Il y a ici une expression de l’Esprit de Dieu qui fait ressortir notre vraie bénédiction actuelle en contraste même avec l’homme avant la chute. Nous avons souvent l’habitude, et avec raison, car c’est pour le profit de nos âmes, de mettre en contraste notre position et celle de l’homme tombé ; mais il est aussi certain que la grâce de Dieu nous a donné une position complètement différente de celle de l’homme non tombé. Et il y a une expression à la fin de ce verset qui met en évidence cette différence, d’une manière que le Seigneur peut utiliser, je pense, pour aider nos âmes et fortifier notre foi. L’ensemble du verset se présente ainsi : « Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété, par la connaissance de celui qui nous a appelés par (à) gloire et par vertu ». Ce n’était pas du tout le cas pour Adam dans le jardin. Là, il était fait le chef de la création, et tout autour de lui était très bon. Dieu le regarda, et le déclara très bon, et la position d’Adam était simplement d’en jouir avec reconnaissance. Il fut mis à l’épreuve sur un petit point particulier, mais cependant il fut éprouvé, de façon adéquate et sage, par ce point, s’il obéirait, comme étant dans la position de soumission envers Lui. S’abstenir du fruit d’un arbre défendu n’était pas une difficulté, mais une reconnaissance véritable de l’autorité de Dieu, petit de fait en soi-même, pour ainsi dire, comparé avec ce qui était laissé entièrement et complètement à sa disposition. Tout comme parmi les hommes : il se peut que quelqu’un possède un vaste domaine, et tout ce qu’il paye au souverain est un grain de poivre — c’est-à-dire, purement et simplement la reconnaissance qu’il n’est pas indépendant. Assurément, dans les relations divines, la soumission de la part de l’homme à Celui qui est au-dessus de lui est recherchée, parce que sans cela, l’homme serait complètement dans le mal. L’homme devait donc s’en souvenir, et Dieu le maintenait, Lui qui l’avait mis à l’épreuve dans ce point particulier. Mais autrement, pour l’homme, il ne s’agissait que de jouir de ce que Dieu avait donné, et le seul exercice spirituel qu’Adam et Ève pouvaient avoir à connaître dans un tel état de choses, était les actions de grâce du cœur en possédant les dons de la générosité et de la bonté de Dieu.
Mais à ce moment-là, il n’était pas du tout question du ciel ou de l’enfer. Dieu, en premier lieu, n’avait jamais parlé de quoi que ce soit à propos de l’un ou l’autre. Il avait mis en garde contre la mort, mais pas un mot de plus. Il n’y avait aucune révélation quant à un autre monde, pour l’homme. En conséquence, leur manière de regarder à Dieu et aux choses de Dieu était complètement différente de la nôtre, à tous égards. Le seul point de similitude entre Adam dans cet état et un chrétien actuellement est celui-ci : Dieu devait être reconnu par des actions de grâces, Dieu devait être obéi de manière absolue. En soi, l’épreuve peut être un très petit point, et tel était le cas. Ce n’était pas se livrer entièrement à Dieu, comme nous sommes maintenant appelés à le faire, comme morts au péché et vivants à Dieu en Christ [Rom. 6, 13]. L’obéissance est maintenant d’une nature bien plus absolue qu’elle ne pouvait l’être alors, parce qu’elle est éprouvée en tous points, au lieu de l’être en un seul. Il n’y a pas une seule chose que nous soyons appelés à faire, dans le cours d’une journée, qui ne soit prévue par Dieu pour éprouver nos cœurs, non seulement afin que la fin en soit pour Lui, mais que la manière de la faire soit aussi toujours selon Dieu. Et Christ est à la fois le seul moyen de connaître la fin, et le seul par qui nous pouvons discerner le chemin. Il est le chemin, la vérité, et la vie [Jean 14, 6]. Mais Christ n’avait pas du tout été dévoilé à Adam ; lui, non tombé, n’avait aucune connaissance quelconque de Christ. Il connaissait Dieu au-dessus de lui, jouissait des fruits de la puissante main de Dieu, et en retour, son cœur était reconnaissant envers Dieu pour la jouissance de tout ce qui était sien, en s’abstenant de ce seul arbre au milieu du jardin dont Dieu lui avait interdit l’usage.
