La demande importune

(Traduit de l’anglais)
Luc 11, 5 à 13
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 246-248]
[Paroles d’évangile 6.8]

Le Saint Esprit, à cet endroit de l’évangile de Luc, réunit, comme c’est souvent Sa manière de faire, deux choses qui peuvent n’avoir pas du tout été proches historiquement, afin d’illustrer une grande vérité morale : la valeur de la Parole divine, et celle de la prière. La première termine le chapitre 10, la dernière ouvre le chapitre 11.

De Sa propre volonté, Dieu le Père nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de Ses créatures (Jacq. 1, 18). Ainsi, Pierre, dans sa première épître (1 Pier. 1, 22) parle de ce que nous avons purifié nos âmes par l’obéissance à la vérité par l’Esprit, étant régénérés, non par une semence corruptible, mais par une incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu. « Or c’est cette parole qui vous a été annoncée ». C’est pourquoi, comme des enfants nouveau-nés, nous sommes exhortés, laissant de côté tout mal en parole, en œuvre ou en pensée, à désirer le pur lait de la Parole, afin que nous croissions par lui à salut, le salut qui est prêt à être révélé à l’apparition de Christ. La même Parole de Dieu qui nous vivifie, nous qui croyons, nourrit, fortifie et garde notre âme. Paul enseigne la même vérité. La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la Parole de Dieu (Rom. 10, 17). « Je vous ai engendrés dans le christ Jésus par l’évangile » (1 Cor. 4), non pas par le baptême, car il en avait baptisé très peu, mais par l’évangile qu’ils avaient reçu de lui et qu’il leur avait prêché. C’était la Parole qui corrigeait leurs fautes et restaurait leurs âmes, comme nous le voyons en 2 Corinthiens. Car Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré Lui-même pour elle, afin qu’Il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la Parole, pour un but assuré et glorieux. Jean n’est pas moins explicite ; car il nous montre les disciples déjà nets à cause de la parole que Jésus leur avait dite (Jean 15). Ils sont sanctifiés par la vérité, qui est la Parole (Jean 17).

Mais quand nous avons reçu la Parole, comme Marie le fit dans son amour pour elle, et aux pieds de Jésus, nous avons néanmoins, et encore davantage, besoin de la prière pour marcher d’une manière digne de Dieu, qui nous a appelés à Son royaume et à Sa gloire. Et tel nous trouvons le Seigneur, comme nous Le voyons continuellement en prière, enseignant à Ses disciples à prier. Car la vie que nous avons reçue en Lui, étant de Dieu, vit ainsi dans Sa dépendance de façon habituelle, et dans l’obéissance à Sa volonté, qu’Il a fait connaître par Sa Parole. L’homme, comme le Seigneur le cita au tentateur, ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu. Ma viande, disait-Il aux disciples, est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé, et d’accomplir Son œuvre ; et encore : Comme le Père vivant m’a envoyé, et que moi, je vis (non pas simplement « par », mais) à cause du Père, de même celui qui me mangera, comme le fait tout vrai chrétien, celui-là aussi vivra à cause de moi. Christ devient ainsi l’objet et le motif du croyant. Aucun de nous ne vit ayant égard à lui-même, et nul ne meurt ayant égard à lui-même. Mais soit que nous vivions, nous vivons ayant égard au Seigneur, soit que nous mourions, nous mourons ayant égard au Seigneur ; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur (Rom. 14). Et Il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité (2 Cor. 5).

C’est pourquoi le grand apôtre déclare que toute créature de Dieu est bonne à manger, et qu’aucune n’est à rejeter, étant prise avec action de grâces, car elle est sanctifiée par la parole de Dieu et par la prière (1 Tim. 4, 4, 5). Le mot utilisé ici va, sans aucun doute, au-delà du terme ordinaire pour la prière, et il implique cette relation qui est maintenant permise pour nous avec Dieu par la rédemption, et nous encourage à intercéder pour tout, à cause de cet accès que nous avons dans la grâce dans laquelle nous sommes. Mais c’est une prière à Dieu d’une manière aussi entièrement complète que libre, que sanctionne Son amour, maintenant que Sa justice est manifestée, le mot exprimant ce qui vient de Lui, aussi bien que la prière qui monte vers Lui, dans la vie de la foi.

Sur les détails de la prière donnée ici, et de façon encore plus complète dans l’évangile de Matthieu, nous n’avons pas besoin de dire grand-chose, à part constater les efforts de l’incrédulité pour les assimiler. Chacun des récits est parfait vis-à-vis du propos de Dieu, là où il est donné, le plus court pour l’instruction des Gentils tout autant que le plus long pour les croyants de la circoncision. La demande pour la terre est omise ici, comme aussi à propos de la puissance du mal, que les Juifs devaient connaître de façon particulière comme caractérisant le temps qui précédera leur délivrance et leur bénédiction, à la fin.

Mais quel stimulant le Seigneur ajoute-t-Il ici ! « Et il leur dit : Qui sera celui d’entre vous qui, ayant un ami, aille à lui sur le minuit, et lui dise : Ami, prête-moi trois pains, car mon ami est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui présenter ?… et celui qui est dedans, répondant, dira : Ne m’importune pas ; la porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t’en donner. — Je vous dis que, bien qu’il ne se lève pas et ne lui en donne pas parce qu’il est son ami, pourtant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu’il en a besoin » (v. 5-8).

