L’eau vive

Traduit de l’anglais
W. Kelly
« Tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive »
(Jean 4, 10)

Le Seigneur commence à diriger la femme et à inspirer confiance à son cœur ; et le Saint Esprit l’enregistre pour d’autres qui devaient entendre Ses paroles, une fois écrites : car assurément, elles sont vie et esprit [Jean 6, 63], les paroles de la vie éternelle. Pour l’instant, elle était spirituellement sourde et dans l’obscurité. Elle ne voyait pas la vraie lumière, elle ne croyait pas encore en Celui en qui est la vie, la lumière des hommes — des hommes coupables mais favorisés. Si elle avait connu Dieu comme Celui qui donne (non pas quelqu’un qui exige, comme tous les cœurs Le conçoivent naturellement), si elle avait cru en la gloire de Celui qui s’était humilié Lui-même pour sauver (ce dont elle avait un exemple dans Sa demande faite à elle de boire de l’eau), elle Lui aurait demandé, et Il lui aurait donné de l’eau vive.

Car la bénédiction de la grâce de la vie pour un pécheur perdu dans le besoin (et il en est ainsi de tout enfant de l’homme) n’est pas une question de propre effort ou même de sacrifice de soi, d’un charme ou d’un rite, mais de foi au Fils de Dieu à qui la Parole de Dieu rend témoignage. D’un côté, « ce qui est né de la chair est chair » [Jean 3, 6], et l’homme pécheur, Juif, Grec ou Samaritain, est mort devant Dieu. D’un autre côté, la vie vient à nous uniquement dans la lumière de la vie, elle est dans Jésus le Seigneur. C’est pourquoi Il dit (Jean 5, 24) : « Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie ». Le Seigneur donc, Lui-même l’Esprit vivifiant (1 Cor. 15), ne lui dit pas un mot du baptême ; pas plus que les disciples, de fait, le Seigneur ne l’a pas baptisée. Quelle que soit l’importance du baptême, donner la vie ne lui est jamais attribué une seule fois, dans toute l’Écriture. « Celui qui croit », dit le Seigneur (Jean 6, 47), « a la vie éternelle » ; et ainsi souvent, en substance, et jamais autrement. « Je rends grâces à Dieu », dit l’apôtre Paul, « de ce que je n’ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaïus, afin que personne ne dise que j’ai baptisé (ou, qu’ils ont été baptisés) pour mon nom… Car Christ ne m’a pas envoyé baptiser, mais évangéliser » (1 Cor. 1, 14-17). « Je vous ai engendrés dans le christ Jésus par l’évangile » (1 Cor. 4, 15). Il en est de même en Jacques 1, 18 ; 1 Pierre 1, 23-25 ; et 1 Jean 5, 1. Le témoignage divin est uniforme et complet, clair et concluant.

Mais la parole n’était pas encore mêlée avec de la foi [Héb. 4, 2] dans l’âme de la Samaritaine. Sinon, le jugement de soi-même aurait été produit, et un tel sentiment du péché en elle, et de la bonté (si ce n’est pas encore du salut) en Lui, l’aurait attirée sérieusement vers le Fils de Dieu. Pour être sauvée, l’âme doit rencontrer Dieu maintenant, de façon individuelle, et Le rencontrer au sujet de ses péchés ; autrement, elle ne pourra Lui échapper, dans la personne du Fils de l’homme, le Juge des vivants et des morts, sur le grand trône blanc. Alors, il sera trop tard. Le jugement est irréparable, et la perdition éternelle. Écouter la parole de Christ, croire Dieu qui L’a envoyé, c’est avoir la vie, la vie éternelle. C’était exactement ce dont la pécheresse avait besoin, mais qu’elle n’avait pas encore. Si Sa parole avait pénétré en elle, elle Lui aurait demandé, et Il lui aurait donné de l’eau vive.