Mais notre position est entièrement différente. Là, nous trouvons que « sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété ». Il n’y a aucune restriction dans ce que Dieu nous donne. Il s’élève dans Sa propre majesté, et dans Sa divine puissance nous donne toutes les choses qui regardent la vie et la piété. Nous n’avons pas tant de dons de la créature pour cette vie — en effet, ils semblent difficilement inclus dans ce qui est dit ici être donné avec un but spirituel en vue. Les miséricordes extérieures nous environnent ; et nous avons d’elles en partage ce que Dieu trouve bon de nous donner dans Sa providence. Nous nous confions en Sa sagesse, et sommes sûrs qu’Il sait ce qui est la meilleure chose pour nous, et Il ne se trompe jamais. Il nous place exactement dans la position qui est la meilleure pour nous, aussi bien que pour Lui. La confiance en Lui est ce qui rend le cœur parfaitement heureux, parce que, quoi qu’il arrive, que ce soit une épreuve, ou une difficulté, ou une peine, nous ne pouvons jamais, comme croyants, supposer que c’est par hasard. Cela vient de Lui, et il n’y a pas une seule forme d’épreuve ou de peine que Dieu ne puisse faire tourner à Sa propre gloire, comme Il veut que nous le fassions par grâce. C’est une partie de ce qu’Il appelle « tout ce qui regarde la vie et la piété » : parce que la dispensation de l’épreuve et des difficultés est le chemin dans lequel cette vie doit être exercée, et cette piété maintenue.
Ici aussi, nous avons la manière de le faire — « par la connaissance de celui qui nous a appelés par gloire et par vertu ». Il ne s’agit pas seulement de certaines choses autour de nous. Quand les divers animaux vinrent devant lui, Adam savait et donnait le nom approprié à chaque animal qui était placé sous sa domination. Il discernait leur nature, et leur assignait des désignations selon la sagesse dont Dieu l’avait doté. Mais notre privilège est de connaître Celui qui nous a appelés. C’est la connaissance de Dieu Lui-même, et de Dieu non seulement comme Créateur, mais comme le Dieu de toute grâce [1 Pier. 5, 10]. « Par la connaissance de celui qui nous a appelés par gloire et par vertu ». Qu’est-ce qu’Adam connaissait alors de ces choses ? Il n’y avait même pas la mention d’un « appel » de Dieu, dans le cas d’Adam, à cette époque. Ce ne pouvait pas être l’appel d’un homme non tombé. L’appel ne s’applique pas à un innocent, mais nécessairement à une créature tombée, parce que l’appel signifie que Dieu parle pour sortir la créature de la condition dans laquelle elle se trouve alors, et la mettre dans une meilleure. Adam devait magnifier Dieu en L’honorant là où il était, et en jouissant de ce qui était donné autour de lui, non pas en cherchant quelque chose d’invisible ou de plus grand, et c’est pourquoi Adam, cherchant dans la désobéissance à être plus grand, perdit tout ce qu’il avait si abondamment. En prêtant l’oreille à Ève, et en réalité au diable, il pensa être comme Dieu ; mais dans cette vaine recherche pour devenir comme Dieu, il devint un pécheur. Dans un certain sens, il devint comme Dieu, à savoir, en connaissant le bien et le mal ; mais c’est ce que la créature, comme telle, ne pouvait supporter. Seul Dieu peut avoir en Lui-même la connaissance du bien et du mal, sans laisser le bien et tomber sous la puissance du mal. Si la créature, laissée à elle-même, a la connaissance du bien et du mal, le résultat est que le mal domine et l’emporte : il abandonne le bien, et devient une proie pour le mal. La connaissance intuitive du bien et du mal, en dehors de la loi, était ce qu’Adam avait gagné par le péché. Cela n’est pas perdu pour le chrétien.
