Le blasphème de la puissance de Dieu en Christ

(Traduit de l’anglais)
Luc 11, 14 à 26
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 263-264]
[Paroles d’évangile 6.9]

Chasser les esprits immondes ou les démons tient une grande place, dans les évangiles synoptiques, et très justement. Il revient au quatrième évangile d’établir plutôt de façon positive la vie éternelle en Christ et le Saint Esprit qui devait être envoyé en Son nom à Son départ. Dans l’évangile selon Marc, c’est le premier miracle qui est rapporté, et il réapparaît souvent et sans le moindre détail. Notre évangile commence Son ministère de façon caractéristique avec Ses paroles de grâce pour l’homme, et si les siens ne voulaient pas entendre, pour les Gentils ; car la grâce est souveraine. Mais la puissance spéciale de Satan sur l’homme (jamais aussi manifeste que quand Jésus était ici-bas) suit immédiatement, comme nous pouvons facilement voir la place éminente qu’elle a aussi dans l’évangile selon Matthieu.

Mais la puissance de Christ en chassant les démons attirait la haine et le blasphème de la part de l’homme. « Il chasse les démons par Béelzébul, le chef des démons », disaient certains ; alors que d’autres Le tentaient en cherchant à obtenir de Sa part un signe du ciel. Le Seigneur démontra immédiatement la folie et la méchanceté d’une telle imputation. Non seulement Satan serait en guerre avec lui-même, mais leurs propres fils, qui chassaient les démons, les reprendraient. Pourtant, dans leur cas, c’était un témoignage rare, dans Sa constance et Son infaillibilité, que, si le royaume de Dieu n’était pas encore manifesté en puissance et en gloire, ce royaume était venu à eux dans Sa personne. Hélas ! l’ancienne condamnation fut répétée seulement de façon plus rigoureuse, leur cœur s’étant épaissi, leurs oreilles étant devenues pesantes, et leurs yeux fermés comme par le sommeil, de peur qu’ils ne se convertissent et que Dieu ne les guérisse.

Là-dessus, le Seigneur déclare d’abord le cas de la puissance de Dieu en grâce en Lui, puis la conséquence de l’incrédulité en eux.

« Quand l’homme fort, revêtu de ses armes, garde son palais, ses biens sont en paix ; mais s’il en survient un plus fort que lui qui le vainque, il lui ôte son armure à laquelle il se confiait, et fait le partage de ses dépouilles » (v. 21, 22).

C’est ce que le Seigneur faisait alors dans le pays, aux yeux de tous. L’an agréable du Seigneur était manifesté, pas encore au monde entier, mais en Celui qui, dans le désert, avait vaincu Satan par la simple obéissance et par la Parole écrite. C’est la puissance morale de l’Esprit dans l’homme ; et le Seigneur en était le témoin béni en perfection. Cela fut suivi par les puissances du siècle à venir, manifestations alors de cette énergie qui délivrera complètement le siècle à venir de l’ennemi. Pendant longtemps, l’homme fort a exercé son influence funeste et destructrice, pendant longtemps ses biens ont été en paix. Désormais, Celui qui est plus fort que lui est venu et l’a vaincu. Sa puissance a été brisée devant la semence de la femme ; il ne pouvait pas retenir ses possessions plus longtemps. Les démons, même s’ils étaient une légion, étaient chassés. Les aveugles voyaient, les boiteux marchaient, les lépreux étaient rendus nets, les sourds entendaient, les muets parlaient, et les morts étaient ressuscités.

Il est vrai que le diable n’était pas encore écrasé, et il s’était éloigné de Lui pour un temps. Il avait cherché en vain à L’attirer hors du chemin de l’obéissance ; il reviendrait pour Le mettre à mort dans ce chemin. Mais cela n’aboutirait finalement qu’à une victoire plus grande pour Dieu et pour l’homme, non seulement sur « ses biens » dans le présent, mais dans la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais pour le monde entier. La question de la culpabilité et du mal en face du jugement et de l’éternité serait alors résolue, comme elle l’est maintenant dans le précieux sang, la mort et la résurrection de Celui qui est assis à la droite de Dieu dans la gloire.

