Traduction:Le sacrifice d’Abel

De mipe
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Genèse 4 ; Hébreux 11

Traduit de l’anglaisW. Kelly

[Bible Treasury vol. 17, p. 321-323]

Si nous prenons l’histoire du jardin d’Éden dans son ensemble, nous y verrons un véritable tout, et en résumé un tableau complet des voies de Dieu. L’homme placé sous la responsabilité, et même sous la loi, fut coupable et, de fait, un pécheur ; et il a été chassé de ce séjour, où Dieu le visitait pour réaliser la communion. Mais Dieu ne l’a pas chassé pour recommencer un nouveau monde loin de Lui, sans lui donner le témoignage le plus complet de la grâce souveraine qui a répondu au mal. La nudité de l’homme était l’expression de l’innocence disparue. La honte et la culpabilité, et une crainte coupable de la présence de Dieu, étaient désormais l’état de l’homme : Dieu, dans Sa grâce souveraine, y répondit. Il revêtit Adam avec ce qui provenait de la mort, et Son œil avait Sa propre œuvre devant Lui. Cela ne voulait pas dire que l’homme n’était pas nu en lui-même, mais que Dieu Lui-même, ayant pris connaissance de cela en grâce, avait couvert sa nudité. Il était parfaitement et entièrement pourvu à l’état actuel, et la puissance du mal serait jugée dans l’avenir. Plus tard, la puissance de la semence du serpent serait détruite.

Mais l’homme, ainsi chassé loin de Dieu, l’innocence ayant disparu, commença un nouveau monde ; et la question surgit nécessairement : L’homme pourra-t-il s’adresser à Dieu, et comment ? Désormais, il est clair que si Dieu opérait dans l’homme, Il ne pouvait pas un instant être indifférent à ce qui était arrivé ; et il est encore plus clair que Dieu ne pouvait être indifférent à l’état de mal qui avait amené l’homme là où il se trouvait maintenant, et qui était exprimé par le fait qu’il était dans le péché et loin de Dieu. Ce qui était pour l’homme un triste effet, Dieu le voyait comme l’état de mal en lui.

Le fait d’être chassé du paradis avait judiciairement placé l’homme dans cette position, mais pas irrémédiablement. Il s’y trouvait moralement, et la question se posait : Pouvait-il s’approcher de Dieu ? Désormais il ne le pouvait pas vraiment, quelque insensible qu’il soit à l’état dans lequel il était entré ; il serait toujours aussi éloigné de Dieu que jamais ; et dans le gouvernement public et le témoignage de Dieu, Il ne pouvait rendre témoignage qu’Il le recevait ainsi. Et c’est le nouveau terrain de Caïn et d’Abel — s’approcher de Dieu dans un état qui était le résultat d’avoir été chassé de Sa présence. Nous approchons-nous de Dieu comme si rien ne s’était passé, en lien avec les circonstances de chaque jour et les devoirs de la position dans laquelle nous sommes entrés, ou bien dans le sentiment de cet état de péché, de notre chute, et en regardant à Dieu dans notre conscience comme ceux qui l’ont obtenue par le péché ? Tout chrétien le sait. Et notez bien ici, qu’il ne s’agit pas de péché commis, mais de la conscience de notre véritable position devant Dieu. Caïn vient avec le fruit de son labeur (l’homme avait été renvoyé pour être laboureur du sol) — l’état pratique réel de l’homme chassé. En Abel, la foi a ses perceptions. Le péché était entré, et par le péché, la mort : la foi reconnaissait cela. « Maintenant, en la consommation des siècles, Christ a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice ». Ce n’était pas la purification des péchés individuels effectivement commis. Il est parlé de ceux-ci immédiatement après comme un sujet distinct, ajoutant le jugement, mais un jugement passé pour ceux qui Le recherchent, voyant Celui qui a porté nos péchés, devenir Lui-même le juge (Héb. 9, 26-28).

