Une perle de grand prix

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 13, 45 et 46
W. Kelly

[Bible Treasury N1 p. 23-24]
[Paroles d’évangile 5.6]

Comme la parabole du levain suivait de façon appropriée celle du grain de moutarde, dans les paraboles prononcées au-dehors, ainsi celle de la perle vient comme il se doit après celle du trésor, dans celles prononcées dans la maison. Aucune de celles-ci n’évoque ce qui a été montré dans la parabole du semeur, avant les similitudes du royaume. Dans cette première parabole, le Seigneur présentait la parole comme le germe de la vie et de la compréhension spirituelle pour le croyant. Les comparaisons du royaume des cieux, à l’extérieur et à l’intérieur, présentent des vérités subséquentes et des considérations plus larges ; qu’il s’agisse du cours extérieur de la dispensation tandis que le Seigneur rejeté est en haut, ou de ses aspects spirituels pour la direction et la joie du fidèle qui a la pensée de Christ.

Après que le Seigneur a expliqué, à l’intérieur de la maison, la parabole de l’ivraie à Ses disciples, la dernière classe de paraboles s’est ouverte avec celle du trésor, comme nous l’avons vu. Maintenant, nous trouvons l’instruction bien plus précise de la « perle ».

Celle-ci, qui est évidemment vraie en tant qu’esquisse, aide à garder le lecteur d’une grave méconnaissance des particularités. Depuis le début, les hommes, ayant perdu la pleine fraîcheur de la grâce dans l’évangile, ont commencé à tordre l’Écriture en général pour répondre au premier besoin de l’âme. C’est pourquoi la parabole de la semence de moutarde a été détournée par beaucoup pour enseigner l’œuvre de la grâce dans le cœur depuis son petit commencement, tout comme le levain fut supposé signifier l’œuvre graduelle de sanctification pour amener un changement universel. Même les paraboles dans la maison ont été détournées dans le même but, en employant seulement de grandes choses au lieu de petites, pour montrer dans le trésor la valeur de ce que nous devons faire nôtre, et dans la perle le rêve répété une deuxième fois, pour le rendre certain.

Aucun croyant ne doute que le Seigneur Jésus est le plus riche des trésors, et le joyau au-delà de tout prix. Mais comme la structure générale et la teneur du discours indiquent un but différent, de même les formes spéciales de ces similitudes ne sont pas cohérentes avec la supposition que l’œuvre de la grâce divine dans le cœur est en vue. Combien il serait tout à fait intenable de supposer une âme pécheresse, ou même une âme exercée, vendant tout ce qu’elle a pour acheter le monde, afin de posséder le trésor qui est dit y être caché. On ne peut pas non plus nier la vérité que Christ, dans Sa joie quant au trésor, acheta le monde, comme Lui seul pouvait le faire, afin d’avoir le trésor d’un peuple tiré de la terre pour les cieux.

Un dignitaire décédé, qui traitait les paraboles d’une manière très intéressante, pensait que cette interprétation « renversait étrangement toute la question ». Qu’importe de renverser une erreur, quelque ancienne qu’elle soit, si nous pouvons nous contenter de recevoir et d’entrer dans la vérité avec simplicité ? Le fait est que les hommes spirituels ont depuis longtemps senti l’inadéquation des vues populaires. La parole du Seigneur demeure. Qu’elle soit notre critère. « Encore, le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherche de belles perles ; et ayant trouvé une perle de très grand prix, il s’en alla, et vendit tout ce qu’il avait, et l’acheta » (Matt. 13, 45-46). Ici, n’est-ce pas discordant au plus haut point de déduire que des pécheurs perdus sont comparés à un homme en quête de belles perles ? C’est faux même dans le cas peu courant du jeune chef riche, quelque irréprochable que fût sa conduite, qui s’accrocha à ses richesses et perdit un trésor dans le ciel, et laissa Christ plein de tristesse. Il ne connut jamais sa ruine et ne chercha même pas à être sauvé. Et il n’y eut jamais d’erreur plus grande que de faire correspondre Saul de Tarse au marchand, « déterminé, distingué, inébranlable ». Il était, comme il le dit, « le premier des pécheurs » et, comme tous les autres, sauvé par la grâce souveraine.