Cependant, la victoire déjà obtenue était grande, et servait de base pour la confiance pour tout ce qui allait suivre en son temps, ainsi que pour la merveilleuse voie de Dieu dans la croix. Si, comme le dit Luc, certains dans la foule blasphémaient ; si, comme le dit Matthieu, les pharisiens blasphémaient et, comme le dit Marc, les scribes, tout cela montre ce que les Juifs ont fait, grands et petits, religieux et savants en particulier, pour leur ruine commune et complète. Mais le Seigneur signale la crise pour la foi. Quand la pire incrédulité est à l’œuvre, c’est justement le moment pour une pleine manifestation de la foi. « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; et celui qui n’assemble pas avec moi, disperse » (v. 23). Avec cette mesure, le croyant aussi obtient la victoire. Un chemin intermédiaire à cet égard n’est qu’une tromperie. Christ seul est digne de toute confiance. La neutralité en cela est fatale. Être avec Lui est impératif ; assembler sans Lui, c’est disperser, quelque bonne que soit la promesse de l’homme ou l’apparence sur le moment.

Qu’en est-il de vous, mon lecteur ? « Je suis (disait-Il) la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». « En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit en moi, a la vie éternelle ». Craignez avant tout de ne pas être avec Lui. Si vous n’êtes pas avec Lui, vous êtes contre Lui. Tout autre compagnon ne peut pas être une sécurité : Christ seul l’est.

Et Il est le Dieu véritable et la vie éternelle, de sorte que seul ce qui est assemblé avec Lui subsiste, et est agréable à Dieu. Tout ce qui embrasse ou recherche le monde porte en lui-même la marque de l’ennemi, et n’est en rien du Père. Il n’y a pas davantage de rassemblement des saints qui plaise à Dieu, à moins que Christ n’en soit la pierre de touche et le centre. Et la revendication de l’infaillibilité pour un homme quelconque autre que Lui, qui est Dieu, est le plus audacieux péché contre Dieu qui soit, et un antichrist tout à fait manifeste, reniant le Père et le Fils, même s’il se pense très sûr de lui.

Quelle en est alors la conséquence ? « Quand l’esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos ; et n’en trouvant point, il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti. Et y étant venu, il la trouve balayée et ornée. Alors il va, et prend sept autres esprits plus méchants que lui-même ; et étant entrés, ils habitent là ; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première » (v. 24-26).

C’est la chute, l’apostasie suivie par l’homme de péché. L’esprit immonde de l’idolâtrie parmi les Juifs était le précurseur et la cause morale de la captivité à Babylone. Depuis lors, les Juifs ont été, de façon générale, libérés de ce mal, de façon évidente après la victoire des Macchabées. Mais ils n’en ont pas moins péremptoirement rejeté Jésus le Messie. Ils étaient contre Lui, et, au lieu d’être rassemblés, ils furent dispersés, et dispersés comme jamais auparavant ni depuis lors. Et ils sont toujours « vides », comme le dit Matthieu, vides de la puissance de Dieu. À quoi sert alors d’être balayé et d’orner ? Le vieil esprit impur d’idolâtrie reviendra certainement, avec la puissance septuple de l’ennemi ; et combien affreuse en sera la fin, pour la multitude ! Un résidu, qui sera alors avec Jésus, sera reconnu comme sien en grâce, et ils seront avec Lui le centre des peuples rassemblés de la terre.

Dans Luc, le Saint Esprit ne limite pas Son action à « cette génération », mais l’élargit à « l’homme ». Et la fin des individus et des nations de la chrétienté ne sera pas meilleure. Car on ne se moque pas de Dieu. Ils n’ont pas persévéré dans la bonté de Dieu et doivent aussi être coupés. Ils sont déjà largement idolâtres, et cela augmentera encore dans une plus grande impiété, jusqu’à l’apostasie et l’homme de péché, pour eux comme pour les Juifs incrédules.

Oh ! recevez donc Christ, et l’amour de la vérité, afin que vous soyez sauvé, tandis que la porte est encore ouverte et que Dieu vous appelle à croire en Son Fils.