Adoration du Père

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Jean 4, 20-22)

Quand la conscience est réveillée, le besoin et le devoir d’adorer sont ressentis. Ainsi voyons-nous qu’il en fut autrefois de Naaman, une fois guéri de la lèpre par le prophète Élisée (2 Rois 5, 17). Pourtant, la difficulté est grande pour les âmes, car il n’y a rien en quoi les hommes diffèrent davantage, et elles invoquent trop souvent ce fait évident, pour s’excuser de ne pas s’en préoccuper du tout. Il n’en était pas ainsi de la Samaritaine, du moins maintenant. Celui qui lui avait dit la vérité et avait amené sa conscience devant Dieu, pouvait sûrement résoudre le dilemme. C’est pourquoi, immédiatement après L’avoir reconnu comme un prophète, elle Lui présente le cas. L’autorité divine doit clarifier ce qui était contesté avec tant d’acharnement. Et elle est d’autant plus hardie pour demander, après avoir fait l’expérience de la merveilleuse grâce persévérante.

« Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Jésus lui dit : Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, vous adorez, vous ne savez quoi ; nous, nous savons ce que nous adorons ; car le salut vient des Juifs » (v. 20-22).

Une antiquité vénérable a une forte emprise sur les sentiments humains, et particulièrement en matière religieuse. Même un Samaritain pouvait remonter loin et se glorifier d’une succession. « Nos pères… sur cette montagne ». C’était virtuellement une chose sérieuse que de condamner leur race et leurs ancêtres ! Il est encore plus sérieux de laisser Dieu en dehors de la question, à laquelle Il a le droit de répondre. Les Samaritains, après tout, n’avaient jamais été une grande nation. Pourtant, quelle grande nation a-t-elle jamais eu Dieu si proche d’elle, comme Israël avait son Éternel Dieu de l’alliance, chaque fois qu’ils faisaient appel à Lui ? Mais un peuple a-t-il jamais entendu la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme Israël l’entendit, et vécut ? Eux seuls était Sa nation élue, comme l’Éternel est Dieu dans les cieux en haut et sur la terre en bas : il n’y en a pas d’autre.

C’est pourquoi le Seigneur Jésus ne pouvait que plaider en faveur de Jérusalem contre « cette montagne » de Samarie. Les Samaritains adoraient ce qu’ils ne connaissaient pas. Les Juifs avaient l’habitude d’adorer ce qu’ils connaissaient ; et cela, sur un fondement ferme, parce que « le salut vient des Juifs ». À eux sont l’adoption, et la gloire, et les alliances, et le don de la loi, et le service, et les promesses ; à eux sont « les pères », dans le meilleur sens ; et d’eux, quant à la chair, est le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen [Rom. 9, 4-5]. Lui, comme la semence de la femme, comme Fils de David et Seigneur de David, Fils de Dieu (Ps. 2) et Emmanuel, a toujours été Celui à qui Israël regardait et sur qui la foi se reposait. Et c’est ce qu’Il revendique ici Lui-même.

« Le salut vient des Juifs » ; dans cette lignée seulement se trouve la semence promise en laquelle, morte et ressuscitée, toute la nation sera bénie. Car si la promesse est pour les Juifs, et de façon prééminente pour leur Messie, elle n’a jamais été pour eux seuls, mais afin que la grâce de Dieu puisse bénir la foi partout où elle opère, et ainsi en particulier là où le besoin était le plus grand et où l’homme pouvait le moins s’enorgueillir.

Ainsi le Seigneur a maintenant affaire avec la femme, la guidant pour se glorifier uniquement dans le Père, le seul vrai Dieu, bien loin de la vaine confiance de l’homme ; et assurément, Samarie n’avait rien de mieux que d’autres. La vérité ne vient pas par la succession. La descendance naturelle n’est pas une garantie, pas plus que des sacrificateurs humains ou des lieux sacrés, encore moins des scribes et des docteurs de la loi. Jérusalem s’était montrée aussi éloignée du Père que Garizim ; car Son Fils fut « rejeté par les hommes », et par aucun d’eux plus implacablement que par les Juifs. Cela fournit l’occasion de la plus riche manifestation de la grâce dans l’évangile ; et le Sauveur l’annonce plus pleinement que jamais auparavant, non pas à Nicodème qui entendit beaucoup, mais à la femme de Samarie qui entendit bien plus. « Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem ».

