existait réellement au temps de saint Jean, alors cela prend fin avec l’existence et l’état de ces églises telles que Jean leur écrivait, ou plutôt avec la vie de saint Jean lui-même qui leur écrit en les avertissant qu’elles seront mises de côté à cause qu’elles ont failli. Le trône de Dieu à Jérusalem ayant été ôté, il y avait encore, par celui qui avait été là avec le Seigneur, une reconnaissance des églises comme quelque chose sur la terre. En cela il n’y avait rien de celé. Mais si nous considérons l’apôtre comme le représentant mystique de la dispensation dans sa condition après le départ de saint Pierre et de saint Paul[10], alors c’est la prolongation de cet état de choses, jusqu’à ce que l’Église, en tant que dispensation, soit vomie de la bouche de Christ ; et les choses qui arriveront après celles-là sont les effets de l’intervention du trône de Dieu intervenant réellement de nouveau dans le gouvernement du monde.

Je crois que le Saint Esprit a arrangé cela de manière à laisser une base pour l’une et l’autre de ces deux applications ; l’Église connaît en effet le trône sous son aspect mystique maintenant dans l’exaltation de sa Tête, et dans sa réalité quand Il interviendra bientôt en jugement et ouvertement dans les affaires du monde.

En conséquence, les chapitres 2 et 3 sont des lettres adressées aux églises, mais qui, quant aux principes moraux, sont étendues à tous ceux qui ont des oreilles pour entendre, rattachant les corps existant de fait en ce temps-là à la condition dans laquelle l’Église se trouverait dans les âges subséquents. « Les choses qui sont » sont, d’une manière plus propre, ce qui existait alors ; les épîtres aux églises, le tableau de la longue prolongation de la dispensation ecclésiastique, mystiquement parfaite, toutefois en ruine (le trône étant déjà établi, mais sa pleine manifestation, pour ce qui est du monde, n’ayant pas encore lieu). Au-dedans de cette scène, c’était en avertissant, en jugeant, et non en agissant comme tête, que Christ manifestait l’attention qu’Il continuait de faire aux églises, quant à la manière dont elles étaient l’expression formelle du corps sur la terre. Tel était leur état sur la terre ; dans le ciel elles n’avaient qu’à attendre avec Lui une gloire qui ne pouvait faillir.

Ce n’est pas mon but d’entrer ici dans les détails de l’instruction donnée aux églises, tout précieux que ce serait, mon attention se portant plutôt sur la structure et le caractère prophétique de l’Apocalypse. Je me borne donc à ajouter simplement, aussi brièvement que possible, l’ordre des déclarations faites à ces églises, ainsi que leur condition, afin que le lecteur de l’Apocalypse puisse les garder ensemble devant son esprit.

Premièrement, abandon du premier amour, et le Seigneur prenant place pour examiner et juger.

Secondement, persécution : Christ vainqueur de la mort, Il donne la couronne de vie.

Troisièmement, habitation dans le monde, c’est-à-dire, là où est le trône de Satan (du prince de ce monde), toutefois le témoin de Christ parmi eux, où Satan habite, souffrant avec fidélité : avec cela, commencement de l’enseignement de l’erreur pour une récompense, et tolérance du mal et d’une conduite basse. Christ combattrait contre eux (c’est-à-dire en adversaire) s’ils ne se repentaient pas.

En quatrième lieu, grand accroissement de dévouement, de patience, de charité, et d’œuvres ; mais il y a Jésabel, enseignant à avoir communion avec un monde mauvais et idolâtre ; et elle est soufferte. Du temps avait été donné pour qu’elle se repentît, mais elle ne se repentait point (remarquez que c’est une femme, et non quelques-uns d’eux). Le jugement tomberait sur ses relations, mais il y aurait des différences — à chacun selon ses œuvres, et il ne serait pas mis d’autre charge sur les fidèles.

Ici commence une autre distinction, savoir que, tandis que la promesse de la récompense venait, dans les trois premières épîtres, après l’exhortation à écouter, à partir de celle-ci elle vient régulièrement avant. Là-dessus de terribles jugements, la venue du Seigneur présentée pour la première fois, l’étoile du matin, et le royaume sur la terre substitué à l’église professante.

Cinquièmement, un nom de vivre, mais pas de réalité ; profession d’être vivant comme quelque chose de distinctif : mais il y avait cependant des choses qui restaient et quelques noms. S’ils ne se repentaient pas, le Seigneur viendrait sur eux comme un larron. Ici l’Église, dans cet état, jugée comme le monde.

Sixièmement, faiblesse, mais une porte ouverte ; signalée, non par des œuvres détaillées, mais par le fait qu’elle garde la parole de Christ, de Sa patience, et qu’elle ne renie pas Son nom. Ils seraient gardés d’une heure de tentation qui venait sur tout le monde pour éprouver ceux qui habitent sur la terre (comp. És. 24).

Septièmement, l’Église allant être vomie de Sa bouche sans proposition de repentance, à cause de ce qu’ils étaient devenus, toutefois conseil lui est donné ; et si quelqu’un était resté dedans et entendait lorsque Christ frappait encore à la porte, celui-là serait avec Lui.

Tel est le cours de ces églises dans leur caractère moral et leur condition.

Toutefois, comme nous l’avons remarqué, ces adresses arrivent d’une manière incidente. Jean devait écrire les choses qu’il avait vues. Mais ceci n’était pas proprement, ce qu’il avait vu, mais venait plus tard, généralement sous les choses qui sont, et cela comme conséquence seulement.

Dans le chapitre quatrième nous arrivons à la branche suivante du sujet — les choses μετα ταυτα, ou qui arriveront après celles-ci, selon 1, 19.

Si nous prenons la première partie comme la condition prolongée de la dispensation ecclésiastique, alors cette partie-ci sera la puissance du trône de Celui qui était, qui est, et qui vient[11] (l’Agneau étant cependant encore là) exercée sur le monde après la fin de cette dispensation ; toutefois, à proprement parler, avant le commencement de la suivante. Si nous prenons la première partie comme les choses qui réellement étaient alors (et, sans aucun doute, de telles choses existaient de fait) alors ce qui nous est offert à partir du quatrième chapitre, c’est le gouvernement du monde lorsque l’Église n’avait pas d’existence sur la terre sous une forme reconnue qui pût être appelée l’habitation de Dieu en une pleine signification du mot, bien qu’on Lui fût précisément aussi cher individuellement pour ce qui est du salut. Je crois que Dieu a eu en vue ces deux ordres de pensées pour l’Église. Dans le premier cas nous avons l’accomplissement littéral de la prophétie qui suit, dans le dernier des analogies dans une période prolongée.

Maintenant l’apôtre est transporté (en esprit) dans le ciel. Auparavant, il avait vu Christ en se tournant : une révélation d’un nouvel état de choses, sur la terre, et Lui encore là. Mais désormais les églises n’étaient plus reconnues ainsi ; et la voix, qu’il avait entendue au commencement derrière lui sur la terre, l’appelle maintenant dans le ciel.

Ici, en conséquence, pour la première fois, il vit le trône, car il est établi dans le ciel (il avait quitté la terre, comme s’adressant à l’Église), et sur le trône quelqu’un était assis.

Jusqu’à présent ce qui nous avait été présenté, c’était le Fils de l’homme jugeant sur la terre : conformément à Sa gloire variée, dans les lettres aux églises ; mais dans la vision, le Fils de l’homme. Nous n’avons pas le Fils de l’homme de nouveau jusqu’au jugement dans le chapitre 14, 14. Dans les sceaux c’est de l’Agneau seulement qu’il s’agit ; et la puissance angélique est rattachée aux trompettes. Nous verrons cela plus particulièrement ; mais je fais seulement remarquer que l’Agneau est toujours dans une place plus élevée ou plus basse (dans cette dernière, par l’effet de Sa grâce, cela va sans dire), et jamais dans l’exercice de providences intermédiaires ; dans le trône Il est souffrant ou jugeant.

