Le Sauveur du monde

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Jean 4, 41-42)

Les Samaritains supplièrent le Fils de Dieu de demeurer avec eux, et Il demeura là deux jours (v. 40). Quelle confiance de leur part ! Quelle grâce de la sienne ! D’autres plus favorisés, qui les méprisaient, Le prièrent d’un commun accord de s’en aller de chez eux (Luc 8, 37). De qui d’autre est-il rapporté qu’ils aient jamais préféré une telle demande pour Sa présence ? Mais ceux qui demandèrent reçurent une bénédiction, à la fois immédiate et éternelle, comme c’est toujours le cas de la foi en Lui. « Et beaucoup plus de gens crurent à cause de sa parole ; et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ton dire que nous croyons ; car nous-mêmes nous l’avons entendu, et nous connaissons que celui-ci est véritablement le Sauveur du monde ».

Confession vraiment noble et très appropriée ! Aucun Juif ne l’avait déclarée ainsi, ni ne le pouvait. C’était Dieu choisissant les choses folles du monde pour couvrir de honte les hommes sages, c’était Dieu choisissant les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes ; et Dieu choisissant les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont ; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu [1 Cor. 1, 27-29].

C’était une anticipation digne de Sa dignité personnelle, que la foi voyait et dont elle témoignait, telle que la grâce l’avait créée et la sanctionnait. Le Fils de Dieu est reconnu dans la sphère la plus complète de la miséricorde divine. C’est des plus frappant, parce qu’Il a maintenu la position que Dieu avait donnée aux Juifs, comparée aux prétentions des Samaritains. Aussi sûrement qu’Il était le Messie, de même le salut vient des Juifs. Mais les Juifs, plus aveugles que leurs aveugles dont Il avait si souvent ouvert les yeux, Le rejetaient en se confiant en leurs propres pensées et en se complaisant dans leur propre volonté. Et le Messie rejeté, qui allait en goûter l’amertume jusqu’à l’extrême, manifestait la grâce et la vérité ouvertes pour toute âme nécessiteuse, en insistant sur la réalité de ce besoin, afin qu’Il puisse bénir selon l’amour du Père. Sa propre parole approfondissait la conviction que le témoignage de la femme avait éveillée, et la foi de beaucoup de ceux qui croyaient s’exprime dans la confession : « Celui-ci est véritablement le Sauveur du monde ».

Tout cela n’était-il pas digne de Dieu et de Son Fils ? Le péché de Son peuple d’autrefois, en méprisant la grâce du Messie parce qu’Il n’était pas venu en puissance et en gloire pour exalter leur nation et confondre leurs ennemis, donnait seulement l’occasion à davantage de grâce. Ainsi, les Samaritains crurent sans un miracle, et entrèrent dans la bénédiction d’autant plus profondément. Ils prenaient leur propre place : pas un mot sur la rivalité avec les Juifs. Ils étaient des pécheurs ; Jésus est le Sauveur. Ils étaient du monde. Mais « Celui-ci est véritablement le Sauveur du monde ». Dieu sauve, non pas parce que nous le méritons, mais parce que Lui, Jésus, le mérite ; et nous croyons en Lui.

Aussi longtemps que les Juifs étaient mis à l’épreuve, ceci ne pouvait pas être manifesté. Mais une des particularités de l’évangile de Jean (et chaque évangile a son but spécial, non pas simplement de par le style de l’écrivain, mais du fait du propos particulier de l’Esprit Saint qui l’inspirait) est que les Juifs n’ont pas reçu Christ, comme nous l’apprenons, dès le commencement. De là une portée de bénédiction plus large et plus profonde qui commence à briller à travers les nuages, même avant le témoignage public du Seigneur, et tout du long de celui-ci. Ce chapitre en est un témoin incontestable.

Et tout cela n’est-il rien pour vous, chers lecteurs ? Cela, et plus que cela, n’est-il pas écrit expressément afin que « vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par (en) son nom » (Jean 20, 31) ? Est-ce en vain que le Saint Esprit a perpétué pour vous la grâce qui a atteint tant de Samaritains ? Ou êtes-vous disposé à suivre les Juifs fiers et de col roide, en annulant pour vous-même le conseil de Dieu ? S’il en est ainsi, prenez garde de périr, comme ce fut leur cas.

Sans aucun doute, comme toute l’Écriture le déclare, quelle que soit la grâce de Dieu, vous la perdez par incrédulité. C’est par la foi afin que ce soit selon la grâce [Rom. 4, 16]. C’est ici que vous avez péché, et c’est maintenant que vous devez être sauvé ; et il n’y a pas d’autre moyen que de croire en Jésus. Vous, dans la chrétienté, en avez entendu davantage que soit les Juifs qui refusèrent, soit les Samaritains qui crurent. Et qui que vous soyez, quel que vous ayez été, leur témoignage est pour vous, pour quiconque : « Celui-ci est véritablement le Sauveur du monde ». Tel est l’esprit de l’évangile qui s’est répandu dans toute la création, au temps convenable, que le Seigneur est venu expressément appeler, non des justes, mais des pécheurs. « À celui qui fait des œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais à titre de chose due ; mais à celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice » (Rom. 4, 4-5). S’il en était autrement, aucun pécheur ne pourrait être justifié. Tandis que, « alors que nous étions encore sans force, au temps convenable, Christ est mort pour des impies » [Rom. 5, 6]. C’est la bénédiction particulière que Dieu aime sans aucun motif dans l’objet aimé, mais parce qu’Il est amour. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » [Rom. 5, 8].

Et comme les Samaritains, au début, étaient divinement conduits à reconnaître le Sauveur du monde, ainsi l’apôtre Jean, dans sa première épître, écrite explicitement à cause des dangers et du mal des derniers temps, répète ce témoignage en dévoilant l’amour de Dieu, au-dessus de tous les changements. « Et nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde » (1 Jean 4, 14). Oui, mais comment puis-je en recevoir la certitude pour ma propre âme ? « Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu » (v. 15). C’est l’Esprit de Dieu anticipant de façon consciente la difficulté et satisfaisant le juste désir d’assurance d’en haut en celui qui, autrement, serait submergé par le sentiment du péché. On ne peut trop se juger soi-même, pourvu qu’avec cela, il n’y ait pas de défiance de la grâce. La personne et l’œuvre de Christ constituent le salut et les privilèges les plus élevés pour celui qui croit, fût-il le plus grand des pécheurs. Dieu place tout honneur sur le nom de Son Fils, que ce soit en bénissant le croyant ou en punissant bientôt l’incrédule.

Croire au témoignage de Dieu est le premier des devoirs, et Christ est l’objet de ce témoignage. Ainsi, quand le geôlier de Philippe, en tremblant, tomba devant Paul et Silas, il dit : « Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » [Act. 16, 30]. La réponse fut : « Crois au seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison ». Le chemin est simple, le garant sûr, le salut riche et complet. L’appel de Dieu est de croire en Son Fils, le Seigneur Jésus ; le résultat en est le salut pour tous ceux qui croient, la maison aussi bien que son chef. C’est pourquoi c’est Son commandement que nous croyions au nom de Son Fils Jésus Christ : l’amour les uns pour les autres s’ensuit, comme Il nous en a donné le commandement. Mais c’est en vain d’exhorter à l’amour, à la sainteté, ou à quoi que ce soit d’autre, avant que nous ayons cru en Lui.