Nous avons quatre mondes, pour ainsi dire, sous ce point de vue : le jardin d’Éden ; un monde qui n’est plus innocent, mais l’homme séparé de Dieu et chassé là où règne le péché et Satan ; un monde dans lequel Christ règne en justice ; et les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où la justice habite. Nous avons un monde innocent (maintenant disparu) mis à l’épreuve par la simple obéissance, sans mal en lui. Le monde final basé sur la justice, qui dans sa nature ne change jamais, ne peut changer dans sa stabilité morale.

Mais du moment que le péché est entré et a caractérisé le monde et l’état de l’homme, les conditions selon lesquelles l’homme pouvait se trouver avec Dieu doivent être changées, parce que Dieu ne peut changer. Qu’un Dieu saint et une créature pécheresse puissent se retrouver dans les mêmes conditions que la créature innocente, c’était impossible. Une communion libre et heureuse n’était pas possible. Il pouvait y avoir un appel à la miséricorde — un défi sur le terrain sur lequel il se trouvait là, mais pas de relation libre. Le fait que Dieu est amour ne change rien à cela. Son amour est un amour saint, car Il est lumière ; mais « les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3, 19).

Maintenant, j’admets et je crois que l’amour libre et souverain de Dieu, généré en Lui-même, est la source de toutes nos joies, de toutes nos espérances et de toutes nos bénédictions, aussi éternelles et infinies qu’elles soient. Mais Dieu exerce cet amour en amenant un Médiateur dans la mort : non pas ici par le sang versé pour répondre à la culpabilité, mais dans un parfait abandon de soi à Dieu dans ce qui était la mort, comme telle, et le fruit du péché. La graisse était offerte (Gen. 4, 4) aussi bien que le sang, quoique non offert comme tel pour le pardon, mais pour être accepté dans un autre, qui s’est donné Lui-même entièrement à Dieu dans la mort qui était entrée. Et remarquez que c’était pour que les âmes puissent s’approcher de Dieu : chacune venait avec son offrande.

Caïn vint, comme si rien ne s’était passé, à un point tel qu’il apporta à Dieu, comme offrande, ce qui était le signe de l’état de ruine dans lequel il était entré, mais qu’il ne reconnaissait pas comme ruiné. Il n’y avait aucune foi en cela. Dans l’offrande d’Abel, il y en avait. Il offrit par la foi, qui reconnaissait que la mort était entrée par le péché, mais qu’un autre s’était donné Lui-même pour lui, un sacrifice par feu, une odeur agréable. Car il y a deux choses : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés » ; et « Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur ». L’une était pour effacer les péchés passés ; l’autre, la valeur et le prix de Celui en qui nous sommes acceptés — « rendus agréables dans le Bien-aimé ». Désormais, c’était une question d’acceptation en s’approchant ; et Dieu n’agréa pas Caïn. Il eut égard à Abel ; mais le témoignage fut rendu à ses dons. Il fut accepté, mais le témoignage de Dieu fut rendu à ce qu’il amena, la vie d’un autre dans toute son énergie et sa perfection offerte à Dieu dans la mort.

Nous avons à remarquer ici une autre chose ; ce n’était pas Dieu présentant quelque chose au pécheur. C’était « un propitiatoire (ἱλαστήριον), par la foi en son sang ». Ici, c’est Abel se présentant lui-même devant Dieu, mais venant en vertu de l’acceptation et de la perfection d’un autre qui s’était donné lui-même pour lui. Et c’est la propitiation. Maintenant, dire que Dieu peut recevoir un pécheur comme Il recevait une personne innocente, c’est dire que Dieu est indifférent au bien et au mal. Et remarquez ici, que ce n’était pas parce que l’œil de Dieu se reposait sur un changement intérieur, qu’une différence a été faite (il y eut un tel changement, car la  foi opérait dans le cœur d’Abel), mais du fait d’une estimation judiciaire, de la part de Dieu, des dons qu’il apportait, en figure Christ, Christ offert en sacrifice ; et pour cela, nous avons l’autorité expresse de l’épître aux Hébreux. C’était un sacrifice propitiatoire, comme base de l’acceptation ; sinon toute la base de la position d’un monde en chute est ôtée — toute la base morale de la préférence d’Abel sur Caïn.

