Le levain

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 13, 33
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 373-374]
[Paroles d’évangile 5.4]

Le Seigneur Jésus prononce ici la quatrième des sept paraboles, la troisième similitude du royaume dans ces mystères.

« Il leur dit une autre parabole : Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prit et qu’elle cacha parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout fût levé » (v. 33).

Il n’est pas question ici des individus, pas plus que dans les deux précédentes, en particulier dans celle du grain de moutarde qui s’apparente le plus à celle-ci, comme l’indique la structure. Les individus avaient leur place dans la première parabole et, en écoutant, ils étaient nés de nouveau et étaient chacun des fruits produits par la semence. Si celle-ci était reçue dans la bonne terre, il y avait de la vie et du fruit ; sinon, la parole du royaume n’avait pas d’effet vital. Mais dans les paraboles qui suivent, devant les foules, nous avons des états successifs qui caractérisent le royaume tandis que Christ est caché en haut. Le premier est la ruine de la moisson ici-bas par le mélange, tandis que les hommes dormaient, de l’ivraie avec le froment ; mélange qui doit être laissé pour que le Roi s’en occupe quand Il reviendra, à la consommation du siècle. Le second est la croissance extraordinaire de ce qui a été planté comme une chose extrêmement petite ; mais elle grandit pour devenir une puissance terrestre aux prétentions attrayantes. Aucun de ces états n’a clairement affaire avec les individus, mais, comme il convient « au royaume », avec l’état de choses, et chacun dans son ordre propre.

Que signifie alors « le levain » ? Son introduction revient-elle à la première parabole et à son appel aux individus ? Ne continue-t-elle pas plutôt la lignée des comparaisons du royaume ? C’est bien certainement ce dernier cas uniquement, présentant l’effet de l’assimilation d’une doctrine, ou credo, sur une certaine sphère déterminée, jusqu’à ce qu’elle en soit entièrement imprégnée. Cela diffère très distinctement de la semence ayant un principe de vie qui porte du fruit, une image fréquente et bien adaptée dans l’Écriture. Le levain n’est jamais employé ainsi ailleurs. Depuis le tout début, il symbolisait une corruption qui tendait à opérer et à se répandre, comme dans la Pâque, appliqué avec autorité en 1 Corinthiens 5 au mal qui doit être ôté. Il a été utilisé par notre Seigneur pour décrire l’enseignement des pharisiens et des sadducéens, contre lequel les disciples devaient être en garde. Comparez Galates 5, 9 pour la doctrine, comme 1 Corinthiens 5 pour l’immoralité.

En aucun cas donc l’Écriture ne présente le levain comme une figure de la vivification, en aucun cas elle ne l’identifie avec le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint que Dieu a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur. L’eau vive est aussi différente que possible de la levure ; laquelle, étant un processus de fermentation, fait lever la pâte et la rend plus agréable au goût naturel. Si Christ est, dans le langage lévitique, le pain sans levain que mangent les rachetés, le levain a son utilisation appropriée dans les deux pains levés qui représentent les premiers fruits de la Pentecôte ; car les régénérés ont encore le mal dans leur nature. C’est pourquoi le sacrifice pour le péché accompagnait toujours les pains levés ; tandis que pour la gerbe des prémices, figure de Christ ressuscité, comme il n’y avait bien sûr pas de levain, il n’y avait pas non plus mention de sacrifice pour le péché. Le même principe explique le pain levé seul avec les sacrifice de prospérités offerts en action de grâces. Quand la nature tombée apparaît, le levain se montre aussi ; quelles que soient les promesses de la grâce, Dieu en tient compte. Mais vivifier est l’énergie directe de Christ, qui est la vie agissant par la parole de la foi.

C’est pourquoi, le mieux que l’on puisse dire du levain, selon l’Écriture, c’est qu’il s’agit d’une doctrine opérant parmi les hommes, comme ici dans les trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout fût levé. Le royaume n’était pas seulement ce qui est parti du plus humble commencement pour devenir une puissance dominante sur la terre, comme tout autre état de ce monde, dont l’élévation est recherchée par ceux qui y trouvent un abri. Il devait aussi pénétrer dans les esprits des hommes dans une sphère délimitée, les formant et les façonnant selon l’enseignement présenté. Ce que pouvait être le caractère spirituel de cette doctrine, n’entre guère dans les limites de ce qui était dit devant les foules. Et nous savons que ce qui s’est répandu dans une grande partie de l’empire romain détruit et au-delà, après que la profession chrétienne se soit élevée jusqu’à devenir une puissance et une influence de ce monde, était un simple credo, et en aucun cas l’évangile de Dieu pour l’obéissance de la foi : une idolâtrie des sacrements et du crucifix, et l’établissement, si ce n’est de dieux, du moins de médiateurs pour déshonorer le seul Médiateur ; non pas la parole de la croix comme Sa puissance envers ceux qui sont sauvés. Ce n’était plus Dieu choisissant les choses folles du monde pour confondre les sages, ou les faibles pour faire honte aux fortes, mais les sages, les puissants et les nobles choisissant le symbole de la chrétienté comme l’objet d’un hommage visible, et même comme le moyen de leur avantage ou de leur ambition. Telle était l’œuvre de la « femme ». Le Seigneur a depuis longtemps été laissé à l’arrière-plan.

Mon lecteur, prenez garde à ne pas être trompé ni à vous tromper vous-même. L’ennemi invisible a des ruses sans limites et subtiles ; et vous êtes exposés, mais vous ne devez pas ignorer ses manœuvres. Christ seul peut assurer le salut à votre âme. Et Il est aussi satisfaisant qu’Il est infaillible. Aucun autre fondement ne peut être posé que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ. Ce n’est pas quand nous devenons forts ou pieux, mais seulement tels que nous sommes, qu’Il sauve, et cela jusqu’à l’achèvement : alors que nous étions sans force, au temps convenable, Christ est mort pour des impies. Prêtez seulement l’oreille à l’appel de Dieu. « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta maison ».