Année 5, 29 juin

Nahum 2, 1-13

* Celui qui brise est monté contre toi : garde la forteresse, surveille le chemin, fortifie tes reins, affermis beaucoup ta puissance. Car l’Éternel a ramené la gloire de Jacob comme la gloire d’Israël ; car ceux qui dépouillent les ont dépouillés et ont gâté leurs sarments. Le bouclier de ses hommes forts est teint en rouge, les hommes vaillants sont vêtus d’écarlate, l’acier fait étinceler les chars, au jour où il se prépare, et les [lances de] cyprès sont brandies. Les chars s’élancent avec furie dans les rues, ils se précipitent sur les places ; leur apparence est comme des torches, ils courent comme des éclairs. — Il pense à ses vaillants hommes : ils trébuchent dans leur marche, ils se hâtent vers la muraille, et l’abri est préparé. Les portes des fleuves sont ouvertes, et le palais s’effondre. C’est arrêté : elle sera mise à nu, elle sera emmenée, et ses servantes gémiront comme la voix des colombes, en se frappant la poitrine.

Or, dès le jour où elle exista, Ninive a été comme une mare d’eau. Mais ils fuient… Arrêtez ! Arrêtez ! Mais personne ne se retourne. Pillez l’argent, pillez l’or ! Il n’y a pas de fin au splendide arroi de toute sorte d’objets d’agrément. [Elle est] vidée, et dépouillée, et dévastée ! Et le cœur se fond, et les genoux sont tremblants, et une poignante douleur est dans tous les reins, et tous les visages pâlissent.

Où est le repaire des lions, et le lieu où se repaissaient les lionceaux, où se promenaient le lion, la lionne, [et] le petit du lion, sans que personne les effrayât ? Le lion déchirait suffisamment pour ses petits, et étranglait pour ses lionnes, et remplissait de proie ses antres, et de bêtes déchirées ses repaires. Voici, j’en veux à toi, dit l’Éternel des armées ; et je réduirai tes chars en fumée ; et l’épée dévorera tes lionceaux, et je retrancherai de la terre ta proie ; et la voix de tes messagers ne s’entendra plus.


Ninive, capitale du royaume d’Assyrie, semble avoir été fondée par Nimrod le rebelle, peu de temps après le déluge (Gen. 10, 8-12). Animée du même esprit que ce « puissant chasseur devant l’Éternel », elle prenait son plaisir à faire la chasse aux nations, comme à une proie (v. 11-13). Le livre de Dieu, qui a consigné son orgueilleux commencement (le jour où elle exista ; v. 8), nous fait assister maintenant à sa fin subite. Contre « celui qui brise », Ninive est ironiquement mise en demeure de se défendre (v. 1). Mais « si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain » (Ps. 127, 1). On raconte qu’au cours du siège, le fleuve Tigre, dont les eaux jusque-là isolaient et protégeaient la cité, s’enfla par une crue subite (v. 6, 8), et emporta une partie des remparts. Par cette brèche s’introduisirent les soldats implacables, que nous voyons envahir les rues et les maisons pour le meurtre et le pillage (v. 3, 4, 8-10). — « La voix de tes messagers ne s’entendra plus », conclut le verset 13. Nous nous souvenons de ce Rab-Shaké, insolent porte-parole du roi d’Assyrie auprès d’Ézéchias (2 Rois 18, 19…). Ses menaces ne s’accomplirent jamais. Ainsi passera pour toujours le monde, avec sa gloire, son arrogance, ses mépris et ses blasphèmes.