Jésus, le Fils de Dieu

Jean 1, 29-43
Traduit de l’anglais
W. Kelly

La grande vérité qui sous-tend l’évangile selon Jean est la divinité de cet homme qui marchait ainsi sur la terre. Je ne veux pas dire simplement dans sa déclaration explicite Le concernant, mais dans ce que cela implique constamment, comme cela apparaît toujours plus merveilleusement à celui qui pèse attentivement la Parole de Dieu. Ainsi, Sa gloire divine se manifeste dans les manières les plus indirectes et les formes les plus inattendues ; c’est pourquoi les âmes croissent en force par cette manifestation infinie de l’amour — Jésus n’étant jamais plus véritablement Dieu que quand Il était un homme. Il était assurément un homme ; mais ce n’était en soi que peu de chose, sinon rien, s’Il n’était pas Dieu. Mais alors, quelle vérité et quel amour ! Quelle humiliation de Sa part ! Quelle bénédiction infinie pour l’homme, du moins pour les âmes qui croient ! La Parole devint chair, mais elle était le vrai Dieu ; et c’est pourquoi nous découvrons que, chaque fois qu’Il parle ou agit, de quelque manière que le Saint Esprit parle de Lui, la divinité se trouve là, derrière le voile.

Le témoignage de Jean le baptiseur ici a un caractère propre tout à fait différent et un autre effet sur l’âme, que ce que nous trouvons dans les autres évangiles. Où ailleurs qu’ici Le traite-t-il d’Agneau de Dieu ? Le Messie, le Roi qui venait, le parfait Serviteur engagé dans l’œuvre de Dieu, la semence de la femme et le Fils de l’homme — voilà ce que nous trouvons ailleurs ; mais ici, nous L’avons comme l’Agneau de Dieu, dans une relation bien plus complète que celle avec Son ancien peuple favorisé. Il est l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. C’est ainsi qu’Il est présenté dans une universalité de bénédiction par Son œuvre, qui ne pouvait se trouver en nul autre qu’une personne divine. Il est certain qu’Il est montré ici dans ce caractère de manière habituelle. « Voici le Fils de Dieu ».

C’est pourquoi, dans l’évangile selon Jean, il ne s’agit pas de dispensations qui disparaissent ou se succèdent l’une à l’autre, mais de ce qui est vital et immuable, parce que divin. C’est donc pourquoi aussi, c’est quand les dispensations sont passées, que la pleine signification d’une parole telle que celle-ci est réalisée. Ce n’est pas particulièrement maintenant, ni dans le siècle qui suit, mais dans l’état éternel, qu’il sera manifeste qu’Il est l’Agneau de Dieu qui ôte (non pas nos péchés en tant que croyants, mais) le péché dans son entièreté. Nous savons comment on cite habituellement ce passage dans un sens tout différent. Ce n’est pas vraiment pour répondre à ce en quoi nous sommes trouvés et pardonnés par la foi en Son sang, mais quand le monde en sera complètement débarrassé. Le péché sera totalement banni de l’univers. Quel témoignage à Sa gloire, Lui qui par Son œuvre opère tout cela ! Je fais référence à cette erreur répandue de la manière la plus claire et la plus précise, parce que des âmes peuvent souffrir sous l’influence de cette confusion trop fréquente entre des choses qui diffèrent si sensiblement. Il ne s’agit pas du saint sur la terre, dans lequel l’Esprit de Dieu habite. L’erreur aide à la tromperie de Satan, non pas, hélas ! en dehors de la chrétienté, mais au-dedans. C’est le piège le plus subtil pour l’homme. C’est Babylone.

Qu’est-ce que Babylone ? N’est-elle pas le repaire de tout oiseau immonde et exécrable [Apoc. 18, 2] ? Quelle dévastation n’y a-t-il pas là, en particulier de la vérité ? C’est là que Dieu a été le plus déshonoré. Ce peut être, comme dans le cas devant nous, par une seule lettre[1], mais cela fait toute la différence entre la vérité et l’erreur. Toute la chrétienté alors dit ou chante : « Christ est l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde ». Combien la religion du monde rend aveugle !

