Le tentateur

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Gen. 3, 1)

Il faut remarquer que, quand l’ennemi assaille nos premiers parents, il est laissé dans une obscurité mystérieuse. Pourtant, aucun croyant, aucun esprit sérieux, ne peut douter que, sous la forme d’un serpent, Satan était à l’œuvre pour tromper et détruire, quel que puisse être le raisonnement de l’ingéniosité mal employée de l’incrédulité pour rendre confus les imprudents et les crédules. Au premier livre de l’Ancien Testament répond le dernier du Nouveau, ici comme ailleurs avec une force particulière, et il l’identifie du début à la fin comme « le serpent ancien, qui est appelé diable (calomniateur) et Satan (l’adversaire) » (Apoc. 12, 9 ; 20, 2). Nous ne sommes pas non plus abandonnés à cette seule prophétie symbolique ; car l’apôtre Paul, en 2 Corinthiens 11, 3, a donné des indications précises sur ce méchant depuis bien longtemps. Si le serpent séduisit l’homme dans son mensonge contre Dieu, la grâce révéla la semence de la femme, brisée mais pourtant brisant la tête de l’ennemi, Celui qui délivrait non seulement tous ceux qui croient, mais aussi toute la création (Rom. 8). Le second homme triomphera certainement.

En parallèle de la séduction incessante de l’homme dans le péché, Satan nous est montré dans le livre ancien de Job, et avec une clarté frappante, comme l’accusateur du saint dans la présence de l’Éternel (Job 1, 9-10 ; 2, 4-5), avec une puissance pour affliger qui lui est permise, et dans certaines limites même pour détruire le corps, quoique pas la vie de Job.

Mais le résultat, pour Dieu et pour ceux qui sont à Lui par la foi, est dans tous les cas sa défaite finale, mais en aucun cas en dehors de la grâce du Seigneur Jésus. Car là se trouve un antagonisme personnel. « C’est pour ceci que le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu’il détruisît les œuvres du diable » (1 Jean 3, 8). Il peut contrecarrer Dieu dans chaque objet ou plan de Sa part, il peut calomnier le croyant, et pour un moment sembler même réussir ; mais il est destiné, comme aussi tous ceux qui lui font confiance contre Dieu et contre Son Oint, à une défaite complète et à une ruine éternelle.

Sous le système légal, comme Dieu était caché, ainsi en était-il de l’ennemi. David le premier mit en évidence un type de Son royaume ; et là, nous entendons parler pour la première fois de Satan (1 Chron. 21, 1). Dénombrer le peuple dans l’orgueil d’un dirigeant de la nation, c’était abandonner la dépendance de l’Éternel et renier sa propre foi initiale ; et le châtiment en fut que soixante-dix mille hommes d’Israël moururent de la peste.

Dans le psaume 109, nous voyons Judas, celui qui mena contre Jésus les Juifs qui rejetaient Christ. Ce n’était pas simplement un méchant homme dressé contre Lui, mais Satan se tenait à sa droite : la prédiction claire de l’action du traître sous l’instigation du diable, comme le psaume qui le suit l’est de l’exaltation du Saint par l’Éternel pour s’asseoir à Sa droite jusqu’à ce que la parole Lui soit adressée pour juger. C’est la même opposition, semblant poursuivre son chemin de méchanceté, mais accomplissant seulement les bons conseils de Dieu pour l’honneur de Son Fils.

Zacharie 3 ne dit pas autre chose, quoique parlant du peuple du Messie. Leur culpabilité et leur souillure ne donnaient-elles pas un droit à Satan contre le souverain sacrificateur qui les représentait ? De façon incontestable et irrémédiable, le Messie n’a-t-Il pas été frappé pour la transgression du peuple et meurtri pour leurs iniquités ? C’est donc avec justice que l’Éternel qui a choisi Jérusalem peut reprendre Satan et dire : Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ? En justice, Il peut faire passer l’iniquité de leur représentant et le revêtir d’habits de fête, et mettre une tiare pure sur sa tête.

