Le démoniaque délivré

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 8 ; Marc 5, 1 à 20 ; Luc 8
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 212-213]
[Paroles d’évangile 4.6]

Il y a deux manières très différentes selon lesquelles l’ennemi de Dieu et de l’homme travaille : l’une pourrait être appelée extraordinaire ; l’autre beaucoup plus courante. Il en est ainsi pour le mal avec l’esprit qui opère dans les fils de la désobéissance, comme le fait le Saint Esprit pour le bien dans les enfants d’obéissance. L’histoire dans laquelle le démoniaque joue un rôle si remarquable, illustre les deux. Le deuxième évangile entre dans des détails touchants quant à la misère désespérée de l’homme, et à la puissance pleine de grâce du Sauveur ; tandis que le premier est plus général dans la présentation d’un Jéhovah-Messie présent, prenant note d’une seconde victime comme c’est son habitude tout du long (Matt. 8, 28 ; 9, 27 ; 20, 30), le plus petit témoignage approprié à Israël. Marc et Luc placent devant nous de façon imagée le plus remarquable des démoniaques. Quand le Sauveur était ici-bas, il semblerait que Satan ait déployé sa puissance de mal au-delà de tout. Mais un plus fort que lui était là pour le vaincre, lui ôter toute son armure en laquelle il se confiait, et piller ses biens.

Immédiatement, dès que le Seigneur quitte le bateau venant de Capernaüm, de l’autre côté du lac, un homme avec un esprit immonde, qui avait son habitation dans les sépulcres, Le rencontra. Personne ne pouvait le lier, pas même avec des chaînes. Souvent, quand il avait été lié avec des fers et des chaînes, il avait rompu les chaînes et mis les fers en pièce ; et personne n’avait la force de le soumettre. Continuellement dans les sépulcres et dans les montagnes, de nuit comme de jour, il criait et se meurtrissait avec des pierres. Quel degré de dégradation, indiciblement misérable et épouvantable ! Matthieu y ajoute la violence et le danger pour les autres ; Luc, que depuis longtemps il ne portait pas de vêtements.

La vue du Seigneur Jésus, même de loin, l’arrêta, de sorte qu’il courut et Lui rendit hommage, et cria avec une forte voix : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas ». Car le Seigneur disait : Sors de cet homme, esprit immonde ! Ce n’était pas là tout. Il lui demanda : Quel est ton nom ? et reçut pour réponse : Mon nom est Légion, car nous sommes plusieurs. Il y a un fait qui échappe à l’entendement humain, quant au côté mauvais du monde spirituel, horrible au-delà de toute mesure : un homme avec une telle foule de mauvais esprits en lui, qui pouvait justifier du nom bien connu d’un bataillon romain, et un homme avec une conscience personnelle, quoique mêlant aussi sa personnalité avec la leur ! — Légion, car nous sommes plusieurs !

Mais quelque puissant que soit un esprit, et en particulier quand il s’agit d’une telle force de mal multiple et tyrannique, les démons n’ont aucune hardiesse sceptique. Ils croient et ils frissonnent (Jacq. 2, 19). C’est pourquoi ils Le suppliaient qu’Il ne leur commande pas de s’en aller dans l’abîme ; car leur destinée assurée se trouvait devant leurs yeux ; et ils savaient que quand Il régnera, ils seront chassés là, ce qu’ils redoutaient déjà maintenant. « Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ? » est leur cri dans le premier évangile. Alors, quand ils Le supplièrent d’entrer dans un grand troupeau de pourceaux qui paissaient sur le versant de la montagne, le Seigneur leur en donna le droit ; et les pourceaux, environ deux mille, n’eurent pas plus tôt reçu les esprits immondes, qu’ils se ruèrent du haut de la côte et furent étouffés dans la mer. C’était le témoignage, pour tous ceux qui croient l’Écriture, d’un côté de la puissance du Seigneur en délivrance, et de l’autre, de la puissance destructrice de Satan. Il est vain, ici comme partout, de confondre la possession par des démons avec la folie ou la maladie. L’une ou l’autre, ou les deux, peuvent accompagner ou non cette possession des esprits malins. La réalité était ainsi rendue visible. L’effet sur les pourceaux était le fait objectif, indéniablement clair, et la suggestion d’un dérangement physique ou mental était faux, de façon inexcusable.

