Nu

Traduit de l’anglais
W. Kelly
(Gen. 3, 7)

On trouve là l’effet immédiat du péché dans nos premiers parents : « Et les yeux de tous deux furent ouverts, et ils connurent qu’ils étaient nus ; et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier et s’en firent des ceintures », ou tabliers. Il y avait un sentiment de honte aussi bien que de culpabilité, et ils songèrent à le cacher et à eux-mêmes et l’un à l’autre.

Tout cela était en vain. La conscience était à l’œuvre, mais non pas devant Dieu ou envers Lui : sinon, ils auraient crié à Lui dans le jugement d’eux-mêmes et la confession attristée du mal qu’ils avaient fait. « Contre toi, contre toi seul, j’ai péché, et j’ai fait ce qui est mauvais à tes yeux » [Ps. 51, 4], disait le roi pénitent. Et pourtant, on pouvait dire que son iniquité était un tort grave fait à un serviteur dévoué et à sa femme, jusqu’alors irréprochables. Séduction adultère de la femme ! Mort planifiée pour l’homme ! Pouvait-il y avoir pires attaques envers son prochain ? Mais le cœur contrit, même dans un tel cas, sent justement que, quel que soit le crime devant les hommes, le péché est contre Dieu, de sorte qu’il éclipse tout le reste.

L’innocence sans honte avait disparu. Adam et Ève, désormais coupables, sentaient la honte du péché ; et leur premier effort fut de couvrir leur personne comme ils le pouvaient. Ils surent qu’ils étaient nus, quand ils eurent désobéi à Dieu. Mais les feuilles de figuier ne peuvent couvrir le péché ; et ils le surent également, quand ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu en ce même jour. Car le péché est contre Lui, et Sa voix, quand elle est entendue, éveille la terreur chez le coupable.

Combien il est bon, pour ceux qui sont tels (et nous sommes tous tels, ou l’avons été), de connaître l’« instruction » de David au psaume 32. « Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert ! Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ! ». Quelle bénédiction, quand Dieu couvre le péché par le sacrifice de Christ ! Sans lui, tout le reste est vain. Car, étant pécheurs, nous devons venir devant Dieu comme pécheurs, Lui qui refuse que l’on s’approche de Lui autrement, en premier lieu. Combien l’incrédulité est perverse ! Les hommes s’efforcent de venir comme des saints, qu’ils ne sont pas, et refusent de venir comme pécheurs, ce qu’ils sont et rien d’autre. Pourquoi se soustraient-ils ainsi à la vérité, à leur propre détriment aussi bien qu’au déshonneur de Dieu ? Parce qu’ils n’ont pas confiance dans Sa grâce. Mais Sa grâce apporte le salut, car il n’est possible que par un autre. Le ciel se trouve par Christ seul, et en conséquence seulement par la foi. Car la foi reçoit le témoignage que Dieu a rendu au sujet de Son Fils. Et le témoignage est que Dieu donne la vie éternelle à celui qui croit, et cette vie est dans Son Fils. C’est si absolument vrai, qu’il est ajouté : « Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5, 10-12).

L’œuvre de Christ, comme fruit de la grâce de Dieu, ôte la culpabilité de l’esprit. Son sang purifie la conscience. La ceinture, ou tablier, inutile, le vêtement sale, est ôté ; « la plus belle robe » [Luc 15, 22] est mise sur lui. La honte fait place à l’intégrité, et l’amour parfait chasse la crainte [1 Jean 4, 18]. La prétention de travailler pour avoir le pardon, la paix, la purification ou la vie, nie la culpabilité et la ruine du pécheur. « Or à celui qui fait des œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais à titre de chose due ; mais à celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice » (Rom. 4, 4-5). L’impie, le pécheur, mérite le jugement, qui est la perdition, à cause de ses œuvres ; mais l’évangile lui est envoyé comme à quelqu’un de perdu, afin qu’en croyant, il soit justifié et sauvé. Quelle grâce ! Et pourtant, c’est la justice de Dieu, qui donne au croyant ce que mérite l’œuvre de Christ ; et ainsi seulement, dans la croix de Christ, là où la méchanceté de l’homme a été manifestée au plus haut degré, la grâce règne par la justice pour la vie éternelle [Rom. 5, 21].

Veillez donc à ne vous reposer que sur Christ, selon la parole de Dieu. Sans Lui, la foi serait aussi vaine que le baptême, pour ne rien dire des œuvres. Sinon, même en étant vêtu, comme le dit l’apôtre (2 Cor. 5, 3), vous serez trouvé nu. Car tous doivent ressusciter, les injustes aussi bien que les justes. Et le vêtement du corps ressuscité ne cachera pas, mais manifestera la condition réelle. Christ seul répond à la nudité du pécheur ; Il lave, purifie, et revêt pour le regard de Dieu. Sans Christ, même en étant vêtu, vous serez trouvé nu : c’est un paradoxe dans les choses naturelles, mais une vérité certaine, spirituellement. Car dans ce jour, il n’y a rien de couvert qui ne sera révélé, ni rien de caché qui ne sera connu [Matt. 10, 26].