Que l’amour, un amour qui élit, puisse être trouvé là, on l’admet tout à fait ; mais le terrain de l’acceptation, tel que posé par l’Écriture (voir Héb. 11), a disparu, si le sacrifice propitiatoire n’est pas accepté. Pour obtenir une justice assurée devant Dieu, et pour l’acceptation du croyant, selon la valeur qui est en Christ, Il s’est offert Lui-même absolument sans tache, pour la gloire de Dieu. « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et incontinent il le glorifiera ». La foi croyait alors cela et a trouvé son fruit. Abel fut accepté, et précisément sur la base de ce qu’il avait apporté — ses dons. Caïn n’apporta pas de telles offrandes ; il devait être agréé seulement en lui-même, et il ne le fut pas. La foi regarde à ce sacrifice, et trouve l’acceptation et la bénédiction selon la valeur de Christ aux yeux de Dieu.

J’ajoute seulement maintenant que Dieu nous a donné Christ dans ce but. Il « a envoyé son Fils pour être la propitiation pour nos péché ». L’œuvre d’amour provenant de Lui-même s’y trouve, mais l’œuvre efficace de la souffrance est de bien rendre cet amour en justice. Dieu me garde d’affaiblir la confiance en l’amour du Père. « Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui ». « Et nous avons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous ».

Il est certain, alors, que, l’homme étant tombé, Abel rechercha la face de Dieu et Son acceptation par un sacrifice, à la valeur duquel Dieu rendit témoignage, « par lequel il a reçu le témoignage d’être juste ». C’était un sacrifice qui reconnaissait la mort comme étant entrée, mais qui, présenté ainsi, portait le caractère de la parfaite offrande de soi pour la gloire de Dieu. Il n’était question d’aucun péché réel, mais de l’état de l’homme et de son acceptation sur le terrain de la mort du médiateur, dans laquelle seule la propre gloire de Dieu était recherchée, de la part de l’homme, en obéissance, et dans laquelle le don le plus élevé de la grâce brillait de la part de Dieu en amour.

Mais ici, en rapport immédiat avec notre sujet, se trouve un autre point, moins abstrait, peut-être plus limité dans ses effets, mais ayant affaire plus immédiatement avec la conscience, et de là avec la nécessité actuelle. Si un homme croit dans son cœur (c’est-à-dire, étant convaincu de sa culpabilité) au Seigneur Jésus Christ, il ne viendra pas en jugement ; il sait qu’il est pardonné et justifié, il a la paix avec Dieu, il se réjouit dans l’espérance de Sa gloire, et il se confie en Dieu pour le chemin jusqu’à la fin. « Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité » — non pas qu’il n’en ait commis aucune, mais qu’elle a été portée par un autre. Un autre lui a été substitué à sa place, par grâce, Celui qui en a pris le fardeau sur Lui, « qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois ». Ce n’est pas là la base sur laquelle la race se trouve devant Dieu, comme dans le cas d’Abel, et qui, comme principe général, reconnaît toute la vérité ; mais ce sont les péchés réellement commis, qui sont pris en charge et ôtés de la vue de Dieu par Celui qui « a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris » (És. 53, 5).

Ainsi cela, de quelque manière que vous l’appeliez, c’était une personne mise à la place d’une autre, et de telle sorte alors qu’elle prenait sur elle les péchés et leurs conséquences, afin qu’ils ne viennent pas du tout sur la personne, qui était elle-même coupable, en jugement ou en conséquences pénales. Ils viennent sur tous ceux qui ne sont pas au bénéfice de cette substitution, et avec ceux-ci Dieu entre en jugement à leur égard. Pour le peuple de Dieu, il est dit : « Selon ce temps », non ce que l’homme a opéré, mais « qu’est-ce que Dieu a fait » (Nomb. 23, 21-23) !

Ainsi, la substitution est une vérité aussi certaine que le permet l’Écriture ; c’est-à-dire, une personne se tenant à la place d’une autre, Christ portant les péchés de celle-ci en Son propre corps sur le bois, meurtri pour eux à la place du coupable, qui est guéri par le fait que Christ prend les coups. Car « nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin, et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous » (És. 53, 6).