Le centurion gentil et son esclave

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 8, 5 à 13 ; Luc 7, 2 à 10
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 156-157]
[Paroles d’évangile 4.2]

Dans le premier évangile, le lépreux est placé immédiatement avant le centurion, pour signaler la grâce à disposition pour le Gentil quand le peuple souillé rejettera le Messie. C’est ce que l’évangile montre du début à la fin. C’est pourquoi, dans son récit du centurion (et non pas dans le récit correspondant de Luc), le Seigneur déclare que plusieurs viendraient d’orient et d’occident et partageraient le festin avec Abraham, Isaac et Jacob, tandis que les fils du royaume, leur descendance, seraient jetés dans les ténèbres de dehors avec leur angoisse indescriptible.

Dans le troisième évangile, qui a un but moral plutôt que dispensationnel, le Saint Esprit conduit à placer le paralytique pardonné après le lépreux guéri (Luc 5, 13-14 et v. 18-25) : deux images frappantes du péché nécessitant la grâce divine pour être nettoyé, et la rémission des péchés connue comme puissance pour marcher et servir correctement. Ici aussi, le cas du centurion est donné à sa place réelle, qui correspond aussi au cadre de l’évangile. Le Seigneur avait établi pour Ses disciples, dans une large mesure et entièrement au-dessus des pensées ou des sentiments humains, cette bénédiction qu’Il connaissait dans sa perfection, à laquelle la grâce appelle et forme. C’est pourquoi il n’est pas question ici des scribes et des pharisiens, ou de ceux de l’ancienne économie. Il présente les principes du royaume de Dieu dans des termes qui laissent le Juif hors de vue, et instruisent l’homme de Dieu où et quand qu’il se trouve.

La foi du centurion gentil suit, avec un détail tout aussi approprié. Son esclave lui était cher, et même précieux, mais il était malade et allait mourir. Pourtant, le centurion ne se présente pas lui-même au Seigneur. Il vint à Lui seulement comme on dit que les gens font eux-mêmes ce qu’ils accomplissent par le moyen d’autres. Il n’était pas un païen ; il honorait les Juifs, quelque abaissés qu’ils soient, parce que Dieu les avait choisis et leur avait confié Ses oracles, les Écritures. C’est pourquoi il aimait leur nation (chose rare chez un officier romain), car il leur avait même bâti leur synagogue. Et ainsi, il envoie au Seigneur des anciens de ce peuple, qui L’implorent avec instance en faveur de celui qui était si digne à leurs yeux (chose rare chez un ancien des Juifs).

Mais quand le Seigneur n’était pas loin de la maison, le centurion Lui envoie des amis, disant : Seigneur, ne te donne pas de fatigue, car je ne suis pas digne (convenable, ou qualifié) que tu entres sous mon toit. La grâce même du Seigneur, qui offrait de venir et de guérir l’esclave, éveille dans son cœur un sentiment plus profond quant au Seigneur et à lui-même. C’était un sentiment moralement juste, dans le centurion, envers Celui qu’il ne pouvait que considérer comme détenteur d’une puissance et d’un droit divins ; comme aussi les anciens étaient justes dans leur sentiment de la dignité du Gentil et de son sentiment religieux. Il était en vérité un croyant. Cela le rendait humble tout autant que respectueux. Il reconnaissait en Jésus ce qui le rendait lui-même n’être rien, mais qui pourtant l’encourageait à déposer à Ses pieds sa requête pour un esclave mourant ; et cela, premièrement par le moyen des anciens des Juifs, puis par des amis ; car qu’y avait-il en lui dont il pouvait être tenu compte ? Tandis que Lui, le Seigneur, n’avait qu’un mot à dire, et son serviteur serait guéri. Lui aussi, un homme placé sous l’autorité d’autrui, avait sous lui des soldats, et il disait à l’un : Va, et il allait ; à un autre : Viens, et il venait ; et à son esclave : Fais cela, et il le faisait.

Pouvons-nous nous étonner que la grâce du Seigneur étonne ? C’était la foi, simple et forte, le fruit de la grâce divine. La parole de Dieu, car c’est elle qui était lue et entendue dans la synagogue, avait familiarisé le centurion avec la nature et les voies de Dieu, comme aucun des Juifs instruits qui écoutaient sans un tel sentiment de besoin, mais en revendiquant le monopole de sa possession. Le Seigneur dit que pas même en Israël, Il n’avait trouvé une si grande foi. Ceux qui avaient été envoyés s’en retournèrent et trouvèrent en bonne santé le malade.

Qu’en est-il de vous qui lisez ces paroles ? Si vous n’êtes pas né de Dieu, vous êtes dans le mal et dans les ténèbres de la chute, et d’autant plus coupable que vous avez entendu, non seulement la loi, mais l’évangile, depuis votre plus tendre enfance. Pourtant, vous avez vécu comme si vous n’étiez pas un pécheur perdu, comme si Dieu n’était pas un Sauveur, comme si Christ, qui mourut pour les pécheurs, n’avait pas été établi juge des vivants et des morts, Lui que devraient redouter avant tout ceux qui entendent mais négligent un si grand salut. Vous êtes dans un état pire et bien plus dangereux que celui de l’esclave malade du centurion. Seul le souffle de vos narines vous sépare de la mort, le précurseur de la seconde mort, l’étang de feu pour jamais. Oh ! pesez bien le récit écrit pour sauver — écrit par le Saint Esprit pour sauver — un esclave du péché. Christ vous y parle, à vous qui lisez ou écoutez. Pour Lui, prononcer une parole suffit amplement à sauver l’âme qui croit. Et Il a prononcé bien des paroles pour vous donner confiance, quels que soient vos nombreux péchés. Il donne la guérison, la vie, le pardon, la paix, et la puissance. Il donne toutes choses dignes de Dieu, toutes choses nécessaires pour l’homme. Mais prenez garde de ne pas douter, prenez garde de différer. Le « temps convenable » ne vient jamais. C’est maintenant le temps agréable ; voici, c’est maintenant le jour du salut. Si vous le repoussez, prenez garde que vous ne périssiez.