Mais on demandera : Qu’en est-il de l’Église ? Qu’en est-il des sacrements ? Ici, c’est un fait remarquable que dans l’évangile de Jean, où la vie éternelle est manifestée de manière prééminente, il n’est pas dit un mot de l’une ou des autres. Il y a toujours de l’harmonie dans la vérité divine. L’Église, le baptême et la cène du Seigneur, sont pleinement traités dans les épîtres de Paul, pour ne rien dire de l’histoire inspirée dans les Actes. Mais nulle part l’Écriture ne relie la vie éternelle avec l’Église, pas plus qu’avec les institutions chrétiennes publiques. Comme toute chose est justement mise en ordre dans l’Écriture, ainsi les âmes qui tombent dans une erreur aussi grave que de baser la vie éternelle sur l’église ou sur les sacrements, sont inexcusables. C’est le contact avec Christ par la foi, c’est Sa Parole appliquée par l’Esprit, qui donnent la vie dans le Fils de Dieu. Christ est le chemin, et la vérité, et la vie [Jean 14, 6].

La foi est donc toujours individuelle, même si un millier croient au même instant dans une foule qui écoute la Parole de Dieu. L’Église ne prêche pas, mais un serviteur de Christ ou, comme ici, le Seigneur Lui-même ; et quand l’âme l’accepte, non comme la parole des hommes mais, comme elle l’est en vérité, celle de Dieu [1 Thess. 2, 13], elle opère avec efficace dans ceux qui croient. Son premier effet est une profonde anxiété devant Dieu et un appel au Seigneur. « Tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive ».

« Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Éph. 2). Telle est la position bénie et l’assurance du chrétien au temps convenable. Il n’en va pas autrement aujourd’hui qu’autrefois, quoique l’on jouisse d’une lumière et de privilèges bien plus grands. « Car c’est par elle [c’est-à-dire la foi] que les anciens ont reçu témoignage » [Héb. 11, 2], ou obtenu un bon rapport, comme le dit la Version Autorisée. Christ est le chemin, la vérité et la vie [Jean 14, 6]. Il n’y avait pas, il ne pouvait certainement pas y avoir, un autre Sauveur ; et Il a toujours été reçu par la Parole de Dieu et l’Esprit. La justice, comme le démontre l’apôtre, fut comptée à Abraham lui-même dans l’incirconcision. Il fut circoncis par la suite, comme un sceau dans la chair. Il avait cru Dieu bien longtemps avant ; et cela lui fut compté à justice. C’est la même chose maintenant, en principe, quand les âmes sont baptisées, et non plus circoncises.

Le salut, comme la foi, est individuel. Du début à la fin, il faut venir à Dieu en croyant, car sans la foi, il est impossible de Lui plaire [Héb. 11, 6] ; une vraie foi s’accompagne toujours d’une vraie repentance. Nous nous jugeons et nous condamnons nous-mêmes, quand nous croyons véritablement en Lui, et nous confions en Sa grâce qui a donné Son Fils. « Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite » (Jean 15). Nous sommes nés d’eau et de l’Esprit [Jean 3, 5]. Ainsi, la vérité nous sanctifie ; ce que ne peut jamais faire une cérémonie, ni une corporation, fût-ce même l’Église, quelque importante, et d’une immense importance, qu’elle soit par ailleurs. « Celui qui ne croit pas sera condamné » [Marc 16, 16], c’est-à-dire damné, même s’il a été baptisé par Pierre ou Paul.

En croyant la Parole de Dieu, l’âme entend et répond à l’appel de Dieu. Toutes les bénédictions n’arrivent pas forcément simultanément ; mais on se confie dans le Seigneur, et le cœur se tourne vers Celui qui est venu mourir pour nous, pour nos péchés. « Tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive ». Et en vérité, ce n’est pas seulement la vie en croyant, mais le Saint Esprit à la suite de cela, afin que la paix et la joie soient complètes, et que l’amour de Dieu se répande dans le cœur. Le don du Saint Esprit est plus que la vie, quelque bénie que la vie puisse être. C’est l’Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba, Père [Rom. 8, 15] ! C’est un Esprit, non de crainte ou de servitude, mais de puissance, et d’amour, et de conseil [2 Tim. 1, 7].

Cher lecteur, avez-vous obtenu cette bénédiction ? Ou vous manque-t-elle encore, comme à la Samaritaine au début ?