Rien d’autre que Christ

Traduit de l’anglais
W. Kelly

L’épître aux Hébreux nous appelle à tout laisser pour Christ. Quels que soient les objets dont nous avons pu nous glorifier jusqu’à présent, il est nécessaire de les abandonner désormais, et de recevoir à leur place Jésus, le Fils de Dieu. Les anges font place au Fils ; Moïse, le serviteur de la maison, cède la place à Christ, qui en est le bâtisseur ; Josué, l’ancien capitaine, qui conduisit en Canaan, fait place à Christ, le chef du salut, qui conduit maintenant les enfants à la gloire ; Aaron, le sacrificateur charnel et mortel, fait place au vrai Melchisédec, qui vit et sert à toujours dans le sanctuaire céleste ; l’ancienne alliance fait place à la nouvelle que Jésus administre ; et en même temps, les anciennes ordonnances charnelles ou terrestres font place au ministère spirituel et efficace du sacrificateur céleste ; enfin, le sang des victimes laisse place au sang de Christ offert par l’Esprit éternel.

Tel est une des caractéristiques principales de cette divine et glorieuse épître, qui anéantit ainsi tout ce en quoi l’homme met sa confiance, afin d’établir le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, comme l’objet de la gloire et le seul refuge des pauvres âmes.

Mais c’était une doctrine difficile à supporter, en particulier pour un peuple tel que les Juifs, qui avait de bien des manières mis sa confiance dans la loi et la justice légale. Parmi nous aussi, actuellement, quand, au milieu de tant de formes religieuses, les hommes proposent avec autorité d’autres fondements de confiance que Jésus, et que d’autres hommes les reçoivent aveuglément, nous devons considérer avec attention quelles sont les bases de cette doctrine. De nos jours, où toute la création gémit, l’âme a soif de ce simple évangile qui nous prêche la parfaite satisfaction en Jésus ; et c’est le but du Saint Esprit, dans l’épître aux Hébreux, de dévoiler à l’âme affamée les raisons pour lesquelles elle peut ainsi embrasser Jésus comme le tout de ce qui forme l’objet de sa confiance et de sa gloire. Cette épître déclare ce qui l’autorise à apprécier ainsi Jésus — à L’estimer comme sans égal — à juger que Lui est, en un mot, le seul et unique soutien du pauvre pécheur.

Mais comment le Saint Esprit nous assure-t-Il de cette vérité, au moyen de cette épître ? Comment nous montre-t-Il que c’est notre propre salut de quitter toute autre chose afin de n’avoir rien d’autre que Christ pour seul appui ? Il nous le montre de la seule manière par laquelle cela puisse se faire — en présentant à notre âme l’appréciation que Dieu fait de Christ.

Ce qui justifie le prix que je dois attacher à Christ, c’est que Dieu, avant cela, nous a fait connaître la valeur qu’Il possède. Si mon âme se confie exclusivement en Lui, je ne peux être fondé à le faire qu’en voyant le fondement de la confiance d’Israël au moment de l’aspersion du sang en Égypte. Dieu avait prescrit ce sang : telle est ma justification divine et sûre ; et l’épître aux Hébreux me le garantit. Elle me parle de la haute valeur que Dieu voit en Christ ; elle me dit combien clairement, simplement et exclusivement, Il fait reposer sur Christ tout ce qui peut soulager l’âme. C’est la raison pour laquelle cette admirable épître s’attarde si complaisamment sur Christ dans toutes ses relations actuelles avec nous, dans tous les offices qu’Il accomplit pour nous. C’est ce qui explique les nombreuses citations (Héb. 1) qui établissent Jésus bien au-dessus des anges ; c’est ce qui explique le glorieux commentaire que donne Hébreux 2 sur la dignité du Fils de l’homme, les déclarations de Son immense supériorité sur Moïse (Héb. 3), les témoignages abondants et variés (Héb. 4) portés à Sa sacrificature, remplaçant d’une manière complètement différente ce dont Aaron avait été honoré ou ce que la loi avait conféré (Héb. 7). C’est la raison pour laquelle Il est représenté comme oint et consacré par un serment, et assis dans les cieux au milieu du sanctuaire, aussi bien qu’à la droite de la Majesté (Héb. 8).

