Christ est mort pour des impies

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Rom. 5, 6)

Quand l’amour de Dieu versé dans le cœur est mis en question, les hommes regardent habituellement en eux-mêmes pour y trouver une réponse. Mais ils ne peuvent en trouver de satisfaisante en eux ; et c’est une bonne chose qu’ils ne le puissent pas, car le Saint Esprit n’aidera jamais une âme à trouver le repos en elle-même ou dans ses affections. Il n’y a pas de véritable repos pour la conscience ou pour le cœur, dans son propre état intérieur. Appeler cela faire confiance au Saint Esprit, ne Le trompera pas, ni même une âme droite. Car pour rester debout malgré toutes les pressions et les épreuves, le repos doit se trouver sur la base de la perfection ; et la seule œuvre qui rend parfait le pécheur au regard de Dieu, est le sacrifice de Christ. En conséquent, le Saint Esprit rend témoignage à Christ et à Son œuvre sur la croix (Héb. 10), comme étant la seule réponse satisfaisante au sentiment de besoin qu’Il a éveillé dans l’âme, quoi qu’il en soit du témoignage qu’Il pourra ensuite rendre avec notre esprit en tant que croyants (Rom. 8, 16).

C’est pourquoi l’apôtre se tourne immédiatement, dans notre verset, vers la preuve de l’amour de Dieu en notre faveur, entièrement en dehors de nous, dans la mort de Christ. « Car Christ, alors que nous étions encore sans force, au temps convenable, est mort pour des impies ». Voilà en effet un lieu de repos en justice pour quelqu’un de vraiment coupable, chargé, et exercé devant Dieu. Son amour l’a fourni. Le pécheur n’y a contribué en rien, sinon par ses péchés. La bonté divine s’est élevé au-dessus de tout mal de l’homme et de toute malice de Satan. Un, et un seul, fut capable de cette entreprise infinie ; quelqu’un qui, depuis le commencement, quand il n’y avait encore aucune créature, était avec Dieu, et était Dieu ; quelqu’un qui, au temps convenable, est venu de Dieu, et a été envoyé, dans Son amour, comme propitiation pour nos péchés. L’amour dans le Père, l’amour dans le Fils — l’amour divin — a entrepris une œuvre hors de portée de toute pensée de l’homme ou des anges, jusqu’à ce que Dieu la révèle. Et Christ fut justement Celui qui l’a concrétisée, à la gloire de Dieu (sans quoi rien n’aurait été juste), pour la justification efficace des plus souillés qui s’inclinent devant Dieu et croient en Jésus.

Car Il était le Fils unique de Dieu qui est dans le sein du Père, toujours Ses délices, expressément tel quand Il daigna devenir un homme sur la terre, pour l’accomplissement de ce propos des plus dignes et plein de grâce, et pour les gloires qui devaient suivre Ses souffrances. Car comme Il pouvait rencontrer le Père sur un même pied, ainsi Il est descendu vers l’homme dans la plus profonde réalité, Fils de l’homme comme le premier Adam ne l’était pas : né de femme, né sous la loi [Gal. 4, 4], fait péché sur la croix, pour que la justification de Dieu puisse être aussi absolue que la justice de Dieu qui justifie le croyant et coule à la rencontre de chaque pécheur.

Tel est le Sauveur que Dieu a envoyé ; telle est la preuve permanente de Son amour quand l’âme est durement éprouvée et a besoin d’un objet clair, sûr et irréfutable. Ce n’est pas une promesse, mais un fait accompli, et un fait d’une valeur incommensurable et éternelle, avec lequel rien ne peut être comparé, ni dans le passé ni dans l’avenir, sur la terre ou dans le ciel.

