Les deux débiteurs

(Traduit de l’anglais)
Luc 7, 41 à 43
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 215-216]
[Paroles d’évangile 6.6]

Parmi les beautés de ce magnifique récit se trouve le fait qu’aucun nom n’est donné pour nous faire savoir qui était la femme pécheresse, désormais clairement renouvelée par la grâce, par la foi. Beaucoup ont pensé qu’elle était Marie de Magdala. Mais elle n’apparaît pour la première fois que dans le chapitre suivant, avec une histoire terrible, bien différente de celle de la femme « qui était une pécheresse ». D’autres, de façon encore plus étrange, ont imaginé que Marie de Béthanie avait autrefois sombré dans cette infamie, du fait qu’elle aussi à la fin oignit le Seigneur — avec une différence très notable avec celle-ci. Luc fut inspiré pour laisser dans l’ombre, non le trophée de la grâce, mais son nom, elle dont la vie précédente avait été si honteuse.

Pourquoi voudrait-on connaître ce que le Seigneur a caché ? Il est suffisant d’entendre ce qu’elle a été ; mieux que tout, que Celui qui connaissait et sentait toutes choses selon Dieu, plaida la cause de la grâce, comme elle ne l’avait jamais été auparavant, déclara son pardon, et la renvoya en paix. Qu’elle ait entendu le Seigneur auparavant, ou ait seulement entendu parler de Lui, elle vint avec foi. C’est celle-ci qui l’attirait au Seigneur. C’est elle qui lui fit braver le mépris du pharisien. C’est elle qui tournait les yeux de son cœur uniquement vers le Sauveur, l’élevant au-dessus de toute crainte de l’assistance. La grâce de Dieu en Jésus remplissait et transportait tellement son âme qu’à tout prix, elle vint verser son précieux parfum sur Ses pieds baignés de ses larmes, essuyés par ses tresses, et couverts de ses baisers. Elle vint par-derrière, alors qu’Il était assis à table dans la maison de Simon, et ainsi proclama son amour, et le dévouement de ce cœur, autrefois si avili, mais désormais repentant et purifié par la foi. Elle ne prononça pas un mot de ses lèvres ; mais le Seigneur, qui connaissait les cœurs de tous les hommes, appréciait chaque sentiment et chaque acte d’une âme née de nouveau fascinée par la gloire morale de Christ, tout en s’inclinant devant la lumière et l’amour de Dieu s’élevant au-dessus de ses nombreux péchés. Simon aussi en vit assez pour manifester son éloignement complet de Dieu et son aliénation de Sa bonté ; il jugeait comme un homme naturel, se confiant dans sa propre justice, et condamnant le Seigneur pour tout ce qui s’était passé, encore plus que la femme qui se tenait à Ses pieds derrière en pleurant. Il était allé jusqu’à Le recevoir dans sa maison, et se sentait assuré qu’Il ne pouvait pas être un prophète, en permettant à une telle femme de Le toucher.

Le Seigneur répondit à la pensée non formulée du pharisien, et montra qu’Il était non seulement un prophète de Dieu, mais le Dieu des prophètes, venu dans l’humiliation la plus complète, non pour juger le monde, mais afin que le monde fût sauvé par Lui. Seul celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas a déjà été jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Le Seigneur présente le cas. « Un créancier avait deux débiteurs : l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante ; et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il quitta la dette à l’un et à l’autre. Dis donc lequel des deux l’aimera le plus ». À la supposition de Simon : « Celui à qui il a été quitté davantage », Il dit : « Tu as jugé justement », et Il met en contraste l’affection profonde, fervente et humble de la femme, avec le manque de courtoisie du pharisien, qui disaient suffisamment l’histoire de ces deux cœurs.

« Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison ; tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds, mais elle a arrosé mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser ; mais elle, depuis que je suis entré, n’a pas cessé de couvrir mes pieds de baisers. Tu n’as pas oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds avec un parfum » (v. 44-46).

Siméon, dans le temple, avait dit de Lui, encore petit enfant, qu’Il serait mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que l’on contredira, en sorte que les pensées de plusieurs cœurs soient révélées. Mais il y avait davantage, ici. Jésus révélait le cœur de Dieu, duquel le pharisien prouvait, inconsciemment, qu’il ne connaissait rien. La femme l’avait appris. Sa bonté avait pénétré en elle ; et le sentiment qu’elle en avait s’exprimait dans sa profonde révérence envers le Seigneur Jésus. Là, elle avait rencontré Dieu ; là, Dieu s’était fait connaître à elle comme le Dieu de toute grâce. Ce n’était pas un dogme, mais une personne divine d’un amour infini, qui attirait, remplissait et fixait son cœur. Toute sa démarche et son attitude témoignaient de son jugement d’elle-même, de sa foi, et de son amour (car elle avait beaucoup aimé) ; tout comme la conduite de Simon démontrait, en Jésus négligé et dans la grâce mal jugée, qu’il ne connaissait pas Dieu. Mais elle Le connaissait, ou plutôt, elle était connue de Lui.

« C’est pourquoi je te dis : Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé ; mais celui à qui il est peu pardonné, aime peu ». Simon s’était involontairement jugé. Impossible de connaître Dieu en Christ sans découvrir Sa bonté et notre propre méchanceté honteuse et sans fin. « Et il dit à la femme : Tes péchés sont pardonnés ». Ô lecteur, avez-vous entendu Sa voix ? C’est ce dont vous avez besoin ; et c’est Sa grâce. Que vous aussi, vous croyiez ! Certains s’indignent-ils d’un tel amour de Dieu pour les coupables ? Qui résiste au Sauveur, ne connaissant pas qu’ils luttent ainsi contre Dieu pour leur propre ruine ? Comment répondit-Il à cela, qu’Il connaissait parfaitement ? « Et il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée, va-t’en en paix ». Que ce soit votre part.