Dans le Nouveau Testament, le tentateur est confronté au Fils de Dieu, d’une manière bien plus extrêmement subtile et complète, pour Le faire sortir de la dépendance de Dieu. Le dernier triple effort est rapporté pour notre instruction et notre action de grâces : les tentations naturelle, mondaine et religieuse sont entièrement déjouées par Celui qui demeure en obéissance dans la vérité, ce que Satan ne faisait pas car il n’y a pas de vérité en lui [Jean 8, 44]. L’homme fort, quoique complètement armé, a trouvé ici quelqu’un de plus fort, qui l’a vaincu, a pris son armure et partagé ses dépouilles [Luc 11, 22]. Mais de nouveau, il se montre comme le prince du monde ; et comme il ne pouvait pas faire sortir le Messie du chemin de la soumission, il entraîna le monde, les Juifs étant de tous les plus coupables, à Le mettre à mort : quoique ce soit sa propre faute suicidaire, car la mort de Christ fut la glorification de Dieu à l’égard du péché, et la réconciliation de tous ceux qui croient, et de fait de toute la création, sauf bien sûr de ceux qui Le rejettent.

Mais le Nouveau Testament n’est pas moins clair sur le fait que le diable et ses anges, jusqu’à ce que le jugement soit exécuté, ne cessent pas dans leurs efforts pour corrompre et détruire, pour accuser les saints et pour tromper toute la terre habitable. Il opère par le moyen du monde et de la chair ; mais son propre domaine particulier est par le mensonge, et son inimitié directe est contre la grâce, la vérité et la gloire de son futur conquérant. C’est pourquoi les démons, à qui Il commandait, tremblaient devant le Seigneur Jésus, dans la terreur d’être jetés dans l’abîme, ou puits sans fond, là où Satan doit être lié quand Christ viendra dans Son royaume. Jusqu’alors, Satan agit comme un lion rugissant ou comme un séducteur ayant la ruse du serpent, se transformant lui-même en ange de lumière [2 Cor. 11, 14] ou allumant les feux de la persécution, quand il échoue avec ses mensonges. Il y a des anges tombés déjà réservés là dans des liens éternels, sous l’obscurité, pour le jugement du grand jour [Jude 6]. Ceux-ci ont si audacieusement rompu l’ordre de Dieu avant le déluge, qu’Il les a emprisonnés depuis lors ; et ils ne doivent pas être confondus avec ceux à qui il est encore permis pour un temps de tenter l’humanité, et d’avoir accès aux lieux célestes aussi bien qu’à la terre, jusqu’à ce que leur jugement arrive. Car leur chef est le prince de l’autorité de l’air, l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance [Éph. 2, 2] ; tout comme notre lutte, en tant que chrétiens, est déclarée être contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la [puissance] spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes [Éph. 6, 12]. Et ce conflit ne cessera pas tant que l’Église est sur la terre. Mais Apocalypse 12 nous dit qu’ils seront jetés hors du ciel, dans un jour encore à venir, avec de nouvelles conséquences sur la terre bien marquées pour un court moment, avant que Satan ne soit lié dans l’abîme pour mille ans, avant d’être bientôt après jeté dans l’étang de feu.

Ô mon compagnon pécheur, prends garde à la voix du Fils de Dieu, afin de recevoir la rémission de tes péchés et la vie éternelle. Il est mort pour les péchés, et Il a l’autorité maintenant sur la terre de t’en donner la rémission. En Lui était la vie, et Il donne la vie, Sa propre vie éternelle, à tous ceux qui croient. Il n’y a pas d’autre chemin ; car Il est le chemin, la vérité, et la vie [Jean 14, 6]. Vous êtes un fils de la désobéissance, et par nature un enfant de colère. Ne soyez pas plus longtemps trompés par Satan, qui triche en vous faisant croire que vous êtes fort et libre, alors que vous êtes sans force et déjà son esclave. Christ seul peut vous sauver ; et Il en est capable tout autant qu’Il le veut ; et Dieu y trouve Son plaisir, car Il aime le Fils et Il a pitié de vous. Satan peut facilement, et voudra sûrement vous garder pour être son compagnon dans le châtiment, comme vous êtes maintenant son serviteur dans le péché. Quiconque croit en Christ ne sera pas confus [Rom. 10, 11].