Ne pouvons-nous pas maintenant marquer notre croissance dans la vérité par les paroles que nous avions l’habitude de dire, de façon ignorante, mais n’osons plus du tout répéter maintenant ? Elles sont positivement fausses. De fait, je connais à peine d’erreur plus préjudiciable que celle-là, si elle est réalisée logiquement. Christ est « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché », non les péchés, « du monde ». L’une est une vérité bénie, l’autre une erreur avec les conséquences les plus graves. Elle tend à affaiblir ou à détruire la paix du croyant, et à bercer les incrédules d’espoirs qui opèrent la ruine pour eux-mêmes, tout en déshonorant Dieu et Son Christ.

Je ne crois pas non plus qu’aucun corps de la chrétienté ait davantage contribué à cette erreur que ceux qui se vantent de leurs liturgies. La rémission des péchés par la foi est une partie intégrante de l’évangile, qui suppose que les péchés des incroyants, loin d’être ôtés ou pardonnés, seront jugés d’autant plus sévèrement qu’ils n’ont pas cru en Christ.

Mais ce verset, mal interprété comme nous l’avons vu, a contribué aux erreurs de la chrétienté depuis les jours post-apostoliques. Il faisait partie des tromperies qui ont donné l’impulsion de l’éloignement qui a sapé l’évangile de Dieu ; je ne connais pas non plus une seule confession protestante qui se soit affranchie de la perpétuation de cette erreur, quoiqu’elles diffèrent assez largement par ailleurs.

Les dissidents aussi, qui se lèvent pour une prière improvisée, ne sont pas meilleurs. Si vous allez dans un lieu où il n’y a pas de livre de prière, vous trouverez la même doctrine et le même mauvais emploi de ce passage. L’erreur est si ancrée que, si vous rétablissez la vérité, ils affirmeront qu’il s’agit d’une distinction sans aucune différence. Ainsi partout, la vérité de Dieu est entièrement mise de côté au profit de la tradition, qui est la pensée de l’homme, et toujours opposée à la vérité de Dieu.

Le seul parti qui réussit un compromis est la synagogue de Satan [Apoc. 3, 9]. Là où les foules sont habituellement nourries, dans les formes de la prière, avec une erreur telle que celle-ci, il est vain d’affirmer en chaire la vérité opposée. Le cœur préfère l’erreur à la vérité, car la vérité exalte Dieu et humilie l’homme. Et Satan s’efforce de rabaisser la personne de Christ, de Celui à qui ce passage rend témoignage. C’est pourquoi, peu importe ce que vous prenez, serait-ce même une « Vie de Christ », la tendance uniforme est de Le déshonorer, et dans la même proportion, d’effacer la véritable différence entre croyants et incrédules, en rapport avec Lui. Il peut y avoir toute sorte de langage révérencieux et de désirs pieux, mais cela ne suffira jamais, pour Dieu, sans la vérité, c’est-à-dire, Christ. L’erreur rabaisse tout au même niveau, mais cela donne tout au monde, en vain, car cela retire toute bénédiction distincte au croyant. C’est humaniser Christ et déifier l’homme tel qu’il est.

Combien le témoignage de Dieu est complet et rafraîchissant — Christ comme Son Agneau ôtant le péché du monde, au temps convenable ; c’est le même qui baptise du Saint Esprit (v. 29, 33) ! Ce sont les deux grandes œuvres du Seigneur Jésus, selon les paroles de Jean le baptiseur — Sa grande œuvre terrestre et Sa grande œuvre céleste. Nous ne devons pas confondre le fait de porter nos péchés en Son corps sur le bois, avec ôter le péché du monde, comme Il le fera pour les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Quand il est question de porter le péché, il s’agit de « nos » péchés (1 Pier. 2) ; quand il est question d’ôter, il s’agit du péché du monde. C’est l’effet ultime de Son œuvre. L’Esprit regarde en avant, par le moyen de Jean, dans le plein sentiment de ce que Christ devait finalement accomplir, une œuvre immense en lien avec Sa gloire divine. Il « a été manifesté pour l’abolition du péché » par le sacrifice de Lui-même. Hébreux 9 parle de Son but d’ôter le péché. Il ne s’agit pas du moment où cela devait être fait, mais du but pour lequel Il est apparu. L’œuvre a été effectuée à la croix ; mais les pleins résultats de la croix ne sont pas encore manifestés.