C’était dans le ciel que l’apôtre devait apprendre les choses qui devaient arriver après celles-ci. Ce n’est que là qu’elles peuvent être apprises[12], et, par suite de la manière dont l’esprit s’est habitué là, vues selon leur importance pour Dieu, pour Christ, pour l’Église, et pour l’Esprit en faveur de l’Église. Nul homme ayant l’Esprit, de manière à s’intéresser à la pensée de Dieu touchant l’Église aimée de Christ, ne saurait être indifférent à ces choses.

Mais suivons de près les chapitres. Le chapitre 4 établit le trône dans le ciel, et quelqu’un est assis dessus. Le signe de l’alliance avec la création était autour du trône. Nulle mention d’un voile, d’intercession, de parfum, ou de sacrificature. Il s’agit de gouvernement — des anciens sur des trônes. Il y avait les sept esprits, le Saint Esprit dans Son énergie et Ses perfections, la pureté morale solide qui appartenait au lieu, l’accès au trône, et, finalement, point sur lequel il était donné le plus de détails, quatre animaux[13], qui étaient les chefs des genres de la création, et remplis d’intelligence et d’autorité en providence, célébrant Jéhovah Élohim Shaddaï, les noms de Dieu en rapport avec l’alliance et la dispensation, mais non pas le nom de relation avec l’Église, représentant ainsi le trône de providence et de création dans son contrôle souverain de toutes les sources de l’état de choses dans la nature ; duquel trône ces attributs vivants de Dieu formaient les colonnes et l’appui ; ils étaient κυκλω του θρονου. C’était le temple ; mais le temple était l’accompagnement du trône, sans voile ou sacrificateur. Les vingt-quatre anciens peuvent être pris comme les représentants des rachetés des deux dispensations ; mais ce n’était pas le caractère essentiel. Ils étaient sur des trônes. Mais je doute qu’ils allassent au-delà d’une instrumentalité de créature, bien que soutenus par la puissance divine. Les animaux, ou créatures vivantes, sont plus particulièrement signalés comme en rapport avec les animaux d’Ézéchiel — les appuis vivants du trône de Dieu quittant (jugeant plutôt) Jérusalem et trouvés maintenant comme partie du cercle du trône dans le ciel[14].

Nous pouvons remarquer que toute la dispensation, et ce qui en est la source, est mentionnée (sauf l’Église proprement, c’est-à-dire la relation de Fils avec le Père) — Dieu, Shaddaï (c’est-à-dire, Dieu comme Il s’est révélé avec Abraham, le Tout-puissant), et Jéhovah, le dominateur, qui est, qui était, et qui vient. Une partie de ces animaux, les yeux, se trouve en d’autres passages : d’abord en 2 Chroniques 16, 9 — là il s’agit de leur service en général ; en Ézéchiel leur relation est avec la place du trône qui avait été à Jérusalem, mais un trône de Dieu sur tout, sous la direction de l’Esprit ; gravés sur la pierre mise devant Joshua en Zacharie 3, 9 ; et encore en Zacharie 4, 10 reprenant leur course par la terre, et, ainsi que nous allons bientôt le voir, comme les yeux de l’Agneau (en tant que possédant toute puissance dans le ciel et sur la terre), les sept esprits ainsi envoyés.

Ceci, donc, établissait le trône, l’Église (dans son caractère propre comme telle) ne se trouvant pas du tout dans cette scène, sauf par représentation dans la personne des anciens assis sur des trônes. C’était là un autre sujet. Ici le sujet était le trône de Celui qui vit aux siècles des siècles. Le chapitre 5 introduit le livre. Le trône d’abord établi, tout ce qui arrivait désormais dépendait du trône. Dans la main droite de la puissance de Celui qui était assis sur le trône se trouvait un livre.

Il se peut qu’il y ait en ceci et dans le petit livre ouvert quelque allusion à Jérémie 32 ; mais, pour dire le moins, c’est très vague. Le droit d’ouvrir un livre est une chose différente d’ouvrir un livre contenant un droit, les preuves d’un droit. En outre, c’était un livre qui devait être lu, être ouvert et lu, comme contenant la communication des pensées de Dieu.

Mais incontestablement la mort de Christ Lui donnait droit moralement à l’héritage, ainsi que le droit d’ouvrir le livre, et par elle Il acquérait aussi et rachetait les cohéritiers.

De plus, ce n’est pas ici le royaume simplement du Fils de l’homme, en tant que donné à Lui, ni le droit de la postérité de David (cela n’est pas introduit jusqu’à la fin), mais c’est la racine de David, le lion de la tribu de Juda, le Seigneur de David, pas son Fils — Il a vaincu. La rédemption, ou acquisition, ici, est celle de l’Église[15] — c’est un cantique nouveau, non pas un cantique juif. C’était un livre dans la main de Dieu, de Celui qui était assis sur le trône, mais non pas Celui qui avait été révélé antérieurement, ou qui était le sujet de la prophétie auparavant dispensée ; et ce trône était fondé non sur une promesse qui avait pu être faite à l’homme sur le principe de la droiture, comme les promesses juives, mais uniquement sur l’exaltation de l’Agneau immolé, et sur le fait que Celui qui était sur le trône était Celui qui était rejeté sur la terre et rejeté spécialement dans Son caractère de chef de ces promesses faites aux Juifs. C’est pourquoi personne que Lui n’était capable d’ouvrir le livre ou d’y regarder. Le titre aussi est un titre plus élevé que le titre officiel de Fils l’homme ou que l’héritage qui Lui est donné, plus profond dans son principe et beaucoup plus exalté. C’est une place et un droit tenu dans le trône — l’Agneau immolé là. Ce n’était pas proprement à une personne qui avait accompli en paix une œuvre de médiation ; mais un droit, dû, peut-être, pour ce qui regarde la personne, mais acquis par l’excellence, l’humiliation, et la perfection.

Dans ce passage, la communication a lieu avec l’ancien, comme représentant, je pense, l’Église qui a connaissance (car, « Il vous a maintenant réconciliés ») du titre et de la gloire de l’Agneau.

C’est donc l’Agneau immolé qui est mis devant nous — Celui qui ne résista point au mal, mais qui se livra Lui-même à la mort, et fut mené à la boucherie, « comme immolé » ; la pleine puissance de fait, les sept cornes, et la connaissance parfaite, sept yeux, se trouvant en Lui, de même que ceci, pénétration universelle de connaissance. Ses yeux étaient les sept esprits envoyés par toute la terre. Ces esprits, la lumière et le pouvoir de la sainteté de Dieu devant le trône, caractérisant ainsi Sa présence, étaient maintenant les agents du discernement et de la puissance de Celui qui était justement exalté. Ce n’était donc pas le Fils de l’homme, dans Ses droits à l’héritage, mais l’Agneau qui ouvrait le livre. C’est à Lui, et, en une certaine mesure, à l’Église, en tant qu’une avec Lui, comme souffrant, rejetée, et exaltée dans sa Tête, que l’ouverture du livre appartient. Nous avons la pensée de Christ — pour nous c’est par la Parole que nous l’avons.

Il vint et prit le livre. Aussitôt qu’Il eut fait cela, les animaux et les anciens (c’est-à-dire en principe et en droit, la création, la providence, et la rédemption) tous reconnaissent la suprématie de cet Être humble, mais exalté ; car bien que ce fût le lion de la tribu de Juda qui l’avait pris, toutefois l’Église connaissait Ses titres comme racine de David et néanmoins l’Agneau immolé, mais maintenant comme tel sur le trône. Le livre révélait ce qui sous Sa main les concernait ; tout cela était le conseil de Dieu pour amener toute chose à la place qui lui était assignée dans Sa pensée et Son dessein. Au verset 9 il faut lire « ils chantent » et non « ils chantaient ». C’est là ce qu’ils font dans le ciel en tant que sous l’Agneau. Cela étant, « nous » n’offrirait aucune difficulté. Peut-être devons-nous accepter la correction de Griesbach qui en ferait disparaître même l’apparence pour l’œil, le sens demeurant le même. C’est une chose remarquable que, tandis que la même confiance et le même titre sont exprimés par saint Jean écrivant aux saints sur la terre dans le premier chapitre, et ici par ceux qui entourent l’Agneau sur le trône, ceux-ci ajoutent, pour montrer leur état d’attente[16] « nous régnerons ». Cela, quoique vrai, était inutile à dire aux saints qui étaient sur la terre : c’était assez clair pour des gens qui souffraient, qu’ils ne régnaient pas. Nous eussions pu avoir la pensée que ceux-ci régnaient ; et pour cette raison ils nous sont montrés dans un état d’attente[17].

