Le semeur

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 13
W. Kelly

[Bible Treasury 20 p. 323-324]
[Paroles d’évangile 5.1]

Dans le chapitre précédent, le Seigneur avait fait une déclaration solennelle sur les Juifs. Ils avaient parlé contre le Fils de l’homme, et il y avait du pardon pour cela ; mais ils se précipitaient dans ce blasphème contre l’Esprit, qui n’admet aucun pardon. Aucun signe ne serait donné, sinon celui de Jonas le prophète — la mort et la résurrection du Fils de l’homme. Cette génération méchante doit avoir un dernier état pire que le premier. Et là-dessus, le Seigneur renie formellement Ses relations naturelles, étendant Sa main vers Ses disciples et disant : « Voici ma mère et mes frères » — seulement ceux qui font la volonté de Son Père qui est dans les cieux.

En conséquence, dans la première parabole de Matthieu 13, le Seigneur s’adresse aux foules qui, sur la rive, L’écoutaient depuis un bateau, et Il se présente Lui-même comme un semeur. « Voici, un semeur sortit pour semer. Et comme il semait, quelques [grains] tombèrent le long du chemin, et les oiseaux vinrent et les dévorèrent. Et d’autres tombèrent sur les endroits rocailleux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; et aussitôt ils levèrent, parce qu’ils n’avaient pas une terre profonde ; et, le soleil s’étant levé, ils furent brûlés, et parce qu’ils n’avaient pas de racine, ils séchèrent. Et d’autres tombèrent entre les épines, et les épines montèrent et les étouffèrent. Et d’autres tombèrent sur une bonne terre et produisirent du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende » (v. 3-9).

Le Seigneur ne pouvait pas, et Il ne le faisait pas, renoncer aux droits de Dieu, comme Il le fit savoir plus tard dans la parabole du maître de maison, et de Lui-même, le Fils et l’héritier, envoyé pour recevoir des fruits (Matt. 21, 33-41). Mais, en sachant bien le triste résultat, Il était venu pour les buts plus profonds de la grâce, quels que soient le mal et la rébellion de l’homme. Il est « le semeur » qui « sortit pour semer ». Il commence une nouvelle œuvre de la part de Dieu, quoique l’homme ne puisse échapper à la responsabilité de recevoir ou de rejeter la semence semée, « la parole du royaume ».

Hélas ! l’homme n’est pas disposé, l’homme pécheur, à recevoir la parole qu’envoie la grâce par le moyen d’Emmanuel, le Fils de Dieu quoiqu’un homme dans l’humiliation de l’amour. Et nous trouvons une lumière sans égale donnée par Ses paroles ; car « jamais homme ne parla comme cet homme », Ses ennemis eux-mêmes en étant les témoins. Il explique les différents cas de l’incrédulité humaine avec une simplicité et une profondeur qui lui sont propres.

Ceux qui entendent le long du chemin sont ceux qui ne reçoivent rien de Dieu. Le méchant vient et ravit ce qui a été semé dans le cœur. À moins que la conscience ne soit atteinte et que le péché ne soit jugé devant Dieu, il n’y a pas de vie. L’homme qui entend seulement demeure dans une mort inchangée ; il n’est pas né de nouveau ; il ne peut pas voir ou entrer dans le royaume. La semence, au lieu de prendre racine, est dévorée par les oiseaux, c’est-à-dire, l’ennemi.

Dans le second cas, les apparences étaient meilleures. La semence est tombée dans des endroits rocailleux et elle a levé aussitôt, là où il y avait peu de terre. Ce n’était qu’une œuvre dans la nature de l’homme. Et comme des sentiments hâtifs ont reçu la parole et qu’elle n’avait pas de racine, ainsi, quand le trouble ou la persécution surgirent à cause de la parole, ils se dérobèrent aussi rapidement à la souffrance. Quand le soleil fut levé, ils furent brûlés et séchèrent. Une œuvre divine est déposée dans la conscience, et la vie y demeure. Ici, tout était superficiel et évanescent.

Le troisième cas semble au début plus prometteur, la semence qui est tombée parmi les épines. Mais les épines crurent, pour leur ruine. Ici, le mauvais résultat se produisit plus lentement ; car quoique la parole ait été entendue, les soucis de ce siècle et la tromperie des richesses étouffèrent la parole, de sorte qu’il ne put y avoir de fruit.

Il est remarquable que dans ces cas-là, la parole n’est pas « comprise ». Car il n’y a pas de compréhension spirituelle réelle de la parole sans l’œuvre de Dieu, sans la vie ; ou, comme le troisième évangile l’indique, sans croire et être sauvé. Qu’en est-il de vous, cher lecteur ? Avez-vous ainsi appris et vous êtes-vous jugé, afin que vous L’écoutiez vous assurer qu’il n’y a que la mort au-dedans ? Êtes-vous non moins sûr que la vie pour vous ou pour quiconque se trouve seulement en Christ ? qu’elle n’est dans aucune institution, encore moins dans l’Église ? Savez-vous par la foi que la vie est en Christ, pour toute âme qui croit en Lui ? C’est ce que Dieu déclare dans Sa Parole. Cet homme tombé résiste et renvoie à plus tard. Sa confiance est dans ses propres capacités, ou dans quelque chose ou quelqu’un qui lui est semblable, et non pas dans la grâce de Dieu ; car, ayant une conscience mauvaise, il ne se fie pas à Dieu.

Christ est venu de la part de Dieu pour une mission de l’amour infini. En Lui, l’homme, s’il n’avait pas été aveugle, aurait vu ce qu’il aurait dû être envers Dieu, et ce que Dieu est envers l’homme. Christ était l’homme entièrement dépendant et infailliblement obéissant ; mais Dieu était aussi en Lui, réconciliant le monde avec Lui-même, l’expression parfaite de l’amour divin pour le coupable et le misérable. Mais l’homme ne voulait ni de l’un ni de l’autre : son injustice haïssait la véritable justice ; et son inimitié envers Dieu haïssait l’amour qui venait pour le sauver et le bénir. Comme Il le disait Lui-même : « Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père. Mais c’est afin que fût accomplie la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15, 22-25).

Comme cela est absolument vrai, l’homme est évidemment perdu. Mais Dieu déclare la vérité pour qu’il se repente et croit à l’évangile. C’est par la parole de la vérité que nous sommes engendrés de Dieu. Et cela se montre en premier lieu en recevant la parole, qui révèle combien nous sommes mauvais devant Dieu, et combien Il est bon envers nous en donnant Son propre Fils pour mourir pour les impies. Ainsi, c’est Dieu qui constate Son propre amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. Beaucoup plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par Son sang, serons-nous sauvés de la colère par Lui. Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de Son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par Sa vie. Telle est la justice de Dieu pour les injustes, le salut de Dieu pour ceux qui sont perdus, comme Il le fait savoir dans l’évangile à quiconque croit.

Ainsi ici, le commencement de notre bénédiction se trouve dans la reconnaissance réelle de notre méchanceté, et en croyant alors la grâce de Dieu pour nous en Christ. Ici, quand la semence est reçue, c’est « dans la bonne terre ». L’âme entend et comprend et porte du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. Car il y a des différences parmi les croyants. Quand l’œil est simple, tout est brillant et béni ; mais la chair et le monde entravent, dans la mesure où cela leur est permis ; et en conséquence, tout ne porte pas pleinement du fruit.