Jean rend témoignage avec une autre déclaration — qu’il ne Le connaissait pas. Ce n’était en rien quelque chose d’humain. Bien entendu, l’œuvre céleste nécessitait une personne divine. C’est encore plus net, car qui pouvait donner ainsi l’Esprit ? Nul autre que Dieu ne pouvait ôter le péché du monde ; et Jean ne Le connaissait pas, quoiqu’il soit venu baptiser en vue de Sa manifestation à Israël. Ainsi aussi actuellement, il y a également une grande œuvre céleste qu’Il a opérée à la Pentecôte, dont l’effet se prolonge encore. Lui-même ne devait jamais être baptisé du Saint Esprit, ce qui signifie le passage complet d’une position dans une autre.

Tout autre chose est dite de Lui. « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise de l’Esprit Saint ». Il est dit que nous recevons le Saint Esprit de Dieu et que nous sommes « scellés pour le jour de la rédemption » [Éph. 4, 30]. Un croyant est maintenant scellé par l’Esprit ; un incrédule, dans tous les temps, doit être vivifié. Si l’incrédule était scellé, ce serait un malheur pour lui ; cela le fixerait (si cela pouvait être) dans son état de ruine. « Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés » [Éph. 1, 13]. La question n’est pas de savoir quel peut être l’intervalle. Il peut être long ou court. Mais aucun homme n’est scellé à l’instant même où il croit. Tout d’abord, l’Esprit de Dieu l’amène à se juger lui-même, et ses péchés, devant Dieu. Ainsi, l’âme est née de Dieu ; elle croit l’évangile et trouve la paix. Des hommes ont été purifiés par la parole, ou sont nés de l’Esprit, avant l’évangile. En réalité, c’est la Parole, par l’énergie vivifiante de l’Esprit qui révèle Christ, qui opère cela. La Parole amène le jugement de Dieu sur les péchés dès maintenant, et non dans le jour à venir. C’est pourquoi il est erroné de dater la conversion ou la vivification d’une âme du jour où elle a reçu la paix ou a été rendue heureuse.

Il est de la plus haute importance d’amener les âmes à la repentance, tout autant que de les amener à la paix. On parle souvent d’avoir la paix avec Dieu, bien avant de savoir ce que cela signifie. On peut avoir de la joie avant. Il peut y avoir une brillante révélation de Christ à l’âme, que l’on a tendance à appeler paix ; mais pour avoir une paix solide, l’âme doit avoir trouvé son tout dans l’œuvre de Christ, entrant par la foi dans la pensée de Dieu à son propre sujet et à celui de Christ. En conséquence, elle ne peut se reposer que dans cette pleine rédemption du Seigneur Jésus. Alors le Saint Esprit scelle. Il ne peut y avoir de sceau avant qu’on ne se repose ainsi sur Christ et Son œuvre. Les deux choses sont distinctes — être né de l’Esprit de Dieu, et être scellé sur la base de la rédemption de Christ. Quand l’âme s’est soumise à la justice de Dieu, l’Esprit la scelle.

Mais notre évangile nous introduit dans la vérité de la personne de Christ, telle qu’appliquée à tout ce que le Saint Esprit retrace ici. Il ne fut pas baptisé par l’Esprit, mais Il baptisait les autres du Saint Esprit. « Celui sur qui tu verras l’Esprit », etc. Il y avait une gloire tout à fait spéciale, dans le cas de notre Seigneur. L’Esprit était comme une colombe, et non pas, comme au jour de la Pentecôte, le souffle impétueux ou la langue de feu.

