Année 4, 25 février

Psaume 88

Cantique. Psaume. Pour les fils de Coré. Au chef de musique, sur Mahalath-Leannoth. Pour instruire. D’Héman, l’Ezrakhite.

Éternel, Dieu de mon salut ! j’ai crié de jour [et] de nuit devant toi.

Que ma prière vienne devant toi, incline ton oreille à mon cri.

Car mon âme est rassasiée de maux, et ma vie touche au shéol.

Je suis compté parmi ceux qui descendent dans la fosse, je suis comme un homme qui n’a pas de force,

Gisant parmi les morts, comme les tués qui sont couchés dans le sépulcre, desquels tu ne te souviens plus, et qui sont retranchés de ta main.

Tu m’as mis dans une fosse profonde, dans des lieux ténébreux, dans des abîmes.

Ta fureur s’est appesantie sur moi, et tu m’as accablé de toutes tes vagues. Sélah.

Tu as éloigné de moi ceux de ma connaissance, tu m’as mis en abomination auprès d’eux ; je suis enfermé, et je ne puis sortir.

Mon œil se consume d’affliction ; j’ai crié à toi, Éternel, tous les jours ; j’ai étendu mes mains vers toi.

* Feras-tu des merveilles pour les morts ? ou les trépassés se lèveront-ils pour te célébrer ? Sélah.

Racontera-t-on ta bonté dans le sépulcre, ta fidélité dans l’abîme ?

Connaîtra-t-on tes merveilles dans les ténèbres, et ta justice dans le pays de l’oubli ?

Mais moi, Éternel ! je crie à toi, et dès le matin ma prière te prévient.

Éternel ! pourquoi as-tu rejeté mon âme, [et] me caches-tu ta face ?

Je suis affligé et expirant dès ma jeunesse ; je porte tes terreurs, je ne sais où j’en suis.

Les ardeurs de ta colère ont passé sur moi, tes frayeurs m’ont anéanti ;

Elles m’ont environné comme des eaux tout le jour, elles m’ont entouré toutes ensemble.

Tu as éloigné de moi amis et compagnons ; ceux de ma connaissance [me sont] des ténèbres.


Ce psaume constitue une des pages les plus sombres de toute la Parole de Dieu. Il n’y est question que de ténèbres et de mort. Pas un rayon de lumière n’y brille ; l’âme en détresse n’y trouve aucune perspective de délivrance. Et cependant, un serviteur de Dieu a pu dire que ce psaume avait été, pendant un certain temps, le seul qui l’eût consolé. Exprimant les pensées d’un croyant, il lui prouvait qu’il pouvait aussi être croyant, même s’il passait par de terribles angoisses d’âme, pendant lesquelles le ciel lui semblait fermé (Souffrances de Christ, J.N.D., p. 122). Peut-être un lecteur est-il troublé, lui aussi, attendant que Dieu l’éclaire sur son état et lui donne — ou lui fasse retrouver — l’assurance de son salut. Eh bien ! ses tourments mêmes et ses soupirs vers Dieu sont une preuve que la vie divine est en lui ; un incrédule n’a jamais soupiré vers Dieu. — « Dès le matin ma prière te prévient », dit le psalmiste (v. 13). Imitons-le ; exposons au Seigneur, dès le réveil, les circonstances de la journée qui commence, et pas seulement celles qui nous inquiètent (Ps. 5, 3). — Dans certains versets enfin, la profondeur des angoisses, des douleurs et de la solitude, porte les pensées du croyant sur Celui qui a été l’affligé suprême (p. ex. v. 6-8, 16-18).