◊1Et maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi, ceux dont j’aurais dédaigné de mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.
◊2Même à quoi m’aurait servi la force de leurs mains ? La vigueur est périe pour eux.
◊3Desséchés par la disette et la faim, ils s’enfuient dans[1] les lieux arides, dès longtemps désolés et déserts ;
◊4Ils cueillent le pourpier de mer parmi les broussailles, et, pour leur pain, la racine des genêts.
◊5Ils sont chassés du milieu [des hommes], (on crie après eux comme après un voleur,)
◊6Pour demeurer dans des gorges affreuses, dans les trous de la terre et des rochers[2] ;
◊7Ils hurlent parmi les broussailles, ils se rassemblent sous les ronces :
◊8Fils d’insensés, et fils de gens sans nom, ils sont chassés du pays.
◊9Et maintenant, je suis leur chanson et je suis le sujet de leur entretien.
◊10Ils m’ont en horreur, ils se tiennent loin de moi, et n’épargnent pas à ma face les crachats ;
◊11Car Il a délié ma corde et m’a affligé : ils ont jeté loin [tout] frein devant moi.
◊12Cette jeune engeance se lève à ma droite ; ils poussent mes pieds et préparent contre moi leur chemin pernicieux ;
◊13Ils détruisent mon sentier, ils contribuent à ma calamité, sans que personne leur vienne en aide ;
◊14Ils viennent comme par une large brèche, ils se précipitent[3] au milieu du fracas.
◊15Des terreurs m’assaillent, elles poursuivent ma gloire comme le vent, et mon état de sûreté est passé comme une nuée.
◊16Et maintenant, mon âme se répand en moi : les jours d’affliction m’ont saisi.
◊17La nuit perce mes os [et les détache] de dessus moi, et ceux qui me rongent[4] ne dorment pas ;
◊18Par leur grande force ils deviennent mon vêtement ; ils me serrent comme le collet de ma tunique.
◊19Il m’a jeté dans la boue, et je suis devenu comme la poussière et la cendre.
◊20* Je crie à toi, et tu ne me réponds pas ; je me tiens là, et tu me regardes !
◊21Tu t’es changé pour moi en [ennemi] cruel ; tu me poursuis avec la force de ta main.
◊22Tu m’enlèves sur le vent, tu fais qu’il m’emporte, et tu dissous ma substance[5].
◊23Car je sais que tu m’amènes à la mort, la maison de rassemblement de tous les vivants.
◊24Toutefois, dans sa ruine, n’étend-il pas la main, et, dans sa calamité, ne jette-t-il pas un cri [de détresse][6] ?
◊25N’ai-je pas pleuré sur celui pour qui les temps étaient durs, et mon âme n’a-t-elle pas été attristée pour le pauvre ?
◊26Car j’attendais le bien, et le mal est arrivé ; je comptais sur la lumière, et l’obscurité est venue.
◊27Mes entrailles bouillonnent et ne cessent pas ; les jours d’affliction sont venus sur moi.
◊28Je marche tout noirci, mais non par le soleil ; je me lève dans l’assemblée, je crie ;
◊29Je suis devenu le frère des chacals et le compagnon des autruches.
◊30Ma peau devient noire [et se détache] de dessus moi, et mes os sont brûlés par la sécheresse ;
◊31Et ma harpe est changée en deuil, et mon chalumeau est devenu la voix des pleureurs.