À quoi le royaume de Dieu est-il semblable ?

(Traduit de l’anglais)
Luc 13, 18 à 21
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 356-357]
[Paroles d’évangile 7.3]

Le royaume de Dieu n’est pas un secret caché en Lui. C’est un dessein révélé depuis longtemps dans Sa Parole. Quand Moïse et les enfants d’Israël traversèrent la mer Rouge qui recouvrit l’armée du Pharaon, ils chantèrent : « L’Éternel régnera à toujours ». Mais cela, comme toute autre chose sous la loi, faillit, pour le présent, à cause de leurs péchés. Finalement, ils rejetèrent le règne de l’Éternel, désirant un roi « comme toutes les nations ». Saül, leur choix, devint leur peine et leur honte ; mais Dieu, dans Sa pitié, leur donna David et Salomon. Même alors, tout n’était que provisoire, et au mieux seulement un type du Fils de Dieu, le vrai Roi, qui seul établira Son trône sur la sainte montagne de Sion.

Quand le Seigneur Jésus se présenta Lui-même aux Juifs, ils démontrèrent leur mauvais état en Le reniant et en Le crucifiant, comme leurs prophètes l’avaient prédit. Et Celui qui connaissait tout à l’avance, leur dit qu’ils ne Le verraient plus jusqu’à ce qu’ils disent : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Mais ce sera sûrement leur cas, et Lui bâtira de nouveau Sion, apparaissant dans Sa gloire. Ainsi, les nations Le craindront, et tous les rois de la terre, Sa gloire. Ce sera le royaume dans son sens manifeste, auquel tous les prophètes ont rendu témoignage, retardé jusqu’à présent à cause de l’incrédulité d’Israël. Quand leur cœur se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté ; jusqu’à ce jour, hélas ! il demeure.

Pendant ce temps, le Seigneur, dans Son ministère ici-bas, annonça le mystère, ou le secret, du royaume de Dieu (Marc 4, 11), alors que le Roi, rejeté sur la terre, est absent en haut. La conséquence en est que la puissance divine n’est pas manifestée en ôtant Satan et en supprimant tous les ennemis ; elle opère spirituellement dans ceux qui croient, cependant qu’un vaste système de simple profession se développe et se répand dans une certaine mesure ici-bas. Ce dernier résultat, totalement inattendu par les Juifs, est ce que notre évangéliste fut inspiré pour déclarer, dans les deux comparaisons de notre Seigneur.

« Et il disait : À quoi est semblable le royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je ? Il est semblable à un grain de moutarde qu’un homme prit et jeta dans son jardin ; et il crût et devint un grand arbre, et les oiseaux du ciel demeuraient dans ses branches. Et il dit encore : À quoi comparerai-je le royaume de Dieu ? Il est semblable à du levain qu’une femme prit, et qu’elle cacha parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout fût levé » (v. 18-21).

Le but moral de notre évangile est bien illustré par l’introduction particulière des deux paraboles à cet endroit-là. Aucun signe n’indique qu’elles furent prononcées alors. Le premier évangile les donne à leur place, avec les sept paraboles dévoilant le royaume des cieux, ou plutôt ses mystères, comme un tout complet. La parabole du semeur est séparée des autres et donnée en lien avec Son propre ministère, en Luc 8 ; avec les autres en Matthieu 13. Luc n’en fait pas du tout mention. Ici, le but est de renforcer la leçon solennelle de ce qu’est l’homme en présence de « toutes les glorieuses choses qui étaient faites par lui » [le Seigneur]. Les adversaires pouvaient bien être rendus honteux ; et toute la foule pouvait se réjouir. Mais l’homme est toujours le même, et fait tourner toutes choses à la vanité et à l’exaltation de soi. La chrétienté avec de meilleurs privilèges, n’est en réalité pas meilleure qu’Israël. « Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ». « Il vous faut être nés de nouveau ». « Si quelqu’un est en Christ, [c’est] une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ ». Que sont les changements extérieurs, à Ses yeux ? Et pourtant l’homme, l’homme professant sans la vie en Christ, ne peut montrer ou faire rien de plus.

Comme le décrivait le Seigneur, tel avait été le cours du royaume de Dieu. Au chapitre 8, Luc nous parle de l’œuvre très différente opérée par la semence, qui est l’image de la Parole de Dieu. Même ainsi, elle ne produit en aucun cas le résultat souhaité par le semeur. Car l’ennemi n’est pas encore délogé de sa mauvaise position éminente, et il se sert de la chair et du monde pour gâter et entraver, outre ses propres ruses destructrices. Cependant, la grâce donne à la semence de produire dans la bonne terre, et du fruit est porté au centuple.

Mais dans la parabole du grain de moutarde qu’un homme jette dans son jardin, nous entendons parler d’une croissance imposante, depuis un petit commencement, de ce qui porte le nom du Seigneur ici-bas. Le symbole pris est celui d’un arbre, qui d’une toute petite graine, a crû pour donner abri aux oiseaux du ciel. Des potentats terrestres sont décrits ainsi, comme les rois d’Égypte et d’Assyrie par Ézéchiel, et le roi de Babylone par Daniel ; seulement, ici, l’accent est mis sur l’incongruité du fait que ce qui était initialement petit, a pris un développement important au fil du temps. Nul ne peut nier ces deux faits dans la chrétienté. Comme le philosophe Guizot le dit dans ses Lectures II sur la civilisation, « Ce fut l’église avec ses institutions, ses magistrats, sa puissance, qui lutta triomphalement contre la dissolution interne qui secouait l’empire, et contre la barbarie ; qui soumit les barbares eux-mêmes, et devint le lien, le véhicule, le principe de la civilisation, entre les mondes romain et barbare ». Quel puissant élément sur la terre était devenu le petit troupeau !

Dans la parabole du levain, ce n’est pas l’émergence d’une puissance terrestre depuis ce qui était méprisé au départ, mais la propagation de la doctrine jusqu’à ce qu’une certaine sphère en soit imprégnée. En cela se trouve le portrait de l’opération des principes de la chrétienté. Il n’y a pas de mention d’une énergie vitale, mais seulement d’une certaine quantité assimilée par la doctrine. Assurément, la grâce en puissance n’est jamais symbolisée ainsi, mais une doctrine telle que celle des pharisiens, des sadducéens ou des hérodiens. L’esprit naturel est capable de cela. La profession de foi de la chrétienté, même vraie, peut être maintenue, et maintenue fermement, sans foi et dans l’injustice (Rom. 1). L’action du Saint Esprit ne se montre dans aucune de ces comparaisons.

Ô mon lecteur, écoutez la Parole de Dieu. Recevez Christ, qui seul est le Sauveur et donne la vie éternelle. C’est « sur le principe de la foi, afin que ce soit selon la grâce ». Les ordonnances peuvent présenter la vérité, mais elles ne peuvent pas sauver. Sur le principe des œuvres, vous êtes perdu ; mais Jésus est le Seigneur et le Sauveur. « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous [comme quelques-uns peuvent l’avoir pensé], c’est le don de Dieu ; non pas sur le principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie ». Jésus est le chemin, le seul chemin sûr, vers le Père. Regardez seulement à Lui, et faites appel à Lui. Car du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut. Car il n’y a pas de différence de Juif et de Grec, car le même Seigneur de tous est riche envers tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du *Seigneur sera sauvé. La parole de la vérité est l’évangile du salut pour celui qui croit.