Le lépreux juif

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 8 ; Marc 1 ; Luc 5
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 141-142]
[Paroles d’évangile 4.1]

Dans le premier des évangiles, c’est le premier miracle qui est donné en détail : témoignage approprié du Messie envers Son peuple, témoignage qu’Il était l’Éternel au milieu d’eux, agissant en puissance et en grâce. De fait, même ici, le récit est bref. Le fait est, à certains égards, d’autant plus significatif. Spirituellement, le véritable état du peuple élu n’était pas meilleur, au regard de Dieu. La loi avait désigné la lèpre comme le signe permanent de l’impureté et de l’exclusion de Sa présence. C’est pourquoi la grâce envers un Gentil, dans l’action du prophète d’autrefois, était des plus manifestes, alors qu’Israël sombrait toujours plus dans l’apostasie.

Mais maintenant, un plus grand qu’Élisée se trouvait là. Emmanuel était sur la terre, dans le pays ; et ce malheureux Juif se prosterne devant Lui et Lui adresse son appel : « Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre net ». Le peuple élu était moralement ce que lui était physiquement ; mais ils ne le savaient pas, pas plus qu’ils ne s’inclinaient devant Sa gloire. Mais le jour viendra bientôt, pour le résidu, quand ils diront : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». « En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté ». Combien c’était différent, au jour de la venue du Messie !

Même le lépreux, qui Lui rendit donc hommage, saisissait faiblement la grâce qui était en Lui : « Seigneur, si tu veux ». Pourquoi cette question ? Pourquoi ce doute ? Pourquoi était-Il venu, et venu Lui-même, le Saint, pour demeurer au milieu d’un peuple aux lèvres impures ? Un homme, oui, le Roi, l’Éternel des armées ! Si les yeux de l’aveugle devaient être ouverts, et les oreilles du sourd être ouvertes, et le boiteux sauter comme un cerf (et la prophétie avait lié cela, et bien davantage, avec la venue du Messie), le lépreux devait-il être une exception ? Demeurait-il sans la saveur de la grâce ? Le lépreux, tout abject qu’il fût, reconnaissait Sa puissance sans hésitation.

Mais la grâce s’élève au-dessus de toutes les difficultés et applique la puissance au besoin, quelque désespéré qu’il soit ; et ici, Luc nous fait savoir, en accord avec son propre caractère, que l’homme était « plein de lèpre ». Mais si la foi était petite, la grâce se manifeste dans sa propre immensité. « Et Jésus étendit sa main et le toucha ».

Ce n’était pas toujours ainsi que le Seigneur opérait pour purifier les lépreux. Quand les dix Le rencontrèrent, comme nous le voyons en Luc 17, ils se tinrent loin, et le Seigneur les guérit tous, mais ne toucha aucun d’eux. Ici, nous avons le merveilleux signe de Sa miséricorde envers Israël en un jour à venir, quand Il les bénira de Sa présence pleine de grâce et guérira toutes leurs maladies, tout comme Il pardonnera toutes leurs iniquités.

Là, présent dans l’humiliation, Sa gloire ne pouvait être cachée. S’Il avait simplement été un homme sous la loi, Il n’aurait eu aucun droit de toucher le lépreux. Jéhovah le Messie était là ; et quoiqu’Il pût s’abaisser en amour, Il ne pouvait se renier Lui-même. Lui, et Lui seul, pouvait toucher le lépreux, non seulement sans être souillé, mais en chassant la lèpre. Combien c’était manifestement Dieu en Christ, gagnant le cœur accablé, et mêlant la puissance avec la grâce d’une manière qui dépassait toutes les pensées humaines ! Marc nous dit qu’Il fut « ému de compassion » ; et de fait, l’acte était tout à fait approprié pour le manifester.

Mais Il ajouta des paroles, rapportées dans les trois évangiles, de la plus haute importance — « Je veux ; sois net ». Nul autre sur la terre que Lui n’était libre de parler ainsi. Sa personne Lui en donnait le droit. Lui, qui pouvait en vérité dire « Je suis », avait le droit de dire : « Je veux ». En tout autre né de femme, ç’aurait été non seulement de la présomption, mais du péché. Il pouvait prononcer ces paroles, Lui qui disait en Jean 8 : « Avant qu’Abraham fût, je suis ». « Sois net » suit immédiatement, avec une puissance qui ne pouvait pas être contestée. « Immédiatement », la lèpre de l’homme fut guérie. Le Seigneur Jésus parlait, et la chose était faite ; Il commandait, et elle se tenait là.

Ce n’était qu’un exemple ; et, comme l’enjoint le Seigneur, « pour que cela leur serve de témoignage ». C’est pourquoi Jésus dit au lépreux : « Prends garde de ne le dire à personne ; mais va, montre-toi au sacrificateur et offre le don que Moïse a ordonné ». Une œuvre plus grande était nécessaire pour l’homme devant Dieu. Un besoin plus profond que tous ceux créés par la maladie, même fatale, reposait sur Israël ; mais ceci était « pour leur servir de témoignage ». Se montrer lui-même au sacrificateur aurait dû soulever la question là, si ses lèvres avaient gardé la connaissance, ou si son cœur l’avait cherchée : Qui l’avait guéri ? Cela aurait entraîné la réponse de la foi ; l’Éternel est là ; l’Éternel l’a guéri. Car personne ne savait mieux que le sacrificateur que l’homme est impuissant à ce sujet ; et la loi n’avait aucune provision pour guérir de la lèpre, mais seulement des indications pour purifier rituellement celui qui était déjà guéri.

Hélas ! tel le peuple, tel le sacrificateur ! Tous étaient alors incrédules, sauf le petit résidu qui écoutait la voix du bon Berger et Le suivait. Qu’en est-il de mon lecteur ? Le Gentil professant, quoique christianisé, si c’est là tout, n’est pas moins un lépreux que le Juif, au regard de Dieu ; et porter extérieurement le nom du Seigneur ne peut amener à Dieu, sans une foi vivante. Non, posséder extérieurement était et est un grand danger pour la chair, qui s’endort maintenant sous les privilèges comme Israël le fit autrefois.

Oh, écoutez Sa voix, qui parle encore des cieux, et assurément pas moins puissamment qu’au lépreux juif. Pourquoi ce récit est-il rapporté si complètement, si ce n’est pour être un témoin multiplié, que vous devez croire en Lui ? Votre cas n’est pas moins désespéré que celui du lépreux. Mais le Sauveur et Sa parole sont les mêmes pour toujours, même si votre foi est aussi petite, votre appel aussi hésitant, que ceux que nous venons de lire. La grâce du Seigneur Jésus répond à la foi, quelque petite et faible qu’elle soit, et agit selon la gloire de Dieu. Que vous puissiez donc écoutez et vivre !