Les deux enfants

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 21, 28 à 32
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 88-89]
[Paroles d’évangile 5.10]

Les hommes orgueilleux qui étaient aveugles quant à la gloire de Christ, et étaient de même opposés à la grâce et à la vérité de Dieu, soulevèrent la question de Son autorité. Il en est toujours ainsi avec ceux qui s’élèvent eux-mêmes, et n’aiment pas l’intervention de Dieu, et sont jaloux de ceux qui font Son œuvre. Il aurait pu indiquer des témoins plus grands que Jean, quoique nul de ceux qui sont nés de femme ne soit plus grand que Jean le baptiseur. Mais les œuvres que le Père Lui avait données à faire témoignaient encore bien mieux. De même que la voix du Père. Et les Écritures qui rendaient témoignage de Lui, Il les traite comme le témoignage le plus élevé possible, car elles ont une permanence qu’aucune simple parole ne peut posséder. Mais ici, le Seigneur répond à leur incrédulité en faisant appel au baptême de Jean : d’où était-il ? Du ciel, ou des hommes ? Ils voient bien le dilemme devant eux, et craignant l’homme, non pas Dieu, ils répondirent : Nous ne pouvons le dire. Confessant leur incapacité, tout principaux sacrificateurs et anciens qu’ils soient, pour masquer leur malhonnêteté, ils sont laissés sans réponse. Le Seigneur leur présente toutefois un portrait, non d’eux-mêmes seulement, mais de ceux qu’ils méprisaient.

« Mais que vous en semble ? Un homme avait deux enfants ; et venant au premier, il dit : Mon enfant, va aujourd’hui travailler dans ma vigne. Et lui, répondant, dit : Je ne veux pas ; mais après, ayant du remords, il y alla. Et venant au second, il dit la même chose ; et lui, répondant, dit : Moi j’y vais, seigneur ; et il n’y alla pas. Lequel des deux fit la volonté du père ? Ils lui disent : Le premier. Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l’avez pas cru ; mais les publicains et les prostituées l’ont cru ; et vous, l’ayant vu, vous n’en avez pas eu de remords ensuite pour le croire » (v. 28-32).

C’est avoir affaire de manière simple et directe avec la conscience. Car deux classes de personnes étaient alors devant les yeux du Seigneur : les grossiers et les prodigues, les négligents et les profanes, qui ne faisaient aucune prétention de religion et poursuivaient le profit dans ce monde et le péché manifeste ; et les respectables et les convenables, qui s’enorgueillissaient de prêter attention aux rites de la religion, et de leur propre caractère décent. Actuellement, les hommes dans la chrétienté sont toujours les mêmes, à l’épreuve d’une mesure plus exigeante que celle de Jean, quoique celle-ci fût une œuvre puissante, comme le Seigneur lui en rendit témoignage. Vus en eux-mêmes ou dans la lumière du témoignage, quel portrait vivant ! La première classe insulte Dieu sans honte et se glorifie de l’impiété. Mais un appel leur est adressé, qui convainc le pécheur audacieux de sa scandaleuse méchanceté : il fond en larmes dans le jugement de lui-même, il se tourne vers Dieu et sert Celui qu’il avait méprisé. L’autre classe, au contraire, revendique le mérite de ses propres voies ; et comme la conscience n’est pas touchée, ils sont satisfaits d’eux-mêmes, et Dieu demeure inconnu. Combien de telles âmes correspondent exactement à celui qui dit : « J’y vais, seigneur ; et il n’y alla pas » ! N’y en a-t-il pas beaucoup comme lui, de nos jours ?

C’est pourquoi quand Jean, qui ne faisait pas de miracles ni ne revendiquait de position officielle, vint prêcher un baptême de repentance pour la rémission des péchés, les gens affluèrent librement pour être baptisés, confessant leurs péchés. Mais le Seigneur montre ici que ce n’étaient pas, en règle générale, ceux qui se justifiaient eux-mêmes devant les hommes qui étaient baptisés par Jean. Ils dédaignaient d’entrer dans le royaume par la même porte étroite et le même chemin étroit que ceux qui étaient ouverts aux publicains et aux prostituées. Mais il ne peut pas y avoir d’autre chemin vers Dieu, pour le pécheur. La grâce de l’évangile condamne les péchés et insiste sur la repentance encore plus que Jean venant dans la voie de la justice ; car l’évangile proclame que rien, sinon le sang de Jésus, le Fils de Dieu, ne pouvait purifier des péchés, et que Son sang nous purifie de tout péché. Combien nos péchés étaient mortels et amenant la souillure, que seule une telle propitiation puisse s’en occuper ! Il y a en cela une mise à l’épreuve plus profonde que la prédication de Jean, toute excellente et efficace qu’elle fût ; car confesser ses péchés comme un publicain ou une prostituée, repoussait un homme moral et un Juif zélé. Combien il était intolérable d’être mis au même niveau de culpabilité et de ruine que de telles personnes ! C’est précisément ce que fait encore plus complètement l’évangile ; et il est donc la chose la plus odieuse pour le formaliste propre juste.

Quand Jean vint, appelant les hommes à confesser leurs péchés en vue de la venue du Messie et du royaume des cieux, la conscience répondit à son appel dans ceux qui avaient marché dans des convoitises grossières et dans l’indifférence envers le monde religieux. « Les publicains et les prostituées l’ont cru ». Ils savaient dans leur âme qu’ils avaient mené une vie de honte et d’iniquité ; et ils s’inclinaient devant un appel qu’ils reconnaissaient être de Dieu. Mais il n’en était pas ainsi de ceux qui se tenaient bien, à leurs propres yeux et dans l’opinion publique de l’époque. Par conséquent, ils rejetaient contre eux-mêmes le conseil de Dieu, au lieu de justifier Dieu en étant baptisés par Jean comme le faisaient les méprisés (Luc 7, 29-30). Les propres justes, quand ils « le virent, n’eurent pas de remords ensuite pour le croire ».

De même aussi, depuis ce jour, quand l’évangile est prêché, les hommes qui se vantent de leur religion, de leur église, ou de leur caractère, sont toujours ses ennemis les plus implacables. Les Juifs, en règle générale, non seulement le refusaient, mais essayaient partout de soulever les Gentils contre lui. Rien n’était plus haïssable à leurs yeux que la grâce qui niait la valeur de leur justice, et annonçait la justice de Dieu, en sorte qu’Il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus. Car cela déclare ouvertement qu’il n’y a pas de différence, que tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ; comme il déclare aussi que tous ceux qui croient sont justifiés gratuitement par Sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus. C’est pourquoi, étant tout à fait indépendant des œuvres de loi, l’évangile est aussi ouvert aux Gentils qu’aux Juifs, car il y a un seul Dieu qui justifiera la circoncision sur le principe de la foi, pas autrement, et l’incirconcision par la foi, puisqu’ils croient. Jésus le Seigneur est le chemin jusqu’au Père : le chemin, et la vérité, et la vie. Et il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés. S’étonnait-on que le Seigneur mange avec des pécheurs et des gens de mauvaise réputation ? Sa réponse fut : Ceux qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c’est que : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice » ; car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. Le connaissez-vous ainsi, cher lecteur ?