L’ivraie du champ

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 13, 24 à 30
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 339-340]
[Paroles d’évangile 5.2]

Pour bien comprendre cette parabole, remarquez que c’est la première dans laquelle le royaume des cieux est fait semblable à ceci ou cela. La parabole qui commence les sept que contient ce chapitre est une comparaison de ce type ; elle présente le Seigneur comme un semeur, avant que le royaume soit établi. Les six autres supposent son établissement ; non pas manifesté en puissance et en gloire, selon les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testaments, mais en mystère, tel que nous le fait connaître ici notre Seigneur, rejeté par les hommes et exalté par Dieu en haut, invisible mais néanmoins réel et glorieux, laissant place à la foi aussi bien qu’à l’incrédulité, comme étant une période de profession. C’est l’ascension de Christ qui donne lieu au royaume des cieux, révélé ici à la foi, et revêtant un caractère de grâce conforme à Son rejet.

Nous avons la propre interprétation du Seigneur que « Celui qui sème la bonne semence, c’est le fils de l’homme » (v. 37). C’est ce qu’il fallait expliquer à ce moment-là ; parce que Sa position céleste aurait pu sembler incompatible avec une telle activité de grâce. Il ne devait y avoir aucun doute qu’Il était le semeur avant qu’Il prenne Sa place en haut, comme dans la première parabole. Quels que soient les moyens ou les instruments employés, c’est toujours Lui qui sème la bonne semence dans Son champ. Et comme Il le dit : « Le champ, c’est le monde ». Comme Il est le Fils de l’homme rejeté mais glorifié, ce n’est plus le pays d’Israël, mais le monde. Le monde nécessiteux, coupable, ruiné est précisément l’objet de Ses soins de grâce. Parmi les brebis perdues de la maison d’Israël, Il avait labouré dans la chair, et cela en vain (És. 49) pour la masse, qui Le refusa et Le pourchassa jusqu’à la croix. Maintenant, de la droite de la puissance, Il semait la bonne semence dans Son champ, le monde. Rien de moins ne convenait à Ses plans glorieux, pas plus qu’à Son amour. Sans doute, dans un autre jour, Il ramènera Jacob à Lui en grâce souveraine ; mais en attendant, Il est donné pour être une lumière des Gentils, et pour salut jusqu’au bout de la terre. « Le champ, c’est le monde ».

Ô mes lecteurs, entendez Sa voix, afin que vous receviez Sa parole, maintenant envoyée à chacun et à tous, pour être des fils du royaume. Avant même que le royaume des cieux soit établi, notre Seigneur disait (v. 9) : « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». C’est ce qu’Il dit encore à la fin de Son interprétation de cette première similitude du royaume (v. 43). Ce n’est pas la loi imposée à un peuple en ordre, sous peine de mort. C’est la parole produisant du fruit, partout où elle est reçue par la foi. Le grand principe qu’introduisit le Seigneur quand Il était ici-bas, est la responsabilité individuelle. C’est ce qu’Il réitère d’en haut. Le royaume, une fois établi, ne l’affaiblit en rien, comme nous l’apprenons ainsi. Et quoique l’Église, comme nous le savons par ailleurs, introduise la communion des saints, la soumission en commun, et l’action commune, Dieu ne sanctionne pourtant jamais l’abandon de la responsabilité individuelle. La présence de l’Esprit donne puissance à la Parole sur la conscience et le cœur, pour réconcilier ce que la propre volonté, conduite par Satan, cherche toujours à disloquer.

Christ est la vie, et la justice, et le salut. Si vous croyez en Lui, ils sont tous vôtres en Lui ; et ils ne se trouvent ni autrement, ni ailleurs. L’homme ne peut pas donner la vie, ni un ministre, ni même l’Église. Christ est tout : c’est ce dont témoigne l’Écriture ; et si vous Le recevez d’après la parole de Dieu, c’est l’œuvre du Saint Esprit, qui Le glorifie. Le baptême et la cène du Seigneur sont des institutions admirables et permanentes ; mais elles sont perverties pour empoisonner, quand elles sont mises à la place de Christ et de la foi en Lui. C’est pourquoi il s’agit de la parole qui doit être reçue individuellement. Si vous rejetez Christ et ne recevez pas ce qu’Il dit, vous ne pouvez échapper à Celui qui vous juge : la parole que le Seigneur Jésus a dite, celle-là jugera au dernier jour. Oh ! ne négligez pas un si grand salut, ni Son autorité.

Et le danger est d’autant plus grand, que l’ennemi de Christ, pendant que les hommes dormaient, est venu et a aussi semé l’ivraie parmi le froment. Indistinguables au début, ils devinrent bientôt manifestement différents. Car l’ivraie, ce sont les fils du méchant. Ils se trouvent partout dans le champ, le monde de la profession chrétienne. Telle est la chrétienté, pour ne pas parler de pire, et très tôt, il y eut là dès le début des abominations encore plus grandes. Mais celles-ci sont suffisamment mauvaises, et préparent pour tout mal qui suivrait. L’ivraie, ce sont les hétérodoxes et les iniques parmi ceux qui sont baptisés.

Pourtant, cela ne fait pas du champ l’Église, mais le monde, sauf aux yeux de ceux qui ne comprennent ni l’un ni l’autre, et sont égarés au point de les confondre. C’est pourquoi nous pouvons voir que, quand le Seigneur interdit à Ses esclaves d’arracher l’ivraie, Il ne renie en rien la discipline que le Saint Esprit exige dans l’Église (1 Cor. 5). C’est l’extermination des méchants professants qu’Il interdit, sous la figure de rassembler l’ivraie du champ. Et l’expérience s’accorde avec cela. Certains de Ses serviteurs désobéissants ont arraché la bonne semence, oh ! combien souvent, sous le prétexte de se débarrasser de l’ivraie. La grâce doit régner maintenant. « Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu’à la moisson », dit le Seigneur, qui enverra alors les exécuteurs du jugement.

La période de la moisson sera un changement bien marqué : une œuvre différente, avec des ouvriers différents. Les moissonneurs sont une classe tout à fait différente, Ses anges, dont le travail est de cueillir d’abord l’ivraie, et de la lier en bottes pour les brûler ; mais le froment est assemblé dans le grenier de Christ en haut. C’est un vain rêve que le monde doive s’améliorer sous l’action de l’évangile ou de l’Église. Au contraire, l’état normal du champ de blé fut gâché, de fait, dès les premiers jours ; et il est interdit aux serviteurs d’employer leurs efforts inefficaces pour effacer le mal, qui doit se poursuivre jusqu’à la consommation du siècle. Alors le Fils de l’homme interviendra avec Ses anges. Un réveil ou une réformation ne peuvent en aucun cas abolir le méfait que le diable a opéré pendant que les hommes dormaient, comme ils l’ont si rapidement fait. Dieu sécurise Sa propre œuvre par la grâce tout du long : le bon sera sûrement assemblé dans le grenier céleste, au temps convenable. Mais le champ fut bien vite gâté par le manque de vigilance de l’homme et par l’œuvre de Satan ; et cela ne peut être traité convenablement jusqu’à ce que le Seigneur vienne pour le jugement des vivants.

Regardez à Lui et écoutez-Le alors maintenant. Recevez-Le, par la parole de Dieu, pour la vie éternelle. Il est le chemin, et la vérité, et la vie ; et il n’y en a pas d’autre ; afin que vous qui vivez ne viviez plus désormais pour vous-même, mais pour Celui qui pour vous est mort et a été ressuscité. Qu’ainsi vous attendiez Sa venue, non seulement en paix, mais dans une joie indicible et plein de gloire.