Le domestique

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 24, 45 à 51
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 149-150]
[Paroles d’évangile 6.2]

C’est la première partie de la prophétie de notre Seigneur sur la montagne des Oliviers qui traite directement de la profession chrétienne. C’est donc tout à fait distinct de la parabole du figuier, qui se rapporte à Israël, comme tout le discours qui précédait, et en accord avec le verset 15, s’occupant du pays et du sanctuaire, du jour du sabbat, et de la tribulation sans égale pour les Juifs, avec des signes avant et après celle-ci, l’attention étant spécialement attirée sur le prophète Daniel, et une illustration tirée du déluge, en Noé qui a été préservé à travers celui-ci, et non pas en Énoch qui a été pris avant.

Ici commence ce qui est si général, qu’il s’applique partout où le nom du Seigneur est invoqué, les particularités juives ayant été quasiment abandonnées. Le Seigneur prend la place d’autres objets. Son service dans Sa maison est le caractère dominant, sans restriction ni ajout. La relation est exclusivement avec Lui et Ses règles. Nous trouverons, dans la troisième et dernière parabole de la série, Ses dons conférés à Ses serviteurs selon Sa volonté souveraine, avec lesquels chacun est appelé à trafiquer, selon la figure des talents confiés pour produire des intérêts. Mais ici, il s’agit de fournir la nourriture à Sa maison au temps convenable.

« Qui donc est l’esclave fidèle et prudent, que son maître a établi sur les domestiques de sa maison pour leur donner leur nourriture au temps convenable ? Bienheureux [est] cet esclave-là que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens. Mais si ce méchant esclave-là dit en son cœur : Mon maître tarde [à venir], et qu’il se mette à battre ceux qui sont esclaves avec lui, et qu’il mange et boive avec les ivrognes, le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas, et à une heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites : là seront les pleurs et les grincements de dents » (v. 45-51).

Il est clair que le Seigneur s’attend à une administration fidèle et prudente en Son absence, de la part de celui à qui est confiée la charge de Ses domestiques, et que, quand Il vient, Il s’occupe de cette responsabilité. L’esclave a-t-il donné la nourriture en son temps ? Bienheureux cet esclave que son seigneur, en venant, trouvera faisant ainsi ! C’est Sa pensée, et Sa volonté, et Sa grâce, envers les siens ! Ailleurs déjà, Il avait assuré Ses propres brebis qu’en entrant par Lui, elles seraient sauvées, jouiraient de la liberté, et trouveraient de la pâture. C’est de ce dernier point en particulier que l’esclave est rendu responsable ici ; et cela le met à l’épreuve. La foi et l’amour seuls rendent quelqu’un fidèle et sage ; ils attachent le cœur aux domestiques par dévouement au Seigneur. L’aimer Lui conduit à nourrir Ses brebis et Ses agneaux ; comme le Seigneur le confie à Pierre, restauré et rétabli après sa chute : ce qui, par grâce, ne le fait que considérer plus tendrement les autres. Et celui qui nourrit ainsi convenablement les serviteurs de Christ, Il l’établira bientôt à la tête de Son héritage, quand Il reviendra comme héritier de toutes choses. Ce n’est que le christianisme qui est basé sur le Seigneur déjà venu et sur le point de revenir, tandis que les siens servent pendant Son absence ; et de là l’importance donnée à cela dans la troisième parabole.

Mais combien solennelle au-delà de toute expression est le sort de l’homme qui, professant être l’esclave de son Seigneur, s’arroge la domination pour lui-même, et n’est pas le modèle du troupeau, mais domine sur lui comme étant sa possession. Que peut-on concevoir de plus opposé à la pensée qui était dans le Christ Jésus ? Lui, dans une pitié infinie envers ceux qui étaient perdus, et pour la gloire de Dieu le Père, s’est anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave, venant à la ressemblance de l’homme ; et étant trouvé en figure comme un homme, Il s’est abaissé Lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. Le méchant esclave, insouciant de tout et inconséquent sans cœur, cherche une position de pouvoir et de dignité ; il courtise le monde comme quelqu’un qui n’est jamais mort à la chair ni n’a été crucifié au monde, mais commence à battre ceux qui sont esclaves avec lui, et à manger et boire avec les ivrognes. Il y a à la fois l’oppression ecclésiastique et le commerce avec le monde, même jusque dans sa dissolution qui ne se refuse rien.

Tel est simplement l’aspect général de la chrétienté depuis des siècles, jusqu’à maintenant. Il peut y avoir des différences de degré, ici ou là. Mais l’image s’applique aux catholiques et aux protestants, aux églises nationales et aux dissidents. Ils ne sont pas séparés du monde ; ils ne marchent pas non plus selon l’Esprit, comme ceux qui ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises ; ils se glorifient dans l’homme, son élévation littéraire et ses inventions scientifiques, comme des païens qui ne connaissent pas Dieu.

Et qu’est-ce que le Seigneur indique comme étant l’occasion, sinon la cause, d’un éloignement aussi ruineux ? « Mais si ce méchant esclave-là dit en son cœur : Mon maître tarde [à venir] ». Nul ne trahit la méchanceté de son infidélité davantage qu’un professant de Christ sans foi. Et ici, le Seigneur met le doigt sur ce cœur remettant à plus tard Son retour comme vérité vivante et pratique. En abandonnant cette espérance, le cœur peut bientôt apprendre à apprécier et à s’associer avec le monde, pour négliger et maltraiter les serviteurs de Christ.

Quelle en est la fin ? « Le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas, et à une heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites : là seront les pleurs et les grincements de dents ». La colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité tout en vivant dans l’iniquité. Le Juif, s’il est méchant, est pire que le Gentil ; le chrétien professant, s’il est méchant, est encore plus coupable que tous deux. Sa portion sera, non pas seulement avec les esclaves, mais avec les hypocrites.

Qu’en est-il de vous, mon lecteur ? Vous, la plupart d’entre vous, n’êtes ni des Juifs ni des païens ; n’êtes-vous pas un chrétien professant ? Ne reconnaissez-vous pas alors votre propre méchanceté si vous négligez la parole de Dieu, et en particulier l’évangile ? Quiconque a méprisé la loi de Moïse mourait sans miséricorde sur la déposition de deux ou de trois témoins : d’une punition combien plus sévère pensez-vous que sera jugé digne celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui a estimé profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui a outragé l’Esprit de grâce ? Mais la porte de la grâce est encore ouverte. Oh ! fuyez vous réfugier en Celui qui est placé devant vous, le seul mais assuré Sauveur de ceux qui sont perdus. Tarder est proverbialement dangereux ; et il n’y a pas de danger plus grand que de repousser la parole de salut que Dieu vous a envoyée. Car, comme Il était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, quand Il L’a envoyé dans ce monde, ainsi aussi quand Christ fut rejeté, Dieu a fait péché pour nous Celui qui n’avait pas connu le péché, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui.