Année 3, 5 janvier

Job 4, 1-21

* Et Éliphaz, le Thémanite, répondit et dit :

Si nous essayons de t’adresser une parole, en seras-tu irrité ? Mais qui pourrait se retenir de parler ?

Voici, tu en as enseigné beaucoup, et tu as fortifié les mains languissantes ;

Tes paroles ont tenu droit celui qui chancelait, et tu as affermi les genoux qui ployaient ;

Mais maintenant [le malheur] est venu sur toi, et tu es irrité ; il t’atteint, et tu es troublé.

Ta crainte [de Dieu] n’est-elle pas ta confiance, et l’intégrité de tes voies, ton espérance ?

* Souviens-toi, je te prie, qui a péri étant innocent ? et où les hommes droits ont-ils été détruits ?

Selon ce que j’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment la misère, la moissonnent.

Ils périssent par le souffle de +Dieu, et sont consumés par le souffle de ses narines.

Le rugissement du lion et la voix du [lion] rugissant [sont étouffés], et les dents des jeunes lions sont brisées ;

Le fort lion périt faute de proie, et les petits de la lionne sont dispersés.

* Une parole vint à moi secrètement, et mon oreille en saisit la susurration,

Au milieu des pensées que font naître les visions de la nuit, quand un sommeil profond tombe sur les hommes ;

La frayeur vint sur moi, et le frisson, et elle fit trembler la multitude de mes os ;

Et un esprit passa devant moi : les cheveux de ma chair se dressèrent.

Il se tint là ; je ne reconnus pas son apparence : une forme était devant mes yeux. J’entendis un léger murmure et une voix :

Un mortel sera-t-il plus juste que +Dieu, l’homme sera-t-il plus pur que celui qui l’a fait ?

Voici, il ne se fie pas à ses serviteurs, et ses anges il les charge de folie ;

Combien plus à ceux qui habitent dans des maisons d’argile dont le fondement est dans la poussière, qui sont écrasés comme la teigne !

Du matin au soir, ils sont frappés ; ils périssent pour toujours sans qu’on y fasse attention.

Leurs cordes ne leur sont-elles pas arrachées ? Ils meurent, et sans sagesse.


À leur tour, les amis de Job prennent la parole. Ces consolateurs, que vont-ils dire de consolant ? Ces sages, avec quelle sagesse vont-ils instruire leur ami malheureux, et calmer son désespoir ? Auront-ils, comme plus tard le divin docteur, cette langue des savants qui sait « soutenir par une parole celui qui est las » (És. 50, 4) ? Au contraire, leurs discours ne feront qu’exaspérer peu à peu le pauvre Job ! Ce n’est pas que leurs arguments soient toujours faux ! Nous y trouvons de grandes vérités, qui font partie de la Parole inspirée. Certains versets sont même cités dans le Nouveau Testament (par ex. chap. 5, 13 en 1 Cor. 3, 19). Mais Éliphaz, Bildad et Tsophar feront de ces vérités une fausse application au cas de Job. Comme ces trois hommes, nous pouvons connaître beaucoup de vérités… et les citer mal à propos. « Une parole dite en son temps, combien elle est bonne » (Prov. 15, 23). — Éliphaz, dans les versets 3, 4, rend un bon témoignage à Job qui, avant d’être lui-même sous la discipline, avait redressé les mains lassées et les genoux défaillants (Héb. 12, 12). Eh bien, lui dit assez brusquement son ami, puisque c’est ton tour d’être atteint par le malheur, mets donc en pratique ce que tu enseignais aux autres (voir Rom. 2, 21).