Le ministère et le ministre

Traduit de l’anglais
W. Kelly

Il est dans ma pensée de m’attarder un peu sur le ministère de Christ tel qu’il nous est présenté dans la seconde épître aux Corinthiens. La manière dont il est présenté dans les Corinthiens diffère grandement de celle dans les Éphésiens. Dans cette dernière épître, nous avons le mystère révélé de Christ et de l’Église, et nos bénédictions célestes en association avec Christ ressuscité. En relation avec cela, on trouve le ministère comme la provision en grâce de la Tête pour les besoins de Ses membres ici-bas. Il s’inscrit, en quelque sorte, comme faisant partie d’un cercle d’enseignement concernant l’Église, ses bénédictions et ce qui lui est donné.

Mais nous observons une nuance différente dans les Corinthiens. L’apôtre recherche ici la pleine restauration spirituelle de ses enfants dans la foi. Ils avaient erré. Satan s’était introduit. Leurs cœurs avaient été éloignés du Seigneur, et de l’homme qui avait été si grandement utilisé pour leur bénédiction. Leurs voies et leurs paroles avaient contraint l’apôtre à parler de lui-même et de son ministère — et ce, dans une plus grande mesure qu’il ne l’aurait souhaité. En conséquence, le ministère dans cette épître a largement un caractère d’expérience. Les sentiments et les émotions profonds du serviteur blessé sont à observer tout du long. Pour simplifier la chose, j’observerai simplement que le sujet est présenté ainsi : en 2 Corinthiens 3, nous avons le ministère, en 2 Corinthiens 4, le ministre, en 2 Corinthiens 5, ses motifs, et en 2 Corinthiens 6, ses traits moraux.

Le ministère est d’un caractère extrêmement béni. L’évangile — appelé ici l’évangile de la gloire de Christ — est mis en contraste avec la loi. Paul avait été fait un ministre compétent de la nouvelle alliance, non de la lettre mais de l’Esprit. La loi était un ministère de mort et de condamnation. Elle déclare, non ce que Dieu est, comme quelques-uns disaient, mais ce que l’homme devait être. C’était fatal pour la créature. La ruine de la nature est si irrémédiable, que nul ne peut répondre à sa juste exigence. La loi ne connaît rien de la miséricorde. Elle propose la bénédiction — la vie et la justice — à ceux qui la gardent ; mais elle prononce une malédiction sur tous ceux qui manquent, quelle que soit leur excuse.

La loi a été introduite avec gloire, comme le dit notre chapitre. Les circonstances dans lesquelles elle a été donnée sont pleines de majesté. Le médiateur qui l’introduisit dans le camp rayonnait de la clarté de la gloire qu’il avait contemplée, et il dut mettre un voile sur son visage. Remarquons que l’apôtre fait référence ici à la seconde fois où la loi est donnée. C’est important. Les premières tables furent brisées avant qu’elles atteignent le camp, car Moïse ne pouvait pas les amener là où se trouvait le veau d’or. La seconde fois où la règle est donnée fut accompagnée d’une proclamation de patience et de grâce souveraine (Ex. 34). C’est celle-ci que l’apôtre décrit comme un ministère à la fois de mort et de condamnation. La loi, même ainsi accompagnée, a ce caractère solennel pour tous ceux qui ont affaire avec elle. C’est une solennelle considération, assurément, pour des milliers dans la chrétienté ! Car il est indéniable que ceux qui, de nos jours, prennent la loi, parlent en même temps de miséricorde. Eh bien, même un système mélangé est la ruine pour la créature. La loi, sous quelque forme que ce soit, opère seulement la colère pour l’homme, tombé et pécheur. Nul ne peut y échapper, qu’il fasse profession de suivre Moïse ou Christ.

Il est parlé ici de l’ancien ministère comme de « ce qui devait prendre fin » (v. 11). Il a été introduit en quelque sorte de manière accessoire, jusqu’à ce que vienne la semence promise. Dieu voulait rendre manifeste à tous la véritable condition de la créature, avant que le puissant remède soit introduit. Les hommes ont si entièrement mal compris le but déclaré de Dieu en donnant la loi que, au lieu d’apprendre par elle leur véritable état, ils ont entrepris d’établir leur propre justice par son moyen. Quel aveuglement complet quant à la véritable condition de la chair devant Dieu.

