Une fontaine d’eau

Traduit de l’anglais
W. Kelly
« En lui une fontaine d’eau »
(Jean 4, 14)

Il n’y a rien qui soit plus étranger que la grâce, pour l’esprit non renouvelé. La grâce de Dieu envers un pécheur semble, pour un homme moral, faire peu de cas du péché ; et c’est pourquoi plus est haute son idée de la sainteté divine, et plus est grand son respect, et moins la grâce est crédible. Le pécheur lui-même la considère comme trop bonne pour être vraie. Ce n’est que quand nous nous tenons, condamnés dans notre propre conscience, devant Dieu tel qu’Il est révélé en Jésus, que nous y croyons ; et c’est seulement quand nous marchons par la foi que nous sommes capables de faire usage de Sa grâce sans en abuser. Rien n’est si nécessaire au pécheur, rien n’est si béni pour le saint, que la grâce, sinon le Dieu de la grâce en Christ, Sa source, Sa plénitude et Sa manifestation complètes dans le Fils unique. Ici, la femme de Samarie a d’abord été décontenancée, quoique frappée et attirée par l’homme merveilleux qui amenait Dieu si près d’elle, dans un amour plein de compassion pour répondre à son péché, à sa misère et à son besoin. Elle répond à l’expression de la grâce infinie par les difficultés qu’elle considère comme insurmontables. « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où as-tu donc cette eau vive ? Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné le puits ; et lui-même en a bu, et ses fils, et son bétail ? » (v. 11, 12). Ce n’était que la pensée naturelle, et la religion naturelle ; totalement inadaptées au cas de l’homme, maintenant qu’il était pécheur et exclu de la présence de Dieu ; et combien moins appropriées pour Dieu, qui avait été déshonoré et à qui on avait désobéi, qui était inconnu et haï parce qu’Il doit juger les péchés. Que doit-il donc en advenir du pécheur ? Comment peut-il se sauver lui-même ?

Jésus parlait d’une autre fontaine, incomparablement plus profonde, de laquelle elle ne connaissait rien jusqu’à présent. Jésus avait — oui, était même — tout ce qui en était tiré ; Jésus a et donne l’eau vive. Il est le Fils du Père, et Il a le droit de donner au croyant la vie éternelle et, plus que cela, le Saint Esprit comme puissance pour en jouir en communion avec le Père et le Fils ; et tout cela, maintenant sur la terre, en dépit de ce que nous sommes naturellement, en vertu de Sa rédemption. Il est à la fois la vie éternelle et la propitiation pour nos péchés. Il avait l’eau vive, comme étant le Fils ; Il pouvait et voulait la donner au plus pauvre pécheur qui croit l’évangile, comme étant le Sauveur du monde, le fruit de Ses souffrances jusqu’à la mort sur la croix et de Sa résurrection.

« Plus grand que notre père Jacob » ! Oui, immensément plus grand que Abraham, Isaac et Jacob ; que Moïse, Aaron et Samuel ; que Noé, Daniel et Job ; que tous les saints hommes et femmes qu’il y ait jamais eu ; que Michel et tous les anges et les principautés, pour ne rien dire des autorités. Car Il est Dieu, la Parole éternelle, le Fils unique du Père. C’est pourquoi Il est divinement compétent, tout comme Il est absolument fiable. Et Il est plein de grâce et de vérité — la chose même que l’homme perdu n’avait pas et ne pouvait trouver nulle part ailleurs. La loi pouvait-elle, toute donnée de Dieu qu’elle fût, sauver le coupable ? Elle ne pouvait que condamner ; et une âme réveillée se soumet à cela, tristement mais avec humilité et complètement. La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ [Jean 1, 17]. Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu [Luc 19, 10]. N’est-ce pas cela, la grâce de Dieu qui sauve ?