Cette heure est maintenant venue. Quand le Seigneur crucifié mourut, le voile du temple fut déchiré du haut en bas [Matt. 27, 51]. Cet acte solennel de la part de Dieu ratifiait la déclaration du Sauveur. Le lieu de l’adoration était déplacé de la terre au ciel. Le peuple terrestre refusait, même jusqu’à la mort de la croix, le Seigneur de toute la terre. Mais Il n’en est pas moins le Seigneur du ciel ; et en haut, Dieu a grandement exalté Celui qui fut rejeté, non par l’homme seulement, mais avant tout par Son propre peuple, qui démontrait ainsi jusqu’au bout sa méchanceté et sa ruine. C’était justement le moment pour Dieu de montrer Sa propre bonté ; car par cette mort même de Christ, la propitiation fut faite pour les péchés. Là-dessus, le Saint Esprit fut envoyé ici-bas pour proclamer les bonnes nouvelles de Dieu aux pécheurs coupables ; afin que le plus vil puisse être pardonné par la foi en Christ et en Son sang, et même devenir de la sorte enfant de Dieu, libre et appelé à adorer le Père. Même les nouveaux-nés ou les petits enfants de la famille de Dieu connaissent le Père (1 Jean 2, 13), et sont capables de L’adorer, non plus maintenant comme l’Éternel, mais comme le Père.

Aucune autre adoration n’est acceptable, désormais. Car Dieu est ainsi pleinement révélé : le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui L’a fait connaître [Jean 1, 18]. La mesure partielle du judaïsme avait disparu, tout comme la prétention des Samaritains ou de tout autre. La grâce et la vérité vinrent par Jésus [Jean 1, 17] ; et le témoignage du Saint Esprit Lui est rendu, comme seul chemin vers le Père.

Mes frères pécheurs, renoncez à vous-mêmes, renoncez à l’homme ; car tous ont péché, tous sont perdus, et sont vus tels quand la vraie lumière resplendit, comme c’est le cas maintenant, aussi véritablement que dans le jour du jugement. Ceci, quelque vrai que ce soit, serait une nouvelle des plus tristes, si c’était tout. Mais le Fils de Dieu est venu et nous a donné une intelligence, afin que nous connaissions le Véritable, et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ : lui est le Dieu véritable et la vie éternelle [1 Jean 5, 20]. Si nous croyons en Lui, nos péchés nous sont pardonnés par Son nom [1 Jean 2, 12]. Car c’est Lui qui est venu par l’eau et par le sang [1 Jean 5, 6]. Et c’est l’Esprit qui rend témoignage, car l’Esprit est la vérité [1 Jean 5, 6]. Le Fils de Dieu est le Fils de l’homme qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu [Luc 19, 10].

Ne dites pas que vous êtes trop mauvais pour que Jésus vous reçoive et vous bénisse, et vous amène à Dieu. Vous êtes en effet trop mauvais pour quiconque hormis Jésus, qui nous a assuré que « je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi » [Jean 6, 37]. Ne craignez donc pas de rejeter votre âme sur Sa grâce, tel que vous êtes. Prenez garde à Satan et à ses ministres qui voudraient vous persuader de vous rendre plus digne avant de croire en Son nom : il n’y a pas de plus sûr moyen de Le repousser et de perdre votre âme pour toujours. Sans aucun doute, vos péchés, en dehors de Jésus, méritent la perdition ; mais Christ et Sa mort ont infiniment glorifié Dieu quant au péché, de sorte que la porte du salut est ouverte pour vous ou pour quiconque croit en Lui. Alors, et pas avant ce moment, vous adorerez le Père. Il n’y a rien de plus élevé au ciel ; et pourtant vous, sur la terre, commencez cette adoration, qui est du ciel et qui ne prendra jamais fin.