Le croyant est trouvé par Dieu au milieu de son état de ruine, et la grâce de Dieu lui envoie un appel. C’est ce que Dieu fait dans l’évangile. Il nous appelle, et nous entendons Sa voix, et sortons du sépulcre de nos péchés à Son appel, et nous sommes ainsi le fruit de la puissance de résurrection du Seigneur Jésus Christ. Nous sommes ainsi appelés hors de cette misère, de cet éloignement, de cette mort devant Dieu, dans lesquels nos péchés nous avaient plongés. Cela ne s’applique pas à Adam non tombé. Lui, étant innocent dans le jardin, n’était pas du tout dans cet état : et en conséquence, il n’y avait pas d’appel pour lui. Par la suite, il y eut un appel. Après qu’il eut péché, Dieu appela Adam, qui trembla à ce son et se cacha. C’est là que l’appel a lieu ; mais l’appel de Dieu n’est pas seulement pour la conscience, il est la révélation de Sa grâce comme libérateur. La grâce de Dieu opère donc toujours par la révélation de Son libérateur à venir. Mais maintenant, Il est pleinement révélé aussi bien qu’Il est venu ; et notre chapitre suppose cela, mais introduit encore le grand principe qui est toujours vrai depuis la chute, quoique manifesté d’une façon incomparablement plus complète depuis que le Seigneur Jésus Christ et la rédemption ont été révélés. Nous sommes maintenant appelés à (ou, plutôt, par Ses propres) gloire et vertu ; Adam ne l’était pas. Il devait simplement jouir de ce qu’il avait, et de ce que Dieu lui avait donné ; mais nous sommes ici appelés hors de tout cela, et la force du christianisme, en pratique, dépend de ce que nos âmes y entrent. Un homme du monde est quelqu’un qui s’installe pour jouir des choses présentes. Il a ses bons vêtements, et sa bonne nourriture, et sa bonne suite, et tout ce qui est bon autour de lui, ou du moins ce qu’il appelle bon. Mais il n’a pas une pensée ou un sentiment que tout est passé sous le péché ; et ce n’est, dans son cas, aucunement sanctifié par la Parole de Dieu et par la prière.
Tout ceci est un reniement de la chute, et c’est tout le caractère de la course de l’homme ici-bas. Alors qu’il est tombé, il nie la chute. Il agit d’une manière qui aurait été convenable s’il n’était pas une créature tombée. C’était la position d’Adam de jouir de ce qui l’entourait, et d’en être reconnaissant à Dieu, et l’homme mondain a maintenant sa propre manière de reconnaître la main de Dieu. Il rend peut-être grâces avant un repas, ou prend quelqu’un pour le faire à sa place, car il aime en général faire de la religion via un suppléant. Tel est l’homme tombé. Il n’y a aucune connaissance véritable de Dieu, aucune connaissance de Celui qui appelle, parce que, en fait, il n’est pas appelé, il n’a jamais entendu la voix de Dieu — ne L’a jamais rencontré dans sa conscience pour reconnaître ses péchés devant Dieu, ni la grâce de Dieu pour lui — et ainsi, il est entièrement en dehors de la grâce de Dieu ; ayant entendu de ses oreilles, il n’a pas entendu. Cela n’est pas entré dans la pensée, le cœur ou la conscience — rien que dans l’oreille extérieure. Le chrétien, lui, a entendu, et il est appelé par la connaissance de Celui qui l’a appelé par Sa gloire et la vertu. Il est appelé, non pas à réparer le monde, ni à améliorer l’homme, ni à rendre meilleur l’état de choses actuel ; ce n’est pas la place d’un chrétien, mais tout l’opposé. C’est simplement ce que l’infidélité tente de faire, parce qu’elle ne croit pas à la ruine que le péché a introduite, ou au jugement de Dieu, pas plus qu’à Sa grâce en Christ. Et chaque fois qu’un chrétien est entraîné par le monde, il glisse toujours jusque-là.