Les quatre animaux sont toujours mentionnés les premiers, comme la puissance divine et entièrement distincts des anges[18]. Je ne vois pas bien comment, en considérant ce qu’en dit Ézéchiel et quelle est leur place ici, on peut douter de leur portée générale. Ils sont plus intimement rattachés à la rédemption, parce que tout ce qui constitue la sphère de la création et de la providence étant subjectivement rattaché à la puissance du mal et lui étant soumis, elle a pour eux un intérêt spécial. Les anges célèbrent tout simplement la personne de Celui qui a été immolé, et Sa dignité souveraine. Et, après eux, la création tout entière (dont comme créatures ils sont les chefs, eux ayant reconnu l’Agneau comme digne), célèbre à la fois Celui qui est assis sur le trône et l’Agneau. Et les quatre animaux qui résument toute sa portée morale, disent : Amen. De leur côté, les anciens, les rachetés intelligents, se prosternent et adorent Celui qui est vivant aux siècles des siècles. C’est là Son caractère le plus élevé, Son caractère dans l’essence même de Sa nature ; et c’est pour cela qu’ils closent la doxologie. D’abord, la rédemption ; puis, les anges reconnaissent l’Agneau ; ensuite, toutes les créatures Celui qui est assis sur le trône et l’Agneau ; les animaux disent : Amen ; et alors les anciens rendent hommage à Celui qui vit aux siècles des siècles, rempli de toute la plénitude de Dieu. Ceci est particulièrement la portion des anciens, bien que ce soit le même Être béni qui est honoré par les animaux ; mais ce que ces derniers expriment, c’est la continuité de l’existence, plutôt la continuité de Jéhovah — qui était, qui est, et qui vient — continuité de relation, et non la vie intrinsèque ; — car, bien que le trône soit le grand principe et la source de tout, toutefois la rédemption nous mène à une connaissance plus profonde de Celui qui y est assis, et met toutes choses à leur véritable place[19].

Nous avons donc ici une position dont la portée s’étend sur tout l’ensemble jusqu’à la fin, quoique bien des matières importantes puissent nous être présentées sous différents chefs d’une façon intermédiaire ; mais la portée de ceci embrasse l’exaltation de l’Agneau au trône en elle-même dans tout ce qu’elle comprend. Il peut survenir en sous-ordre bien des arrangements tenant à l’action providentielle de Dieu, mais ceci est la clé pour le résultat. En outre, ceci est rattaché immédiatement à la relation de l’Église avec Christ. L’Église Le connaît comme l’Agneau et devrait Le suivre et Le représenter ici comme tel. Le Seigneur peut agir sur la dispensation par bien des circonstances et des dispositions extérieures ; Il n’agit en elle que dans ce caractère-ci. Comme tel, Il est essentiellement avant tout glorifié ; comme tel, le monde est contre Lui, de même que la rage de Satan dans son caractère intime le plus profond. L’Église est vue dans sa perfection dispensationnelle comme rois et sacrificateurs, vingt-quatre anciens (sept est le nombre qui exprime sa perfection mystique) ; parce que, quoique dans tout le cours de cette période envisagée dans son aspect prolongé d’années pour des jours, elle fût encore imparfaite, c’est néanmoins le gouvernement du monde qui est envisagé ici[20] et non les voies de Dieu avec l’Église ; et en conséquence, quand il s’agit de donner aux diverses parties (aux personnages du drame, si je puis parler de la sorte) leur place respective, l’Église est considérée comme un tout complet distinct. Bien que ce soit le trône suprême qui est au-dessus de tout, et la source de tout (c’est Celui qui est assis sur le trône qui fait toutes choses nouvelles et est ici l’objet du culte suprême) toutefois, quant à la relation ce n’est pas le trône de Dieu à Jérusalem. Il ne s’agit pas de la relation filiale de l’Église, ni du trône du Fils de l’homme selon le décret, mais c’est le trône dans le ciel[21] ; et là l’Agneau au milieu du trône, avec la puissance, la connaissance et la sainteté qui Lui appartiennent dans l’exercice de Son activité, et cela sur la terre.

Le fil du récit subit une interruption très marquée à la fin du onzième chapitre qui, dans l’ensemble de son contenu, clôt le livre tout entier. Le temps était venu où ceux qui détruisaient ou corrompaient la terre devaient être détruits. Mais le chapitre 12 reprend depuis l’origine pour introduire la nature radicale du mal et son développement sous sa dernière forme ; et, comme cela sera manifesté réellement à la fin, pour ce qui est des faits, il peut être considéré comme une continuation des visions précédentes. Mais les onze premiers chapitres renferment une autre division importante. Au commencement du chapitre 8 le dernier sceau est ouvert par l’Agneau ; et, naturellement, cela clôt le livre ; et quoique ce qui suit arrive sous ce sceau, ce n’en est pas moins, une série distincte d’événements d’une autre nature. Il n’est pas fait mention de l’Agneau durant tout le cours des trompettes ; tout y est en rapport avec les anges. Après le chapitre 12 nous avons encore l’Agneau : mais nous parlerons de cela quand nous y serons arrivés. L’Agneau est en opposition avec l’homme et avec le monde ; c’est-à-dire, l’homme et le monde L’ont rejeté, et l’Église, l’Église souffrante, du moins, est rejetée par le monde : ce qui la concerne est ce qui correspond à Christ dans ce caractère. Voilà donc ce que nous avons sous les sceaux. Dans un certain sens, cela est toujours vrai, car « tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés » ; mais quant à la dispensation, c’est-à-dire quant à la condition de l’Église, il n’en est pas ainsi. Nous avons donc, en l’envisageant dans son développement historique, trois grandes divisions : l’Église sous l’Agneau ; l’Église sous l’administration des anges ; et enfin l’Église sous et durant la grande apostasie rattachée à l’action du pouvoir de Satan au début. Toutefois, c’est le monde, et non pas l’Église, qui est le sujet des événements contenus dans cette portion du livre[22].

À la suite du tremblement de terre qui se fait à l’ouverture du sixième sceau, il se manifeste une grande terreur ; mais cela ne veut point dire qu’il s’agit là de la révélation du jugement de Dieu, cela est seulement leur terreur. Je ne veux pas dire que ceci ne puisse pas avoir son application plus tard, et que les rois de la terre ne puissent pas éprouver une grande terreur alors ; mais il ne s’agit point ici des rois associés avec la bête, combattant contre l’Agneau et tués par l’épée de Celui qui est monté sur le cheval. C’est de la terreur en conséquence d’un tremblement de terre qu’on attribue à la colère de l’Agneau comme si Son jour était venu. C’est après cela que toutes les trompettes sonnent. Au point de vue auquel j’interprète à présent (celui de la période prolongée) nous aurions dans ce tremblement le renversement de l’empire païen avec tous ses chefs qui avait existé jusque-là, ainsi que l’effroi et la consternation en résultant des ennemis de l’Agneau. C’est souvent à tort qu’on repousse l’idée de faire l’application de ceci à une pareille période et que l’on allègue le nom de Constantin pour montrer que ce qu’il fit dans l’Église n’avait aucune importance ou fut un mal au lieu d’être un bien. Mais cette anxiété provient de la supposition erronée qu’il s’agit ici de l’histoire de l’Église ; tandis que c’est celle du gouvernement du monde par l’Agneau agissant en des voies de providence. Et sous ce rapport nous devrions nous souvenir que depuis Babel et sa destruction dans la statue de Babylone, il n’y a jamais eu d’événement pareil à celui de la mise de côté du culte direct de Satan dans la nation impériale : or, c’est ce qui eut lieu à ce moment-là.

Vient alors en passant le fait qu’en dépit de tout, l’Église est reconnue : d’abord la plénitude parfaite des Juifs élus ; et, ensuite, la multitude des Gentils avec leur portion. Rien ne pouvait se faire jusqu’à ce que tous ceux-là eussent été comptés ou reconnus dans leur position.

