« Frappe le rocher »

Exode 17, 6
Traduit de l’anglais
W. Kelly

Les difficultés de l’Écriture, quand elles s’ouvrent à la foi simple, sont parmi ses principales beautés et ses plus fortes confirmations. Dieu n’a pas écrit Sa Parole pour rendre perplexes les âmes, mais pour exercer les cœurs à la dépendance de Lui et à la confiance en Lui. Quand une contradiction supposée, comme le suggérerait l’incrédulité, s’avère être une double leçon de deux vérités distinctes, combien cela est encourageant pour le croyant, qui trouve ainsi dans la Parole, non un mur inerte qui interdit son passage, mais une porte qui s’ouvre à la foi avec une magnifique perspective pour que nous puissions profiter des deux côtés ! Laissez-moi donner un exemple de cela dans « le rocher » du second livre de Moïse, comparé à celui du quatrième, dont les sceptiques veulent faire seulement deux récits différents du même événement, et bien sûr également affabulés. Le croyant sait qu’ils sont entièrement distincts, l’un pendant la première année après le départ d’Israël d’Égypte, l’autre dans la dernière année de leur séjour dans le désert ; chacun d’eux étant absolument vrai, tous deux non seulement très instructifs, mais divinement prophétiques, et donc non pas simplement écrits par Moïse, mais aussi inspirés de Dieu, qui a toujours devant Lui la gloire de Christ et la bénédiction de Ses enfants.

Ce caractère plus profond est indiqué par 1 Corinthiens 10, 1-11. Et tout comme le Seigneur Jésus justifie que l’on voie en Exode 16 Lui-même comme le véritable pain de Dieu descendant du ciel, nous pouvons bien chercher un type similaire dans Exode 17.

Il n’y avait « point d’eau à boire pour le peuple. Et le peuple contesta avec Moïse, et ils dirent : Donnez-nous de l’eau pour que nous buvions ». Telle est l’incrédulité, toujours oublieuse de la grâce, se tournant toujours vers des causes secondaires. Dieu n’était pas dans les pensées d’Israël, qui ne contestait qu’avec Moïse. C’était tenter l’Éternel, c’est-à-dire, douter de Sa présence au milieu d’eux, et cela pour prendre soin d’eux, après qu’Il a donné les preuves les plus variées et les plus magnifiques de Sa puissance en leur faveur, et cela jusqu’au dernier moment. Pourquoi ne pas demander de l’eau à Celui qui leur avait donné de la chair le soir, et les avait comblés de pain au matin ? Moïse pouvait bien dire : « Pourquoi contestez-vous avec moi ? Pourquoi tentez-vous l’Éternel ? » (v. 1, 2).

Mais l’incrédulité est aussi sourde pour apprendre qu’elle est prête à murmurer, aussi prompte à parler que lente à écouter. « Et là, le peuple eut soif d’eau ; et le peuple murmura contre Moïse, et dit : Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte, pour nous faire mourir de soif, moi, et mes enfants, et mon bétail ? » (v. 3).

Il n’en était pas ainsi de Moïse, qui « cria à l’Éternel, disant : Que ferai-je à ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront » (v. 4).

Le Seigneur veut être consulté : c’est de toute importance pour l’homme ; mais Il a Ses propres voies. Tout comme Sa fin est pleine de compassion et miséricordieuse [Jacq. 5, 11], ainsi Son commencement est une bonté sans limite, en laquelle Il ne peut manquer. Mais l’homme a besoin d’apprendre, par sa misère et son besoin, toujours disposé à l’oublier en faisant un mauvais usage de Ses miséricordes mêmes. Quelle bénédiction que Dieu agisse pour Sa propre gloire !

« Et l’Éternel dit à Moïse : Voici, je me tiens là devant toi, sur le rocher, en Horeb ; et tu frapperas le rocher, et il en sortira des eaux, et le peuple boira. Et Moïse fit ainsi devant les yeux des anciens d’Israël. Et il appela le nom du lieu Massa et Meriba, à cause de la contestation des fils d’Israël, et parce qu’ils avaient tenté l’Éternel, en disant : L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ? » (v. 6, 7).

