Ève tentée

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Gen. 3, 1-5)

La subtilité de l’ennemi se manifeste tout du long. Le vase le plus faible est trompé, étant entraîné par des apparences plausibles. Combien notre vie y ressemble ! Quelle lumière est jetée sur les faits de chaque jour, avec leurs résultats amers à cause de l’incrédulité et de l’endurcissement ! Car Dieu est oublié, et les objets qui sont sur la scène actuelle prennent Sa place. Tel est le but de Satan, jusqu’à ce que l’âme soit trahie par l’impiété et le désespoir, qui endurcissent un acte pour en faire une habitude loin de Dieu.

Ici, comme le commencement du mal moral sur la terre, le Saint Esprit rapporte le fait, dans ses détails pour l’instruction de tous les enfants d’Adam, avec la grande mais profonde simplicité de ces premiers livres inspirés.

« Et il dit : Quoi, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » (v. 1). Ce n’était qu’une question sur ce que Dieu avait dit. Mais là où on se permet cela, Il est déshonoré, et une brèche lui permettant d’entrer est faite dans la ligne de défense contre l’ennemi. Douter de la parole de Dieu est le commencement du pire mal, c’est s’asseoir en jugement contre Lui ; alors que Lui seul peut et doit juger, et c’est ce qu’Il fait maintenant par Sa Parole, comme le Seigneur déclare en effet qu’il en sera ainsi au dernier jour. Combien il est alors présomptueux pour l’homme de Le juger ! « Un fils honore son père, et un serviteur, son maître. Si donc je suis père, où est mon honneur ? et si je suis maître, où est la crainte qui m’est due ? dit l’Éternel des armées » (Mal. 1, 6). Sous la modestie apparente d’une requête, Satan sapait le premier devoir d’une créature ! Et que cherchait-il en particulier par là ? À insinuer un doute sur Sa bonté. Quoi ! vous ne pouvez pas manger de tous les arbres ? Est-il possible qu’un d’eux vous soit interdit ? Comment Dieu peut-Il vous aimer et vous refuser une seule bonne chose ? Certainement, il doit y avoir quelque erreur. « Quoi, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? ». En est-il bien ainsi ?

Il est écrit : « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous » [Jacq. 4, 7]. Ève, au contraire, écouta et parlementa. Le mal commençait. Comme le serpent avait substitué le « Dieu » plus distant et abstrait de la création au Créateur dans Ses relations morales avec l’homme (l’Éternel Dieu), elle tomba dans le piège, et discuta de la question soulevée seulement pour exciter le désir pour ce qu’Il avait interdit. Rebelle lui-même, Satan aime à contrecarrer malicieusement le Très-haut et à avoir des compagnons dans son péché et sa misère. Lui cédant au lieu de se détourner immédiatement, Ève laisse tomber la relation que l’Éternel avait daigné établir, et devient une proie tandis qu’elle poursuit sa conversation. « Et la femme dit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin ; mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point, et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez » (v. 2, 3).

Si elle avait tenu ferme le sentiment de sa responsabilité à obéir, elle aurait rejeté la question plutôt que d’y répondre. Et sa réponse nous laisse voir que l’intention mauvaise de Satan n’avait pas manqué son effet. Elle ajoute à l’interdiction, et enlève à la punition. L’Éternel n’avait rien dit quant à toucher le fruit défendu, mais Il avait menacé de mort, dans les termes les plus fermes, au jour où ils en mangeraient. L’exagération de la vérité n’est pas moins la vérité que la diminution de celle-ci ; toutes deux affaiblissent, et toutes deux sont l’œuvre de Satan. Nous sommes sanctifiés par la vérité [Jean 17, 17, 19] ; et Sa Parole est la vérité.

