Nous serons sauvés

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Rom. 5, 9-10)

Le salut est un grand mot et une grande chose, surtout dans sa force tel que Christ l’a interprété. Israël a souvent connu des délivrances par la bonté divine, et bien des sauveurs ; mais ils étaient pour la nation, pour un temps et pour ce monde. Même alors, la foi recherchait des choses meilleures et plus durables, à travers le Messie qui devait venir. Les âmes étaient d’autant plus étonnées que quand Il vint, Il ne restaura pas le royaume pour Israël ni ne détruisit leurs ennemis ; car Il fut Lui-même rejeté par les hommes, en particulier par les Juifs, bien plus que ne l’avait été Son héraut, Jean le baptiseur.

Mais c’est ainsi que le conseil de Dieu s’est accompli, que Son amour a été manifesté, et que Sa parole a été magnifiée ; c’est ainsi qu’aussi bien l’homme qu’Israël furent démontrés coupables et perdus ; mais cela n’en laissait pas moins une grande place pour la grâce souveraine, et la justice divine, et le salut éternel. Tout cela se rencontre à la croix de Christ, là où le pire mal de la créature s’est élevé contre la parfaite bonté de Dieu, qui mit le fardeau du péché sur Son Fils, le Fils de l’homme souffrant, un sacrifice pour les péchés, une propitiation par la foi en Son sang pour manifester la justice de Dieu. Et maintenant, Christ ayant été ressuscité pour la justification du croyant, celui-ci est assuré du salut.

Si les péchés mis à la charge d’un homme par Dieu doivent lui valoir assurément le jugement, jamais personne ne s’est avancé comme souffrant au plus haut degré comme le Sauveur. Il était un homme, né de femme, aussi véritablement que quiconque, non pas comme le premier Adam, qui fut créé et non né. Lui, le Fils, était Dieu aussi véritablement que le Père ou que le Saint Esprit. Il était le Saint de Dieu ; ce qu’Adam n’était pas, même intact et sortant de la main de Dieu, innocent et droit, mais il n’est jamais dit qu’il était saint, quoiqu’il n’avait alors aucun péché dans sa nature, quand il fut tenté. Christ fut en toutes choses tenté comme nous, à part le péché [Héb. 4, 15]. Tel était Celui, Dieu et homme, le seul absolument obéissant, qui entreprit de souffrir et de mourir, le Juste pour les injustes : le seul, adéquat et parfait qui souffrait pour les péchés, afin qu’Il amène à Dieu ceux qui croient (1 Pier. 3). Mais Dieu L’a ressuscité d’entre les morts et Lui a donné la gloire, en sorte que notre espérance et notre foi fussent en Dieu [1 Pier. 1, 21]. Pouvait-il y avoir une plus grande démonstration de l’acceptation du sacrifice et de l’effacement des péchés ?

Toutefois, vous n’êtes pas justifiés par Son sang, à moins que vous ne croyiez au témoignage que Dieu a apporté dans l’évangile ; sinon, vous êtes pire que des païens ; vous ajoutez à tous vos autres péchés, le mépris de la grâce de Dieu et de la mort expiatoire de Christ, et du Saint Esprit, le témoin présent et divin, quoiqu’invisible. Si la parole de la loi, prononcée par des anges, était ferme, et que toute transgression et désobéissance a reçu une juste rétribution, comment échapperont [Héb. 2, 2, 3] ceux qui soit rejettent un si grand salut quand il leur est présenté, soit le négligent par une profession sans cœur du nom du Seigneur ?

Confessez-vous de votre bouche Jésus comme Seigneur, et croyez-vous dans votre cœur que Dieu L’a ressuscité d’entre les morts ? Alors ne craignez pas de vous reposer sur l’assurance inspirée : « tu seras sauvé » (Rom. 10, 9). Celui qui n’a pas épargné Son propre Fils, mais qui L’a livré pour nous tous [Rom. 8, 32], quand nous étions impies et ennemis, est digne de toute confiance, comme Sa Parole est digne de toute acceptation. Se reposer sur cela est « l’obéissance de la foi », la racine de toute obéissance pratique qui suit. L’âme qui reçoit Son témoignage met son sceau que Dieu est vrai. Pourquoi craindriez-vous que Celui en qui vous croyez pour la rémission de vos péchés, vous abandonne ensuite ? Sans aucun doute, vous êtes faible ; mais qu’est Christ ? Est-Il un petit Sauveur ? N’est-Il pas notre grand Dieu Sauveur (Tite 2, 13) ?

