Année 3, 6 mai

Ésaïe 10, 1-23

Malheur à ceux qui rendent des décrets d’iniquité, et à ceux qui écrivent des arrêts d’oppression, pour empêcher que justice ne soit faite aux pauvres, et pour ravir leur droit aux affligés de mon peuple ; pour faire des veuves leur proie et piller les orphelins. Et que ferez-vous au jour de la visitation et de la destruction qui vient de loin ? Vers qui vous enfuirez-vous pour avoir du secours, et où laisserez-vous votre gloire ? [Il ne reste] qu’à se courber sous les prisonniers ; et ils tomberont sous ceux qui sont massacrés. Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue.

Ha ! l’Assyrie, verge de ma colère ! Et le bâton qui est dans leur main, c’est mon indignation ! Je l’enverrai contre une nation profane ; et je lui donnerai un mandat contre le peuple de ma fureur, pour [le] butiner et [le] piller, et pour le fouler aux pieds comme la boue des rues. Mais lui n’en juge pas ainsi, et son cœur ne pense pas ainsi ; car il a au cœur de dévaster et de retrancher des nations, pas en petit nombre. Car il a dit : Mes princes ne sont-ils pas tous des rois ? Calno n’est-elle pas comme Carkemish ? Hamath n’est-elle pas comme Arpad ? Samarie n’est-elle pas comme Damas ? Comme ma main a trouvé les royaumes des idoles (et leurs images étaient plus que celles de Jérusalem et de Samarie), ne ferai-je pas à Jérusalem et à ses images ainsi que j’ai fait à Samarie et à ses idoles ?

Et il arrivera que, quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem, je visiterai le fruit de l’arrogance du cœur du roi d’Assyrie et la gloire de la fierté de ses yeux. Car il a dit : Par la force de ma main je l’ai fait, et par ma sagesse, car je suis intelligent ; et j’ai ôté les bornes des peuples, et j’ai pillé leurs trésors, et comme un [homme] puissant j’ai fait descendre ceux qui étaient assis [sur des trônes]. Et ma main a trouvé comme un nid les richesses des peuples ; et, comme on ramasse des œufs délaissés, moi, j’ai ramassé toute la terre, et il n’y en a pas eu un qui ait remué l’aile, ni ouvert le bec, ni crié. — La cognée se glorifiera-t-elle contre celui qui s’en sert ? La scie s’élèvera-t-elle contre celui qui la manie ? Comme si la verge faisait mouvoir ceux qui la lèvent, comme si le bâton levait celui qui n’est pas du bois ! C’est pourquoi le Seigneur, l’Éternel des armées, enverra la maigreur parmi ses [hommes] gras, et, sous sa gloire, allumera un incendie comme un incendie de feu. Et la lumière d’Israël sera un feu, et son Saint, une flamme ; et il brûlera et dévorera ses épines et ses ronces, en un seul jour ; et il consumera la gloire de sa forêt et de son champ fertile, depuis l’âme jusqu’à la chair ; et il en sera comme d’un malade qui va dépérissant. Et le reste des arbres de sa forêt sera en petit nombre, et un enfant les inscrirait. Et il arrivera, en ce jour-là, que le résidu d’Israël et les réchappés de la maison de Jacob ne s’appuieront plus sur celui qui les a frappés ; mais ils s’appuieront sur l’Éternel, le Saint d’Israël, en vérité. Le résidu reviendra, le résidu de Jacob, au *Dieu fort ; car ton peuple Israël fût-il comme le sable de la mer, un résidu [seulement] reviendra ; la consomption décrétée débordera en justice. Car le Seigneur, l’Éternel des armées, accomplit au milieu de toute la terre une consomption, et une [consomption] décrétée.


Les trois derniers paragraphes du chapitre 9 et le premier du chapitre 10 nous montrent toutes les raisons pour lesquelles la colère de Dieu « ne s’est pas détournée » d’Israël, « et sa main est encore étendue » (chap. 9, 12, 17, 21 ; 10, 4). Or cette main tient une verge redoutable pour châtier le peuple coupable : c’est l’Assyrie, déjà nommée. Il a existé un Assyrien historique (Sankhérib et ses armées : voir chap. 36, 1). Mais il n’a été qu’une pâle figure du terrible Assyrien prophétique, qui envahira le pays d’Israël peu avant le règne de Christ. Dans son indignation, Dieu ordonnera cette attaque contre Son peuple. Mais l’agresseur en profitera pour s’attribuer ses succès, et même s’élever contre Dieu (v. 13, 15 ; comp. 2 Rois 19, 23…). Quelle folie ! L’outil n’est rien sans la main qui le manie. Aussi, lorsqu’Il aura fini de se servir de cette verge, Dieu y mettra le feu, comme on brûle un simple bâton (v. 16 ; chap. 30, 31-33). — Profitons de cet exemple extrême, pour nous souvenir de ce que nous sommes, même comme chrétiens : de simples instruments, sans force et sans sagesse propre (comp. v. 13), que le Seigneur peut mettre de côté ou remplacer comme il Lui plaît. — La pensée finale de Dieu n’est pas le jugement, mais la grâce : …un résidu reviendra (v. 21, 22, cités en Rom. 9, 27).