Va, appelle ton mari

Traduit de l’anglais
W. Kelly
« Va, appelle ton mari »
(Jean 4, 16-18)

C’est la manière de faire de la grâce, de parler et d’agir, dans un amour qui dépasse la pensée de la créature, envers quelqu’un qui ne mérite que d’être blâmé. C’est ce que le Seigneur Jésus avait montré jusqu’ici envers la Samaritaine. À tous égards, Il est l’image du Dieu invisible [Col. 1, 15]. « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » [Jean 3, 16].

Toutefois, la grâce seule ne suffit pas ; car l’homme est en chute, méchant et hostile à Dieu sans bien Le connaître, voire pas du tout. Désormais, il faut que sa ruine soit connue moralement, s’il doit être sauvé et béni. Il doit donc se connaître lui-même aussi bien que Dieu, et lui-même dans la présence de Dieu tel que Dieu le voit. Comment cela peut-il se faire ? Christ est le chemin, la vérité et la vie [Jean 14, 6]. Et Il est « plein » de grâce et de vérité. La grâce et la vérité vinrent par Lui [Jean 1, 17] ; et toutes deux brillent de façon que nul ne peut nier, à travers Sa personne et Ses paroles adressées à la Samaritaine. Elle sentait déjà, dans une mesure, Sa grâce ; mais la vérité entre par la conscience afin que et la grâce et la vérité soient réellement connues dans l’âme. C’est pourquoi, quand la femme trahit, par sa demande aveugle au verset 15 (« Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser ») qu’elle était encore en dehors de la merveilleuse lumière de Dieu, « Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici ». Cela semble abrupt et, à première vue, étrange. C’était le chemin direct vers sa conscience, divinement sage. Car la grâce ne peut pas accomplir son dessein, le dessein de Dieu en amour, jusqu’à ce que l’homme soit amené à voir et à reconnaître la vérité de son propre état. Alors seulement peut-on apprécier la vérité de ce que Dieu est dans la sainte grâce qui sauve l’impie par Christ notre Seigneur ; et aussi en justice, car le péché doit être jugé comme il le mérite.

La femme marchait encore comme le reste du monde, dans une vaine apparence. Le Seigneur la délivre de cela. « Va, appelle ton mari, et viens ici ». « Je n’ai pas de mari », répond-elle rapidement. « Jésus lui dit : Tu as bien dit : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai » (v. 18). Combien c’était accablant, et cependant plein de grâce ! Pas un reproche dans Sa bouche, mais Lui, qui connaissait tous les hommes, tira d’elle, par une parole venant de Lui, la confession de son état réel de péché et de honte, et plaça devant elle un résumé de sa vie tel qu’il témoignait à sa conscience que, dans son cas du moins, toutes choses étaient nues et découvertes aux yeux de Celui à qui elle avait affaire [Héb. 4, 13].

Sa réponse prouve que Ses paroles avaient pénétré dans sa conscience, et que son âme était tombée sous elles. Il n’y avait aucun effort pour les parer, ni tentative pour s’excuser, ni recherche de se cacher ou d’échapper hors de Sa présence. Au contraire, elle se tenait là comme pécheresse convaincue, et reconnaissant, non seulement qu’Il avait parlé en vérité, mais qu’elle L’avait perçu comme étant « un prophète » (v. 19). C’était la Parole de Dieu, vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et prompte à discerner les pensées et les intentions du cœur [Héb. 4, 12]. Elle était manifestée à Sa vue, mais par la grâce qui s’appliquait maintenant, quoiqu’humiliée jusque dans la poussière, elle se contentait de reconnaître ce qu’elle était réellement et de recevoir de Lui comme de la bouche de Dieu. Car Sa parole n’était pas celle de l’homme, mais, comme elle l’était véritablement, la parole de Dieu [1 Thess. 2, 13], qui opère aussi en toute âme qui croit.