L’évangile, au contraire, est dit être « ce qui demeure ». Il ne doit jamais s’effacer devant une gloire plus brillante. Il n’est pas la déclaration de ce que l’homme devrait être, mais de ce que Dieu est. Il s’est révélé Lui-même dans Son Fils, et d’une manière heureusement adaptée à nos besoins et à notre condition. Il n’a pas seulement été introduit avec gloire, mais il subsiste en gloire. C’est la gloire qui l’emporte de beaucoup. C’est un témoignage divin à Celui qui, ayant accompli la rédemption, est monté dans la gloire de Dieu. C’est Lui que nous contemplons à face découverte, en parfaite paix, dans la présence de la sainteté infinie. Les enfants d’Israël ne pouvaient pas regarder la face de Moïse à cause de sa splendeur ; il nous appartient de contempler sans interruption la gloire de Dieu révélée dans la face de Jésus Christ. Il n’a pas pris Son siège dans cette gloire jusqu’à ce que toute question relative à nos âmes soit pleinement réglée, et que tout ennemi soit réduit au silence. À la différence de Moïse qui montait sur la montagne, disant : « Peut-être ferai-je propitiation pour votre péché » (Ex. 32, 30), alors que le peuple se tenait à ses pieds en tremblant et en menant deuil, Il a d’abord fait l’expiation puis est monté prendre Sa place à la droite de la Majesté en haut. Si nos péchés n’avaient pas tous été ôtés avant qu’Il soit ainsi glorifié, ils ne pourraient jamais l’être, car Il ne reviendra jamais sur la terre pour mourir à nouveau. La justice a été satisfaite, et Dieu a été glorifié, avant que le second homme, le Seigneur Jésus, prenne cette place. C’est pourquoi, plus la gloire qui brille sur Sa face est éclatante, plus la preuve en est complète pour nos âmes, et plus notre paix et notre bénédiction sont profondes.

C’est un ministère de justice, et de l’Esprit. De justice, non pas en l’exigeant comme sous la loi, mais en la révélant à tous. « Maintenant, sans loi, la justice de Dieu est manifestée, témoignage lui étant rendu par la loi et par les prophètes, la justice, dis-je, de Dieu par la foi en Jésus Christ envers tous, et sur tous ceux qui croient » (Rom. 3, 21, 22). Dieu peut maintenant maintenir Sa propre cohérence avec Lui-même, et pourtant tenir pour juste toute âme qui croit en Jésus, sur la base de la rédemption. Ce n’est pas la miséricorde, quoiqu’Il soit riche en elle et nous l’ait prodiguée, mais la justice. Il est parfaitement juste dans tous Ses actes de grâce envers nous, par la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. C’est là le solide fondement pour nos pieds. En reposant là-dessus, la paix est sûre et établie.

C’est aussi un ministère de l’Esprit. Cela, Dieu n’a jamais proposé de le conférer comme résultat d’avoir gardé la loi. L’huile de l’onction sainte ne pouvait être versée sur la chair (Ex. 30, 31-32). L’Esprit ne pouvait être accordé comme récompense du travail de l’homme. Mais Dieu a placé cet honneur sur l’œuvre de Jésus. L’Esprit est venu de la gloire dans laquelle Jésus est entré, et Il est le don de Dieu à tous ceux qui croient à l’évangile du salut de Dieu. Comment pourrions-nous désirer retourner à la loi ? Pourtant, ce fut le cas des Galates. Et beaucoup, de nos jours, disent à leur propre détriment, que « le vieux vin est meilleur » [Luc 5, 39]. C’est l’évangile, le merveilleux ministère que Paul avait reçu. Ce n’est pas une déclaration de doctrine sèche et abstraite, mais un précieux témoignage à la gloire de Christ, et il confère la justice et l’Esprit à tous ceux qui s’y soumettent. Mais l’Esprit de Dieu étant venu, Il conduit nos cœurs là où est Christ. Le nouvel homme trouve ses délices en Christ, et en rien d’autre. L’Esprit est le lien vivant entre nous et Lui dans la gloire, Il nous fait Le contempler, et nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire [2 Cor. 3, 18]. C’est le véritable christianisme — le cœur retiré des choses d’ici-bas, et occupé avec adoration de Celui qui est en haut. C’est ce que nous pouvons appeler le résultat permanent de l’évangile, quoiqu’il y ait progrès en cela. Depuis le moment que nous avons cru et avons été scellés, nos visages sont tournés en haut et nos dos sont tournés vers le monde, et nous devenons toujours plus conformes à Christ. C’est la joie de l’Esprit de nous rendre tels.