Le premier tumulte, le premier trouble des nations était retenu jusqu’à ce que cela eût été fait positivement. Telle avait été la puissance de Dieu dans l’Esprit pendant cette période, en dépit de toutes les persécutions, de toutes les fureurs des hommes impies. Le cinquième et le sixième sceau montrent respectivement le sort final différent de ceux qui avait été réellement persécutés ou plutôt tués, et des pouvoirs qui les avaient persécutés[23] ; le septième, le grand résultat, en dépit de la persécution — la Parole de Dieu n’avait pas été liée.

Les quatre vents qui soufflent sur la terre et sur la mer expriment le désordre et le tumulte de l’esprit des nations. Ici ils ne soufflent pas seulement sur la mer, d’où, en conséquence, Daniel vit s’élever les quatre grandes bêtes ou royaumes ; ils soufflent aussi sur la terre dans ce passage ici parce qu’il existait un système établi et régulier sur lequel ils avaient de l’effet aussi bien que sur la masse des nations sans forme régulière — la mer.

Cette action des vents était arrêtée jusqu’à ce qu’il fût montré comment la Parole de Dieu avait été efficace en dépit de toute opposition.

Les sceaux, aussi bien que les trompettes, et peut-être, pourrais-je ajouter, les coupes, sont divisés en quatre et en trois. Les quatre animaux appellent Jean à voir les conséquences de l’ouverture des quatre premiers sceaux. Les trois derniers ont leur caractère propre spécial. La division des trompettes est bien connue, les trois dernières étant des trompettes de malheur. Les sept églises sont divisées en quatre et en trois par la place différente que la promesse et l’avertissement à ceux qui ont des oreilles pour entendre occupent dans les lettres qui leur sont respectivement adressées. Je pense qu’on trouvera qu’il n’est pas fait à l’Église d’offre de repentance après les trois premières[24].

Considéré à la lumière de la puissance qui soutient et des attributs du gouvernement providentiel, l’appel des quatre animaux est très facile à comprendre.

Prenant maintenant l’interprétation au point de vue du cours prolongé du gouvernement divin, les quatre premiers sceaux seraient l’histoire de l’empire. Je tiens le cheval pour le symbole de la puissance impériale ou royale dans son exercice. Et tel serait l’exposé selon Dieu du cours de l’empire existant alors. Si on demande à quoi cela sert au saint, je réponds : à tout ; — à savoir que tout se passe sous l’œil et la connaissance de Dieu. Ce lion, dans la gueule duquel ils étaient, avait ses jours et ses voies absolument comptés et réglés par Dieu ; et ils étaient, réellement, en union avec Celui qui gouvernait, bien qu’ils pussent souffrir avec Lui. Bien comprendre cette position de patience, c’était pour eux, et c’est pour nous, de la dernière importance.

Le cinquième sceau nous fait voir comment dans Sa merveilleuse grâce Dieu a égard aux sentiments de ceux qui avaient souffert durant cette période quoiqu’il eût pu suffire de nous avoir montré que tout était réglé de Dieu.

Le sixième sceau a donné lieu à de grandes difficultés. J’admets l’application de tout ceci à une période ultérieure, si « les choses qui sont » sont prises comme la dispensation tout entière, ce que je reconnais.

Il y eut un grand tremblement de terre[25] et ébranlement des pouvoirs suprêmes, avec bouleversement de la terre prophétique et déplacement des autorités qui la gouvernent[26] ; et, en vue de fortifier les saints, la conséquence de tout cela est montrée.

Le septième sceau donna lieu aux résultats précis de l’état de choses que le cinquième avait introduit. On put voir là pleinement reconnus ceux qui étaient venus de la grande tribulation — leurs robes étaient « blanchies dans le sang de l’Agneau ».

Le septième sceau une fois ouvert, nous n’entendons plus parler de l’Agneau : l’Église, comme dispensation, avait cessé d’être dans une condition de souffrance[27]. Pour ce qui est du septième sceau, rien ne pouvait en être dit immédiatement : le ciel ne pouvait rien dire, l’homme peut-être beaucoup ; mais ses pensées ne sont pas celles de Dieu. Le fait que le christianisme était reconnu[28] ne pouvait être condamné, et l’établissement de l’Église dans le monde, résultat réel de ce fait, ne pouvait être célébré. Il y eut un silence dans le ciel. Mais en cet état de choses, que le ciel ne pouvait absolument pas reconnaître, la providence commença bientôt à agir en secret. Ce fut par conséquent une action exercée du dehors dans un état de choses providentiel, par un service providentiel d’anges, et non dans la relation reconnue d’une Église, et le monde lui étant contraire, de même qu’il avait crucifié la Tête. La croissance de l’apostasie est décrite, non dans cette seconde partie, mais dans la troisième, comme ayant son importance propre.

Mais il restait encore un trait à signaler en ceci. Mêlés, comme ils pouvaient l’être (en un certain sens malgré eux) avec le monde, les prières des saints n’avaient pas cessé, et il fut donné à l’ange de l’autel beaucoup de parfums à ajouter aux prières, c’est-à-dire pour leur donner saveur et efficacité devant Dieu[29]. Le souverain Sacrificateur Lui-même revêt ici le caractère angélique : c’en était fini avec l’intimité de relation et le caractère de compléter tout dans le ciel comme gouvernant d’après des principes connus (connus par l’homme dans l’Église comme siens, d’après lesquels il devait marcher).

C’est la première fois qu’il est fait mention de l’autel des parfums. Les âmes étaient sous l’autel des holocaustes comme tout un holocauste. Maintenant toute la ressource des saints étaient de crier à Dieu. La réponse fut les jugements de la part de la sainteté de Dieu contre le mal ; et le cours déterminé des désastres préparés pour en suivre le progrès. Nous avons en conséquence à la fin ou au commencement des périodes un exposé de l’état des saints durant la période (c’est-à-dire, quant au principe de la dispensation dans la période). Les trompettes seraient donc les jugements de Dieu sur l’état mélangé des choses dans lequel les saints avaient cessé de souffrir[30] et d’être identifiés avec le caractère de l’Agneau, en réponse aux secrètes prières d’un résidu offertes comme un doux parfum par l’action secrète de l’ange de l’alliance ; mais ce sont des voies connues, des voies extérieures basées sur des principes que l’Église pouvait expliquer par suite de la nature de sa condition alors.

Il y eut alarme, une action puissante de Dieu en terreur sur les esprits des hommes, et un bouleversement dans la condition de la terre ; puis se déroule le cours progressif des événements : — sur les grands, et sur toute la prospérité et la gloire de l’homme par des jugements envoyés du ciel ;

Puis, destruction par jugement, par le moyen d’une puissance sur la masse des nations en dehors de la terre prophétique ;

Ensuite, quelque puissance apostate souillant et rendant amères les sources mêmes de la condition morale des peuples[31] ;

Ensuite, c’est l’autorité suprême qui est frappée, mais dans une sphère limitée avec tout ce qui en dépend ou lui est subordonné en fait d’autorité et de lumière.

Puis nous rencontrons un mot qui n’a pas été employé auparavant, sauf dans l’épître à l’église de Philadelphie : « Malheur à ceux qui habitent sur la terre ! » expression prise, je pense, d’Ésaïe 24, et employée dans l’Apocalypse en contraste avec les habitants du ciel (c’est-à-dire des personnes au sein de la terre prophétique, ou de la scène des voies morales immédiates de Dieu, mais non quelqu’un d’étranger ou forain là ; ou, en un mot, non pas un homme spirituel, un homme aux affections et aux pensées célestes, mais un homme qui habite là). Dans le chapitre 12, cette expression est en contraste avec la parole : « Réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer » (comparez Éph. 1 à la fin, et chap. 2). Nous avons donc ici les trois dernières trompettes annoncées comme des malheurs à ces habitants de la terre. Les autres pouvaient être des jugements providentiels sur l’état de choses. Ces dernières prenaient pour objet ces gens aux affections terrestres fixés sur la terre. Remarquez que, lorsque les saints, bien qu’adonnés à la prière, vivent, quant à leur condition de fait, non pas dans la souffrance, mais mélangés avec le monde, ils participent[32] extérieurement, et par conséquent d’une manière bien douloureuse dans leur cœur, au trouble et à la souffrance qu’amènent les jugements dispensés ; et dispensés peut-être en réponse à leurs prières précisément comme des châtiments salutaires ou au moins comme des avertissements ; et il est possible, je crois, qu’en principe cela ait lieu aujourd’hui. Mais il y a plus tard des jugements spéciaux sur ces gens aux affections terrestres, forme qui les caractérise désormais, lorsque, après les châtiments dispensés par Dieu dans Sa patience miséricordieuse distinguant entre les uns et les autres, ils sont définitivement fixés dans ce caractère. Alors, viennent sur eux des jugements positifs spéciaux[33].