Le Seigneur n’a pas non plus besoin, Lui à qui tout appartient, ici-bas et en haut, de l’excuse de l’homme pour justifier Sa permission, pas plus que pour la maladie et la mort, la peste et la famine, la tempête et le tremblement de terre, qu’Il emploie de façon providentielle dans ce monde tombé. À quelles fins de grâce ne fait-Il pas tourner chacune de ces calamités, pour ceux qui écoutent Sa parole. Il en était assurément ainsi alors, que ce soient des Juifs ou des Gentils qui possèdent les pourceaux.

Et ici, nous faisons face à l’œuvre plus ordinaire de la puissance de Satan. Car quand les gardiens des pourceaux racontèrent tout, l’ensemble de la ville vint à la rencontre du Sauveur et Le pria de partir de leurs limites ! Ils voyaient le possédé qui avait eu Légion assis, vêtu et dans son bon sens ; et ils eurent peur, non pas de Satan, mais du Sauveur ! Les témoins rapportèrent ce qui expliquait tout concernant le démoniaque et les pourceaux ; mais tout le peuple alentour commença à Le supplier de partir !

Tel est l’homme sous la puissance de Satan toujours à l’œuvre qui, si elle n’est pas si terrifiante en apparence, est bien plus dangereuse que la possession démente dans sa forme la plus extrême ; et il n’en est rapporté aucune qui surpasse Légion. Pourtant, sa présence n’avait jamais agi autant sur leurs frayeurs, que la preuve de la puissance bienveillante du Sauveur.

ô mes lecteurs, êtes-vous sous le même sortilège fatal ? Craignez-vous de vous approcher du Seigneur de tout, du Sauveur pour l’éternité de tous ceux qui croient ? Est-ce Jésus que vous craignez dans vos âmes ? Est-ce devant Sa grâce que vous reculez, de peur que vous ne soyez sauvé maintenant ? Considérez votre condition, des plus périlleuses. Vous êtes des esclaves de Satan, des enfants de colère, ennemis de Dieu. Qu’est-ce qui doit suivre, tel que vous êtes ? La mort, et le jugement. C’est ce qui est réservé aux hommes tels qu’ils sont. Sans la foi de votre part, le baptême et la cène du Seigneur, tout bénis qu’ils soient pour la foi, ne font qu’aggraver votre culpabilité. Il n’y a pas de Sauveur, mais le Seigneur Jésus qui, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui L’attendent (en contraste avec le jugement, car Il mourut en sacrifice pour leurs péchés).

Tel n’était pas l’état du démoniaque délivré, qui Le pria de pouvoir être avec Lui. Mais quelque convenable que soit ce désir, le Seigneur avait un travail à lui confier, avant que ce premier amour ne soit satisfait, comme il le sera sûrement au temps convenable : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a usé de miséricorde envers toi ». Et il alla son chemin et commença à publier en Décapolis combien de grandes choses Jésus avait fait pour lui. Et il le fit bien, même si tous s’en étonnaient.

Hélas ! s’étonner n’est pas la foi. Que votre part ne soit pas inférieure à celle du démoniaque. Délivré de la puissance opprimante de Satan, il devait rendre témoignage à la puissance pleine de grâce du Seigneur, c’est-à-dire Jésus, manifestée envers lui. Mais n’est-ce pas en entendant que la foi est produite dans les âmes exposées à Satan par d’autres moyens ? Que vous soyez délivrés du piège qui demanderait au Seigneur Jésus de partir. Le jour s’approche rapidement où, comme Roi, Il s’assiéra sur le trône de Sa gloire, et dira aux nations incrédules rassemblées devant Lui : Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges.