Année 3, 14 septembre

Jérémie 12, 1-17

Éternel ! tu es juste quand je conteste avec toi ; toutefois je parlerai avec toi de [tes] jugements. Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ? [Pourquoi] ceux qui agissent très perfidement sont-ils en paix ? Tu les as plantés, même ils prennent racine ; ils progressent, même ils portent du fruit. Tu es près, dans leur bouche, mais tu es loin de leurs reins. Mais toi, Éternel ! tu me connais, tu m’as vu, et tu as éprouvé mon cœur à ton égard. Traîne-les comme des brebis à la tuerie, et mets-les à part pour le jour de la tuerie. Jusques à quand le pays mènera-t-il deuil et l’herbe de tous les champs séchera-t-elle ? À cause de l’iniquité de ceux qui y habitent, le bétail et les oiseaux périssent ; car ils disent : Il ne verra pas notre fin.

Si tu as couru avec les piétons, et qu’ils t’aient lassé, comment rivaliseras-tu avec les chevaux ? Et si, dans une terre de paix, tu te crois en sécurité, que feras-tu quand le Jourdain sera enflé ? Car tes frères aussi et la maison de ton père, eux aussi ont agi perfidement envers toi, eux aussi ont crié après toi à plein gosier. Ne les crois point, même s’ils te disent de bonnes [paroles].

J’ai abandonné ma maison, j’ai délaissé mon héritage, j’ai livré le bien-aimé de mon âme en la main de ses ennemis. Mon héritage m’est devenu comme un lion dans la forêt ; il a fait retentir sa voix contre moi, c’est pourquoi je l’ai haï. Mon héritage m’est comme un oiseau de proie tacheté ; les oiseaux de proie sont contre lui, tout à l’entour. Venez, assemblez toutes les bêtes des champs, faites-les venir pour dévorer. Plusieurs pasteurs ont gâté ma vigne, ils ont foulé mon lot, ils ont réduit le lot de mon désir en un désert aride ; on en a fait une désolation ; tout désolé, il mène deuil devant moi ; toute la terre est dévastée, car personne ne la prend à cœur. Sur toutes les hauteurs dans le désert sont venus les destructeurs ; car l’épée de l’Éternel dévore depuis un bout du pays jusqu’à l’autre bout du pays : il n’y a de paix pour aucune chair. Ils ont semé du froment, et ils moissonnent des épines ; ils se sont tourmentés, [et] ils n’en ont pas eu de profit : soyez confus du rapport de vos [champs], à cause de l’ardeur de la colère de l’Éternel.

Ainsi dit l’Éternel contre tous mes mauvais voisins qui mettent la main sur l’héritage que j’ai fait hériter à mon peuple, à Israël : Voici, je les arracherai de dessus leur sol, et j’arracherai la maison de Juda du milieu d’eux. Et il arrivera qu’après que je les aurai arrachés, je leur ferai de nouveau miséricorde et je les ferai retourner chacun à son héritage et chacun dans son pays. Et il arrivera que, s’ils apprennent diligemment les voies de mon peuple, pour jurer par mon nom : L’Éternel est vivant ! comme ils ont enseigné à mon peuple à jurer par Baal, ils seront édifiés au milieu de mon peuple. Et s’ils n’écoutent pas, j’arracherai entièrement cette nation-là et je la ferai périr, dit l’Éternel.


Ce chapitre 12 nous rapporte un entretien de l’Éternel avec Jérémie. Il ne s’agit pas cette fois d’une prière du prophète en faveur d’Israël, mais des douloureuses questions qu’il a sur le cœur, et qu’il expose à Dieu dans l’amertume de son âme. Les hommes de la ville d’Anatoth, ses concitoyens, avaient été jusqu’à le menacer de mort s’il ne se taisait pas (chap. 11, 21). Le verset 6 nous apprend que la famille même de Jérémie avait agi perfidement à son égard, et crié contre lui « à plein gosier » (comp. Luc 4, 24-26). Il y avait de quoi lui faire perdre courage. Mais l’Éternel comprend le trouble de Son serviteur (Son propre peuple ne l’a-t-Il pas aussi trahi ?). Et Il lui explique ce qu’Il est obligé de faire : abandonner le temple souillé, délaisser Israël Son héritage, et le livrer à ses ennemis (v. 7). On peut penser quels sont les sentiments de Dieu, en prenant de telles décisions. Afin de nous les faire mesurer, Il emploie, pour parler de Son peuple, l’expression la plus touchante : « le bien-aimé de mon âme ». — Les nations agissaient comme de mauvais voisins ; elles en subiraient les conséquences. Toutefois, Dieu avait encore des bénédictions en réserve pour Israël, et aussi pour ces nations, si elles apprenaient Ses voies.