En tout cela, nous avons la main de Dieu Lui-même exaltant le mérite de Jésus, L’appréciant dans Ses dignités connues dans le ciel et sur la terre. L’âme est invitée, de la façon la plus pressante, à venir et à assister à cette grande œuvre, à cette preuve divine du mérite de Jésus. Tout comme il avait été commandé à la congrégation d’Israël d’attendre à la porte du tabernacle, afin que chacun pour soi-même puisse contempler et savoir combien Dieu était satisfait du sacrificateur ; afin que chacun, quelque grande que fut la congrégation, ait personnellement et individuellement toute liberté pour se remettre au soin et à l’intercession d’Aaron (Lév. 8 et 9). C’était quelque chose qui concernait chacun individuellement ; et la même liberté devrait également être la part de chacun de nous individuellement.

L’âme est une chose qui nous concerne nous-mêmes ; car il est écrit que « un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère » [Ps. 49, 7] ; et c’est nous-mêmes qui devons connaître le divin remède, nous-mêmes qui devons le posséder. Ce n’est pas un frère fidèle qui peut écouter et croire pour nous ; ce n’est pas une église qui peut nous représenter ; nous devons être nous-mêmes à la porte du tabernacle ; nous devons nous-mêmes connaître la valeur de Jésus aux yeux de Dieu, et l’épître aux Hébreux est destinée à révéler ce secret dans le saint des saints. Elle est adressée, non à une certaine classe de personnes privilégiées, mais à nous tous, afin que là, nous puissions chacun contempler Jésus, tel qu’Il s’y trouve, pesé à la balance du sanctuaire, et que nous récoltions les fruits bénis de cette provision assurée qui a été mise en Lui. Il n’est pas question, dans cette épître, d’une église particulière, ni d’une classe de personnes privilégiées, comme on l’a très souvent pensé et dit ; mais c’est la voix de l’Esprit qui s’adresse Lui-même directement à l’âme, afin qu’elle puisse apprendre à connaître pour elle-même Celui en qui Dieu a placé le secours qui lui est nécessaire. Dans cette épître, notre âme respire, en quelque sorte, le parfum de la plaine que le Seigneur a bénie, et la foi respire le parfum de Christ ; elle jouit de Christ comme Dieu Lui-même en jouit, et nous avons la lumière divine dans notre cœur, nous sommes convertis des ténèbres à la lumière de Dieu. En un mot, Dieu devient nôtre.

Il y a encore une autre chose dans cette épître : elle nous fait comprendre sous quels caractères Dieu a mis cette valeur exclusive en Christ ; et ces caractères sont tels, qu’ils répondent pleinement à nos besoins. La victime ou le sacrifice (Héb. 9, 14) ; le sacrificateur (Héb. 7) ; le prophète ou le docteur (Héb. 2, 1-4) ; le capitaine qui amène les siens à la gloire (Héb. 2, 10) ; et dans toutes ces qualités, comme dans chacune d’elles séparément, nous Le voyons estimé de la manière la plus exacte par la main de Dieu, et nous trouvons qu’Il est parfaitement ce qu’il est nécessaire qu’Il soit, pour des personnes aussi misérables que nous. Selon Dieu, Jésus est une victime parfaitement propre pour purifier, un sacrificateur parfaitement propre pour intercéder, un prophète parfaitement propre pour instruire, et un guide parfaitement propre pour nous amener sains et saufs dans la gloire. C’est précisément de cela que nous avons besoin. Cette épître trace notre livre de voyage, en quittant notre position d’exilés comme pécheurs, jusqu’à notre demeure dans la gloire, où nous serons dans la compagnie de Jésus. Oui, nous lisons là clairement nos droits, et nous nous reposons sur Jésus comme notre victime, notre sacrificateur, notre prophète, et notre guide, parce que Dieu Lui a donné toute la valeur possible dans ces qualités qui Lui ont été accordées pour nous, et Dieu L’a apprécié à cause de Son œuvre, à cause de Sa personne, à cause de Son obéissance, parce qu’Il a versé Son sang et a pleinement accompli la volonté de Dieu pour nous. Là, dans cette épître, l’âme peut lire ses droits, non selon l’estimation qu’elle fait d’eux, mais selon celle que Dieu fait de Christ.