Pourtant, Jésus était un homme, et Il se joignait à ceux qui confessaient leurs péchés et étaient baptisés d’eau. Mais au même instant, les cieux s’ouvrirent et la voix du Père se fit entendre, et le Saint Esprit descendit sur Lui ; mais il n’y avait pas de baptême de l’Esprit, pour Lui, aucune puissance n’étant nécessaire pour Le tirer de la position où Il se trouvait et L’amener dans une nouvelle et meilleure. C’était comme sur un homme que l’Esprit descendit, sur Christ sans besoin de sang ; Il n’avait besoin d’aucun sacrifice, ni de sacrifice pour le péché, car il n’y en avait aucun en Lui. Mais c’est le croyant qui avant tout confesse ce qu’il est et ce qu’il a fait, et le Saint Esprit non seulement descend, non seulement demeure, comme sur Christ, mais baptise maintenant les croyants en un seul corps. C’est la puissance divine qui nous place dans des relations entièrement nouvelles dans et avec Christ. Mais le corps n’est pas la seule grande vérité de Dieu. Il serait faux d’affirmer que le baptême du Saint Esprit l’opère seul. L’unité dans Jean est très différente de celle chez Paul. Ce n’est jamais l’unité du corps, mais ce qui est de Christ en nous. Étant ainsi formée par l’Esprit de Dieu, elle a le caractère d’une intimité plus profonde, et est plutôt l’unité de la famille, qui donne la communion de pensées, de sentiment et de but. Nous avons eu l’œuvre de Christ sur la terre pour ce qui concerne le péché ; avant l’œuvre de la rédemption, il ne pouvait pas y avoir de baptême du Saint Esprit. L’œuvre doit être établie comme une base qui glorifierait Dieu, et qui doit ôter le péché du monde. Désormais, cette œuvre est faite, et nous pouvons ainsi être baptisés.

Mais beaucoup sont plutôt incrédules. Ils affirment que les saints de l’Ancien Testament étaient tout aussi bien baptisés ; seulement, nous avons une meilleure connaissance et nous pouvons juger de tout, etc. Ce n’est pas la seule erreur. Ce sont des doctrines qui découlent d’une faible estimation, si ce n’est de Christ, assurément de Son œuvre, et en conséquence, il n’y a pas de jugement complet du péché ou du monde. Sans doute, certains seraient prêts à discuter de « vues particulières ». Combien peu de telles âmes ont-elles été exercées par la Parole de Dieu ! Nous avions l’habitude, quand nous étions dans des dénominations, d’avoir des vues particulières ; nous nous en sommes débarrassés maintenant, par la grâce du Seigneur.

Le témoignage de Son œuvre suit maintenant la déclaration de Sa personne. Ainsi les deux disciples entendirent Jean parler, et suivirent Jésus. Mais nous ne saisissons pas la force de cela, à moins que nous ne voyions qui rendait le témoignage. Selon le Seigneur Jésus Lui-même, de tous ceux qui sont nés de femme, aucun n’était plus grand que Son messager [Matt. 11, 11], Jean le baptiseur. Pourtant, l’effet de cela est que les disciples le quittent pour Jésus. « Voilà l’Agneau de Dieu » avait pénétré dans leur cœur. Maintenant, nous en voyons ce résultat béni : ils suivirent Jésus.

Là se manifeste la gloire de la personne de Christ. S’Il n’avait pas été Dieu, quel affront cela aurait été d’avoir abandonné Jean le baptiseur ! Jean était le plus grand des serviteurs de Dieu ; mais il dit : « Il faut que lui croisse, et que moi je diminue » [Jean 3, 30]. Dieu était là dans « l’homme Christ Jésus ». Cette vérité demeure toujours, et nous la voyons s’ouvrir un peu quand « André trouve Simon, et le mène à Jésus » (v. 43).

