Condamné

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Gen. 3, 12-13)

Le chapitre rapporte comment Adam et Ève sont tombés dans la transgression, amenant une honte mutuelle, et une crainte non dissimulée dans la présence de Dieu. Il n’y avait pas de Sinaï tout entier fumant, parce que l’Éternel y descendait en feu ; ni non plus de fumée montant comme celle d’une fournaise ; ni de tremblement de terre ; ni de son de trompette très fort. Sa voix, sans un reproche ni une menace, frappa de terreur les deux coupables ; et ils se cachèrent de devant Lui au milieu des arbres du jardin. Contraint de répondre à Son appel, l’homme reconnut, non pas son péché, mais sa crainte parce qu’il était nu ; mais il ne pouvait échapper à la question qui le sondait : « Qui t’a montré que tu étais nu ? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ? ».

En vérité, la parole de Dieu est vivante et opérante, plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants, et elle atteint même jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et elle peut discerner les pensées et les intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire [Héb. 4, 12-13]. Jusqu’alors, il n’y a pas trace de repentance, mais de la dureté de cœur et de la propre justification. Y aurait-il eu le moindre jugement de soi, quelque sentiment réel du déshonneur fait à l’Éternel Dieu, ils auraient confessé leur péché en ayant écouté le tentateur, et se seraient humiliés immédiatement, au lieu de couvrir leur nudité par leurs propres moyens. Et quand ils entendirent Sa voix, ils seraient allés vers Lui, quoiqu’avec une tristesse amère, au lieu de simplement se cacher de Lui dans la conscience de leur culpabilité. Chacun aurait dit : « Voici, je suis une créature de rien, que te répliquerai-je ? Je mettrai ma main sur ma bouche » [Job 39, 37]. « Maintenant mon œil t’a vu : C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » [Job 42, 5, 6].

Il en fut tout autrement pour nos premiers parents. « Et l’homme dit : La femme que tu m’as donnée pour être avec moi — elle, m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Qu’est-ce que tu as fait ? Et la femme dit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé » (v. 12, 13). Quel manque de respect flagrant et quelle ingratitude envers Dieu ! Quel manque complet d’affection et de soin compatissant pour sa femme, qu’il aurait dû conduire et protéger contre le mal, s’il l’avait pu, au lieu de la suivre dans celui-ci ! Quelle réflexion indigne et effrontée faite à Celui qui lui avait donné la femme comme une aide pour son bien, et non comme une excuse pour désobéir à Dieu ! L’écouter Lui était son premier devoir connu, avant même que la femme soit formée. Et l’homme et la femme connaissaient l’interdiction de l’Éternel Dieu ; tous deux étaient tout à fait au courant de la punition de la désobéissance ; et tous deux se sont rebellés consciemment, quoique séparément, elle tout à fait trompée, lui non, mais persuadé par elle, préférant la créature au Créateur qui les avait placés comme bénis et responsables envers Lui.

Il est difficile de concevoir quoi que ce soit de plus bas, et en outre de plus insolent, que la réponse de l’homme : « La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, elle, m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé ». En apparence, les paroles peuvent sembler vraies ; moralement, elles étaient fausses, indignes et irrévérencieuses, sinon blasphématrices. Adam était si avili par le péché, qu’il cherche à s’excuser lui-même du fait de la faute de la femme, et même, à jeter le blâme sur l’Éternel Dieu ; la femme invoquait seulement la ruse du serpent. Aucun des deux ne sentit ni ne confessa son mal personnel pas plus que son infidélité envers Dieu. Les excuses prouvaient seulement leur culpabilité, et ne pouvaient être que leur condamnation. Ainsi, Adam fut condamné expressément parce qu’il avait écouté la voix de sa femme (v. 17) ; et une inimitié fut mise entre le serpent et la femme, qui verrait ses souffrances multipliées au lieu du plaisir qu’elle recherchait.

Il en va de même pour leur descendance jusqu’à aujourd’hui. Le péché introduit la ruine morale ; la culpabilité mène à la duplicité. L’homme, sans aucune exception, est depuis lors obstiné et impie. Il n’y a pas de bien, mais un mal toujours pire, que l’on cherche à atténuer ou dont on blâme les autres, comme nous sommes tous enclins à le faire. Car de l’abondance du cœur, la bouche parle [Matt. 12, 34] ; et comme il est corrompu par le péché, de ce trésor, l’homme mauvais produit des choses mauvaises.

À partir de là, le seul espoir pour l’homme tombé réside en Dieu ; et le seul bien efficace et disponible de Dieu pour l’homme était l’envoi de Son Fils unique pour devenir non seulement un homme, mais un sacrifice pour le pécheur. Et ainsi, le Seigneur Jésus est le Sauveur de tous ceux qui croient en Lui, comme l’Écriture en rend abondamment témoignage : le Sauveur de ceux qui sont perdus, non pas la misérable notion du rétablissement de la race dans ce que le premier homme avait ruiné, mais la bénédiction du croyant avec tout ce que Dieu estime digne du second homme, Son propre Fils, et de Sa rédemption. Quelle réfutation bénie de « la femme que tu m’as donnée pour être avec moi » ! Dieu a tant aimé — non pas Ses enfants, ni Son peuple, mais « le monde », le monde qui servait Satan et avait rejeté Christ — qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle [Jean 3, 16].

Et c’est là la plus grande bénédiction que Dieu pouvait donner, non pas seulement le pardon, pas même la paix, mais la vie éternelle ; ainsi Son Fils, en qui se trouve cette vie, devient la pierre de touche de tout pécheur ici-bas, petit ou grand, civilisé ou barbare, sage ou inintelligent. Tous sont de même pécheurs : il n’y a pas de différence dans cet affreux fait, quoique certains soient plus audacieux que les autres. Il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela, le jugement [Héb. 9, 27]. Impossible à quiconque d’échapper, soit par ses propres ressources, soit par celles d’autres hommes. Mais Christ, envoyé par Dieu dans ce but, est descendu dans la mort et a porté le jugement de la part de Dieu, comme propitiation pour les péchés ; de sorte que, quand Il apparaîtra une seconde fois, ce sera pour ceux qui L’attendent à salut, sans péché. Il a porté si parfaitement les péchés des croyants sur la croix, qu’aucun d’eux, comme Il l’a dit (Jean 5), ne vient en jugement.

C’est pourquoi Dieu vous appelle maintenant, si vous n’avez pas encore obéi à Son invitation, à recevoir la vie éternelle et le salut dans Son Fils. Le recevoir Lui, c’est recevoir, non seulement ce dont vous avez besoin et que vous ne pourrez trouver nulle part ailleurs, mais aussi toute la bénédiction que Dieu aime à accorder. Ne cherchez pas à atténuer votre cas, comme Adam et Ève. Ne vous cachez pas de Lui qui, connaissant tous vos péchés, a pitié de vous tout autant que d’eux au commencement, et qui vous envoie maintenant l’évangile dans toute sa plénitude, comme ce ne pouvait être le cas que depuis que Christ vint et mourut en victime expiatoire, et ressuscita en triomphe. C’est donc maintenant non seulement la grâce, mais la justice de Dieu. Par l’œuvre de Christ, Il est juste et Celui qui justifie le croyant. Car Dieu n’a pas envoyé Son Fils dans le monde pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ; car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises ; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu » (Jean 3).