La femme donc laissa sa cruche

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Jean 4, 28)

De bienheureux effets suivent la foi, quand elle est, comme ici, l’œuvre de l’Esprit de Dieu. « Celui qui croit a la vie éternelle » [Jean 6, 47] ; et la vie de Dieu ne manque pas de se montrer d’une manière qui Lui est agréable, si elle ne l’est pas aux hommes. Une foi de simple tradition, ou fondée sur des preuves, n’a pas de puissance. La conscience n’étant pas touchée, elle n’est en aucun cas devant Dieu, ni on ne se confie pas à Lui pour la vie éternelle.

De petits actes comme de grandes affaires révèlent l’œuvre de Dieu dans un croyant. Le Saint Esprit relève les deux, dans la femme samaritaine. Au début de l’entretien, sa préoccupation pour les choses présentes était évidente. Quand le Seigneur prit la figure de l’eau vive en contraste avec celle qu’elle avait devant elle, nous voyons son insensibilité complète. Elle était incapable de s’élever au-dessus des besoins et des désirs terrestres. Ce n’est que quand sa conscience fut atteinte, que Dieu et Sa parole s’occupèrent de son âme, quelque surprise et attirée par la grâce de Christ qu’elle ait pu être. Même quand sa vie fut soudainement mise à nu par le merveilleux étranger, de manière à la convaincre que tout Lui était divinement connu, elle n’eut aucun désir de s’enfuir dans les ténèbres dans lesquels elle avait vécu jusqu’à présent ; elle désire la lumière dans ce qui touche de plus près au bon état de l’âme avec Dieu. Elle est sûre qu’Il pouvait et voulait la guider justement quant à l’adoration de Dieu, là où les hommes diffèrent le plus profondément. Elle avait à apprendre une nouvelle adoration remplaçant Jérusalem tout autant que sa vaine montagne traditionnelle — l’adoration du Père. Cela, Lui, le Fils, était seul compétent pour l’annoncer ; comme aussi le Saint Esprit est la puissance nécessaire pour rendre capable l’adorateur, même le vrai adorateur, à la rendre d’une manière qui convienne à la nature de Dieu aussi bien qu’à Sa relation comme Père. Mais le travail dans son âme n’était pas complet jusqu’à ce qu’Il soit révélé dans son esprit comme le Messie qui doit venir, Celui qui nous déclare toutes choses. C’était ce qu’elle attendait et confessait, mais combien la réalité et la plénitude étaient bien davantage !

Arrivé à ce point, le plus solennel et le plus béni pour toute âme qui le connaît, quand Dieu se révèle Lui-même en Christ au pécheur nécessiteux et coupable, mais désormais repentant, Ses disciples vinrent, s’étonnant de ce qu’Il parlait avec une femme. Car eux aussi partageaient l’orgueil juif, qui méprisait ce sexe. Combien plus grand encore aurait été leur étonnement, s’ils avaient su ce qu’elle était, et quelles étaient Ses communications de grâce infinie ! « La femme donc laissa sa cruche et s’en alla à la ville, et dit aux hommes : Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il point le Christ ? ».

C’était le simple effet de la vérité divine agissant sur son cœur, maintenant que sa conscience était devant Dieu. Il y a une saison pour tout, et un temps pour chaque propos, ou sujet, sous le ciel, un temps de chercher, et un temps de perdre [Eccl. 3, 6]. Elle sentait ainsi tout à fait justement toute l’importance de ce moment, non pas seulement pour elle-même, mais pour les autres. Sa tâche ordinaire pouvait bien attendre. Il n’était plus question maintenant pour elle d’éviter la rencontre des femmes à la fontaine, car elle y avait été clairement seule. Qu’étaient maintenant les langues critiques ? Elle avait entendu la voix du Berger. Ne l’avait-Il pas appelée, connaissant tout ce qu’elle était et tout ce qu’elle avait fait ? Elle laissa donc sa cruche. Le connaître Lui, voilà la grande affaire. Un autre moment convenait tout aussi bien, pour la cruche. Mais ici se trouvait le Messie, le Christ ; et s’Il daignait, dans Son amour charitable, se faire connaître à elle, condamnée comme elle l’était, assurément, aucun pécheur ne devait désespérer. Sans un commandement, mais comme le fruit de Sa grâce, elle laisse de côté ce qui était terrestre et périssable, et cherche à répandre la bonne nouvelle qui remplissait son âme et la faisait s’oublier elle-même et toute considération, sinon de Christ et de Sa bonté pour ceux qui étaient tels qu’elle auparavant. « Voici, c’est maintenant le temps agréable ; voici, c’est maintenant le jour du salut » [2 Cor. 6, 2] exprimait justement ses sentiments de nouveau-né, l’activité de cette vie qu’elle avait en Christ.