Maintenant, je voudrais montrer qu’il y a une autre vérité de la plus haute importance qui soit, qui est enseignée dans tout ceci. Dieu ne sauve pas simplement des âmes, mais Il rassemble autour de Jésus. Voulons-nous savoir pour quoi Il rassemble et dans quel but ? C’est vers Jésus. Quelqu’un était là, Dieu, qui était non seulement dès le commencement, mais qui voyait jusqu’à la fin. Il peut y avoir d’autres choses qui interviennent, mais une fois que nous avons trouvé cet immense point de repère, quel changement ! Jésus est non seulement un Sauveur, mais un centre, et c’est ce que l’Esprit place ici devant nous. Il n’y a rien d’autre qui puisse nous donner à la fois fermeté et humilité. Cela communique un sentiment profond de ce que Dieu a fait au commencement, et fait encore : car nous ne faisons que récupérer ce que Dieu a établi dans Sa Parole. C’est ce qui a été depuis longtemps oublié dans la chrétienté.

Je voudrais maintenant insister sur cette autre vérité, pour ceux qui sont ici. Il ne suffit pas d’avoir le salut, encore moins d’avoir la vie en Lui, et le pardon par Son sang. Dieu nous donne aussi Christ comme Son unique objet central pour réunir ensemble. Son amour pour nous, Sa gloire, ne seraient pas satisfaits en nous conférant des bénédictions. Il fait de Christ le seul centre adéquat et permanent pour les saints sur la terre. S’Il n’avait pas été Dieu, cela aurait été déroger à Son propre honneur. Mais comme Il est également Dieu avec le Père, Le reconnaître comme tel est la joie du Père. En toutes choses le serviteur béni de Dieu, cet homme seul était Dieu, et en Lui, nous trouvons le vrai centre.

Mais la connaissance de Christ comme l’Agneau de Dieu précède cela, comme nous le voyons ici. Alors Dieu place ce désir dans nos cœurs. Le destructeur des œuvres du diable, Celui qui délivre du péché, attire nos cœurs, et nous allons vers Lui (comp. Héb. 13, 13). Aucune personne ou régime, aucune doctrine ou croyance, n’est digne d’une telle position. Elle est due à Christ de la part de tous ceux qui sont à Lui. Il ne s’agit pas d’un centre à venir dans le ciel. L’Écriture nous montre la valeur qu’Il a maintenant, comme le centre divinement donné sur la terre. Ainsi, en Matthieu 18, 20, Il dit : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Quelle joie de L’avoir ainsi ! Nous serons toujours autour de Lui dans le ciel ; mais pourquoi Le priver, ainsi que notre propre âme, du privilège, pour ne pas dire du devoir obligé, de ce même principe, maintenant et sur la terre ? C’est Sa sainte et incontestable volonté à notre égard ; et nous Le déshonorons si nous ne nous rassemblons pas vers Lui ici-bas.

Laissez-moi vous indiquer d’autres passages qui prouvent l’importance de cela, comme Matthieu 12, 30 : « Celui qui n’est pas avec moi, est contre moi ; et celui qui n’assemble pas avec moi, disperse ». Le croyant est appelé à prendre position pour et avec Christ, et à faire de Lui son unique et continuel centre vers lequel rassembler les âmes. Cela va bien au-delà du fait que l’on croie, « car celui qui n’assemble pas avec moi, disperse ». Le premier est pour moi-même, le second est pour mon travail ; et dans les deux cas, Christ est tout. Il est mon Seigneur et mon Sauveur, Il est aussi mon centre, et, de quelque manière que je Le considère, Il est, dans toute Sa perfection divine, Celui qu’il faut et Celui qui est donné ; et, comme étant à Lui, Dieu travaille afin que nous Lui soyons réunis et assemblés. Il peut y avoir des séductions et des épreuves, et cela non pas seulement d’un côté, mais de toutes parts. Il peut y avoir de belles apparences, des efforts pour chercher l’union, sinon l’unité, et on peut revendiquer du succès là où Christ n’est pas le centre. Il peut y avoir de la tristesse et de la honte là où Il est ainsi reconnu, quelquefois du mal de fait, et quelquefois une bonne chose faite d’une mauvaise manière. Nous ne devons ni nous en émouvoir d’une part, ni y être insensibles de l’autre. Car là où le centre de Dieu est reconnu par la foi, c’est en général une question de grâce et de patience, quoique peut-être de temps en temps une question de jugement, mais toutes ces choses aboutissent finalement à la gloire de Christ, et alors, quelle joie pour ceux qui ont patienté avec foi !

