L’amour de Dieu

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Rom. 5, 5)

« L’amour de Dieu » ; merveilleuse vérité ! Quand on connaît, en quelque véritable mesure, ce qu’Il est, et ce que nous sommes, combien cela est encore plus merveilleux ! Ici, cela ne signifie assurément pas notre amour pour Lui, mais le sien pour nous. N’a-t-Il pas justifié gratuitement par Sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus [Rom. 3, 24] ? N’était-ce pas par la foi, sans œuvre de loi, et ainsi ouvert aux Gentils aussi bien qu’aux Juifs ?

Il est remarquable que ce soit ici la première mention, dans cette épître, de l’amour de Dieu, et de l’Esprit donné au croyant, la puissance pour jouir de cet amour. Assurément, ce n’est pas la manière de faire des hommes, mais c’est tout à fait comme il convient. Dans les premiers chapitres, l’apôtre insiste sur la culpabilité et la ruine de l’homme, à cause de sa méchanceté manifestée. Ce n’est plus maintenant la question ; l’Écriture l’a décidée. Tout Juif était prêt à admettre que la condition des Gentils, les philosophes comme les autres, était désespérée ; mais, réplique l’apôtre, qu’en est-il de votre propre état ? Si toi qui portes le nom de Juif, et qui te reposes entièrement sur la loi, et qui te glorifies en Dieu [Rom. 2, 17], de fait transgresse pourtant la loi de telle ou telle manière, le nom de Dieu est blasphémé à cause de cela même parmi les nations. De là vient que, comme la loi condamnait, ainsi les Psaumes et les prophètes rendaient ouvertement témoignage contre Israël. Car quand la loi dit qu’il n’y a pas même un seul juste, elle parle de ceux qui sont sous la loi ; c’est donc bien et expressément adressé au Juif ; afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit sous le jugement de Dieu.

Mais la croix de Christ, la preuve complète et flagrante de la méchanceté inexcusable du monde dans l’incrédulité, des Juifs encore plus coupables que les Gentils, a posé la base d’une nouvelle sorte de justice, par le conseil défini et la préconnaissance de Dieu [Act. 2, 23]. C’est la justice de Dieu, en contraste avec celle de l’homme qu’exigeait la loi, mais qu’elle ne pouvait jamais obtenir d’un homme en chute. Christ est venu, Jésus Christ le juste. « Quand vous aurez élevé le fils de l’homme », disait-Il Lui-même aux Juifs, « alors vous connaîtrez que c’est moi, et que je ne fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses. Et celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent… Qui d’entre vous me convainc de péché ? » [Jean 8, 28, 29, 46]. Mais voudrait-Il être fait péché pour nous ? Dieu Le rendrait-Il, Lui qui n’a pas connu le péché, responsable du péché, pour en porter les conséquences aussi véritablement que s’Il était coupable ? C’est ce qui a été fait, non de la part de l’homme, mais de la part de Dieu pour l’homme, en donnant Son Fils pour mourir comme propitiation pour nos péchés. Et c’est ici l’amour, non en ce que nous L’avons aimé, ce que nous aurions dû avoir fait mais que nous n’avions pas fait, mais en ce que Lui nous a aimés, et Il l’a prouvé dans la mort de Son Fils, sacrifice pour les pécheurs, un sacrifice ouvert à tous, disponible pour tous, efficace une fois et pour toujours pour ceux qui croient. Dieu est juste en justifiant celui qui est de la foi de Jésus [Rom. 3, 26].

Sans aucun doute, Dieu est amour, comme Il est lumière ; et cela est manifesté par Ses actes envers l’homme, à l’origine et quand il est tombé, aussi bien que dans Ses voies envers le peuple élu, quoiqu’ils soient sous Son gouvernement moral qui ne pouvait en aucun cas purifier le coupable, visitant l’iniquité des pères sur les fils, et sur les fils des fils, sur la troisième et sur la quatrième génération [Ex. 34, 7]. Pourtant, Il demeurait un Dieu plein de compassion et de grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité ; gardant la bonté envers des milliers de générations, pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché. Il ne s’était pas non plus laissé sans témoignage devant les nations en ce qu’Il faisait du bien, donnant des cieux les pluies et les saisons fertiles, remplissant leurs cœurs de nourriture et de joie [Act. 14, 17] ; et Il n’est pas non plus servi par des mains d’homme, comme s’Il avait besoin de quelque chose [Act. 17, 25], comme l’apôtre le prêchait aux Athéniens, Le voyant donner à tous la vie et la respiration et toutes choses ; ou, comme notre Sauveur l’enseignait, faisant se lever Son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoyant Sa pluie sur les justes et sur les injustes [Matt. 5, 45].

