La chute de l’homme

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Gen. 3, 6)

La femme a donc été séduite, tout à fait séduite, comme il nous est dit en 1 Timothée 2, 14, et devint ainsi impliquée dans la transgression ; mais qu’en était-il de l’homme ? De lui, nous n’entendons pas un mot dans la discussion entre le serpent et Ève. L’autorité même du Nouveau Testament nous assure qu’il n’a pas été trompé : ses yeux étant ouverts, il a transgressé, influencé par son affection pour sa femme. De sa part, c’était une désobéissance délibérée, non pas ici par inconscience, ou trompé comme le vase plus faible par un rebelle plus fort et plus subtil ; pour tous deux et leur postérité, ce fut la ruine et la mort, irréparable pour l’homme.

Pesons donc les simples paroles par lesquelles Dieu place ce fait solennel devant nous. « Et la femme vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les yeux, et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent ; et elle prit de son fruit et en mangea ; et elle en donna aussi à son mari pour qu’il en mangeât avec elle, et il en mangea » (v. 6).

Ève, en continuant à écouter les paroles du tentateur, perdit toujours davantage l’autorité de la parole de Dieu, qu’elle connaissait clairement au début et qu’elle jugeait primordiale. Mais tandis qu’elle écoutait celui dont le but était de l’attirer loin de Dieu et de la prendre au piège dans la transgression, elle devint progressivement moins sensible à l’honneur de Dieu et à la malice rusée de Satan. Après tout, ne serait-il pas vrai que Dieu n’a pas aimé parfaitement l’homme et qu’Il se soit réservé le bien pour Lui ? Peut-être aussi qu’ils pouvaient prendre ce fruit, qui semblait bon et excellent comme les autres fruits dans le paradis, sans risquer un coup aussi redoutable que la mort. Dieu ne serait sûrement pas si sévère pour une si petite chose, Lui qui leur avait donné tout le reste ! Et n’était-il pas étrange qu’à eux (si proches de Lui, Sa race, dont le souffle était leur respiration de vie, faits à Son image, selon Sa ressemblance), il leur soit refusé la connaissance du bien et du mal, pour devenir encore plus semblables à Lui — était-ce digne de Lui ? Hélas ! Ève, quand elle fut tentée, fut finalement attirée par la convoitise, par le désir d’avoir ce que Dieu avait interdit, et elle fut séduite. Elle utilisa ses yeux contre la parole, et vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les yeux. Ainsi enhardie, elle se dit que l’arbre était désirable pour rendre intelligent ; et ainsi, la convoitise, ayant conçu, enfanta le péché, et le péché, étant consommé, produisit la mort. Comparez Jacques 1, 14, 15 et 1 Jean 2, 16.

La femme était tombée par faiblesse ; mais le vase plus fort, l’homme ! Il connaissait bien l’interdiction de l’Éternel Dieu ; il avait devant lui la chute fatale d’Ève pour l’avertir, si nécessaire ; et pourtant, il osa la suivre dans le mal, duquel il aurait dû chercher à la protéger et à affermir son âme dans la fidélité à Dieu ; et lui aussi se rebella, à sa sollicitation. Tout était perdu dans la tête en chute de la création. Quel déshonneur pour Dieu ! Quelle joie malveillante pour l’ennemi ! Quelle racine de mal pour l’homme ! « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché » (Rom. 5, 12).

La ruine était complète. La défiance envers l’amour de Dieu, l’incrédulité quant à Sa vérité, l’estimation légère de la mesure de Sa gloire, ont introduit la propre volonté ouverte et la transgression. Et il en a été ainsi depuis lors, avec une corruption toujours croissante. Car Adam était le chef de la race humaine, et il impliqua sa postérité dans son propre mal. Il devint un père seulement après être devenu un pécheur.

Il n’en fut pas ainsi de ceux qui, dans une sphère plus élevée, se rebellèrent contre Dieu sans tentateur. Ils s’étaient tous chacun éloigné de Dieu, quoiqu’ils excellassent en force. C’est pourquoi ils furent laissés pour souffrir la due récompense de leurs œuvres. Mais l’homme, dans sa faiblesse et exposé à l’ennemi subtil, est l’objet de la plus riche grâce de Dieu, et donne occasion à la manifestation de Sa gloire dans sa nature et son caractère, dans Ses voies et dans Ses conseils, comme aucune autre créature ne devait ou ne pouvait en jouir ; mais cela positivement et parfaitement en Christ seul, le second homme.

Ainsi, cela fut manifesté dans son rôle de chef, à la louange de la grâce de Dieu. Car, si par la désobéissance d’un seul homme, plusieurs (ou la famille d’Adam) ont été constitués pécheurs, ainsi aussi plusieurs (ou la famille de Christ) seront constitués justes. La tête, selon Dieu, détermine la condition de la famille. Nous appartenons naturellement à l’une ; nous appartenons à l’autre en grâce par la foi. Aucun Juif ne pouvait nier qu’ainsi, de fait, c’est la tête qui est à l’origine du péché et de la peine, pour la race humaine : comment pouvait-il mettre en doute que la tête de la bénédiction était juste et digne de Dieu ? Si Adam plongea sa famille dans ce triste état, pourquoi Christ n’élèverait-Il pas ceux qui croient à la bonne part que Lui mérite ?

Mais ce n’est pas seulement ainsi que l’évangile est indiqué : le pécheur ne peut pas être sauvé autrement, en accord avec Dieu et Sa Parole. « L’Éthiopien peut-il changer sa peau, et le léopard ses taches ? Alors aussi vous pourrez faire le bien, vous qui êtes instruits à faire le mal » [Jér. 13, 23]. Si c’était vrai sans aucun doute d’Israël, ne l’est-ce pas tout aussi manifestement des hommes en général ? Quelle bénédiction alors que Dieu ait envoyé Son Fils pour être un homme, un Sauveur, une nouvelle tête pour tous ceux qui croient ! C’est ce dont toute l’Écriture témoigne, depuis le début de la Genèse jusqu’à la fin de l’Apocalypse. Le salut se trouve dans un autre, non dans le coupable ; il est en Christ. Et le salut ne se trouve en aucun autre ; car il n’y a pas d’autre nom, ou de nom différent, sous le ciel qui soit donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés [Act. 4, 12].

Christ a glorifié Dieu dans Sa mort comme sacrifice pour le péché, de manière à faire propitiation pour tous ceux qui croient en Lui ; tout comme Adam, par sa transgression, avait déshonoré Dieu et amené la mort sur lui-même et sur sa race. C’était quand Christ eut porté l’obéissance jusqu’à la mort de la croix, que Lui, ressuscité d’entre les morts, fut proclamé la nouvelle tête : Dieu fut glorifié en Lui quant à notre désobéissance et à ses conséquences, et non pas seulement dans Sa vie d’obéissance ininterrompue. Lui, depuis la gloire la plus élevée, prit la position la plus basse, celle d’un esclave, et endura la mort la plus ignominieuse, celle de la croix. Oh, quel contraste avec l’homme de poussière, qui cherchait à être comme Dieu et qui désobéit jusqu’à la mort !

Tout comme l’œuvre de Christ était moralement glorieuse au plus haut degré, ainsi est-elle efficace et infaillible pour tous ceux qui croient, même ayant été ruinés en Adam et y ajoutant leurs propres péchés. Mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ; afin que comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce règne par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ, notre Seigneur [Rom. 5, 20, 21].