Ainsi, Christ comme centre pour les saints sur la terre devient de la plus haute importance pratique. Il peut y avoir toutes sortes de centres, mais, quels qu’ils soient, ils sont rivaux. Tous, sauf Lui, sont répudiés par la Parole de Dieu, et en réalité, ce serait un centre indigne pour les siens, si nous devions Lui substituer quoi que ce soit dans la Bible — disons la vérité la plus élevée — Son corps, l’Assemblée. Pour cette raison même, vous auriez, non seulement un faux centre, qui a amené des troubles infinis, comme nous le voyons dans le catholicisme, le romanisme, etc. ; mais au-delà, le plus étroit de tous les partis étroits ; vous auriez simplement ceux qui comprennent l’Assemblée de Dieu ! Un résultat similaire s’ensuivrait si la venue du Seigneur devenait l’objet central et la pierre de touche pour se réunir. Nous avons parlé aujourd’hui de la venue du Seigneur, et les âmes mêmes qui ont le plus besoin des soins d’amour et de grâce de Christ, sont les mêmes personnes qui seraient alors exclues avec rigueur, car combien est petite leur intelligence de ceci, ou d’autre chose !

Là où Christ est véritablement tenu comme le centre, on trouvera que les affections se portent librement vers tous ceux qu’Il aime. Si vous avez le vrai centre, peut-on douter que vous vous trouverez vous-mêmes dans la bonne circonférence ? C’est Son nom, par la foi en Lui, qui seul rassemble selon Dieu, et ceux qui y répondent sont bienvenus auprès de Lui, et devraient l’être aussi de nous. C’est pourquoi aussi il me semble que c’est une complète erreur d’établir l’Église ou ses principes comme le remède aux distractions actuelles des enfants de Dieu, au lieu de mettre les âmes en ordre avec Christ. Je n’ai jamais rencontré un chrétien qui soit entré pleinement et simplement dans la liberté de Christ, sans avoir saisi aussi la valeur de Christ comme le vrai centre pour les saints. Qu’ils connaissent simplement mieux Christ et Sa rédemption, et alors la décision du cœur de s’attacher à Lui de toutes manières suivra. D’un autre côté, j’en ai connu beaucoup, familiers avec la connaissance de l’Église, de la venue du Seigneur, et d’autres grandes vérités, qui malgré tout demeuraient dans leurs anciennes associations humaines. Si nous reconnaissons tous la même personne, la même œuvre et le même centre en Christ, nous devrions tous former un cercle en harmonie autour de Lui.

Mais c’est, hélas ! bien loin d’être le cas ; et les hommes s’attachent chacun à son propre système, qui de la sorte, et quoi qu’ils puissent dire, deviennent des rivaux de Christ. On ne doit pas non plus vouloir presser les âmes. Ceux qui entendent et refusent Christ comme centre, doivent être laissés avec le Seigneur. J’en ai connu qui semblaient tout à fait spirituels, et se sont détournés en étant bien peu fidèles à la foi, de sorte que, si vous l’aviez réellement su, vous auriez remercié Dieu de les avoir tenus à l’écart. Si alors vous êtes satisfait avec Christ comme centre, assemblez avec Lui, et Il l’approuvera quand Il reviendra.

