Le trésor caché dans le champ

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 13, 44
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 7-8]
[Paroles d’évangile 5.5]

Ici, l’importance du fait que le Seigneur parle aux disciples dans la maison est manifeste. Il commença par expliquer la parabole de l’ivraie du champ. Ce ne sont pas des faits extérieurs au royaume, comme ceux qui sont dits aux foules, mais des vues spirituelles qui ne sont que pour ceux qui Le suivent. Si les paraboles dont il a été parlé ouvertement ont été mal interprétés par l’esprit naturel, les dernières y sont encore davantage exposées.

« Encore, le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme, après l’avoir trouvé, a caché ; et de la joie qu’il en a, il s’en va, et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ-là » (Matt. 13, 44).

L’évangile ou le salut de l’âme n’est en aucun cas ce que présente cette parabole ou la suivante, quoiqu’on les ait souvent interprétées ainsi. En réalité, on peut difficilement concevoir quelque chose de plus opposé. Car l’évangile est la révélation de la grâce de Dieu en Christ ; le salut est un libre don, comme la vie éternelle. Il n’est absolument pas vrai que l’homme, devant qui il a été placé, vende tout ce qu’il a pour acheter ce trésor ; encore moins achète-t-il le champ, qui est certainement quelque chose d’autre tout à fait différent, pour acquérir le salut de son âme.

Jamais, depuis le commencement du monde, une âme quelconque n’a été conduite par l’Esprit à vendre tout ce qu’elle avait pour acheter la vie ou le pardon, le salut ou la gloire. Et si quelqu’un avait cherché, par ce moyen, à être délivré du mal ou à gagner la faveur de Dieu, nous pouvons être sûrs que sa tentative a été rejetée ; car c’est ignorer la culpabilité et la ruine, contrecarrer la grâce de Dieu, et rendre nulle la mort de Christ dans ses effets. D’un autre côté, il est tout à fait permis que, dans ceux qui sont à Christ et L’ont pour leur portion, il puisse et il doive y avoir un semblable dévouement, dans la limite de notre mesure. Mais c’est une chose très différente, et non pas ce qu’enseigne la parabole.

C’est oublier que le besoin de l’âme et la bénédiction que nous avons déjà eus dans la première parabole du semeur, puisqu’il s’agit en effet d’une question personnelle, précèdent les mystères du royaume, et sont soigneusement présentés comme distincts, avant de commencer les similitudes du royaume. Ces similitudes mettent en avant des considérations plus vastes, extérieures ou intérieures. Et le Seigneur est ici l’« homme », comme nul ne peut en douter, dans Son champ de froment souillé par l’ivraie (v. 24).

En lisant ainsi, tout coule sans obstacle et en accord avec toute la vérité. C’est le Fils de Dieu incarné qui est comparé à quelqu’un qui trouve et cache le trésor dans le champ. Et, à cet égard, « le champ » conserve sa signification comme étant « le monde », au lieu d’être déformé en « les écritures », ou « la lettre », ou « la profession chrétienne » ; c’est « le monde » où Christ trouve les siens, lesquels constituent Son « trésor ». La signification est alors non seulement confirmée par, mais aussi en accord avec, le reste de la Parole de Dieu. Et l’action du Seigneur qui en découle n’en est pas moins en harmonie avec. Car que peut-il y avoir de plus certain que le fait, qu’Il s’est anéanti Lui-même pour devenir un homme et, une fois trouvé dans cette forme, s’est humilié Lui-même et est devenu obéissant jusqu’à la mort — la mort même de la croix ? Et nous pouvons même pousser l’analogie plus loin d’après les faits connus de ce cas. Il était, comme Messie, héritier du trône de David, mais Il abandonna tout dans Sa mort, qui acheta le monde et racheta les siens qui y étaient. Même Ses ennemis, qui blasphémaient et reniaient Celui qui les avait achetés (2 Pier. 2, 1), sont ce qu’Il a acquis. Mais les siens ont aussi en Lui la rédemption par Son sang. Il est tout à fait clair que l’acquisition et la rédemption ne sont pas la même chose, et n’ont pas la même étendue. Car clairement, l’achat n’est pas celui du trésor seulement, mais du champ (ou du monde) où le trésor était caché. La rédemption n’est ainsi pas universelle, mais appartient seulement à ceux qui croient, comme l’enseigne toute l’Écriture et comme l’illustre cette parabole. Christ a payé (c’est le moins qu’on puisse dire) le prix complet, pour réconcilier « toutes choses, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux » (Col. 1, 20) ; et le jour est proche, où Dieu réunira tout l’univers en Lui (Éph. 1, 10), l’héritier de toutes choses, à Sa venue. Christ a acheté le monde, mais Sa joie se trouve dans le « trésor » qui doit être avec Lui et semblable à Lui, dans ce jour.

Comment vous situez-vous donc par rapport à Lui ? Être acheté, comme l’est le champ du monde, n’en est que plus terrible, si vous Le reniez. Et tous ceux qui ne font pas appel à Lui, tous ceux qui négligent un si grand salut, Le renient, quoiqu’ils puissent ne pas tomber dans des hérésies de perdition. Il vous est ordonné par Dieu, dans Sa Parole, de croire en Lui. En croyant ainsi, vous obtiendrez miséricorde : car il est écrit que quiconque croit en Lui ne sera pas confus. Tous ceux qui Le rejettent, grands ou petits, pauvres ou riches, doivent porter leur sort dans une honte et un malheur sans fin. Oh, pourquoi pécher contre Dieu et Son Christ, et contre votre propre âme ? Pourquoi regarder aux vanités mensongères, quelles qu’elles soient, et abandonner la grâce qui est à vous ?

Christ, l’Agneau rejeté par le monde, est digne, et Il a amené à votre porte la rédemption par Son sang, le pardon des péchés. N’est-ce pas là votre profond besoin, qui ou quoi que vous soyez ? La rémission ne se trouve en aucun autre ; en Lui, elle est aussi parfaite que Lui-même. Oh, ne tardez pas, ne vous détournez pas. C’est céder à Son ennemi et au vôtre, au menteur et au meurtrier depuis le commencement. Considérez aussi combien votre incrédulité fait insulte à Dieu, dans toutes les voies de Sa grâce. « Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; nous supplions (dit l’apôtre) pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu » (2 Cor. 5, 20). L’incrédulité déshonore directement le Père qui a envoyé, et le Fils qui en amour a daigné être envoyé. Et le Saint Esprit est envoyé ici-bas depuis l’ascension de Christ, pour témoigner de Sa personne, de Son œuvre et de Sa gloire. Oh ! prenez garde de ne pas outrager l’Esprit de grâce. Car nous connaissons celui qui a dit : « À moi la vengeance ; moi je rendrai ».