Mais nul qui doute de la pleine gloire de la personne de Christ, ne la reçoit. Car en effet, il n’y a sans cela aucune base suffisante devant Dieu, pour l’homme pécheur. Personne simplement homme ne pouvait dispenser l’eau vive. La Samaritaine voyait Jésus fatigué du voyage, assis comme Il l’était sur la fontaine ; et à sa surprise, elle L’entend lui demander à boire, quoiqu’alors elle ne Le considérait que comme un Juif, mais elle ne pouvait s’empêcher de sentir toujours plus, tandis qu’Il parlait, à quel point Il était extraordinaire. Il était en effet né de femme pour sauver l’homme perdu, né sous la loi pour racheter ceux qui étaient sous la loi, afin que les uns et les autres puissent recevoir l’adoption comme un don de la grâce de Dieu, et non seulement cela, mais l’Esprit du Fils de Dieu envoyé dans leur cœur, criant : Abba, Père ! Cela ne peut avoir lieu que parce que Jésus est le Fils de Dieu, comme nul autre ne l’est ou ne peut l’être, quoique par grâce tout croyant est réellement enfant et, par adoption, fils de Dieu.

De là, pour que la foi soit d’une source et d’un caractère divins, la nécessité de croire que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu (1 Jean 5, 1, 5). Jusqu’à présent, la Samaritaine était dans l’obscurité, quoique remuée et attirée par Ses voies et Ses paroles de grâce ; et ainsi, elle ne comprenait pas Ses paroles, aussi claires que merveilleuses. Elle ne croyait pas plus à la grâce de Dieu qu’à la personne de Christ, et ainsi, la bénédiction était impénétrable, pour elle. Pourtant, à sa question incrédule et inintelligente, le Seigneur répond avec ce qui, quand elle le crut, se révéla une vérité pleine de consolation pour l’homme et de bonté de la part de Dieu. « Quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais ; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle » (v. 13, 14).

Le Seigneur explique ainsi plus clairement que jamais comment l’eau vive est le grand don surnaturel dont l’homme a besoin. L’eau d’une fontaine terrestre, quoique bonne, comme tout bienfait naturel, ne dure qu’un moment. Elle étanche la soif, seulement pour qu’elle réapparaisse bientôt et continuellement, comme c’est dans la nature de toutes les choses visibles et temporelles. L’âme, qui est immortelle, a besoin de davantage pour être satisfaite, selon ce que Dieu se plaît à donner quand on Le recherche avec un besoin ressenti. Mais ici, le Seigneur se porte garant de ce qui satisfait le croyant et Dieu Lui-même, de ce qui forme une relation bénie, permanente et intime avec le Fils et le Père. C’est non seulement la vie éternelle, comme en Jean 3, mais l’Esprit d’adoption donné, et c’est pourquoi il est dit qu’Il devient en lui, le croyant, une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle. Non seulement les choses créées ne sont plus un objet de désir, mais une fontaine de rafraîchissement divine est au-dedans par l’Esprit qui y demeure, lequel conduit toujours le croyant à rendre culte par Sa propre puissance, à se réjouir dans le Christ Jésus, et à n’avoir aucune confiance en la chair [Phil. 3, 3]. Ce ne sont pas seulement de saints désirs comme autrefois, mais une possession actuelle et une jouissance en vertu de Christ venu ici-bas et de la rédemption. C’est inépuisable, et cela conduit l’âme aux sources en haut.

Mon lecteur, avez-vous trouvé ainsi le repos et la joie éternelle dans le Fils de Dieu ? Le Saint Esprit est donné, maintenant que Son sang qui expie est accepté pour le croyant, afin de Le glorifier. Il est aussi libre que l’air, mais seulement par la foi en Christ. « Quiconque » ! Ne renoncez pas à vos propres grâces ; ne méprisez pas la grâce de Dieu. Recevez Christ, croyez en Son nom : et tout est à vous pour toujours. Car Dieu, qui appelle, est fidèle [1 Cor. 1, 9].