Mais si vous n’assemblez pas avec Lui, quelle perte ! Oh, quelle dispersion ! Oh, quel effondrement total du zèle et du travail ! Pouvez-vous nier que Sa Parole vous a avertis ? Qu’en est-il avec vous ? Vers quel centre assemblez-vous en réalité ? Avez-vous « ouvert la porte », et Christ est à l’intérieur, Christ au milieu ? Cherchez-vous et travaillez-vous dans l’Esprit pour ce centre ? Il en est digne, Lui seul.

Mais il y a un autre passage à remarquer brièvement, en Marc 9, 40 : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Ici, il s’agit de largeur de cœur dans ce qui est opéré, et non pas des revendications capitales de Christ personnellement. C’est pourquoi ce n’est plus « moi », mais « nous » et « pour nous ». « Et Jean lui répondit, disant : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, qui ne nous suit pas ; et nous le lui avons défendu, parce qu’il ne nous suit pas. Et Jésus leur dit : Ne le lui défendez pas ; car il n’y a personne qui fasse un miracle en mon nom, et qui puisse aussitôt mal parler de moi, car celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Le danger est ici l’étroitesse dans le service, et non pas de parler contre le Fils de l’homme et le Saint Esprit. Le fidèle doit apprécier le vrai service, où qu’il se trouve, mais il ne peut assembler qu’avec Christ. Nous devons garder cela à l’esprit. Il existe un travail effectué au nom du Seigneur Jésus, qui n’est pas fait dans le cercle qui est formé autour du vrai centre. Et que devons-nous faire ? En nous y mêlant aussi peu que possible, nous devons reconnaître de bon cœur tout ce qui est fait en Son nom, mais nous attacher à Lui comme notre sécurité aussi bien que notre joie et notre fierté.

Vous pourrez voir souvent un serviteur de Christ dans une mauvaise position, quoique largement béni pour les autres. L’enviez-vous ? Ou voudriez-vous déprécier le travail fait ? Le Seigneur répond à la foi en Son nom, sans approuver le moins du monde ce que même nous regarderions avec un profond regret. Contentez-vous de garder Sa Parole et de ne pas renier Son nom [Apoc. 3, 8]. N’oubliez pas la distinction entre la souveraineté de la grâce de Christ, et la fidélité du chrétien à Sa personne. Je peux comprendre un homme malheureux qui murmure continuellement ; mais ceux qui sont introduits dans la plus riche bénédiction peuvent bien se réjouir, comme Paul en Philippiens 1. Mais ne confondez pas largeur et laxisme. De tout ce qui se trouve sous le soleil, il n’y a rien, dans un saint, de pire que le laxisme ; mais plus nous serons justes par grâce, plus nous pourrons nous permettre d’être pleins de grâce. Nous attachant alors à Christ, soyons en garde contre l’étroitesse qui est seulement occupée de ce qui la concerne. Si dans Matthieu nous avons Christ contre Satan, dans Marc, d’un autre côté, nous avons la position que nous devons donner à un serviteur, même s’il n’est pas avec nous. Le Seigneur Jésus ne dit pas, ne pouvait pas dire, pour ce qui Le concernait, ce qu’Il dit de Son service. Comparez Luc 9, 5 pour l’un, et Luc 11, 23 pour l’autre. L’évangile de Luc est de façon prééminente rempli de grands principes moraux.

Il ne s’agit donc pas de prétendre avoir ce que Dieu ne donne pas à tous Ses enfants. Mais nous voulons qu’ils voient tout ce que Christ est pour les siens, même sur la terre, aussi bien que pour eux quant à leurs péchés. Nous ne cherchons aucun parti, et j’ose dire qu’un gros parti n’est qu’un mal plus grand. Mais il y a une seule chose qui préserve véritablement de tout piège, pour la gloire de Dieu, et c’est Christ. Que Lui soit alors l’objet de nos âmes. Soyons gardés, par l’Esprit, dans une entière soumission à Son nom béni.

