« Vous parlerez au rocher »

Nombres 20
Traduit de l’anglais
W. Kelly

La rébellion de Coré a mis en évidence la sacrificature d’Aaron d’une façon plus évidente que jamais. Le ministère n’est pas la sacrificature, quoiqu’il ait sa propre place importante. Mais la sacrificature seule peut et veut porter le peuple de Dieu défaillant à travers le désert jusqu’en Canaan. « Si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » [Rom. 5, 10]. « De là vient aussi qu’il peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux » [Héb. 7, 25]. C’est sur Christ, d’abord sacrifice, puis sacrificateur, que repose le salut. Car nous traversons encore le désert, et c’est difficilement que le juste est sauvé [1 Pier. 4, 18].

Dieu est fidèle, qui ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter, mais avec la tentation Il fera aussi l’issue, afin que nous puissions la supporter [1 Cor. 10, 13]. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais nous en avons un qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché. Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun (Héb. 4).

La nécessité de l’intercession d’Aaron fut rendue évidente quand la plaie se répandit parmi les Israélites qui murmuraient, et que Aaron dut courir au milieu d’eux, ayant mis l’encens et fait propitiation pour le peuple. Ainsi, il se tint entre les morts et les vivants ; et la plaie fut arrêtée [Nomb. 16, 47-48].

Mais Dieu a fait davantage. Il a tranché pour toujours entre les princes du peuple et le sacrificateur de Son choix. Car chacun des douze princes d’Israël avait déposé sa verge devant l’Éternel afin qu’Il choisisse, au-delà de toute controverse, qui intercéderait avec Lui. « Et voici, la verge d’Aaron, pour la maison de Lévi, avait bourgeonné, et avait poussé des boutons, et avait produit des fleurs et mûri des amandes ». Toutes les autres verges étaient sèches et sans fruit. Le lendemain, seule la verge d’Aaron avait éclaté de vie, boutons, fleurs et fruit. La question était tranchée une fois pour toutes : lui seul était choisi pour s’approcher. Les fils d’Israël, en eux-mêmes, étaient comme sans sève et desséchés comme leurs verges mortes. L’homme a besoin d’un sacrificateur vivant. La verge d’Aaron (et encore plus de Melchisédec, dans ce cas) ne fait que typifier Celui en qui est la puissance d’une vie impérissable. Dorénavant, elle est la verge, le témoin vivant et immuable de la puissance divine et de la bénédiction appropriée devant Dieu pour le peuple. Le sacrificateur porte l’iniquité du sanctuaire. Le ministère est subordonné à la sacrificature ; comme la tribu de Lévi était adjointe au sacrificateur (Nomb. 18). Et la grâce pour tout est fournie par les cendres de la génisse rousse, afin que ceux qui étaient souillés parmi les fils d’Israël ne manquent jamais de se purifier du péché. Car ils étaient toujours exposés à la souillure dans le chemin, et ils devaient alors être aspergés avec l’eau de séparation, afin d’être purifiés. Dieu ne voulait pas abaisser Sa sainteté en permettant la souillure de Son peuple ; mais Il fournit pour ceux qui sont souillés l’eau de séparation, afin que l’impur puisse être purifié quotidiennement. La grâce règne par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur [Rom. 5, 21].

Ici, la nouvelle génération est vue comme éprouvée avant la fin du voyage, comme la précédente l’avait été au début de l’Exode. Maintenant comme alors, il n’y a pas d’eau pour l’assemblée ; et ils s’attroupèrent contre Moïse et contre Aaron. « Et le peuple contesta avec Moïse, et ils parlèrent, disant : Que n’avons-nous péri, quand nos frères périrent devant l’Éternel ! Et pourquoi avez-vous amené la congrégation de l’Éternel dans ce désert, pour y mourir, nous et nos bêtes ? Et pourquoi nous avez-vous fait monter d’Égypte, pour nous amener dans ce mauvais lieu ? Ce n’est pas un lieu où l’on puisse semer ; on n’y trouve ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et il n’y a pas d’eau pour boire ». Il n’est pas étonnant que Moïse et Aaron tombent sur leur face, devant une telle incrédulité. Mais la gloire de l’Éternel apparaît ; et sans un reproche, l’Éternel dit à Moïse : « Prends la verge, et réunis l’assemblée, toi et Aaron, ton frère, et vous parlerez devant leurs yeux au rocher, et il donnera ses eaux ; et tu leur feras sortir de l’eau du rocher, et tu donneras à boire à l’assemblée et à leurs bêtes » (v. 8).

