Compromis

Traduit de l’anglais
W. Kelly

Dans la vérité divine, le compromis n’a aucune place. Ce serait l’abandon de l’autorité de Dieu et une rébellion manifeste. Nous sommes sanctifiés par l’Esprit pour l’obéissance de Jésus Christ [1 Pier. 1, 2], aussi sûrement que pour l’aspersion de Son sang. Nous ne sommes pas abandonnés à nos aspirations après le bien, ou à nos moyens pour leur donner effet. Celui qui a les commandements de Christ et qui les garde, c’est celui-là qui L’aime [Jean 14, 21]. Et ce n’est pas tout. La nouvelle vie est mise en activité ; l’amour qui est de Dieu croît. Et ce n’est pas seulement Son « injonction » qui gouverne le cœur, mais Sa « parole » le forme dans l’obéissance, et en est une mise à l’épreuve plus profonde. C’est pourquoi le Seigneur ajoute (Jean 14) : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé ».

En matière d’arrangements extérieurs, ou de choses moralement indifférentes comme des questions de temps ou de lieu, il y a amplement place pour la grâce dans la considération mutuelle et dans le soin spécial envers les pauvres, les faibles et ceux qui souffrent. Ici s’applique le principe, quoique dans un autre sens, que les forts doivent porter les infirmités des faibles, et non se plaire à eux-mêmes [Rom. 15, 1] : mais plutôt, que chacun de nous plaise à son prochain pour le bien et pour l’édification. Le fort peut bien se permettre de rechercher le désintéressement et se rendre plus doux pour tous. Et en cela, Christ est notre modèle béni, Lui qui en glorifiant Son Père, n’a jamais cherché Sa propre volonté, bien qu’elle soit toute entière sans souillure et sainte, et ne s’est pas plu à Lui-même, mais, comme il est écrit : « Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi » [Rom. 15, 3].

Mais là où la volonté de Dieu est exprimée, il n’y a pas d’option pour autre chose. Notre devoir alors est clair et inconditionnel : nous avons seulement à Lui obéir. De Sa propre volonté Il nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures (Jacq. 1). Tout le reste est sous le péché et la ruine, sous la mort et le jugement. Cette nouvelle nature divine, à laquelle Sa grâce nous a rendus participants (2 Pier. 1, 4), rejette toute saleté et tout débordement de malice, recevant avec douceur la parole implantée, qui a la puissance de sauver nos âmes [Jacq. 1, 21], assurément pas en écoutant simplement la parole, mais en la mettant en pratique. Ainsi, cela devient la loi parfaite de la liberté ; car comme la nouvelle vie a besoin de la parole révélée, ainsi la parole convient exactement à la vie que l’on a en Christ ; non pas le vieux moi, peut dire chaque croyant, mais Christ vivant en moi [Gal. 2, 20]. Sans aucun doute, cette vie n’est pas indépendante de sa source, mais vit dans Sa dépendance. Car ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré Lui-même pour moi. Tout est la grâce de Dieu, que ce soit la mort de Christ ou la vie donnée ainsi.

Que dirons-nous donc ? Poursuivrons-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? Qu’ainsi n’advienne ! Nous qui sommes morts au péché, comment y vivrons-nous encore ? Ou ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour Sa mort ? Nous avons donc été ensevelis avec Lui par le baptême pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. Car si nous avons été identifiés avec Lui dans la ressemblance de Sa mort, nous le serons donc aussi dans [la ressemblance de] Sa résurrection ; sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché. Car celui qui est mort est justifié du péché. Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui, sachant que Christ, ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur Lui. Car en ce qu’Il est mort, Il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’Il vit, Il vit à Dieu. De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le christ Jésus notre Seigneur. Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel pour que vous obéissiez aux convoitises de celui-ci ; et ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d’iniquité, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, et vos membres à Dieu, comme instruments de justice. Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce.

Telle est la façon dont Paul traite cette grande question en Romains 6 ; et il est aussi loin que possible d’un compromis quant au principe ou quant à la puissance. Nous sommes baptisés pour la mort de Christ, quant au principe ; nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce, quant à la puissance. Dans les deux, le péché est vaincu et entièrement rejeté. Délivrés du péché mais assujettis à la justice, asservis à Dieu, nous avons notre fruit dans la sainteté, et pour fin la vie éternelle [v. 22]. Notre condition est mélangée, sans doute, ce qui est sans doute peu dire de la triste réalité ; mais ce n’est pas affaiblir la vérité absolue de notre délivrance d’une part, ou de notre responsabilité de l’autre. Le compromis est exclu ; et ce n’est pas étonnant, car Christ est mort et ressuscité. De plus, le Saint Esprit nous est donné.