Et il en est ainsi des âmes qui sont nées de Dieu, qui apprennent de Christ que le Père en cherche de tels qui L’adorent. Elle ignorait encore la doctrine, mais par grâce, elle avait reçu Christ, le Messie méprisé, et d’autant plus méprisé qu’Il était et est infiniment plus que cela, le Fils de Dieu, le Fils unique, plein de grâce et de vérité. Elle connaissait peu de « Lui » ; mais elle croyait en Lui comme Celui qui avait été promis, le destructeur de Satan, le Rédempteur, non seulement pour relever les tribus de Jacob et restaurer les préservés d’Israël, mais Celui qui est donné pour être une lumière aux Gentils, afin qu’Il soit le salut de Dieu jusqu’aux bouts de la terre [Act. 13, 47].

La femme samaritaine avait déjà montré que Sa connaissance divine de ses péchés n’entravait en rien le flot de grâce divine envers son âme. La grâce avait utilisé la vérité pour la chercher et la mettre à sa vraie place, afin qu’elle soit pleinement bénie de Dieu et capable de s’approcher en adoration, comme un vrai adorateur. Il n’y a rien de si humiliant que la grâce et la vérité qui vinrent par Jésus Christ. Quand le fils prodigue revint à lui-même, il pensa en lui-même dire : « Traite-moi comme l’un de tes mercenaires » [Luc 15, 19]. S’il s’était convenablement jugé lui-même, il n’aurait même pas pu demander cela ; il aurait dû sentir son indignité (en ce qui le concernait) à quelque position que ce soit. Mais quand son père courut et se jeta à son cou et l’embrassa dans ses haillons, il reconnut son péché et son indignité ; mais pas un mot d’être fait mercenaire. Il ne s’agissait pas — il l’apprenait alors — de lui-même, mais de l’amour du père. Ainsi en est-il avec notre Dieu et Père. Il agit dans Son propre amour et pour Sa propre gloire. Et Christ seul a rendu cela possible en justice, par Sa propitiation ; comme Lui seul est le chemin, la vérité et la vie [Jean 14, 6], Le révélant comme Père et Dieu, afin que nous connaissions le vrai Dieu que nous adorons.

La femme, dans l’énergie de la foi, non seulement laisse sa cruche pour un moment plus convenable, mais dans sa manière de faire, montre l’effet de la vérité que le Père cherche de vrais adorateurs, car elle savait aussi que la grâce peut rendre tels de pauvres pécheurs, et que c’est ce qu’elle fait. Il en était ainsi avec elle-même. Maintenant, la puissance positive de la vérité se dévoile. Elle en cherche d’autres, quiconque, dans la foi de Sa grâce. « Elle dit aux hommes (c’est-à-dire, ceux de la ville) : Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il point le Christ ? ». Et elle avait raison, guidée par la vérité, là où le savoir et le génie de l’homme ont complètement manqué et ont démontré que ceux qui les possédaient n’étaient que des guides aveugles, qui ne faisaient que conduire et faire tomber dans la fosse. Elle avait raison et témoignait de — et dans — la grâce qui l’avait bénie. Car Christ est un homme, quoique réellement Dieu, le seul homme qui ait ainsi jamais tout dit au pécheur, le seul qui ait porté ses péchés sur le bois, afin que nous, étant morts au péché, vivions à la justice [1 Pier. 2, 24]. C’est une foi suspecte, celle qui ne subordonne pas les revendications terrestres à Christ, et qui ne brûle pas de Le faire connaître à ceux qui sont perdus.