La semence de moutarde

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 13, 31 et 32
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 355-356]
[Paroles d’évangile 5.3]

Il est bon de comprendre que « le royaume des cieux » ne signifie pas le ciel lui-même, mais son règne sur la terre tandis que le Roi rejeté par l’homme est assis en haut. Les six dernières paraboles présentent des comparaisons successives de ce royaume dans ses principales caractéristiques : trois sont son aspect public, et ainsi, comme la première, ont été adressées aux grandes foules au-dehors ; les trois dernières, comme l’explication de la première similitude, ou parabole de l’ivraie, ont été prononcées dans la maison seulement pour les disciples, comme traitant de ce qui réclamait une intelligence spirituelle.

Une autre distinction est évidente. La parabole du grain de moutarde, comme celle du levain, montre à quoi est semblable le royaume, dans une différence bien marquée avec la précédente, comme cela devient encore plus apparent avec celle qui la suit.

« Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde qu’un homme prit et sema dans son champ : lequel est, il est vrai, plus petit que toutes les semences ; mais quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les herbes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et demeurent dans ses branches » (v. 31, 32).

Ici, le Seigneur nous donne à voir le plus petit et le plus humble commencement de la profession chrétienne, croissant pour devenir une puissance sur la terre. En Luc 17, 6, Il emploie la même figure du grain de moutarde ; comme en effet c’était une expression proverbiale pour ce qui était minuscule. Mais le grain s’éleva bientôt, de sorte qu’il laissa derrière lui les herbes en pot, et offrit un abri aux oiseaux qu’il attirait de façon notoire.

Ainsi devait-il en être, ainsi en a-t-il été depuis longtemps, avec ce qui porte Son nom ici-bas. Le Seigneur signale au préalable le contraste surprenant entre l’extrême petitesse de son premier état quand il est semé, et la hauteur à laquelle il n’a pas tardé à croître. Il ne dit rien ici de sa nature intérieure ou morale. Il montre depuis le début ce que tout le monde peut voir quand cela s’est produit. C’est un des « mystères (ou secrets) du royaume des cieux », mais des secrets qui sont donnés à connaître aux disciples. Et le Seigneur établit ici le fait, visible en temps voulu par toute l’humanité, que ce qui a commencé comme le plus infime devait se développer en une puissance visible et protectrice sur la terre, selon la figure bien connue d’une nation ou d’un système politique, en Ésaïe 10, 33 et 34 ; Ézéchiel 31 ; Daniel 4 ; etc.

Désormais, ce n’était plus un mystère pour Israël, pas plus que pour les puissances gentiles. C’était expressément assigné à l’ancien peuple de Dieu, comme nous le lisons dans les Psaumes et les Prophètes. Ainsi, dans les jours de la dépression, quand la captivité survint sur « la maison rebelle », Dieu utilisa un arbre pour illustrer Ses voies envers eux, et leurs voies devant Lui qui entraînèrent Son châtiment le plus sévère. Mais Il adopta la même figure pour assurer au cœur du croyant que dans Sa grâce, tout serait inversé dans le jour à venir, et qu’Il planterait le plus tendre rejeton sur une montagne haute et éminente, le sommet d’Israël. « Et il portera des branches et produira du fruit, et il sera un cèdre magnifique ; et tout oiseau de toute aile demeurera sous lui ; ils habiteront à l’ombre de ses branches. Et tous les arbres des champs sauront que moi, l’Éternel, j’abaisse l’arbre élevé et j’élève l’arbre abaissé, je fais sécher l’arbre vert et je fais fleurir l’arbre sec. Moi, l’Éternel, je l’ai dit, et je le ferai » (Éz. 17). Tout est de Sa grâce ; mais comment le résultat pourrait-il en être autrement, dans ce cas ? Car l’Éternel des armées règnera en la montagne de Sion, et à Jérusalem et devant ses anciens, en gloire.

La portion propre du chrétien sur la terre était tout à fait différente. « Bienheureux les pauvres en esprit, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux ; bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés ; bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre… bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux. Vous êtes bienheureux quand on vous injuriera, et qu’on vous persécutera, et qu’on dira, en mentant, toute espèce de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux ; car on a persécuté ainsi les prophètes qui ont été avant vous » (Matt. 5, 3-12). Même ceux que Dieu a placés en premier dans l’Assemblée étaient expressément mis en garde par notre Seigneur contre la puissance et la gloire terrestres. « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles, et que les grands usent d’autorité sur elles. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais quiconque voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et quiconque voudra être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave ; de même que le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Matt. 20, 25-28).

Ainsi, le Seigneur nous fait savoir dans cette parabole que, en face de Sa volonté révélée, la chrétienté manifesterait bientôt un changement important et, de son état primitivement abaissé, rivalisera avec les puissances du monde en grandeur et en influence terrestres. Nous sommes appelés maintenant à marcher séparés de ce monde, de sa puissance et de son éclat, contents d’être haïs comme le fut notre Maître (Jean 15), chérissant aussi le secret de la grâce de Dieu et les relations qu’elle nous donne, tout en souffrant avec Christ pendant ce temps. « Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui » (Rom. 8). « Cette parole est certaine ; car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui » (2 Tim. 2, 11-12). Maintenant est pour nous le temps d’avoir de la tribulation dans le monde, jusqu’à ce qu’Il vienne nous prendre dans la maison du Père, et nous serons aussi manifestés avec Lui en gloire, quand Il sera manifesté. Le jour de la gloire avec Christ fera amplement compensation.

Mais qu’en est-il de vous, cher lecteur ? Christ est-Il l’objet de votre foi ? Si c’est le cas, tout va bien pour vous, et maintenant et pour jamais. S’Il n’est pour vous rien de plus qu’un de ceux dont discutent les hommes, en dépit du témoignage que Dieu Lui a rendu, il serait mieux pour vous que vous ne fussiez pas né. En refusant la lumière et l’amour de Dieu en Celui qui descendit plus bas que tout pour les pécheurs, vous ne pourrez pas échapper au jugement qu’Il exécutera sur tous les impénitents et les incrédules, qui Le méprisent, Lui et la grâce de Dieu qui sauve en Lui. Avant ce jugement éternel, il y aura un jour de l’Éternel des armées contre tout ce qui s’exalte et s’élève, et contre tout ce qui est haut ; et ils seront abaissés. L’Éternel seul sera élevé en ce jour-là. Entre-temps, Dieu ordonne aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent. Oh, que Sa bonté vous mène à la repentance ! Le temps est court : ne tardez pas. Vos péchés sont grands et nombreux. Le sang de Jésus Christ Son Fils purifie de tout péché ; rien d’autre ne peut le faire.