Le premier arrive par l’apostasie qui donne l’essor aux influences basses et pernicieuses — ce qui appartient à l’abîme. Le résultat est l’exclusion ou l’obscurcissement de l’autorité suprême et des influences salutaires qui agissaient sur les esprits des hommes[34]. Par suite de cela, un essaim de maraudeurs se répandent sur la terre, la terre prophétique, ayant un roi, l’ange de l’abîme : car, bien qu’ils agissent dans l’énergie de la puissance impériale et que vis-à-vis des autres ils fussent par leur face des hommes, toutefois ils avaient « sur leur tête une marque de l’autorité ». Vus par-derrière, ils n’étaient pas dans la position de dignité manifeste de l’homme, comme revêtu de la puissance civile de gouvernement qui appartient à l’image de Dieu ; ils étaient assujettis à quelque chose, quoiqu’ils pussent se prévaloir de nombreuses victoires sur d’autres ; et leur aiguillon était leur queue. Ce n’était pas dans leur énergie que gisait leur funeste puissance de séduction, mais dans ce qu’ils menaient avec eux comme conséquence. « Le prophète enseignant mensonge, c’est la queue ».

Le second malheur était une invasion plus ouverte d’ennemis extérieurs, comme tels — l’armée de cette puissance impériale victorieuse dans sa compacte unité ; et de leur bouche (ils le portaient devant eux) sortait ce qui constituait le jugement : seulement c’était par le mal, et ce qui était positivement de l’ennemi[35]. Leur pouvoir était dans leur bouche, mais aussi dans leur queue ; car leur plan bien combiné de malice et de dépravation était plus établi là que devant, quoique non pas son introduction ; « et par elles ils nuisent ». Par la forme cela ressemblait à Satan. C’était d’une nature plus manifeste et guerrière ; mais non le mal principal.

Mais ceux, le reste des hommes, qui n’avaient pas été tués par eux, ne se repentirent pas de leurs idolâtries ni de leur mauvaise conduite ; un grand nombre seraient détruits ou renversés de la profession qu’ils faisaient, et leur place mise de côté et remplie par d’autres ; mais malgré cela le reste ne se repentit point. L’étendue de la puissance de ces instruments du jugement était limitée. Généralement tous les malheurs avaient pour objets les gens aux affections terrestres se trouvant dans la région des voies de Dieu. Quand arrivait le mal, soit dans la période de son début, soit dans celle où Il obscurcissait le ciel et l’air, soit celle où Il tourmentait et tuait les hommes, ceux-là seuls étaient exceptés qui étaient manifestement reconnus de Dieu comme siens — manifestés être de Lui.

L’ange de la trompette — la nouvelle que le temps de l’entier accomplissement du dessein de Dieu est arrivé — délie ces instruments subordonnés de Sa providence pour avoir le pouvoir de détruire pendant le temps déterminé.

C’étaient là cependant tout autant de voies dans lesquelles, bien qu’un résidu priât, l’Église n’avait pas naturellement de place[36] ; car le développement de l’apostasie n’est point ici le sujet. Tout consiste simplement en des voies providentielles du ressort du ministère des anges. Ce n’est point le Fils de l’homme exerçant le jugement. Ce n’est point l’Agneau dans la gloire sur le trône, mais sympathisant d’ailleurs avec des personnes qui souffrent, contre lesquelles est le monde, et qu’Il reconnaissait ostensiblement. Cela fut tout à fait perdu quand le monde reconnut l’Église : l’Église perdit entièrement sa place. Dans la pratique elle s’était graduellement rapprochée du monde ; maintenant elle y était ostensiblement plongée ; tel fut le cours de sa carrière, qu’ayant perdu le discernement spirituel elle n’était pas capable de voir sa position dans la bénédiction extérieure. Il en fut ainsi d’Abraham lorsque sa femme fut emmenée à la cour de Pharaon : il était d’abord descendu en Égypte. Alors le Seigneur agit par le ministère des anges sur la profession, d’abord en châtiments extérieurs, ensuite en jugements et malheurs directs. Les faits à mesure que nous avançons, nous conduiront à l’étendue (j’entends l’étendue géographique) de ces deux malheurs. Je réserve le cours de ces passages plus particulièrement, au point de vue de la période prolongée (« les choses qui sont » étant prises comme s’appliquant à la dispensation tout entière), pour ce qui se présentera plus loin.

Mais avant le troisième malheur, ou la septième trompette, survient en forme de parenthèse une révélation considérable ; mais c’est encore le ministère angélique ou de l’ordre providentiel[37]. Ce n’est pas non plus, quoiqu’il s’agisse évidemment de la même scène, l’exposé de l’apostasie que nous trouvons plus tard, mais c’est la même scène sous le rapport historique comme sphère d’une suite d’événements en tant que prophétiquement annoncés par Dieu. Le jugement de Dieu contre l’état de choses dont il s’agit ici avait été annoncé sous bien des rapports, cela n’était point révélé. Mais quoique ce ne fût pas un livre scellé que l’Agneau seul pouvait ouvrir, mais bien le progrès du cours d’événements historiques dans l’ordre de la providence, il était toutefois d’une façon spéciale dans la main de cet ange puissant, et la dignité de Sa personne (de Christ) était ainsi maintenue.

Les manifestations du jugement de Dieu associé à la parole de Sa voix, et ce qui suivait là-dessus, n’étaient pas encore révélées. Une voix venue du ciel les scella : car quoique le cours des événements continuât, et que la description en fût donnée, toutefois il y avait réellement en cela des principes d’un tel caractère et d’une telle importance aux yeux de Celui qui pouvait introduire le nom de Celui qui est vivant aux siècles des siècles, que cela prouvait qu’il n’y aurait plus de délai. Et ces choses devaient précéder l’accomplissement du mystère de Dieu qui aurait lieu lorsque le septième ange sonnerait de la trompette.

De cette manière le petit livre ouvert est très simple. Ce n’est pas le mystère d’iniquité complètement exposé dans son caractère, mais c’est le cours historique des événements — un tableau de cette scène en elle-même, et dans lequel le mystère d’iniquité et tous ses principes importants ainsi que l’action de Dieu en conséquence sont développés en vue de l’accomplissement de ce qui est fini au son de la septième trompette. C’est donc un pas inférieur dans sa nature au grand livre scellé. Celui-là était tenu par Celui qui était assis sur le trône, et il fut donné à l’Agneau seul capable de l’ouvrir ; il Lui appartenait à un titre que nul autre absolument ne possédait : mais celui-ci est dans la main de l’ange, et il est donné au prophète. C’était une partie du cours progressif des événements historiques ; toutefois ses allusions l’identifient avec ce qui vient après comme la bête qui sort de l’abîme, etc.

Il y avait un autre point. Le prophète pouvait regarder aux événements extérieurs et les décrire ; mais ici, quoiqu’il y eût de la douceur dans la connaissance de cela, toutefois, quand il voyait ce que cette connaissance apportait réellement avec elle, quand il la digérait, quand les sympathies de sa propre âme y étaient impliquées, ainsi que des choses pénibles et douloureuses concernant la position et l’état de ruine de l’Église[38] — le désordre et le mal, éloignement de Dieu, et épreuves en rapport avec cela dans les saints — ah ! elle était amère en son ventre. Ce terme est toujours employé pour les affections et les pensées intimes de l’homme. Aussi dans l’Église le Saint Esprit est-Il dit découler du ventre du croyant, parce que ce n’est pas simplement une communication d’événements connus, mais l’Esprit, comme arrhes de ce qui nous appartient à nous-mêmes, et en conséquence remplissant l’âme ; et par suite de notre propre association avec les choses, la joie et le témoignage découlent.

