Justifiés par Son sang

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Rom. 5, 9)

Le fait qu’il n’y a aucun juste, non pas même un seul, l’apôtre l’a prouvé par les Psaumes (Rom. 3, 20). Ceux qui sont sous la loi sont, tout comme ceux qui sont sans loi, tous sous le péché. Il n’y a pas de différence en cela : tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu. Telle est la condition de l’humanité, déclarée avec autorité. Étant alors coupables, aucun d’eux ne peut entrer au ciel, ni échapper à l’enfer.

C’est pourquoi Dieu, après avoir révélé au commencement la venue de Celui qui détruirait l’ennemi, a finalement envoyé Son Fils, qui L’a tellement glorifié dans Son obéissance jusqu’à la mort pour le péché, que Dieu peut en justice envoyer la bonne nouvelle de la rémission des péchés et de la vie en Son nom, à toute âme qui s’incline par la foi. Ainsi, Il justifie librement et gratuitement, en ce qui concerne l’homme, par Sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus.

La grâce de Dieu est le motif ou la cause directe de la justification de l’injuste ; et c’est ce que veulent dire de tels passages qui parlent de justifier quiconque par la grâce de Dieu (Rom. 3, 24 ; Tite 3, 7). Elle trouve son origine dans Sa faveur pure, spontanée et imméritée. Nous n’étions pas seulement injustes, mais impies, même si nous étions moral ou religieux d’une certaine façon, « nous étions encore pécheurs ». Mais Dieu a constaté Son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. C’était là le seul sacrifice efficace pour ceux qui étaient souillés ; c’est là la plus précieuse rançon pour Dieu.

Cela pose la base pour une nouvelle sorte de justice — pour la justice de Dieu en justifiant celui qui, n’ayant aucune justice devant Dieu, croit en Jésus à l’appel de Dieu. Il était juste, selon Dieu, de ressusciter Jésus d’entre les morts, Lui que les hommes injustes avaient crucifié ; il était juste de Le mettre à Sa droite dans le ciel (Jean 16, 10). Mais, plus que cela, c’est Sa justice de justifier l’impie, non pas qui travaille à cela, mais qui croit en Lui comme le Dieu de grâce, en Christ (Rom. 4). Car à celui qui travaille en vue d’elle, la récompense n’est pas comptée comme justice. À cause de cela, c’est par la foi, afin que ce soit selon la grâce ; et cela, tout autant pour que la gloire en revienne à Dieu, et que la bénédiction soit assurée à l’âme qui croit. Car, comme le Seigneur nous l’enseigne Lui-même dans les paraboles, c’est la joie de Dieu de sauver celui qui est perdu (Luc 15). Par Sa grâce, le croyant est justifié.

De là vient qu’il nous est aussi dit que nous sommes justifiés par (ou sur le principe de) la foi (Rom. 5, 1). Le Juif, et de fait l’homme naturel, est enclin à penser que la justification doit provenir des œuvres. Mais de façon claire, si une âme pouvait être justifiée par des œuvres, Christ serait mort en vain ; et la grâce de Dieu serait rendue inutile. C’est pourquoi l’évangile nous est prêché expressément comme à des perdus et des impuissants ; et Jésus notre Seigneur fut livré pour nos fautes et fut ressuscité pour notre justification [Rom. 4, 25]. « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ». Il n’y a pas d’autre principe ou d’autre chemin pour le pécheur. Et pécheurs, c’est ce que nous avons tous été, ennemis quant à notre entendement dans les mauvaises œuvres [Col. 1, 21], totalement impropres pour la présence de Dieu. C’est pourquoi Christ a souffert pour les péchés, le Juste pour les injustes, afin qu’Il nous amenât à Dieu [1 Pier. 3, 18] ; lequel peut nous rencontrer, tel que nous sommes, sur le terrain de cette mort expiatoire, et nous justifier par la foi en Jésus. Par Lui, comme l’apôtre à Antioche de Pisidie, il est prêché aux âmes qui n’avaient jamais auparavant entendu de telles bonnes nouvelles — par Lui « quiconque croit est justifié de toutes choses, dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse » (Act. 13, 39).

Mais il y a un lien de plus dans notre passage. Il est dit que nous sommes « justifiés par son sang ». Ici, l’apôtre veut exprimer la puissance ou la vertu de ce qui a justifié le croyant ; et il déclare de façon sans équivoque que c’est le sang de Christ. Il n’y a pas moyen de se tromper. Là où l’apôtre parle de la base efficace pour cet immense changement de relation, qui est appelé « la justification », il dit que c’est par ou dans Son sang. C’est seulement ainsi que Dieu considère le croyant comme juste. « Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » [1 Jean 1, 7]. C’est ainsi, non avec le sang de boucs et de veaux, qu’Il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, ayant obtenu une rédemption éternelle [Héb. 9, 12]. C’est une œuvre faite et acceptée par Dieu, en dehors du croyant, quoique pour lui et entièrement en regard de ses péchés, que Jésus a portés en Son propre corps sur le bois — portés au loin dans une terre inhabitée [Lév. 16, 22], pour qu’ils ne soient plus jamais. Le croyant, une fois purifié, n’a plus aucune conscience de péché. Une fois réveillé par la voix vivifiante de Christ dans la Parole, ses péchés pesaient lourdement sur sa conscience, et il s’est jugé lui-même devant Dieu, dans la repentance. Mais maintenant, par la foi, il se repose sur le précieux sang de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache [1 Pier. 1, 19] ; il se repose sur l’estimation que fait Dieu de ce sang, comme le proclame l’évangile ; il croit que Dieu a trouvé une rançon ; et il n’a lui-même, comme le dit l’Écriture, plus aucune conscience de péché.

Mon lecteur, ne vous détournez pas, parce que vous pensez que de telles nouvelles sont trop bonnes pour être vraies. Trop bonnes pour provenir de l’homme, assurément ; mais que peut-il y avoir de trop bon pour le Dieu qui a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique [Jean 3, 16] ? — qui L’a donné, afin que quiconque croit ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. Dieu sent, parle, agit, d’une façon digne de Lui, en justifiant l’impie. Sa grâce a invoqué l’œuvre merveilleuse en faveur des pécheurs ; la foi est la main vide, qui reçoit la faveur ; et le sang de Jésus est le puissant sacrifice par lequel vos péchés sont ôtés et vous-même êtes approché du Dieu vivant comme de votre Père. N’oubliez pas que ceux qui méprisent cela périront.