Ainsi, en 1 Corinthiens 3, nous ne marchons plus comme des hommes, mais comme sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés. Autrefois nous étions tous « les injustes », certains cette horreur-ci, d’autres celle-là ; mais en recevant Christ, nous avons été lavés, sanctifiés, justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu. Car ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? Et vous n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps (1 Cor. 6). Il n’y a pas de compromis là.

Comme il en est dans ces deux grandes épîtres, l’une très nettement individuelle, alors que l’autre est aussi ecclésiastique ou collective, ainsi en est-il dans chaque autre partie du dépôt chrétien que nous avons à garder. Il n’y a aucune sanction du laxisme ; la grâce condamne le péché plus solennellement et plus profondément que la loi. Nous sommes la lettre de Christ, responsables d’être ainsi connus et lus de tous les hommes [2 Cor. 3, 2, 3]. La conformité avec Christ, avec la vérité, avec la sainteté, est obligatoire pour tous les saints, même les plus faibles. Un compromis à cet égard est également un péché et rien d’autre qu’une honte.

Encore une fois, y a-t-il quelque latitude autorisée dans le ministère de l’Esprit ? Y a-t-il de la liberté pour l’infidélité en ceux qui prêchent ou enseignent Christ ? Pouvons-nous, dans l’œuvre du Seigneur, nous associer avec une inconséquence connue, avec un agissement délibérément désinvolte, avec ce qui tient ouvertement pour rien les voies divines ? C’est ce que pensaient les Corinthiens, et pendant un certain temps, ils se dressèrent en rébellion contre l’apôtre que Dieu avait béni pour leurs âmes. Pour un moment, ils furent hautains et éloignés de la vérité, écoutant de façon abjecte les faux docteurs qui les amenaient dans la servitude à leurs propres objets. N’était-ce pas un deuil et un scandale que de telles choses soient le fait de certains qui se prétendaient être les serviteurs du Seigneur ? Car que peut-on penser de quelqu’un qui professe la fidélité en donnant la main à de mauvaises voies sans repentance ? Que penser du plan déplorable et impie de s’imaginer qu’une telle union est de Dieu pour redresser ceux qui agissent mal ? Le plus simple croyant peut-il manquer de voir que c’est faire le mal afin que le bien arrive ? — desquels le jugement est juste [Rom. 3, 8].

Mais l’objet ne peut-il pas être bon ? Ainsi disent tous les guides religieux, et sincèrement pour beaucoup d’entre eux, quoique différant ou même opposés entre eux. Il ne serait pas charitable de douter que beaucoup se soient sérieusement nourris de leurs méthodes, et se sont plus ou moins satisfaits de la cause qu’ils plaident. Mais cela ne rend que plus évident qu’un objet apparemment bon n’offre pas la moindre garantie soit de vérité, soit de sainteté.

Le but serait-il toujours aussi excellent, il est essentiel qu’il soit poursuivi selon la pensée du Seigneur ; et cela ne peut être que dans l’obéissance à Sa Parole. S’opposer à elle est chercher la destruction, faire sans elle est la propre volonté. Dans Son œuvre, le compromis est le mal. Le Seigneur est jaloux que la marche connue soit en accord avec Son témoignage. Son serviteur est tenu d’avoir les mains lavées, et de ne pas participer aux péchés d’autrui [1 Tim. 5, 22]. Combien le chemin de Dieu pour Ses serviteurs est contrasté !

« C’est pourquoi, ayant ce ministère comme ayant obtenu miséricorde, nous ne nous lassons point, mais nous avons entièrement renoncé aux choses honteuses qui se font en secret, ne marchant point avec ruse et ne falsifiant point la parole de Dieu, mais, par la manifestation de la vérité, nous recommandant nous-mêmes à toute conscience d’homme devant Dieu » [2 Cor. 4, 1, 2] ; et encore, « ne donnant aucun scandale en rien, afin que le service ne soit pas blâmé, mais en toutes choses nous recommandant comme serviteurs de Dieu, par une grande patience, dans les tribulations, dans les nécessités, dans les détresses, sous les coups, dans les prisons, dans les troubles, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes, par la pureté, par la connaissance, par la longanimité, par la bonté, par l’Esprit Saint, par un amour sans hypocrisie, par la parole de la vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de justice de la main droite et de la main gauche » [2 Cor. 6, 3-7]. De fait, tout 2 Corinthiens 6 est digne d’être considéré par tous les serviteurs et les saints de Dieu. Mais cela peut suffire à indiquer ce que Sa Parole nous enjoint, pour déraciner entièrement ce compromis qui est l’intervention de l’homme dans Son œuvre, aussi offensant pour Son Esprit que se défiant de Sa Parole.