Écoutez l’apôtre, avec l’autorité de Dieu, raisonner avec vous. « Beaucoup plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par lui. Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » (v. 9, 10). Tel est le salut garanti ici par Dieu. Sans doute, il est seulement pour ceux qui croient, mais il est pour tout croyant, et nul ne devrait en douter. Si vous avez, à Sa parole, placé votre âme en Christ et en Son œuvre, Dieu déclare que la bénédiction vous appartient tout du long. Les doutes quant à Christ et à Son salut ne viennent pas de l’Esprit de Dieu, mais de l’ennemi, qui vous hait, et Christ encore davantage. Le but explicite du passage est de fortifier votre confiance et de chasser la crainte. L’amour de Dieu en Christ a déjà répondu à votre besoin, quand il était désespéré. Cet amour qui vous a cherché quand vous étiez un ennemi, et qui a fait de vous un ami, et même un enfant de Dieu, par la foi dans le Christ Jésus, est encore vivant et actif en votre faveur. Ne vous défiez pas de Son amour ni de Sa parole.

Il est tout à fait juste, pour le croyant, de s’exercer lui-même à avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes [Act. 24, 16]. Rien ne peut lui arriver de plus triste que le péché, bien plus sérieux dans un croyant que dans tout autre homme. Assurément, cela demande le jugement de soi-même et l’humiliation devant Dieu, en proportion de l’offense et de celui qui est offensé. Mais Dieu pourvoit aux manquements et aux épreuves du chemin, par l’office d’avocat et de sacrificateur de Christ, comme aussi par l’action du Saint Esprit et de la Parole. Impossible que la grâce, à moins qu’on en abuse, s’oppose au juste gouvernement de Dieu, car le Père juge selon l’œuvre de chacun (Jean 15 ; 1 Pier. 1, 17). De fait, cette vigilance constante agit sur Ses enfants, parce qu’ils savent qu’ils sont rachetés par le précieux sang de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache [1 Pier. 1, 19]. C’est leur nouvelle responsabilité (car comme hommes, sur la base de leur ancienne responsabilité, ils étaient perdus) de marcher comme des enfants d’obéissance, ne se conformant pas à leurs convoitises d’autrefois pendant leur ignorance ; mais, comme Celui qui les a appelés est saint, eux aussi doivent être saints dans toute leur conduite [1 Pier. 1, 14-15].

Dans notre passage, cependant, l’apôtre voulait établir les âmes dans la grâce salvatrice de Dieu, avant de s’occuper de la marche ; et c’est pourquoi il enseigne à ceux qui croient de demeurer assurés de leur justification jusqu’à ce qu’ils soient sauvés. Que les incrédules en fassent un principe pour douter, est tout naturel. Il est déplorable qu’un croyant soit ainsi sourd et négligent du passage placé devant nous, s’il n’y en avait pas d’autre, ou comme si tous les autres n’étaient pas en accord avec lui. De tous les hommes, le chrétien doit être le plus entièrement soumis à la Parole de Dieu. Et ici, nous avons un double témoignage, chacun d’eux avec une force divine, tous deux concluants, que les croyants seront sauvés. Il serait en effet étrange que, après avoir été justifiés par le sang de Christ, nous ne soyons pas sauvés de cette colère qui doit tomber sur toute impiété et injustice des hommes qui possèdent la vérité tout en vivant dans l’iniquité [Rom. 1, 18]. Il n’en est pas ainsi : l’apôtre affirme que beaucoup plutôt, nous serons sauvés par Christ ; et il ajoute que, si quand nous étions ennemis nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de Son Fils, beaucoup plutôt, étant réconciliés, serons-nous sauvés par Sa vie. Il a été crucifié en faiblesse ; Il vit par la puissance de Dieu [2 Cor. 13, 4]. Chacun est à la gloire de Dieu, chacun est rempli de bénédiction. Si cet abaissement a été si efficace, quelle sécurité y a-t-il dans cette élévation ? Comme Lui-même le disait : « Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » [Jean 14, 19]. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin » [Jean 13, 1]. Le croyant est appelé à marcher en accord avec cela. Sa position est entièrement due à ce que la grâce a opéré en Christ, et comme il lui a été donné librement et pleinement et de façon permanente, il est responsable de marcher par la foi comme béni ainsi par Dieu, venant sous la discipline s’il manque, mais encouragé dès le départ par l’assurance du salut que Dieu donne, en vertu de la mort de Christ et dans la puissance de Sa vie.