Ainsi, la lumière divine doit agir maintenant dans l’âme, afin que pour elle, toutes choses soient vraies devant Dieu. C’est pourquoi, là où Sa parole pénètre, dévoilant une vie de péché et le moi, quoique ce soit selon une grâce entière de la part de Dieu, l’âme s’incline en confession devant Dieu. Il y a une réalité morale qui a vraiment commencé, quoique peu développée en détail. Combien l’intervention de Dieu en Christ est merveilleuse, aussi digne de Lui qu’appropriée et purifiante pour le pécheur ! C’est le lavage d’eau par la Parole [Éph. 5, 26], comme le dit l’apôtre, parlant de l’amour de Christ pour l’Assemblée jusqu’à la fin. Et c’est ce que démontre ici la femme.

Il en est toujours ainsi. Le message de Dieu aux pécheurs (et tous le sont), quand il a été reçu par grâce, a affaire avec la conscience, et pas seulement avec les affections. La repentance s’ensuit, non moins que la foi, la repentance par la Parole de Dieu jugeant tout ce qui est à l’intérieur, et la foi en recevant la parole de Dieu et le don de Dieu de l’extérieur. C’est ce qui est maintenant pleinement révélé en Christ ; et Il est la vie, « Christ notre vie » [Col. 3, 4]. Car les ténèbres s’en vont, et la vraie lumière luit déjà [1 Jean 2, 8], et en Lui nous avons la rédemption par son sang [Éph. 1, 7], le pardon des péchés, et en conséquence le sceau de l’Esprit. Car il est selon Dieu que l’âme, repentante et croyante, connaisse la grâce et la vérité, au-delà même de ce que la Samaritaine pouvait alors supporter. Aucune erreur ne déshonore davantage l’évangile, que la faible lumière — ou plutôt ténèbres — de la religion, qui veut plonger les âmes, même les âmes croyantes, dans l’incertitude, et qui dément le Dieu de toute grâce comme s’Il refusait la bénédiction à l’esprit contrit.

Ne prêtez pas l’oreille, cher lecteur, à ces ennemis de la croix du Christ, qui sont aveuglés au point d’enseigner que notre Seigneur faisait des réserves à l’égard de Sa propre précieuse œuvre. C’était Lui qui avait annoncé, avant même Son ministère en Galilée, que le Fils de l’homme devait être élevé (c’est-à-dire, sur la croix) afin que quiconque croit en Lui ait la vie éternelle [Jean 3, 14, 15] ; et que Dieu a tant aimé le monde, ce monde pécheur, coupable, qui a rejeté Christ, qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle [Jean 3, 16]. C’était Lui qui, dans Sa course et en présence des scribes incrédules et blasphémateurs, voulait faire savoir à une très grande foule que le Fils de l’homme avait le pouvoir — oui, un juste titre — sur la terre de pardonner les péchés [Matt. 9, 6] — un titre assurément pas diminué depuis qu’Il est mort et ressuscité, et que toute autorité Lui a été donnée dans le ciel et sur la terre, disant à Ses serviteurs : Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création [Marc 16, 15]. C’était Lui qui, avant même cela, reprenait avec amour les douze qui ambitionnaient ou murmuraient, qui étaient en danger de chercher une vaine gloire, avec ces paroles : « Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » [Matt. 20, 28]. Que Satan ne recule devant rien pour cacher aux âmes dans le besoin de telles paroles de grâce, est aussi certain que le fait que le Saint Esprit fut envoyé à la Pentecôte, parmi d’autres buts dignes de Dieu, pour donner puissance à ceux qui prêchent l’évangile à toutes les nations, en commençant par la ville où notre Seigneur a été crucifié.

C’est ainsi que l’âme rencontre Dieu, non pas seulement en vérité, mais en grâce ; c’est dans Son Fils, Jésus Christ. « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle » [1 Jean 5, 20]. C’est après le péché, mais avant le jugement, que les morts peuvent entendre et vivre — en croyant, avoir la vie éternelle et ne pas venir en jugement, mais être passés de la mort à la vie [Jean 5, 24]. L’évangile de Dieu — non pas le christianisme — n’est pas moins que cela, selon que le Saint Esprit l’a révélé.