Si l’un de nous qui sommes dans cette position, voulait toucher à de tels pensées et efforts, il deviendrait pire que tout autre. Il nous faudrait le faire en face de la vérité qui le condamne complètement, et avec une meilleure connaissance de ce qu’est la pensée de Dieu ; et ainsi revenir en arrière sur tout ce que nous avons entendu et confessé comme le témoignage de Dieu. Nul n’amènerait si complètement la honte sur la vérité, et perdrait toute conscience, autant que ceux qui sont familiers avec la vérité sans l’obéissance. Les personnes qui déshonorent le plus le Seigneur, sont celles qui connaissent la vérité, mais ne lui sont pas soumises. Nous trouvons cela dans le cas des Corinthiens. Ils étaient de véritables saints de Dieu, et pourtant, il y avait du mal parmi eux, tel qu’il n’existait pas même parmi les nations [1 Cor. 5, 1]. Cela ne surprenait pas du tout l’apôtre. Cela l’horrifiait, mais ne le prenait pas au dépourvu. Plus grande est la vérité que vous connaissez, si vous la traitez légèrement, pire sera votre conduite ; et donc, personne n’est exhorté d’une façon plus pressante et persévérante à veiller contre le péché, et à utiliser tous les moyens, que ce soit de la prière ou de la Parole de Dieu, dans le but que notre âme soit gardée pure, simple et sans compromis. Adam devait simplement jouir de ce qu’il avait dans son état non tombé. L’homme, maintenant en chute, tente de faire de même, ce qui est un mépris de Dieu à tous égards. Le caractère et la pleine illustration de cela se voit dans l’homme riche avec Lazare : « Tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement les maux » [Luc 16, 25]. Nous avons là l’égoïsme du cœur occultant Dieu et l’homme, et vivant seulement pour se plaire à lui-même. N’est-ce pas un spectacle affreux, mais bien courant, dans un monde ruiné ?
Mais le chrétien est appelé à tout autre chose, peut-être à être comme Lazare ; mais, qu’il reçoive ou non les maux, il est appelé par la gloire de Dieu et par la vertu. Et, oh, que nous y pensions, et que nous le prenions à cœur, que c’est ce à quoi nous sommes appelés, chaque jour de notre vie ! Dieu nous a dévoilé le ciel, par et en Christ ; Sa propre présence là est notre espérance. Il ne donne pas la jouissance présente des choses autour de nous. Et c’est là ce que la grâce de Dieu fait sortir de la chute, ou plutôt de la mort de Jésus Christ le Seigneur. Ainsi, Dieu a profité, pour ainsi dire, dans Sa propre grâce sans limites, du fait que le péché avait gâté la première création, pour en introduire une meilleure. Il n’y a actuellement aucun bien autour de nous pour agir sur nos âmes, rien que vanité et poursuite du vent ; mais Dieu a révélé à nos cœurs, en Christ en haut, une scène où la vanité n’entrera jamais, où la poursuite du vent est inconnue. Et donc, au lieu que ce soit quelque chose qui nous apporte quelque louange à nous, c’est entièrement Sa grâce et Son appel — « par la connaissance de celui qui nous a appelés par la gloire et par la vertu ». C’est ainsi qu’Il place Sa propre présence dans la gloire devant nous, et nous appelle par là à sortir par la foi. C’est pourquoi il est dit en Romains 3 : « Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » — une expression qui en a rendu beaucoup perplexes. Avant qu’il y eût le péché, jamais rien de tel que la gloire de Dieu n’avait été placé devant l’homme ; mais quand le péché est entré, c’est la norme et la mesure ; et l’œuvre de Christ nous convient pour cela. Il ne s’agit pas de savoir si je suis propre à me tenir sur la terre — le péché l’a gâtée ; mais suis-je propre pour me tenir dans la gloire de Dieu ? La réponse est que seul l’homme qui a reçu Christ, par la foi en Son sang, est propre pour cette gloire. Nous sommes appelés hors de tout ce que nous voyons et en quoi nous sommes ; nous regardons à Christ et L’aimons, Lui qui nous a aimés le premier [1 Jean 4, 19], comme notre seul Sauveur et Libérateur. Il est dans la gloire de Dieu, et nous nous réjouissons dans l’espérance de celle-ci.
À la suite, mais associé avec cela, vient la « vertu », ou le courage moral, qui ne permet pas la satisfaction de soi, qui ne tourne pas la grâce et les promesses de Dieu dans un but égoïste. La foi dit-elle jamais : Maintenant que j’ai le monde de gloire pour espérance, je dois user et jouir du monde actuel pour moi-même ? Il nous a appelés par Sa gloire et par la vertu. Si nous sommes sauvés en espérance, nous avons Christ et la gloire devant nous comme le trésor de notre cœur ; c’est incompatible avec la recherche de ce monde également. Le meilleur de ce monde est une chose qui doit être abandonnée pour Christ, même si nous pouvions commander tous ses trésors. Et je prie Dieu que nous puissions vivre de ce qui est invisible, assurés que, ayant Christ, nous pouvons bien nous permettre d’être oubliés et rejetés, parce que nous nous attachons au nom du Crucifié dans la gloire de Dieu.