Il n’y avait pas d’incompréhension ; car « Moïse prit la verge de devant l’Éternel, comme il lui avait commandé. Et Moïse et Aaron réunirent la congrégation devant le rocher ». À partir de là, cependant, tout va mal. Car Moïse, excédé par l’ingratitude extrême et la révolte du peuple, « parla légèrement de ses lèvres » [Ps. 106, 33]. « Écoutez, rebelles ! Vous ferons-nous sortir de l’eau de ce rocher ? ». Qui lui demandait cela ? Moïse fut surmonté par le mal, au lieu de surmonter le mal par le bien [Rom. 12, 21]. Celui qui avait été si longtemps le plus doux des hommes [Nomb. 12, 3], manque entièrement sur ce point, à la fin. Alors que Dieu magnifiait Sa miséricorde et appelait expressément l’attention sur la vérité que rien, sinon la grâce sacerdotale, ne pouvait faire cheminer un peuple errant, Moïse céda à un ressentiment naturel et affirma sa propre autorité : « et il en arriva du mal à Moïse à cause d’eux » [Ps. 106, 32]. Il s’était abaissé à leur niveau, au lieu de se cacher lui-même, comme la foi l’aurait fait, derrière la grâce de Dieu. Et son action ne fut pas meilleure que sa parole, à ce moment critique. « Finissez-en avec l’homme, dont le souffle est dans ses narines, car quel cas doit-on faire de lui ? » [És. 2, 22]. « Et Moïse leva sa main, et frappa le rocher de sa verge, deux fois » (v. 11). Qui, je le répète, lui avait demandé cela ? C’était s’écarter complètement du commandement de l’Éternel, qui lui avait dit de prendre « la verge », non la sienne mais celle d’Aaron, et de « parler au rocher », et il donnerait de l’eau. Avec sa verge, Moïse frappa le rocher deux fois[1]. Le témoin, jusque-là fidèle, a manqué à représenter Dieu et doit mourir pour son erreur. La verge du jugement, mal utilisée, amena sur lui la mort, la verge de la grâce prévalut pour le peuple. Car il avait mis en avant la verge, dont la vertu seule était appropriée pour un peuple si défaillant.

En Exode 17, il était selon Dieu que Moïse frappe le rocher de sa verge. Là, Moïse seul est vu. Du rocher frappé doit sortir l’eau. Jésus vint par l’eau et par le sang [1 Jean 5, 6]. L’humiliation jusqu’à la mort devait être la part de Christ, pour que le peuple de Dieu puisse recevoir l’Esprit. Il doit y avoir un fondement de justice, et il se trouve là. Le Fils de l’homme devait être élevé [Jean 3, 14].

Mais maintenant, pour le voyage du peuple à travers le désert, pour passer en Canaan, la grâce seul prévaut, la grâce d’un sacrificateur toujours vivant. Blessés et rancuniers, les sentiments ne peuvent rien donner. « Ô Jah ! si tu prends garde aux iniquités, Seigneur, qui subsistera ? » [Ps. 130, 3]. « N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car devant toi nul homme vivant ne sera justifié » [Ps. 143, 2]. « Écoutez, rebelles », pourrait être vrai, et même juste, s’il s’agissait de l’homme ; mais était-ce la parole de Dieu qui convenait à ce moment ? Agissait-Il en grâce ou en jugement ? Et s’il était ajouté : « vous ferons-nous sortir de l’eau de ce rocher », Dieu était-Il devant leurs yeux ? N’était-ce pas le moi blessé par l’ingratitude de l’homme ?

Il est merveilleux de voir que l’erreur du serviteur n’a pas empêché cette grâce de Dieu. « Et il en sortit des eaux en abondance, et l’assemblée but, et leurs bêtes ».

« Et l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous ne m’avez pas cru, pour me sanctifier aux yeux des fils d’Israël, à cause de cela vous n’introduirez pas cette congrégation dans le pays que je leur donne. Ce sont là les eaux de Meriba, où les fils d’Israël contestèrent avec l’Éternel ; et il se sanctifia en eux ». Moïse et Aaron ne Le sanctifièrent pas, mais abandonnèrent la grâce au profit de la revendication de leur autorité bafouée. Si cela avait été la pensée de Dieu, ils n’auraient fait couler aucune eau du rocher. L’Éternel fut sanctifié ; mais ce fut en maintenant Sa propre parole, Sa propre grâce, en dépit du manquement de Moïse et d’Aaron : un manquement qui amena immédiatement sur eux la réprobation, et le châtiment sévère de la mort hors du pays, le pays de Canaan, où la grâce conduisait le peuple.