C’est donc Christ qui en réalité, cherche et achète. C’est Christ qui seul a aussi le discernement parfait de la beauté morale qu’Il a vue et qu’Il a appréciée par-dessus tout. Incontestablement, Lui seul, parmi les hommes, comprit et chercha de belles perles ; et cette perle de très grand prix qu’Il vit, dans les conseils divins, être faite des saints semblables à Lui, saints et irréprochables en amour — oui, un avec Lui, l’Église glorieuse, qu’Il se présentera à Lui-même, n’ayant ni tache ni ride ni rien de semblable. Lui seul était, en Lui-même, parfaitement ce que les saints doivent être dans le propos divin ; et seront de fait, à Sa nouvelle venue, comme en principe ils le sont déjà maintenant.

Celui qui est en Christ est exhorté, comme il a la vie en Lui, à avoir en lui-même la pensée morale qui était dans le Christ Jésus, pour obéir et servir en amour, comme Il le fit absolument, pour considérer toutes choses comme une perte et des ordures, afin de gagner Christ, et d’être trouvé en Lui, n’ayant pas sa propre justice, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu moyennant la foi. Mais la parabole présente ce qui est la base et le modèle et la source de tous les effets semblables dans le chrétien, dans le propre amour du Seigneur pour les siens vus comme le reflet de Sa propre beauté, la perle inestimable pour laquelle Il a vendu tout le reste, la gloire en haut, le royaume ici-bas, tout ce qu’Il avait, afin d’acheter cette perle. Il pouvait être, et Il fut, dans les profondeurs, submergé dans ce qu’il y a de plus bas et de plus vil ; mais Il voyait la fin depuis le commencement, Il discernait ce que la grâce opérerait, Il nous aimait et Il s’est donné Lui-même pour nous, afin qu’Il ait là l’objet de Son amour et le repos dans Son amour en haut.

Ô mon ami qui lisez ces lignes, ne flattez pas la nature humaine, ni votre propre caractère. Dans une famille impie, vous pouvez avoir été choqué par l’horreur d’un mal flagrant, et avoir marché moralement ; dans une famille pieuse, vous pouvez avoir été gardé de la corruption et élevé dans des habitudes religieuses. Pourtant, cela renverse étrangement, non pas seulement le sens de cette parabole, mais toute la force de la vérité révélée, et de l’évangile en particulier, si vous vous comparez vous-même, dans votre état naturel, à un marchand à la recherche de belles perles, et encore davantage si vous vous flattez vous-même d’une telle dévotion, dans les jours où vous n’êtes pas converti, pour donner tout ce que vous avez afin de gagner Christ. Depuis que l’homme a été créé sur la terre, il n’y eut jamais un tel exemple ; et s’il y en avait eu un, comment aurait-il servi pour un pécheur sans la nouvelle naissance ou sans la rédemption ?

Le même apôtre, qui nous dit que c’était son expérience en tant que saint, condamne tout ce qu’il avait été précédemment (quoiqu’il ait été plus moral et plus religieux que vous) comme des ordures. Il proclame aussi de la part de Dieu, à l’encontre de toute la race, qu’il n’y a pas une personne juste, pas même une seule, que personne ne comprend, que personne ne recherche Dieu, que la voie de la paix n’est pas connue, et qu’il n’y a pas de crainte de Dieu devant leurs yeux. Il déclare de plus qu’il n’en était pas ainsi seulement parmi les Gentils, mais que la loi prononce expressément cette condamnation sur ceux qui sont sous la loi, en dépit de tous leurs privilèges. Maintenant, l’évangile est envoyé à tous comme étant également perdus. Car, dit-il, il n’y a pas de différence ; car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu. C’est pourquoi Dieu justifie gratuitement par la rédemption qui est dans le Christ Jésus, lequel Dieu a présenté pour propitiatoire par la foi en Son sang. L’objet même est d’arrêter de se glorifier de soi sous quelque forme que ce soit, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. Celui qui se glorifie, qu’Il se glorifie dans le Seigneur.