Le vaste et large champ de ce témoignage devait être encore repris. Cette partie du témoignage prit le sujet à nouveau, et, quoique ayant de fait des attaches, un sujet complet et une scène complète en soi.

Ce petit livre ouvert présentait donc l’exposé historique (quand il prenait sa place dans l’histoire extérieure) de l’état de choses sous la grande apostasie, en vue de la clôture de la scène tout entière comme histoire à l’époque de la septième trompette ; tandis que le détail de l’apostasie, son origine et sa source (avant qu’il fût question en aucune manière de l’histoire successive de l’Église), la puissance et le dessein de Satan comme manifestés en elle, étaient réservés pour un exposé distinct (c’est-à-dire toutes ses opérations et ses développements moraux).

Il faut remarquer, de plus, que le troisième malheur n’est nullement donné ici. Lorsque la septième trompette sonne, il y a des voix dans le ciel célébrant la venue du royaume du monde de Christ, et la scène est décrite en des termes très généraux, comme embrassant son introduction et ses résultats ; mais le malheur n’est pas décrit. En réalité, tout le détail des circonstances est réservé pour les exposés ultérieurs : mais la chose constatée ici, c’est qu’ « il n’y aurait plus de délai ». J’ai seulement à ajouter que, si « les choses qui sont » sont prises pour la dispensation tout entière, alors le chapitre douzième peut être pris d’une manière continue[39] pour l’action des agents qui y sont décrits dans leur conduite au temps de la crise ; seulement il retrace leur carrière à partir de l’état de choses dans les cieux — c’est-à-dire comme objets du jugement auquel a trait la septième trompette. Dans ce cas, le premier acte serait l’enlèvement des saints, puis Satan précipité sur la terre, puis, après la persécution des Juifs, la dernière bataille comprenant le jugement de la bête, etc. Autrement le douzième chapitre est un tableau des détails de leur source, de leurs principes, et de leurs actes ; tels qu’ils sont vus dans la pensée de Dieu, et cela d’après leur nature, leur but et leur principe.

Je pense que quelques-uns d’eux, au moins, comme les deux témoins, participent à l’appel céleste selon Daniel 7, sans appartenir au témoignage de l’Église représenté par la sainte cité. Voyez l’analogie de l’Église pentecostale au commencement (quoique de fait ce fût l’Église), mais son témoignage est remarquable à cet égard.