Mais combien infiniment plus encore Dieu est connu dans Son Fils ! Là et alors seulement, Il s’est révélé Lui-même tel qu’Il est, bien au-delà de Ses actes de gouvernement avec un peuple dans la chair contrôlé par Sa loi qui, ouvertement, n’amenait rien à la perfection [Héb. 7, 19]. Pourtant, Sa pleine révélation en Christ a mis en évidence le mal complet de l’homme, indéniable sauf pour ceux qui sont aveugles ; et le rejet même de Christ, qui a mis fin à la mise à l’épreuve propre de l’homme par la preuve de sa culpabilité inexcusable (Jean 15, 22-25), dans la croix, est devenu de la part de Dieu la base et la manifestation de la grâce souveraine, qui sauve les plus rebelles, ceux qui sont le plus dans les ténèbres, et les plus vils, par la foi en Son Fils. Assurément, c’est la justice de Dieu, non celle de l’homme ; car elle est apparue dans toute sa plénitude seulement quand l’homme le plus favorisé s’est montré de façon indiscutable l’ennemi de Dieu, non seulement en manquant à son devoir entièrement et de toutes manières, mais en Le haïssant quand Il était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes [2 Cor. 5, 19]. Hélas ! pour l’homme orgueilleux et qui se suffit à lui-même, la grâce repousse encore plus que la loi, parce qu’elle ne tient aucun compte de sa propre justice (oui, elle la nie même), mais tout de celle de Dieu. Et Christ est tout, qui nous a été fait de la part de Dieu sagesse, et justice, et sainteté, et rédemption [1 Cor. 1, 30]. De la sorte, aucune chair ne peut se glorifier en Sa présence ; mais celui qui se glorifie, comme il est écrit, qu’il se glorifie dans le Seigneur. N’était-ce pas d’un grand amour que Dieu nous a aimés ?

Ici, c’est l’amour de Dieu, non seulement démontré aux pécheurs comme tels, dans le don et la mort de Christ, mais apprécié entièrement, et destiné à être apprécié entièrement, par le croyant. C’est pourquoi il est donné comme le motif qui explique, de façon générale, pourquoi nous nous glorifions dans les tribulations, et en particulier pourquoi l’espérance même de la gloire de Dieu ne nous rend point honteux en même temps. Assurément, elle le ferait, si nous mesurions son éclat par un degré quelconque de notre amour, pendant notre voyage. Mais l’amour de Dieu ! Ah, cela diffère complètement. Il est aussi parfait et invariable, qu’il est immérité de notre côté, étant simplement et seulement selon Son bon plaisir dans le Christ, notre Seigneur. C’est pourquoi il est dit qu’il a été, et qu’il est, constamment versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Si le don était un acte ponctuel et complet, le résultat en est permanent. Le Saint Esprit, le témoin divin de Christ et de Sa rédemption, la puissance pour jouir de l’amour de Dieu, devait être (comme notre Seigneur le certifie à Ses disciples) en eux et demeurer avec eux pour toujours.

De plus, il est dit que cet amour doit être répandu, ou versé, dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Nos affections sont imprégnées de Son amour, qui est assuré en puissance par la présence de Son Esprit en nous. Et Il est ainsi montré comme donné, à ceux qui se reposent par la foi sur le Seigneur Jésus, ayant la rémission de leurs péchés par la foi en Son sang. Mais la grande révélation de Son action dans les individus se trouve seulement ajoutée en Romains 8, après que l’expérience du péché qui habite en nous et de la loi, aussi bien que de notre position en Christ, ont été clairement manifestés.

Maintenant, avez-vous, cher lecteur, l’amour de Dieu répandu dans votre cœur ? Croyez-vous au Seigneur Jésus Christ ? Recevez-vous le témoignage de Dieu rendu à Son Fils ? Christ déclare que celui qui le fait a la vie éternelle (Jean 5) ; comme l’apôtre prêchait que tout croyant est justifié de toutes choses (Act. 13). Vous êtes aussi invités à croire cela pour votre propre âme. Quand vous vous inclinez simplement par la foi, l’amour de Dieu remplit votre cœur, non pas avant ni autrement. L’amour de Celui qui a donné Son Fils unique, tout autant que celui de Lui-même qui s’est livré pour nous, font que nous débordons intérieurement ; et ce n’est pas étonnant, car c’est par l’Esprit Saint qui nous est donné, qu’il jaillit en vie éternelle pour l’adoration, et se répand en témoignage aux âmes desséchées et qui périssent sur le chemin.

Jusqu’à ce qu’on se repose ainsi en Lui qui pour nous est mort et est ressuscité, et dans l’amour de Dieu qui L’a envoyé, il peut y avoir des désirs spirituels, il peut y avoir une conscience réveillée et de la piété envers Dieu, il peut y avoir de la sincérité quant à l’homme aveugle et mort dans ses péchés. Mais l’évangile est la réponse de Dieu en Christ à ces désirs de pieuse anxiété ; il donne la purification à la conscience, la satisfaction au cœur, avec le repos dans la gloire de Dieu comme perspective assurée ; de sorte que nous pouvons hardiment dire que la grâce, que Dieu Lui-même, ne pouvaient rien accorder de plus. En conséquence, Son amour est répandu dans nos cœurs ; et ce ne peut être que par le Saint Esprit qui nous est donné ; non pas simplement par la nouvelle naissance, mais aussi par le don de l’Esprit, quand et à cause duquel nous sommes enfants de Dieu. Car l’Esprit donné ainsi est le sceau de la rédemption, la puissance de la liberté, le témoin de l’adoption, et les arrhes de l’héritage ; et Il n’avait jamais été donné ainsi aux croyants, avant que l’œuvre de l’expiation ait été faite. Comparez 2 Corinthiens 3, 17 ; Galates 4, 6 ; Éphésiens 1, 13-14.