Traduction:Un esprit de pardon

De mipe
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Matthieu 6, 14-15

Traduit de l’anglaisW. Kelly

[Bible Treasury N5, p. 100-102]

Le Seigneur ne s’est pas contenté de cet appel impressionnant à la grâce pratique, dans la prière prescrite à Ses disciples : « Remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous remettons à nos débiteurs ». Immédiatement après, Il insiste sur ce point.

« Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi à vous ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos fautes ».

Il y a une telle confusion dans la chrétienté au sujet du pardon des péchés, que la véritable force des paroles solennelles du Seigneur est en majeure partie perdue. La grande majorité a une vue si floue de la rédemption éternelle, qu’ils craignent de croire dans la pleine et permanente efficace de l’œuvre de Christ. La bonne nouvelle, ou l’évangile, de Dieu est ainsi pour eux dépouillée de sa puissance. Ils ne sont pas mieux lotis qu’un Juif qui apportait son offrande, confessait son péché, et s’en allait avec la consolation qu’il était pardonné. Comme il avait à offrir souvent, ainsi le chrétien mal enseigné parle de son besoin d’être aspergé encore et encore de ce sang, quoiqu’il soit expressément dit qu’il a été versé une fois pour toutes.

Quel aveuglement, pour ne rien dire de plus, quant au témoignage de Hébreux 10 ! Le parfait sacrifice a mis fin à celui qui était imparfait. Les adorateurs une fois purifiés n’ont plus aucune conscience de péché ; dans un contraste évident avec les sacrifices lévitiques, dans lesquels il y avait chaque année un acte remémoratif, au chrétien est accordée la rémission des péchés. Christ vint pour ôter ce qui était temporaire, et pour établir ce qui est éternel. C’est pourquoi, quand Il eut offert un seul sacrifice pour les péchés, Il s’est assis pour toujours [en continuité] à la droite de Dieu. Il a tout fait parfaitement pour ôter la culpabilité de Ses amis (autrefois Ses ennemis) ; et Il a pris Son siège comme preuve triomphante, attendant désormais jusqu’à ce que Ses ennemis, qui L’ont rejeté, Lui et Son œuvre, soient mis pour marchepied de Ses pieds. Alors Il sortira et les foulera aux pieds, dans leur rébellion ouverte en la consommation du siècle. Mais pour le chrétien, le Saint Esprit témoigne que Dieu ne se souvient plus de leurs péchés ni de leurs iniquités. Maintenant, là où il y a rémission de ces choses, il n’y a plus d’offrande pour le péché : toute chose de ce genre est remplacée et plus qu’accomplie dans celle de Christ.

Mais ici, la foi manque, parce que la parole de Dieu n’est pas reçue dans toute son autorité divine et probante ; et ainsi, les âmes sont privées de la paix et de la joie en croyant ; et le dévouement entier à Dieu, nous qui avons été achetés à un prix si incalculable, est entravé. Cette incrédulité est favorisée par la confusion de choses qui diffèrent, comme notre texte avec cette rédemption complète qui repose seulement sur la croix de Christ. Encore plus quand des institutions bénies du christianisme, telles que le baptême et la cène du Seigneur, sont transformées en des ordonnances qui sauvent, non pas en figure, mais intrinsèquement ; et quand une classe cléricale et de droit divin est rendue nécessaire pour les appliquer avec l’effet voulu aux laïcs : une invention qui surpasse les plus hautes prétentions de la sacrificature juive, et qui, dans son principe, renie l’évangile.

Mais alors que le Seigneur, ni ici ni dans aucune partie de Son enseignement sur la montagne, ne se réfère à cette rédemption qu’Il devait accomplir, Il a une leçon importante à donner à Ses disciples, en cultivant un esprit de grâce. Si le Juif, d’une façon générale, ne pouvait pas s’élever au-dessus de la loi dans sa distance de Dieu, dans la crainte qui rendit le médiateur même plein de tremblement, et dans sa disposition à dénoncer et maudire ce qu’elle avait engendré, la grâce est l’atmosphère dans laquelle le chrétien vit et prospère. Sans aucun doute, c’est par la justice, mais néanmoins, c’est la grâce qui règne.

Qu’est-ce qui attirait au Seigneur Jésus, même d’auprès de Jean le baptiseur ? Qu’est-ce qui, en dépit d’un environnement légal, a fini par s’épanouir et porter des fruits si doux en Pierre et Jean et Jacques, et une noble armée de martyrs et de confesseurs ? Qu’est-ce qui a fait fondre le cœur d’acier de Paul et en a fait le plus ardent et le plus souffrant des témoins de Jésus Christ, et de Lui crucifié, pour le monde ? Quoi d’autre pouvait partir de la race la plus fière, la plus satisfaite d’elle-même, roide de cou et rebelle, et les transformer en pauvres en esprit, menant deuil, débonnaires, ayant faim et soif de la justice, et aussi miséricordieux, purs de cœur, procurant la paix, persécutés à cause de la justice, et même à cause de Lui, pour qui la nation et son souverain sacrificateur ont jugé qu’Il ne méritait que la crucifixion, accomplissant ainsi la Loi, les Psaumes et les Prophètes ?

Comme c’étaient la grâce et la vérité qui donnèrent aux disciples la vie, et qui la donneraient en abondance dans la puissance de la résurrection de Christ, ainsi s’ensuivrait cette pleine et permanente rémission des péchés, assurée par Son sang seul, et cela de façon ininterrompue. Mais le péché toléré interrompt la communion avec notre Dieu et Père, et nécessite l’office d’avocat de Christ pour nettoyer les pieds ainsi souillés, par le lavage d’eau par la Parole. Son sang conserve intacte sa vertu expiatrice ; mais la Parole est appliquée par l’Esprit en réponse à Christ en haut, et celui qui a péché se repent dans la poussière et dans la cendre. Car c’est Lui qui est venu par l’eau et par le sang. Nous avons besoin des deux, et nous avons les deux, et nous ne pouvons nous passer de l’eau du commencement jusqu’à la fin, alors que nous avons eu le sang une fois pour toutes. Quiconque ignore, ou (encore pire) nie, la double provision de la grâce, sape la rédemption et embrouille la vérité de Dieu.

Puis le Seigneur précise qu’un esprit qui ne pardonne pas est intolérable à notre Père, dans Son gouvernement quotidien envers Ses fils. Et ce n’est pas étonnant. C’est revenir de la grâce à la loi, de Christ au misérable moi. En conséquent, comme dans la prière, Il exhorte à la grâce envers ceux qui peuvent nous avoir offensé, même si douloureusement, et à l’amour qu’il recommande à notre loyale et tendre vigilance, avertissant qu’y manquer pratiquement est haïssable à Ses yeux. « Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi à vous ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos fautes ».

Ô vous qui conservez votre ressentiment, et qui ruminez les offenses (souvent exagérées, si non imaginaires) des autres, prenez garde. Vous, un chrétien, si c’est bien le cas, manquez absolument à ce devoir caractéristique, aussi différent que possible de Christ. A-t-on besoin de dire que vous êtes malheureux tout autant que vous êtes dur ? N’est-ce rien pour votre esprit élevé, tout dégradant que cela soit pour un chrétien, que « votre Père céleste ne pardonnera pas non plus vos fautes » ? Ne jouez pas avec un état si mauvais et si orgueilleux, et n’attristez pas plus longtemps le Saint Esprit de Dieu qui vous a scellé. Ne laissez pas le soleil se coucher sur votre irritation, et ne donnez pas occasion au diable.