Le don de Dieu

Traduit de l’anglais
W. Kelly
« Si tu connaissais le don de Dieu »
(Jean 4, 10)

La femme de la Samarie ne le connaissait pas, et les Juifs pas davantage ; ni non plus l’homme naturel dans la chrétienté. Il échappe totalement au cœur et à l’esprit, jusqu’à ce qu’ils soient renouvelés d’en haut. Les païens ne pouvaient que considérer leurs divinités comme une image projetée d’eux-mêmes, ayant les mêmes passions et désirs, envieux du bonheur complet de l’homme. Si les hommes les avaient connus pour ce qu’elles étaient réellement, des démons profitant de la conscience coupable de l’homme pour s’établir comme dieux et détourner leurs dévots du vrai Dieu, ils auraient compris que les démons ne pouvaient que refléter la haine et la malice du diable.

Dieu est amour, aussi bien que lumière. En Lui, il n’y a aucunes ténèbres ; mais étant amour, Il a envoyé Son Fils pour briller dans ce monde obscurci par le péché. Ce n’est pas là tout l’amour qu’Il montre, mais plutôt le commencement de ce qui est infiniment supérieur à toute difficulté ou besoin. Dieu n’exige pas, mais Il donne, et seulement cela, pour ce qui regarde la vie éternelle et la rédemption. Toutes deux sont Son don en Christ. C’est seulement ainsi qu’Il doit être connu par le pécheur, non comme quelqu’un qui reçoit, mais comme Celui qui donne. Ce serait en dessous de Sa majesté de prendre une autre place ; cela renierait Sa nature, fausserait la vérité, et ne laisserait pas de place pour l’amour.

Cela n’était pas du tout manifesté sous la loi. Là, l’homme est mis en avant. « Tu ne feras pas ceci », « Tu feras cela ». L’homme était tenu par elle de faire son devoir envers Dieu et l’homme, afin de prouver que, étant tombé, il ne le pouvait pas ; et ainsi de le forcer, s’il avait une conscience de son propre état et la foi en la Parole de Dieu, à regarder à un autre, au Messie, comme tous les saints le firent depuis Adam. Mais la loi, puisqu’elle ne rend rien parfait, était ainsi en accord avec la pensée naturelle de l’homme que tout dépendait de lui, de l’obéissance qu’il pouvait rendre à Dieu. En tant que loi, elle excluait la grâce ; et c’est pourquoi ceux qui ne voyaient rien au-delà de la loi s’appuyaient sur leurs propres mérites, et non sur le Messie qui venait. Tous ceux qui étaient enseignés de Dieu, que ce soit sous la loi ou auparavant, faisaient reposer leurs espérances sur Christ, non sur eux-mêmes. C’est pourquoi l’homme, tel qu’il est, peut admettre le caractère raisonnable de la loi, car il ne doute pas de sa propre compétence pour l’accomplir ; mais il hait la grâce et ne la comprend pas. L’évangile découle de l’amour de Dieu en Christ pour le monde. Ce n’est pas un appel à l’homme pour qu’il aime Dieu, mais la révélation que « Dieu a tant aimé le monde » [Jean 3, 16].

Les Samaritains n’étaient que des païens qui avaient adopté quelques-uns des éléments juifs, et étaient encore plus dans l’obscurité que les Juifs. Mais la vraie lumière était celle qui, venant dans le monde, fait briller sa lumière sur « tout homme », non pas seulement sur Israël, mais sur chacun, fût-il le plus vil. C’est la gloire morale de Christ, comme aussi de l’évangile, le témoignage de Dieu concernant Lui-même et Son œuvre.

La femme qui vint et trouva le Seigneur assis sur le puits était justement celle qui démontrait les vertus de la grâce. En vérité, Il était là pour la rencontrer telle qu’elle était, et pour la bénir selon les richesses de la grâce pour l’éternité. Ce n’était pas l’heure où les femmes venaient puiser de l’eau. Elle était seule, et pouvait bien, dans ses circonstances, fuir la société des autres. Elle avait ardemment recherché le bonheur dans la chair, et ne l’avait pas trouvé. Elle ne pouvait plus que se sentir dégradée, méprisée, et misérable. Mais là se trouvait quelqu’un qui était encore plus seul, dans le monde qu’Il avait fait ; avec un cœur disposé envers tous à bénir, mais l’étranger le plus solitaire à cause de l’égoïsme de l’homme.

Mais la grâce la cherchait. « Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne l’a pas connu » [Jean 1, 10]. Il cherchait celle qui était totalement ignorante de Lui ; Il la connaissait parfaitement, comme Il connaissait et connaît tous les hommes. Déterminé à lui donner Son « eau vive », Il demande à boire, comme quelqu’un fatigué du chemin ; car de fait, quoique véritablement Dieu, Il n’en était pas moins vraiment homme. Elle fut étonnée de ce qu’un Juif s’humilie ainsi lui-même. Ah ! si elle avait su qu’Il était le Seigneur de gloire ; mais cela lui était aussi inconnu qu’aux chefs de ce siècle, qui L’ont crucifié. Sans aucun doute, Il était assoiffé, mais Il cherchait une avenue vers son cœur, et ne voulait pas opérer un miracle pour Lui-même. Il voulait donner le meilleur don, et lui faire apprendre que tout ce qui est donné de bon et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières [Jacq. 1, 17].

N’êtes-vous pas aussi sourd et dans l’obscurité que la femme de Samarie ? Connaissez-vous vraiment « le don de Dieu » mieux qu’elle quand le Seigneur l’accosta ? Croyez-vous en Lui comme quelqu’un qui donne, et non comme un exacteur ? Il donne la vie éternelle en Christ à toute âme nécessiteuse qui entend la voix du Berger, comme c’était le cas de la Samaritaine. C’est donc sans argent et sans prix [És. 55, 1]. C’est totalement indépendant des défauts qu’Il trouve. Qui pouvait être plus dépravé que cette femme pécheresse ? Dans l’évangile, Dieu donne ce qu’Il a de meilleur. Qu’y a-t-il de plus béni que la vie éternelle ? Qu’y a-t-il de plus nécessaire pour jouir de Dieu et Lui plaire, pour Le servir et L’adorer, ici-bas et dans le ciel ?

Voilà le christianisme. Il peut y avoir, et il y a bien davantage ; mais le christianisme n’est rien moins que cela. Prenez garde à ne pas vous reposer sur quelque signe extérieur, que votre incrédulité exalte jusqu’à en faire une idole, à votre plus grand péril, peut-être à votre ruine complète. La vie éternelle est inséparable de la foi en Christ. « Celui qui croit a » [Jean 6, 47] cette vie, et personne d’autre. C’est pourquoi c’est par la foi, afin que ce soit selon la grâce, comme l’est toute bénédiction éternelle. Car Dieu n’abandonnera pas Son amour et Sa gloire comme Celui qui donne. Quand vous avez reçu la vie en Christ, Il aime à accepter vos petites offrandes et à honorer, en grâce, ce qui en manque. « Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations » [Luc 22, 28], disait le cher Seigneur à Ses faibles disciples. Pourquoi ? Pour tout autre œil, c’était Lui qui daignait poursuivre avec eux, les soutenir et les maintenir, dans tout Son amour charitable : sinon, eux aussi s’en seraient allés et n’auraient plus marché avec Lui.

Oui ! Jésus notre Seigneur a seul justifié et posé, dans une clarté attrayante, la grande vérité essentielle, si nouvelle pour l’humanité dans tous ses états et tous les âges, « le don de Dieu » — la vérité que toute âme a besoin de voir en face et d’apprendre pour elle-même — que Dieu est Celui qui donne, et qu’Il ne veut être rien d’autre pour l’homme pécheur. Notre orgueil n’aime pas cela : riche ou pauvre, grand ou petit, nous voulons mériter de Sa part, et ne voulons pas être des débiteurs de rien sinon de la grâce en Christ. « Si le prophète t’eût dit quelque grande chose, ne l’eusses-tu pas faite ? » [2 Rois 5, 13] est maintenant le sentiment du cœur, tout aussi réellement que celui de Naaman le Syrien. Puissiez-vous, si vous êtes encore misérable, abandonner : « Voici, je pensais », et, croyant en Christ, être capable de dire : « Voici, maintenant je sais ».