◊1* Et après cela, Absalom, fils de David, ayant une sœur nommée Tamar, qui était belle, il arriva qu’Amnon, fils de David, l’aima. ◊2Et Amnon fut tourmenté jusqu’à en tomber malade, à cause de Tamar, sa sœur ; car elle était vierge, et il était trop difficile aux yeux d’Amnon de lui faire quoi que ce fût. ◊3Et Amnon avait un ami, nommé Jonadab, fils de Shimha, frère de David ; et Jonadab était un homme très habile. ◊4Et il lui dit : Pourquoi maigris-tu ainsi d’un matin à l’autre, toi, fils du roi ? Ne me le déclareras-tu pas ? Et Amnon lui dit : J’aime Tamar, sœur d’Absalom mon frère. ◊5Et Jonadab lui dit : Couche-toi sur ton lit et fais le malade ; et ton père viendra te voir, et tu lui diras : Je te prie, que Tamar, ma sœur, vienne et qu’elle me donne à manger du pain, et qu’elle apprête devant mes yeux un mets, afin que je la voie, et que je le mange de sa main. ◊6Et Amnon se coucha et fit le malade ; et le roi vint le voir, et Amnon dit au roi : Je te prie, que Tamar, ma sœur, vienne et prépare sous mes yeux deux beignets, et que je les mange de sa main. ◊7Et David envoya vers Tamar dans la maison, disant : Va, je te prie, dans la maison d’Amnon, ton frère, et apprête-lui un mets. ◊8Et Tamar alla dans la maison d’Amnon, son frère, et il était couché ; et elle prit de la pâte et la pétrit, et prépara sous ses yeux des beignets, et elle cuisit les beignets. ◊9Et elle prit la poêle et les versa devant lui ; et il refusa de manger. Et Amnon dit : Faites sortir tout homme d’auprès de moi. Et tout homme sortit d’auprès de lui. ◊10Et Amnon dit à Tamar : Apporte le mets dans la chambre intérieure, et je mangerai de ta main. Et Tamar prit les beignets qu’elle avait préparés, et les apporta à Amnon, son frère, dans la chambre. ◊11Et elle les lui présenta à manger ; et il la saisit, et lui dit : Viens, couche avec moi, ma sœur. ◊12Et elle lui dit : Non, mon frère, ne m’humilie pas ; car on ne fait point ainsi en Israël : ne fais pas cette infamie. ◊13Et moi, où porterais-je ma honte ? Et toi, tu serais comme l’un des infâmes en Israël. Et maintenant, parle au roi, je te prie, car il ne me refusera point à toi. ◊14Et il ne voulut pas écouter sa voix, et il fut plus fort qu’elle et l’humilia et coucha avec elle. ◊15Et Amnon la haït d’une très grande haine, car la haine dont il la haït était plus grande que l’amour dont il l’avait aimée. Et Amnon lui dit : Lève-toi, va-t’en. ◊16Et elle lui dit : Il n’y a pas de raison [pour cela] ; ce tort de me chasser est plus grand que l’autre que tu m’as fait. Mais il ne voulut pas l’écouter. ◊17Et il appela son jeune homme qui le servait, et dit : Chassez donc cette [femme] dehors, de devant moi ; et ferme la porte au verrou après elle. ◊18Et elle avait sur elle une tunique bigarrée ; car les filles du roi qui étaient vierges étaient ainsi habillées de robes. Et celui qui le servait la mit dehors, et ferma la porte après elle. ◊19Et Tamar prit de la poussière [et la mit] sur sa tête, et déchira la tunique bigarrée qu’elle avait sur elle, et elle mit sa main sur sa tête, et s’en alla, marchant et criant. ◊20Et Absalom, son frère, lui dit : Est-ce que ton frère Amnon a été avec toi ? Et maintenant, ma sœur, garde le silence : il est ton frère ; ne prends pas cette chose à cœur.
Et Tamar demeura désolée dans la maison d’Absalom, son frère. ◊21Et le roi David entendit parler de toutes ces choses, et il en fut très irrité. ◊22Et Absalom ne parla à Amnon, ni en mal, ni en bien, car Absalom haïssait Amnon, parce qu’il avait humilié Tamar, sa sœur.
◊23Et il arriva, après deux années entières, qu’Absalom avait les tondeurs à Baal-Hatsor, qui est près d’Éphraïm[1] ; et Absalom invita tous les fils du roi. ◊24Et Absalom vint vers le roi, et dit : Tu vois que[2] ton serviteur a les tondeurs : je te prie, que le roi et ses serviteurs aillent avec ton serviteur. ◊25Et le roi dit à Absalom : Non, mon fils, nous n’irons pas tous, et nous ne te serons pas à charge. Et il le pressa, mais il ne voulut pas aller ; et il le bénit. ◊26Et Absalom dit : Si [tu ne viens] pas, que mon frère Amnon, je te prie, vienne avec nous. Et le roi lui dit : Pourquoi irait-il avec toi ? ◊27Et Absalom le pressa, et il envoya avec lui Amnon et tous les fils du roi. ◊28Et Absalom commanda à ses serviteurs[3], disant : Faites attention, je vous prie, quand le cœur d’Amnon sera gai par le vin, et que je vous dirai : Frappez Amnon, alors tuez-le, ne craignez point ; n’est-ce pas moi qui vous l’ai commandé ? Fortifiez-vous, et soyez vaillants ! ◊29Et les serviteurs[3] d’Absalom firent à Amnon comme Absalom l’avait commandé ; et tous les fils du roi se levèrent, et montèrent chacun sur son mulet et s’enfuirent.
◊30Et il arriva, comme ils étaient en chemin, que le bruit en vint à David ; on disait : Absalom a frappé tous les fils du roi, et il n’en reste pas un seul. ◊31Et le roi se leva, et déchira ses vêtements, et se coucha par terre ; et tous ses serviteurs étaient là, les vêtements déchirés. ◊32Et Jonadab, fils de Shimha, frère de David, prit la parole et dit : Que mon seigneur ne pense pas qu’on ait tué tous les jeunes hommes, fils du roi, car Amnon seul est mort ; car cela a eu lieu par l’ordre d’Absalom, qu’il avait arrêté dès le jour qu’[Amnon] humilia Tamar, sa sœur. ◊33Et maintenant, que le roi, mon seigneur, ne prenne pas ceci à cœur, disant : Tous les fils du roi sont morts ; car Amnon seul est mort. ◊34Et Absalom s’enfuit. Et le jeune homme qui était en sentinelle leva ses yeux et regarda ; et voici, un grand peuple venait par le chemin qui était derrière lui[4], du côté de la montagne. ◊35Et Jonadab dit au roi : Voici les fils du roi qui viennent ; selon la parole de ton serviteur, ainsi il en est arrivé. ◊36Et comme il achevait de parler, voici, les fils du roi arrivèrent, et ils élevèrent leur voix et pleurèrent ; et le roi aussi, et tous ses serviteurs pleurèrent très amèrement.
◊37Et Absalom s’enfuit, et s’en alla vers Talmaï, fils d’Ammihud, roi de Gueshur ; et [David] menait deuil tous les jours sur son fils. ◊38Ainsi Absalom s’enfuit, et il vint à Gueshur et fut là trois ans ; ◊39et le roi David languissait d’aller vers Absalom, car il était consolé à l’égard d’Amnon, parce qu’il était mort.