La première pêche miraculeuse

(Traduit de l’anglais)
Luc 5, 1 à 11
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 278-279]
[Paroles d’évangile 4.10]

Le Saint Esprit transpose l’appel de Pierre et de ses compagnons à une place ultérieure par rapport à l’ordre historique suivi par Matthieu et Marc, en accord avec Son but dans leurs évangiles. Mais il convenait à Son œuvre par le moyen de Luc de donner au préalable la prédication du Seigneur dans les synagogues de Galilée, Sa démarche frappante à Nazareth le jour du sabbat, la délivrance qu’Il opéra du démoniaque dans la synagogue de Capernaüm, la guérison de la belle-mère de Pierre de Sa part, avec bien d’autres, et Sa prédication en Galilée. Celui qui a ordonné la tâche de chaque évangéliste connaissait toute la vérité, qui juge chaque homme, et ne pouvait être jugée par aucun, sinon à son propre péril.

Dans une belle relation avec la grande œuvre de la proclamation de l’évangile, nous voyons le Seigneur se tenir près du lac de Génésareth, alors que la foule Le pressait pour entendre la parole de Dieu. Il entra dans une des deux petites nacelles qui se trouvaient là, desquelles les pêcheurs étaient sortis et lavaient leurs filets, et Il demanda à Simon (car c’était la sienne) de s’éloigner un peu de terre, et alors, s’étant assis, Il enseignait les foules. Après cela, Il dit à Simon : Mène (toi) en pleine eau, et lâchez (vous) vos filets pour la pêche.

Peut-on concevoir agir plus puissamment sur l’esprit de Simon et des autres ? Les marins, et en particulier les pêcheurs, ont tendance à se fier à leur propre jugement dans leur métier, et à faire peu de cas des conseils des gens de la terre ferme. Les circonstances aussi rendaient tout espoir naturellement vain. « Maître, dit Simon (qui avait déjà été conduit à Jésus et avait reçu de Sa part un nom d’honneur), nous avons travaillé toute la nuit, et nous n’avons rien pris ; mais sur ta parole je lâcherai le filet. Et ayant fait cela, ils enfermèrent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Et ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre nacelle de venir les aider ; et ils vinrent et remplirent les deux nacelles, de sorte qu’elles enfonçaient ».

Mais quelque grand que soit le miracle, indiquant le Fils de l’homme avec toutes choses mises sous Ses pieds, jusqu’aux poissons de la mer, il était bien petit comparé à la puissance spirituelle qui projetait la lumière de Dieu en Christ dans l’âme de Simon. Car quand il vit cela, il se jeta aux genoux de Jésus, disant : Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur. Il se connaissait lui-même comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Dieu, dans Sa grâce, l’a ainsi approché, plein du jugement de lui-même, et il en répand la confession aux pieds du Seigneur. Il croyait déjà, et devant le miracle, il abandonna promptement, à la parole de Christ, ses propres pensées et son expérience décourageante. Alors la réponse à sa confiance, immédiate et étonnante, non seulement bouleversa son âme, mais sonda à fond sa conscience. Cela semble être un dilemme moral de dire, en étant aux genoux de Jésus : Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur. C’est en réalité ce qu’une âme exercée ressent quand la lumière jaillit avec une puissance irrésistible. Rien n’est plus éloigné que de s’éloigner du Seigneur, quand Sa divine bonté et Sa gloire sont ainsi réalisées, de sorte que l’on se sent totalement indigne d’être près de Lui, tout en s’accrochant à Lui. Quand l’œuvre de la rédemption fut faite, la conscience purifiée put jouir de bien davantage et le cœur se reposer dans Son amour connu en paix ; mais pour tout cela, il fallait encore attendre. Même maintenant, la grâce que Simon vit en Christ manifestait son état de péché, mais remplissait son cœur.

La grande prise de poissons, les filets qui se déchiraient, les nacelles qui enfonçaient, chacune de ces choses qui auraient retenu l’attention de Pierre à une époque antérieure, étaient toutes ignorées. Jésus était tout pour son âme. Sa propre importance avait diminué, tout autant que l’anxiété, et que tout désir terrestre. Il tomba devant Celui qui, homme sur la terre, présentait Dieu avec une puissance qui délivrait de Satan et des effets du péché pour l’âme et le corps. Comme Il avait Lui-même lu à Nazareth le début de Ésaïe 61 et dit : « Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant », ainsi Sa course manifestait une grâce débordante, qui irritait, même alors, tous ceux qui voulaient limiter les privilèges divins à eux-mêmes. Même alors, il était clair que prêcher le royaume de Dieu était plus important à Ses yeux que les plus grands actes de puissance : « c’est pour cela que j’ai été envoyé ». Il ne recevait pas la gloire des hommes ; Il voulait, par la parole, les amener dans une relation vivante avec Dieu ; Il voulait non seulement conduire de semblables à Simon dans une bénédiction plus profonde, mais les appeler de tout objet et de tout lien sur la terre, à Lui-même et aux activités de Sa grâce.

Se retirer de Simon ! d’un homme pécheur ! Pourquoi ? Le Fils de l’homme était venu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Tout comme Sa grâce faisait mieux connaître Dieu, ainsi elle dévoilait Simon à lui-même, lui qui apprendrait et reconnaîtrait bientôt que Lui, le Seigneur Jésus, le connaissait parfaitement, comme toutes choses. Oui, le Seigneur Jésus connaissait tout quand Il entra dans la nacelle de Simon, et Il l’entendit reconnaître Sa parole ; et ainsi, Il se révéla Lui-même à son âme, afin que Simon ne puisse plus que suivre un tel Maître et Seigneur.

Et maintenant, Celui qui prononça la parole de puissance pour le miracle, dit à Simon : « Ne crains pas ; dorénavant tu prendras des hommes ». Il y a un temps pour tout, un temps de craindre, et un temps de ne pas craindre. Ce n’est pas spécifique à Simon. C’est vrai pour tout croyant en Christ. Jusqu’à ce que nous Le connaissions par la foi, nous pouvons bien craindre. Ne pas craindre, avant cela, est de l’impénitence, avec de l’indifférence ou de la présomption. Mais quand la grâce nous L’a fait connaître, « Ne crains pas » est aussi vrai pour nous que pour lui. Et il en était ainsi pour Jacques et Jean, les fils de Zébédée, qui étaient associés de Simon. Ils saisirent pour eux-mêmes la parole adressée à Simon, en croyant ; et ils avaient raison. Elle a été écrite pour nous, afin que nous croyions et que nous ayons la bénédiction avec une assurance semblable. L’amour parfait chasse la crainte.

Tous, sans aucun doute, ne sont pas appelés à « prendre des hommes », comme le fut Simon ; et cette parole du Seigneur fut aussi réalisée de façon éminente en son temps. Mais tandis que le Seigneur appelle encore et envoie prêcher l’évangile, aucun homme ou femme qui croit ne devrait cacher la parole de Sa grâce, mais publier Son nom au près et au loin, selon qu’ils en ont l’opportunité, et avec toute diligence, quoique décemment et avec ordre. Il fut un temps, quand tous les apôtres vivaient encore, où les fidèles dispersés parcouraient le monde en annonçant la Parole ; et la main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre crurent et se tournèrent vers le Seigneur (Act. 8 ; 11). Ne craignons pas non plus pour nous-mêmes, si nous croyons en Lui, de prononcer une parole en son temps, Sa parole, à ceux qui sont fatigués, afin qu’eux aussi puissent par la grâce écouter et vivre.