Ce n’est pas non plus simplement le fait que nous avons le centre divin en Christ, afin d’être gardés ainsi d’édifier quelque chose qui devra être abattu quand Il viendra, mais nous sommes environnés de dangers, de pièges et de mal. Comment serons-nous gardés de ceux-ci ? Par Jésus, le même hier, et aujourd’hui, et éternellement [Héb. 13, 8]. La même personne divine pourvoit à toutes les difficultés de chaque jour. Il est la lumière de la vie, aussi bien que le centre de notre zèle et de notre travail. Toute parole de Dieu est précieuse et profitable, comme toute Écriture est inspirée de Lui [2 Tim. 3, 16] ; mais nous avons besoin de lire Christ en elle, pour en récolter la pleine valeur : et pour cela, nous pouvons compter sur l’Esprit de Dieu, qui est ici pour glorifier Christ.

Je ne crois pas que la Parole de Dieu, en dehors de Christ, suffise jamais pour Son but ou pour notre bénédiction. La Parole écrite est destinée à être associée avec Christ, et non à se dispenser de Lui. Dieu nous a donné Sa Parole. Ainsi, Il dit à Philippe : « Suis-moi » (v. 44). Il est « le chemin », aussi bien que « la vérité » et « la vie » [Jean 14, 6]. Combien il est heureux qu’Il nous soit présenté dans la Parole de Dieu ! Si une personne est dans la difficulté et qu’une situation s’ouvre pour elle, elle peut penser que c’est providentiel ; mais elle doit faire certaines choses qu’elle sait être mauvaises. Doit-elle alors suivre Christ ou le mal ? La voix de Jésus se fait entendre : « Suis-moi ». Ainsi, dans tout notre chemin, par Sa grâce, nous avons le même Christ qui engage nos affections et notre service. Christ est-Il alors votre objet ? Il est le Saint, le Véritable [Apoc. 3, 7] ; et ceux qui entendent Sa voix s’attacheront à Lui. Christ, qui est la source constante de bénédiction, est la sauvegarde de tout saint, dans ce monde de vain spectacle.

Le Seigneur est donc « le chemin », comme Il le dit expressément de Lui en Jean 14, aussi véritablement qu’Il est le centre d’attrait ; et nous avons tout autant besoin de Lui pour notre chemin maintenant sur la terre. Sommes-nous capables de passer sûrement à travers ce désert où il n’y a pas de chemin ? Seulement en nous attachant à Christ comme « le chemin ». C’est une grande chose de travailler de Lui, aussi bien que par Lui et pour Lui. Mais il n’y a rien qui préserve, de façon adéquate et absolue, de glisser et de dévier, de notre côté, ou de l’égarement des autres, quoiqu’ils soient très sages en général, sinon de suivre Jésus. Lui seul est le chemin. Nous avons à « être en garde contre les hommes » [Matt. 10, 17] ; nous faisons bien d’éprouver par la Parole ce que les saints disent et font, mais nous pouvons, nous devons, suivre sans réserve ce chemin divin, et divinement donné — notre Seigneur Jésus. Ce n’était pas nécessaire dans le paradis de l’homme non tombé ; ce ne le sera pas dans le paradis de Dieu, où tout sera selon Sa volonté et Sa gloire dans une bonté inaltérable, et où aucun séducteur ne s’introduira plus, ni faiblesse ou manque de vigilance à déplorer de notre part. Mais que nous regardions à ce qui est au-dehors, ou gardions à l’esprit ce que notre nature est au-dedans, nous avons profondément besoin d’un chemin sûr à travers le monde, loin au-dessus de ses motifs et de ses maximes, de ses habitudes et de ses objets. Et là, nous avons Celui en qui Dieu trouve Son plaisir, c’est-à-dire Christ, non seulement comme l’Agneau de Dieu, et le centre pour les saints, par la grâce et la vérité, mais comme le chemin à suivre à travers tous les pièges, les difficultés et les dangers. Qui, le sachant, craindrait de Le suivre ? Que nous apprenions à Le connaître mieux comme le seul chemin ! « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera«  [Jean 12, 26].