Le méchant serviteur

(Traduit de l’anglais)
Luc 12, 45 à 48
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 323-324]
[Paroles d’évangile 7.1]

L’image que le Seigneur trace du serviteur dans les versets 45 et 46 est instructive et solennelle, rendue encore plus complète et précise dans les versets 47 et 48, où une différence notable est mise en lumière.

Quand notre Seigneur a annoncé Son départ pour la maison du Père, et la mission d’un autre Consolateur, le Saint Esprit qui devait être dans les disciples et avec eux, Il ne fut pas moins clair en promettant Son retour pour les recevoir à Lui, dans la même place que Lui-même en haut. Et quand ils regardaient vers le ciel pour y suivre leur Maître y montant, il leur fut dit, par un témoignage irrécusable, qu’Il devait venir ainsi, de la même manière qu’ils L’avaient vu s’en aller. Il n’y a pas de doute que dans les temps apostoliques, l’église marchait dans cette espérance, et que la bouche des prédicateurs et des docteurs en parlait alors de l’abondance de leur cœur. Mais nul ne considérait qu’il s’agissait d’une question de date, pas plus que le Seigneur qui l’avait révélé comme l’espérance simple, pure et constante de Son amour pour le leur. Et cette différence est des plus frappantes, parce que le jour de Son apparition, qui en son temps suivra Sa venue pour Ses saints célestes, est associé avec la prophétie, ses jugements et ses signes, à la fois dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament.

De là le sérieux avec lequel l’apôtre enseignait les convertis, comme ceux à Thessalonique, depuis le tout début, à attendre le Fils de Dieu des cieux, lequel Il a ressuscité d’entre les morts, Jésus qui nous délivre de la colère qui vient (1 Thess. 1, 10). Non seulement Il écrivit au sujet de Sa venue avec tous Ses saints en 1 Thessaloniciens 3, 13, mais aussi de Sa venue pour eux, pour les ressusciter et les changer, comme une action nécessairement antérieure, en 1 Thessaloniciens 4, 13 à 18. Il fait encore plus ; car il s’identifie lui-même, et tous les saints, avec cela, comme étant leur espérance prochaine, en disant, non pas « eux » comme dans un futur distant, mais « nous, les vivants qui demeurons » (en contraste avec ceux qui entre-temps « étaient endormis par Jésus ») jusqu’à la venue (ou la présence) du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis. Tous deux seront enlevés ensemble. Le but de l’Esprit de vérité, qui connaissait la fin dès le commencement, et donnait expressément le message « par la parole du Seigneur », était de placer l’espérance constamment devant le cœur, assuré de sa réalisation, mais délibérément sans savoir à quel moment, de sorte que tous les saints demeurent toujours dans son attente. Il était impossible autrement d’avoir une espérance commune, constante et vivante. Les infidèles et ceux qui sont sous leur influence se moquent, comme si c’était une erreur de la part de l’apôtre, de ce qui était en réalité la parfaite sagesse de Dieu en donnant « une espérance », qui ne devait ni ne pouvait jamais s’éteindre jusqu’à ce que Sa venue en soit le couronnement.

Dans la parabole, le Seigneur indique depuis le début que reporter cette espérance serait trahir le méchant cœur d’incrédulité, la racine d’autres maux.

« Mais si cet esclave-là dit en son cœur : Mon maître tarde à venir, et qu’il se mette à battre les serviteurs et les servantes, et à manger et à boire et à s’enivrer, le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas, et à une heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux, et lui donnera sa part avec les infidèles » (v. 45, 46).

Ce n’est pas une erreur doctrinale (quoique ce ne soit pas une petite chose d’être dirigé droitement quant à la Parole de Dieu et à l’Esprit), mais l’aberration bien plus grave du « cœur », trop facilement présente là où cette doctrine peut être maintenue. Combien triste est l’état de l’âme, quand la venue de Christ n’est pas la bienvenue ; et l’esclave fait alors ce qui plaît à son cœur ! Ainsi, la puissance séparatrice de l’espérance est perdue, ainsi que son attrait à Celui qui vient et à Sa parole. La violence s’ensuit envers ses compagnons, qui deviennent désagréables, à mesure que le monde avec ses plaisirs devient une compagnie agréable. Des paroles peuvent-elles illustrer de façon plus vivante la ruine pratique de la chrétienté, dont le premier symptôme a été la pensée du cœur : Mon Maître tarde à venir ? Cela n’empêchera pas, mais plutôt hâtera, Sa venue de façon inattendue, Lui qui punira son infidélité et lui donnera sa part avec les incrédules, en dépit de tous les privilèges chrétiens dont elle peut se vanter.

Dans les versets qui suivent, le Seigneur établit que, quelque triste que puisse être le cas du païen au jour qui se hâte, celui du professant chrétien sera incomparablement pire. « Or cet esclave qui a connu la volonté de son maître, et qui ne s’est pas préparé et n’a point fait selon sa volonté, sera battu de plusieurs [coups] ; et celui qui ne l’a point connue, et qui a fait des choses qui méritent des coups, sera battu de peu de coups : car à quiconque il aura été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé ; et à celui à qui il aura été beaucoup confié, il sera plus redemandé » (v. 47, 48).

Ô mon lecteur, n’oubliez pas que vous avez une Bible ouverte, écoutez l’évangile, vous qui êtes quelquefois troublé en pensant à vos péchés et qui vous sentez honteux de reculer devant la confession du nom du Seigneur, en proportion que vous aimez le monde et les choses du monde. « La fin de ces choses est la mort » ; après quoi vient le jugement. Que sembleront être alors votre culpabilité et la folie de votre incrédulité, quand il sera trop tard ? Oh, ne vous détournez pas de Celui qui parle des cieux de Son sang qui purifie, dont la voix ébranlera bientôt la terre et aussi le ciel. « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé ». Sa grâce maintenant est aussi sûre pour le croyant, que Son jugement sera bientôt terrible pour l’incrédule. On ne se moque pas de Dieu.