  1. Cela est vrai aussi de l’épître aux Hébreux où il est parlé de sacrifice et de sacrificature qui constituent la relation avec Dieu. Ici c’est dans Son caractère de suprématie (quelles que soient les circonstances), qu’Il est présenté ; non pas suprématie avec les enfants, mais sur toutes choses, sur toute la création, et toujours le trône de Celui qui était, qui est, et qui vient.
  2. Voyez aussi (c’est-à-dire, dès que nous arrivons à la prophétie) 4, 2, 10 ; 5, 1, 7, 13 ; 6, 16. Remarquez aussi 7, 10 (observez qu’il n’y a pas d’allusion à cela depuis le chapitre 8 jusqu’à 19, 4) et 21, 5. Chapitre 20, 11 arrive spécialement d’une façon intermédiaire. Quant à la cité, voyez 22, 1.
  3. La réponse que fait immédiatement l’Église aussitôt que Christ est annoncé dans Ses titres concernant Sa personne, est extrêmement belle. Et quand Il est annoncé comme venant dans Sa gloire (22, 16), la réponse immédiate de l’Église dirigée par l’Esprit l’est également : « L’Esprit et l’Épouse disent viens » ; et par là l’Église prend sa vraie place, pendant qu’elle est dans l’attente.
    Le caractère de relation de Christ est pleinement montré et il y est pleinement répondu. — Fidèle témoin pour Dieu envers l’homme, représentant parfait et chef de l’Église, aussi bien que le parfait homme nouveau ressuscité devant Dieu, et le chef de la puissance pour le monde ; l’Église Le voit, et aussitôt elle dit ce qu’Il est pour elle-même.
  4. Remarquez que ce n’est pas qui était et qui est, mais qui est et qui était, Celui qui est, et par conséquent, en rapport avec le temps, qui était et qui vient.
  5. C’est-à-dire le témoin de Dieu, comme Il était le vainqueur de la mort et le gouverneur du monde en puissance.
  6. On est donc en tout ceci au-delà de la condition à laquelle ont trait les épîtres apostoliques, mais on n’est pas entré dans la relation que Christ a avec le monde en gouvernement et en domination.
  7. Le premier et le dernier. Christ comme permanent, comme Jéhovah dans Sa nature et dans Sa puissance, toutefois Celui qui avait passé à travers les vicissitudes du dénuement de l’Église, de sorte que, quels que fussent les changements survenant dans ses circonstances, elle pouvait savoir ce qui constituait sa sécurité et où elle se trouvait : ainsi c’était pour l’individu, non pas terreur, mais sécurité. Quoiqu’il arrivât, les ennemis de l’Église ne prévaudraient point contre elle.
  8. Remarquez la sagesse de cela. De cette manière il n’y avait pas de révélation quant à un délai ; avant que le Seigneur vînt, les choses étaient ; mais il était donné ce qui, je n’en doute nullement, présente une histoire complète de l’Église jusqu’à ce qu’Il vienne.
  9. C’est-à-dire que l’Église, en tant que dispensation sur la terre, prend, eu égard au temps, la place des branches juives retranchées, et en conséquence, se rattache sous plusieurs rapports à des dates, bien que l’Église elle-même en soit précisément tout l’opposé en principe ; car elle est une tout autre chose, et une chose céleste substituée à une chose terrestre qui a manqué.
  10. Si nous considérons l’ordre réel de l’histoire de l’Église dans les Actes, nous trouvons d’abord le renversement et la dispersion, à la mort d’Étienne allé auprès de Jésus, de l’Église, de Jérusalem, la seule église qu’il y eût — et ensuite l’Église sur la terre dispersée ; là-dessus l’appel de Paul, instrument entièrement nouveau pour les Gentils, les gouverneurs, et le peuple d’Israël, et par suite l’union de l’Église avec Jésus dans le ciel mentionnée pour la première fois. « Pourquoi me persécutes-tu ? » ; mais après cela (bien que le principe de la mission de Paul et de l’union de l’Église avec Jésus fût établi), la patience de Dieu continuant à travailler par le ministère de Pierre. Énée et Tabitha sont les témoins de sa puissance ; et c’est par sa bouche qu’a lieu l’appel des Gentils, afin que le témoignage du tronc juif fût encore conservé en grâce, quoi que pût faire en jugement la juste justice à l’égard de la dispensation (et qu’ainsi, quant à la dispensation, les fidèles eussent part dans la ruine des infidèles, comme Caleb et Josué durent errer dans le désert), et quoi que pût effectuer en outre une intervention extraordinaire de Dieu en un avorton témoin des prérogatives souveraines de la grâce dans le désordre de la dispensation quant à l’homme. Nous pouvons remarquer les traces prolongées de la présence continue du mal dans les saints, car ils faisaient un reproche à Pierre d’être allé vers les Gentils ; toutefois c’était là le péché final des Juifs. Mais telle était la patience de Dieu, qu’ils ne furent pas, historiquement, exclus alors, jusqu’après les relations que Paul eut avec eux à Rome (Act. 28) ; et même quand ils le furent, ce fut comme par un aveuglement partiel, et non comme bronchant pour tomber, et il y avait un résidu selon l’élection de la grâce.
  11. Dans la suite, Il est le Fils de l’homme et le Fils de David assis sur la terre.
  12. L’histoire n’était pas écrite dans le ciel. Je crois que la tentative pour interpréter la prophétie par l’histoire a été extrêmement préjudiciable à la détermination de son véritable sens. Lorsque nous avons, avec le secours de l’Esprit de Christ, déterminé la pensée de Dieu, nous avons, en tant que c’est l’histoire, l’estime que Dieu fait des événements et leur explication. Mais l’histoire est l’estime des événements d’après l’homme, et il n’a pas le droit de supposer le moins du monde qu’ils se trouvent dans la prophétie ; et il est évident qu’il faut qu’il comprenne la prophétie avant de pouvoir l’appliquer à un événement quelconque : quand il la comprend, il a ce que Dieu entendait lui donner. Je n’admets pas que l’histoire soit, en aucun sens, nécessaire pour l’intelligence de la prophétie. J’ai des faits présents, et l’explication morale d’après Dieu de ce qui y a mené, et par là l’appréciation morale qu’Il en fait. Je n’ai pas besoin de l’histoire pour me dire que Ninive ou Babylone sont ruinées, et que Jérusalem est entre les mains des Gentils. Naturellement, là où une prophétie s’applique à des faits, elle est une vraie histoire de ces faits ; mais elle est beaucoup plus. Elle est la relation de ces faits avec les desseins de Dieu en Christ ; et toutes les fois qu’un fait isolé quelconque, quelque importance qu’il ait aux yeux de l’homme, est pris comme l’accomplissement d’une prophétie, on fait cette prophétie s’interpréter elle-même ; et tel est, je le crois, le sens de ce passage, 2 Pierre 1, 20. Il va sans dire que, lorsqu’une prophétie est accomplie, son accomplissement est une preuve de sa vérité, mais le chrétien n’a pas besoin de cela ; et la preuve d’une vérité et son interprétation sont deux choses très différentes.
  13. On verra qu’ils sont des adorateurs intelligents — donnent une raison pour leur culte ; les anges ne le font jamais.
  14. Les quatre sortes d’animaux sont les chefs des quatre genres mentionnés dans la Genèse. Les oiseaux de l’air, le bétail, les bêtes de la terre, et l’homme ; sans doute ils avaient des caractères spécifiques quant aux attributs aussi (on trouvera que les animaux réunissent les qualités des séraphins et celles des chérubins). Le chérubin va avec le gouvernement de la terre. Le séraphin introduit la sainteté propre de Dieu et par là le principe du jugement final. En ajoutant cette note j’y joins une autre impression récente, que, jusqu’au chapitre suivant (où l’Agneau apparaît pour la première fois), les anges avaient été l’instrument ; avec l’Agneau les hommes prennent cette place, quoique le résultat ne soit pas manifesté.
  15. La différence des leçons jette du doute là-dessus : en tout cas, c’était un cantique nouveau dans le ciel, et non un cantique juif.
  16. Plusieurs manuscrits lisent : « ils régneront », mais alors j’ai des doutes quant à « nous a rachetés ».
  17. Ceci établit les saints dans le ciel mais attendant leur héritage — de la terre — la position en principe, de Christ maintenant.
  18. Au chapitre 4, nous n’avons pas d’anges, et les animaux sont distingués des anciens ; ici les animaux et les anciens sont associés, et nous avons les anges.
  19. Cela est vrai lors même que ces honneurs des animaux soient transférés aux anciens, comme nous savons que ceux des anges seront certainement transférés aux hommes dans le monde à venir. Les anciens, en effet, représentent toujours la position de la foi intelligente.
  20. C’est-à-dire, envisagé dans son caractère de période prolongée sur la terre.
  21. Ceci ne peut évidemment s’appliquer qu’à deux périodes : la période prolongée, subséquente à celle où les églises étaient reconnues sur la terre, et la scène préparatoire de gouvernement des jugements et interventions de la providence de Dieu, postérieurement à l’enlèvement de l’Église, et préalablement au règne du Fils de l’homme.
  22. Pour ce qui regarde la crise de la fin, ceci se développerait 1° dans la période des épreuves et de la persécution des saints (comp. Matt. 24) ; 2° dans les jugements préparatoires ou providentiels qui tombent sur les contempteurs du Seigneur (la colère étant simplement annoncée et non pas décrite dans la septième trompette) ; et enfin, dans une pleine manifestation du caractère, des aides et de l’apparition de la bête, avec le jugement final de tout ce qui lui appartient.
  23. Il semblerait, d’après le cinquième sceau, que, juste au moment où les cieux vont être changés après que l’Église qui a souffert a été reconnue publiquement et vêtue de robes blanches, elle doit se reposer encore un peu de temps, parce qu’il y a des frères et des compagnons de service qui doivent encore être tués. Quoique reconnus ainsi, il ne saurait s’exécuter de vengeance pendant quelque temps jusqu’à ce que cela fût fait. Mais alors, les cieux furent changés pour préparer cette vengeance. Dans les trompettes, remarquez qu’il n’est pas question de mal tombant sur les saints, ni même de saints, mais de jugements tombant sur la terre ou ses habitants. Le fait des derniers souffrants (c’est-à-dire jusqu’à la mort) de ces « frères » semble une affaire de transition, l’acte de la bête dans son dernier état comme montant de l’abîme, se débarrassant d’eux dans cette puissance, à la joie des habitants de la terre qu’ils tourmentaient. Ils se tenaient devant le Dieu de la terre.
    Quelques-uns verraient là le moment de l’enlèvement de l’Église ; mais il me semble que c’est une erreur. C’est plutôt le temps où ils sont publiquement reconnus devant le trône, en conséquence du changement survenu dans les cieux et dont il a été parlé précédemment, et avant que les jugements commencent. Dans ce cas, les cent-quarante-quatre mille sont le résidu juif reconnu alors sur la terre. Envisagés comme l’Église dans sa portion propre, elle est vue, je crois, comme dans les cieux dès la fin du chapitre 3. Là elle en a fini complètement avec la terre.
  24. Cela est généralement vrai du corps ecclésiastique. Il est dit à Thyatire : « je lui ai donné du temps, afin qu’elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir », et la venue de Christ est alors annoncée. Mais l’appel est renouvelé à Sardes, (le Protestantisme, je crois), à son tour, mais en vain, sauf pour les individus. Cela finit en Laodicée.
  25. Je ne crois pas que, dans la crise, ceci soit en aucune manière le jugement de l’Antichrist, mais bien ce renversement de la puissance de Satan dans les cieux et cette révolution, cette ruine complète qui en résulte, de tous les fondements de toute l’organisation politique et sociale, dont il est parlé comme précédant le jour du Seigneur. Car les sources du pouvoir dans les cieux doivent être changées avant qu’arrive le jour du Seigneur, quoique Satan puisse exercer sa fureur sur la terre ; Satan, contre les actes et les instruments duquel viendra précisément le jour du Seigneur (voyez Joël 2 ; Marc 13, 24, 25). Je crois que d’ordinaire, on ne remarque pas assez l’importance et l’étendue de cette révolution qui se fait dans les cieux. La terre peut avoir été souvent ébranlée et être revenue à son cours, parce que les cieux ne le sont pas. Mais, quand les cieux sont ébranlés, les sources du pouvoir sont changées et l’ennemi précipité ; et il ne regagne jamais sa place, quoique lorsqu’il est délié, il puisse encore agir vainement en opposition sur la terre ; alors en effet, le jugement est venu, les cieux étant ainsi établis, et ayant la domination.
  26. Appliquer littéralement les symboles, me semble une chose très fausse en principe et un mode d’interprétation extrêmement impropre. C’est nier qu’ils soient des symboles. Je considère le langage des symboles comme aussi précis que tout autre, et toujours employé dans le même sens autant que langage l’est.
  27. Ou état d’attente quant à elle-même. Envisageant la fin, les saints n’avaient plus à dire : Jusques à quand ? quoique le jugement ne fût pas encore venu de fait.
  28. De même à l’égard de la crise, les cieux, en tant qu’occupés maintenant par les saints, n’avaient pas de part dans le jugement du Fils de l’homme. Leurs armées qui sont au ciel Le suivront ; mais c’étaient les jugements préparatoires de la puissance suprême de Dieu en providence dans lesquels les saints n’ont part en aucune manière. Ils ne pouvaient pas ouvrir le puits de l’abîme pour en faire sortir les sauterelles et délier Apollyon. Ils ont la pensée de Christ, et ainsi le caractère et les voies de Dieu dans le Fils de l’homme, non pas dans Son gouvernement suprême, bien qu’il s’exerce en leur faveur. Cela les dépasse complètement ; et c’est de cela que les trompettes constituent une partie — l’annonce des voies et du gouvernement suprême de Dieu, et non Ses voies et Ses desseins envers eux.
  29. Je conclus de là que dans la crise ceci serait l’intercession du souverain Sacrificateur pour ceux qui sont restés sur la terre — les saints postérieurs (comme nous avons été auparavant conduits à le voir) à l’enlèvement des saints — les saints en rapport avec la terre à cette époque.
  30. Leur souffrance comme corps n’était pas le trait caractéristique du contenu des trompettes qui agissaient en jugements sur ceux qui n’étaient pas des saints ; leur union actuelle et leur identification avec l’Agneau n’étaient pas non plus reconnues, bien qu’individuellement ils pussent être tels.
  31. Il n’y a pas de symbole plus difficile que les divers emplois de l’eau. L’eau vive est l’Esprit ; mais comme Il agit par la Parole, l’eau (pas précisément l’eau vive) est la doctrine, et dans un bon sens la Parole. Mais les eaux sont des peuples, des foules, des nations et des langues, et la mer leur masse confuse. De là, les fleuves semblent leurs compartiments divers, comme en ce passage : « dont les fleuves ravagent la terre ». Voici donc comme je tiens la chose : l’eau est toujours envisagée comme sous l’action d’influences morales d’une espèce quelconque ; lorsque c’est de l’eau vive, il y a de la puissance ; lorsque c’est la mer, on ne peut qu’agir sur elle tout simplement ; lorsque ce sont des fontaines, ce peut être la source de leurs influences comme les fleuves seraient leur source ; c’est pourquoi, selon la forme de son emploi, l’eau exprimerait la source ou les effets de ces influences morales sur la masse de la population, ce que nous appelons « le peuple », et par suite l’état moral du peuple dans son ensemble, la forme respective de l’eau indiquant son caractère particulier. Les sources des eaux, les sources de cet état sous ces influences : — « Qui êtes de la source d’Israël ». Israël envisagé comme la source de toute la nation. Ainsi il mettait l’empreinte de son caractère sur tout ce qui découlait de lui : et en conséquence cela pouvait s’appliquer peut-être directement à un docteur ou plutôt à une corporation existante de docteurs — les sources des eaux : car là où ils sont ils caractérisent le peuple, comme dit le proverbe : « tel le peuple, tel le prêtre ».
  32. Cela sera vérifié en outre dans le pays (Canaan) au dernier jour.
  33. Comparez la marche spirituelle de la prophétie d’Habakuk qui illustre précisément ceci.
  34. Dans la vue de la période prolongée je ne vois pas de raison pour s’écarter de l’interprétation qu’on donne ordinairement de ces sauterelles (c’est-à-dire les Sarrasins). Dans la crise ceci aura son accomplissement dans le grand ennemi, ou l’Antichrist.
  35. Dans la longue période, de même que pour le premier malheur, je tiens celui-ci ainsi qu’on le fait d’ordinaire comme désignant les Turcs.
    Dans la crise ce sera l’invasion des armées du Nord et de l’Orient ayant plus tard à leur tête l’Assyrien et Gog, le prince de Magog.
  36. Relativement à la crise, l’Église est considérée comme de fait dans le ciel (c’est-à-dire, perdue entièrement de vue sur la terre, comme elle l’était de fait, lorsqu’elle eut perdu sa position de témoignage ici-bas, en tant que ville située sur une montagne). Car tout le long du temps, quelle que soit la condition particulière des saints, du moment que l’Église cessait d’être reconnue ici par le Fils de l’homme en jugement, comme dans les sept églises, elle était vue dans le ciel soit mystiquement (ce qui donne la période prolongée), soit réellement et de fait, lorsque prennent place les épreuves et les jugements du dernier jour, la crise, comme on l’a appelée. Dans l’un et l’autre cas elle est perdue de vue sur la terre.
  37. L’arc-en-ciel autour de la tête montrait la connexion de cette révélation avec le rétablissement de la création — l’alliance avec la création au temps où le gouvernement fut institué.
  38. Dans la crise, les résultats apostats de ce qui était nominalement l’Église.
    Dans les sceaux, il s’agit de l’Agneau, et les saints sont exposés à la persécution. Les trompettes sont des jugements providentiels sur le mal, dans lequel les saints ne se trouvent point, souvent par des hommes méchants souffrant les uns par les autres, comme dans l’histoire juive. Puis vient la manifestation des ennemis ouverts du Seigneur Jésus Christ, et leur jugement, et dans leur plein caractère, par le Fils de l’homme Lui-même.
  39. Mais alors la continuation historique n’est pas immédiate ; il n’y a suite qu’à partir de l’état de choses résultant de la position des parties, et plus particulièrement à partir de la fuite de la femme dans le désert, les versets précédents ayant pour but simplement de faire voir ce qui a amené les parties dans cette condition, savoir que le fils mâle ne déployait pas d’abord sa puissance, mais était enlevé — il y avait ensuite une opération par laquelle les cieux étaient d’abord purifiés — et puis ce par quoi le pouvoir apostat était abattu après toute sa lutte contre Christ. La chose à remarquer ici, quant à l’ordre, est que la guerre semble avoir lieu avant que les puissances du ciel soient changées, changement à l’égard duquel il faut comparer les cinquième, sixième et septième sceaux. Je ne vois pas que le fait que les saints sont reconnus dans le cinquième implique le changement des cieux : le sixième cependant me semble le faire.
    Voici l’ordre que ces passages impliqueraient, quant à la crise finale : — les trois sceaux après le premier seraient le commencement des douleurs ; durant cette période les fidèles témoins sur la terre seraient exposés à être tués, et l’évangile du royaume serait prêché parmi les Gentils. Au cinquième sceau les cieux sont changés.
    L’abomination de la désolation est établie au milieu de la dernière semaine.
    Temps de détresse tel qu’il n’y en a jamais eu depuis qu’il existe des nations, le dragon persécutant la femme.
    La femme s’enfuit. — Ceux qui sont dans la Judée s’enfuient aux montagnes.
    Le sixième sceau est ouvert ; et avant que les vents soufflent le résidu est scellé et la multitude ayant des palmes apparaît vêtue de robes blanches.
    Le cri du résidu sur la terre amène le jugement là-bas comme le cri des âmes sous l’autel au cinquième l’avait amené au sixième.
    Alors viennent les jugements des trompettes qui se succèdent régulièrement, le dernier impliquant le jugement final.
    Le seul point qui reste est celui du moment où Satan est précipité. Le douzième chapitre prend tout le cours du livre dans ses sources intimes, afin d’introduire les derniers agents comme objets du jugement annoncé dans le ciel pour le moment où la dernière trompette sonnera. Ce chapitre fait voir, comme il a été remarqué, que le premier acte est l’enlèvement de Celui qui doit gouverner les nations ; et la question tout entière suit son cours après cela. Le pas suivant n’est pas le changement des cieux, mais la guerre là ; et alors l’adversaire et accusateur est précipité. Cela se passe évidemment avant les derniers trois ans et demi, époque de la tribulation, et antérieurement à la tribulation et à la fuite ; au moins me semble-t-il qu’il en est ainsi. Le changement des cieux arrive après cela, ou plutôt, sur cela. La seule chose, donc, que j’avance sur ce point, c’est que, d’après ces passages, la défaite et l’expulsion du ciel du dragon, relativement à la crise, me semblent avoir lieu quelque temps avant que l’abomination soit établie, après l’enlèvement des saints, c’est-à-dire avant ou durant la période des quatre ou cinq premiers sceaux (le sixième sceau serait l’effet de cela).
    Il est évident d’après Matthieu, Marc, Joël, que l’apparition du Fils de l’homme est postérieure à ces changements dans les cieux, comme d’ailleurs cela ressort manifestement du cours tout entier et de l’ordre de ces actes solennels, de ces solennelles voies du jugement de Dieu. L’épiphanie de Sa parousia détruit l’homme de péché. On peut comparer ici Ésaïe 24.