En vérité, le Sauveur n’avait pas besoin que quiconque rende témoignage de l’homme ; car Il connaissait ce qui était dans l’homme. Aussi réellement homme qu’Adam, Il était toujours parfaitement au-dessus de toutes les souillures de l’humanité en chute, « la sainte chose née ». Non seulement Il ne péchait pas, et aucune fraude ne se trouvait dans Sa bouche, mais en Lui, on pouvait dire, et le dire de façon absolue, qu’il n’y avait pas de péché. Et Il savait ce qui était en Dieu, car Il était Dieu, et Il l’est pour toujours. Il était tout à fait conscient de la réticence de l’homme à s’approcher de Dieu, et qu’il n’était pas disposé à attendre du bien de Dieu. L’homme en lui-même n’est pas quelqu’un qui donne, encore moins sent-il que Dieu donne continuellement et abondamment, dans la sphère naturelle des besoins de l’homme. Mais que Dieu donne ce qu’Il avait de meilleur, le Fils de Son amour, pour le délivrer du mal et du jugement, pour ôter ses péchés, pour lui donner la vie éternelle, dépasse tellement tout ce qui est dans son propre cœur et tout ce dont sa conscience a justement besoin, qu’il ne peut pas, qu’il ne veut pas, le croire, même alors que Dieu en a envoyé le témoignage le plus complet et le plus solennel dans la grâce et la vérité venues par Jésus Christ, Son Fils. Il est opposé à la bonne nouvelle, parce qu’elle ne donne aucune place à l’homme, mais que tout est de la propre bonté de Dieu en Christ. S’il y avait ne serait-ce qu’un rite ou une institution d’une efficace mystérieuse par l’homme et pour l’homme, cela, il pourrait le comprendre ; quelque chose faite pour lui, si ce n’est pas par lui, du moins par un autre, en cela, il pourrait se confier, en particulier si beaucoup d’autres l’acceptent de même. Mais se reconnaître soi-même comme seulement méchant, Dieu seul comme bon, le plus grand et le meilleur de tous en donnant Son Fils unique afin que lui vive et L’ait Lui comme propitiation pour ses péchés, voilà en effet l’amour de Dieu qui dépasse la pensée de la créature, et pourtant, c’est l’amour même que nous sommes appelés à croire dans l’évangile.

Dans les premiers temps, un grand persécuteur eut la révélation de cela, faite à lui et en lui, comme il lui fut donné de voir le Seigneur glorifié et d’entendre les paroles de Sa bouche. Quel en fut l’effet immédiat ? « Voici, il prie ». Et il en est toujours ainsi. La foi en Lui introduit dans de nouvelles relations et crée de nouveaux besoins ; tandis que le vieil homme est toujours là, quoique judiciairement condamné à la croix et demandant un jugement de soi vigilant dans la pratique de chaque heure ici-bas. Mais le croyant n’a pas seulement été justifié par la foi, et n’a pas seulement la paix par notre Seigneur Jésus Christ ; par Lui, il possède un accès par la foi à cette faveur dans laquelle nous sommes. Sans doute, il est appelé à louer et à rendre grâces continuellement, mais aussi à prier dans sa faiblesse et son exposition à un monde de méchanceté et à un ennemi subtil et qui ne dort jamais. De même que la prière est due à notre Dieu et Père, ainsi elle est indispensable pour Ses enfants. Et le Seigneur l’illustre même de la part de l’homme, quelque mauvais qu’il soit, et bien qu’appelé à minuit, quand les difficultés étaient les plus grandes. En dépit même de tout cela, quand le besoin était urgent, et sans aucune ressource pour y répondre, un simple homme ne manque pas de se lever et de donner, non à cause de son amitié, hélas ! mais à cause de son importunité. Combien plus le croyant devrait-il compter sur Dieu ! « Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert ; car quiconque demande, reçoit ; et celui qui cherche, trouve ; et à celui qui heurte, il sera ouvert ». Dieu donne à tous la vie et la respiration et toutes choses ; c’est Sa nature.

La relation ajoute seulement à cela. « Quel est le père d’entre vous à qui son fils demandera un pain et qui lui donnera une pierre ? ou aussi, s’[il demande] un poisson, lui donnera, au lieu d’un poisson, un serpent ? ou aussi, s’il demande un œuf, lui donnera un scorpion ? ». Un ennemi pourrait faire cela, mais Dieu est le plus vrai des amis, un Père auquel nul ne ressemble. « Si donc vous qui êtes méchants, vous savez donner à vos enfants des choses bonnes, combien plus le Père qui [est] du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (v. 11-13).

Le Seigneur a en vue les siens dans leurs nouveaux besoins et attendant leur privilège particulier. L’Esprit, quoique opérant toujours dans la famille de la foi, devait être donné, comme le Fils l’avait déjà été ; le Fils pour les pécheurs, l’Esprit pour les saints. Les disciples attendaient la promesse du Père et reçurent l’Esprit à la Pentecôte, quand Pierre en posa les conditions : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit » (Act. 2, 38). Il n’est pas étonnant qu’ils persévérèrent, comme dans d’autres saintes fonctions, ainsi « dans les prières », fervents en esprit, servant le Seigneur, avec une joie ineffable et glorieuse.