Et c’était « au temps convenable ». Dieu a éprouvé l’homme innocent ; et un court intervalle de temps a suffi — l’homme est tombé. Dieu a supporté l’homme comme un paria, l’abandonnant à lui-même quoique pas sans une révélation bénie et bienheureuse ; et l’homme est devenu si corrompu et si violent, qu’Il envoya un déluge pour tout ôter, sauf quelques-uns dans l’arche, qui commencèrent le monde tel qu’il est maintenant. Et puis Il donna les promesses à Abraham et à sa semence ; après cela, Il donna Sa loi à Israël, qui L’abandonna pour de faux dieux « jusqu’à ce qu’il n’y eut plus de remède » [2 Chron. 36, 16]. « Ayant donc encore un unique (comme le dit la parabole) fils bien-aimé, il le leur envoya, lui aussi, le dernier, disant : Ils auront du respect pour mon fils » [Marc 12, 6]. Celui-ci, ils Le crucifièrent et le mirent à mort. C’est là la mesure du péché du monde : non pas seulement la transgression, ou l’idolâtrie, mais l’ignominieux rejet du Fils de Dieu.

Pourtant, ce suprême péché de l’homme a rencontré l’amour de Dieu, qui s’est élevé au-dessus de toute son inimitié, faisant de Christ sur la croix une propitiation pour les péchés ; comme Il a envoyé le Saint Esprit pour proclamer l’évangile, la bonne nouvelle de Sa grâce, à toute la création. Cet amour n’est-il pas digne de Dieu et de Son Fils ? N’est-ce pas cet amour qui seul peut, qui seul doit, rassurer votre esprit troublé ? N’était-ce pas exactement au temps convenable que Christ mourut pour des impies ? Si vous savez que vous êtes tel, faites-en votre plaidoyer — que Christ mourut pour des impies. Soyez assuré que Dieu, qui honore Sa parole au-dessus de tout Son nom, l’acceptera, et vous aussi, dans le nom de Jésus.

Plaidez-vous votre impuissance ? Dieu l’a aussi anticipée dans Sa grâce, comme vous pouvez le voir par vous-même dans ce verset même. « Alors que nous étions encore sans force, Christ est mort pour des impies ». Si vous faisiez des efforts, en premier lieu, pour vous réformer et Lui plaire, le Saint Esprit ne vous aiderait en aucune manière, sauf pour vous convaincre de votre totale faiblesse et de votre état de péché. Dans une telle condition, Il traite de tels efforts comme de la propre justice, et ce que Satan substitue à la véritable repentance et à la foi au Seigneur Jésus Christ. Regardez seulement à Lui, tel que vous êtes, et comme vous êtes à la fois faible et impie, Il peut et veut sauver tous ceux qui invoquent Son nom.

C’est nier la grâce et la vérité que d’alléguer que vous ne vous confiez pas en vous-même mais dans le Saint Esprit opérant en vous ce qui est bon et agréable pour Dieu. Jusqu’à ce que vous vous soyez abandonné vous-même comme impie et sans force, jusqu’à ce que vous ayez renoncé à chercher, à votre insu, à établir votre propre justice, et vous soyez soumis à la justice de Dieu, la véritable œuvre du Saint Esprit est de vous accabler d’un tel sentiment de vos péchés, que vous soyez contraint de ne regarder qu’à Christ et à Sa rédemption. Si vous ne connaissez pas cela, vous luttez pour être un saint afin de gagner, pour ne pas dire mériter, la rémission des péchés ; et le sang de Jésus viendrait ainsi comme la récompense et le couronnement de vos efforts. Mais le Saint Esprit ne se prête jamais à une telle dissimulation de votre véritable condition ; Il met à nu devant votre âme que vous êtes sans puissance et impie, mais aussi que Christ est mort pour ceux qui sont tels. Cela seul maintient à la fois la grâce de Dieu et le péché de l’homme. Pour des âmes dans votre condition, Il est un témoin du sang de Christ répandu, par lequel il y a rémission quand il est reçu par la foi, et sans lequel il n’y en a aucune. La sainteté pratique suit, et ne précède pas, la foi dans la parole de vérité, l’évangile de notre salut. Quand nous nous reposons sur Christ et sur Sa mort, le Saint Esprit opère comme un Esprit de puissance et d’amour et de conseil [2 Tim. 1, 7] ; oui, Il apporte Son aide à notre faiblesse, mais jamais jusqu’à ce que nous ayons renoncé à nous-mêmes et que nous nous reposions là où Dieu se repose pour nous, dans la rédemption qui est dans le Christ Jésus.