« Et le rocher était le Christ » [1 Cor. 10, 4]. Tel est le commentaire du Nouveau Testament, qui fait directement allusion au fait qui est devant nous. La vérité est plus grande et plus durable que le miracle.

Ce n’est pas seulement le pain de Dieu qui descendait du ciel en Lui et donnait la vie au monde [Jean 6, 33]. Il faut aller plus loin, compte tenu du besoin du pécheur et de la gloire de Dieu. Le Fils de l’homme doit être élevé [Jean 3, 14]. La puissance du mal doit être écrasée ; le caractère de Dieu doit être revendiqué ; les péchés ne peuvent être pardonnés en justice, que parce qu’ils ont été portés et jugés : tout cela se réunit dans la précieuse mort de notre Seigneur Jésus. La verge du jugement, « avec laquelle tu as frappé le fleuve », doit frapper le rocher. Christ a souffert une fois pour les péchés, le Juste pour les injustes, afin qu’Il nous amenât à Dieu [1 Pier. 3, 18]. L’amour, l’amour infini, voilà ce qui était en Lui qui se livrait ainsi pour mourir pour nous ; mais Il fut rejeté et couvert d’opprobre ; oui, Il fut abandonné de Dieu, dont la face Lui fut cachée tandis qu’Il portait nos péchés en Son corps sur le bois [1 Pier. 2, 24]. Ce n’était pas simplement que les Juifs incrédules L’estimaient battu, frappé de Dieu, et affligé. En toute vérité, Il a été blessé pour nos transgressions, Il a été meurtri pour nos iniquités, et le châtiment de notre paix a été sur Lui tout aussi certainement que nous sommes guéris par Ses meurtrissures. L’Éternel a fait tomber sur Lui l’iniquité de nous tous ; et Il a été frappé pour la transgression de Son peuple. Il a plu à l’Éternel de Le meurtrir, de Le soumettre à la souffrance, de faire de Son âme un sacrifice pour le péché. Il a porté leurs iniquités ; Il a livré Son âme à la mort ; Il a été compté parmi les transgresseurs ; et Il a porté le péché de plusieurs [És. 53, 4-12].

Si les âmes manquent à voir et à s’incliner devant ce témoignage très solennel et très touchant de Dieu à l’humiliation et aux souffrances de Son propre Fils, ce n’est pas faute de paroles claires et d’images fortes. La véritable difficulté gît dans la volonté de l’homme, qui refuse la démonstration convaincante de sa propre méchanceté et de la bonté de Dieu. Car si telle est la vérité de la croix de Christ, quelle grâce, quelle longanimité et quel saint amour de la part de Dieu ! Quelle vanité, quel orgueil et quelle malice, qui haïrent le Père et le Fils, de la part de l’homme ! La croix même, par laquelle vinrent la paix et la délivrance, est la condamnation absolue du péché : si c’était en nous-mêmes, ce serait une ruine irrémédiable ; en Christ, c’est notre salut.

Mais il y a davantage, ici. « Frappe le rocher, et il en sortira des eaux, et le peuple boira ». C’est le type du don du Saint Esprit. Ce don, conséquence de l’œuvre de Christ, va bien au-delà de la nouvelle naissance. Maintenant que la rédemption est accomplie, l’Esprit est dans le croyant une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle [Jean 4, 14], oui, un fleuve coulant en témoignage à Jésus glorifié. Ayant cru en Christ, nous sommes scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de la gloire de Dieu [Éph. 1, 14].

Peut-on concevoir une préfiguration plus claire ou plus importante ? Non pas que Moïse sut tout cela à l’avance ; mais tout était nu et découvert devant les yeux de Celui auquel nous avons affaire maintenant [Héb. 4, 13], alors qu’Il les lui inspirait alors. Que nous ne soyons pas incrédules, mais croyants [Jean 20, 27].