Mais la connaissance n’est pas la vérité reçue de la part de Dieu pour l’amour d’elle. Ève connaissait bien et pouvait parler au tentateur de la liberté donnée quant à tous les autres fruits, et de la punition encourue en prenant du seul arbre défendu. Pourtant, elle s’aventura à écouter ce que le serpent avait à dire, quand il y avait déjà la preuve, par sa question mettant en cause la bonté divine, de ce qu’il était. Dieu ne se plaisait-Il pas dans leur bonheur ? De qui venaient leurs provisions surabondantes ? Chérissait-elle la dépendance envers Lui, ou la confiance en Lui ? Combien vaine est la connaissance qui n’aboutit pas à une louange reconnaissante et à une obéissance d’un cœur simple ! Bien plus, si elle laisse quelqu’un libre de ne pas se confier en Lui ! Hélas ! l’incrédulité a grandi bien rapidement depuis Ève !

Enhardi par son succès astucieux, l’ennemi avance. « Et le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point certainement ; car Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal » (v. 4, 5). Ce n’est plus une insinuation contre Sa bonne volonté, mais un assaut ouvert contre Sa vérité. Et c’est le même mensonge qui séduit l’humanité depuis lors. On s’applique à cacher assidûment la mort au regard de l’homme ; et quand ce n’est pas possible, son importance est justifiée. Les gens sont volontairement ignorants, et ne cherchent qu’à jouir du présent. Mangeons et buvons, et demain, allons ici ou là pour obtenir un gain. Ah ! vous ne savez pas ce que sera le jour de demain ; mais ce qui est certain, maintenant que l’homme est tombé, c’est qu’il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement [Héb. 9, 27]. Mais les hommes prêtent une oreille attentive à celui qui trompa Ève et, quoique incapables de le nier, n’y croient pas : sinon, quelle ombre noire paralyserait leurs activités et empoisonnerait leurs plaisirs. Car l’aiguillon de la mort est le péché [1 Cor. 15, 56], duquel tous sont coupables ; et tous ceux qui ne croient pas au Seigneur Jésus pour la rémission de tous leurs péchés devront venir en jugement pour eux.

De plus, le serpent présenta comme une récompense le bien et le mal. En mangeant du fruit défendu, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. Dieu est jaloux ; je suis votre ami. Il veut vous laisser ignorants et enchaînés. Suivez mon conseil : soyez indépendants et connaissez en vous-mêmes, comme Lui le fait. Comme il voilait la conséquence de la transgression, de même il mettait en valeur l’appât avec de brillantes couleurs ; et tandis qu’Ève commençait à écouter, elle fut souillée par son haleine pestilentielle. Elle accueillit l’ennemi menteur comme son meilleur ami, alors que sa calomnie envers le Dieu vivant et vrai entrait dans son cœur. Le péché manifeste et la ruine s’ensuivirent sans délai.

Le remède ne se trouve pas dans l’homme, mais vient de Dieu en Christ pour lui, oui, même pour le plus coupable s’il se repent et croit à l’évangile. La loi non plus n’opéra pas la délivrance, mais au contraire la colère. Le Seigneur Jésus est le seul qui délivre, comme de fait l’annonce ce même chapitre 3. Il justifia Dieu et vainquit Satan dans tous les domaines où le premier homme avait manqué. Sa venue, le don de Lui-même manifesta au monde l’immense amour de Dieu, Sa mort pour le péché fut la preuve irréfutable de la vérité de Dieu tout autant que de Son amour ; et Sa gloire personnelle, quoiqu’étant devenu un homme afin d’être fait péché pour nous, annonça la majesté de Dieu aussi bien que Son amour et Sa vérité. Oh, quel contraste avec ceux qui, étant seulement hommes, pensaient à être comme Dieu, et, convoitant l’indépendance, devinrent les esclaves de Satan ! Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par Celui qui est mort et ressuscité, comme à tous ceux qui invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ. C’est Sa voix qui parle des cieux, comme autrefois Il avertissait depuis la terre. Veillez à ne pas refuser Celui qui parle [Héb. 12, 25]. Car notre Dieu, quoi qu’il en soit de Son amour, est aussi un feu consumant.